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Armarius
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MessageSujet: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeVen 28 Aoû - 13:42
La guerre du Vaujour : Claujacques.

La guerre du Vaujour : Claujacques Yang
Le duc avait revêtu son costume de maître Corvus, son identité secrète pour passer incognito.
Le revoilà transformait en simple marchand, quittant pour un temps le luxe et le confort du protocole ducal. La caravane était escortée par de solides housecarles, eux aussi déguisés, parmi les meilleurs de la compagnie dirigée par Robert de Lescure. Le duc avait quitté Noyer-le-Grand au petit matin, avec pour seul compagnon son chambellan Odilon dit le Chétif.

Le pays de Valais était dominé par les forêts, escarpé par les nombreux cours d'eau qui ruisselaient des montagnes de la Crête pour s'échapper vers la vallée de la Bréa. On longea un temps les rives de la Boin, un affluent de l'Ariette qui dessinait pour les Cahons la frontière naturelle entre les Landes et le Pays-Plat, puis on entra dans l'orée des bois de Souaix, forêt mythique du pays de Cahogne, un épais massif forestier qui s'étendait de la Bièvre au Porez. Les Housecarles avaient entendu parler des légendes entourant les bois, et beaucoup de ce peuple superstitieux frissonnaient rien qu'à l'idée de parcourir ses abords. Certains avaient les yeux fixés sur les grands chênes, guettant l'obscurité créé par le maillage étroit de troncs et de feuilles en craignant d'y voir sortir quelques créatures malfaisantes. Plus terre à terre, certains craignaient simplement de voir sortir des bandits ou des bêtes sauvages.

Odilon approcha son cheval de celui de Eudes.

« Maître, je me suis un peu renseigné sur ce Rattier de Pene-Penac.
C'est un puissant seigneur du Vaujour, directement lié à la guerre que nous menons. C'est sûrement pour cette raison que Landebroc l'a nommé Haut-Sénéchal pour commander ses armées, si ses terres sont concernées il aura plus à cœur de mener la bataille. Le château de Claujacques est l'un de ses fiefs, tout comme celui d'Annoissin que nous occupons déjà. Mais ici nous entrons dans le cœur des domaines de sa famille.
Pene-Penac est un brave chevalier, âgé d'une quarantaine d'années, expérimenté dans l'art de la guerre. On le dit orgueilleux et sûr de lui, mais habité d'une fidélité sincère, autant pour l'Eglise que pour son seigneur.
On le surnomme Rattier le Borgne en raison de son œil crevé. Un souvenir d'une bataille où il s'est retrouvé jeté à terre par la piétaille, l'un des vilains aurait alors réussi à faire pénétrer une dague dans l'orbite de son casque et atteint l'oeil.
Mais le Borgne n'est pas son unique surnom. Avant son œil crevé où l'appelait Rattier le Rouge. Il se trouve que ce Pene-Penac est roux. J'ai... alors pensé aux cartes que vous a tiré dame Margot au Chenil. Je ne suis pas superstitieux maître, mais avouez que la coïncidence est troublante, ce Pene-Penac pourrait-il s'agir de ce renard roux que les cartes vous ont révélé ? Mieux vaut rester méfiant.
 »

Le convois secret arriva près d'un pont qui enjambait la Boin.. Il avait fallut une bonne journée de marche pour l'atteindre. Le voyage s'était fait rapidement, sans encombre. De l'autre côté de la rive, on pouvait apercevoir la pointe hérissée du donjon de la forteresse de Claujacque.
Le grand pont de pierre était un point stratégique car il était l'unique chemin pour traverser l'eau, un autre se trouvait 40km en amont, et plus bas sur le fleuve, Noyer-le-Grand, à 25km d'ici, faisait le lien entre les deux côtés. Le connétable avait donc placé une petite garnison autour du pont pour en assurer le contrôle. La cinquantaine de soldats s'étaient construits un camp fortifié de palissades de bois protégeant leurs tentes. Deux d'entre eux surveillaient les allés et venus, patientant assis à une table à jouer aux dés.
L'un des soldats, équipé d'une grande lance et habillé de la culotte rouge de l'armée régulière du duc, se leva et s'approcha en levant la main.

« Hola braves marchands ! Vous entrez en zone de guerre. Faite demi-tour si vous ne voulez pas être occis malencontreusement pas une flèche mal tirée ! »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeSam 29 Aoû - 17:29
Le Vaujour est un beau pays – j’aurais tant aimé le parcourir en d’autres circonstances. Toutes les souffrances causées par la guerre à la population ne semblent pas avoir tant atteint la terre que ça. Les cimes des montagnes sont toujours aussi pesantes, la canopée des forêts si resplendissante ; nous sommes dans la vieille Cahogne, et je ne peux m’empêcher de repenser avec nostalgie aux courses dans la forêt que je menais plus jeune avec Hugonnet, Lothaire, ou Raymond. Comme j’aurais aimé pouvoir voyager avec eux également en ce jour…


Éloigné du protocole et de la nécessité de rester cloîtré dans une calèche, je revis. Paradant dans des vêtements beaucoup plus simples, je peux débourrer mon destrier selon mon bon plaisir – je teste ses limites, prend garde à ne pas le faire marcher à l’amble pour conserver un joli trot. Je mets en pratique tout l’art de l’équitation que l’on m’a enseigné. Un instant, je n’ai même plus l’impression que je suis en train de ravager cette province. On pourrait presque croire, un instant, que je n’ai plus les lourdes responsabilités d’un Duc, celles qui m’ont été imposées par la force du destin, et la mort tragique de mon frère aîné.
Je reviens vite à la réalité en découvrant le sommet du donjon de Claujacques. Odilon vient me brosser un rapide portrait du sénéchal, et alors, la récréation est terminée. Je n’ai plus l’occasion d’aller plaisanter avec mes Housecarles terrifiés par un sous-bois, ni de m’éloigner du chemin pour faire courir mon canasson. Il est temps de redevenir Duc.


Le connétable a bien installé un campement avancé. Il y a des tentes, des palissades, et des mercenaires aux gages payés par mon trésor. C’est l’un d’eux qui me hèle et me conseille de faire demi-tour. Je m’approche de lui en levant la paume de ma main pour le saluer, et lui offre mon plus beau sourire.


« Salut à toi, brave sergent ! Je te remercie pour ta sollicitude, mais regarde les solides blondinets qui m’accompagnent – je n’ai pas à craindre pour ma sûreté avec des géants comme ça. »


Je désigne les Housecarles derrière moi avec un geste de la tête.


« Crois-le ou non, mais le sire connétable Charles d’Annequin attend ma visite – peux-tu me dire où il se trouve ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeJeu 10 Sep - 20:20
Le garde observa la troupe qui escortait le marchand-duc.

« En effet, ils ont l'air bien solide. Mais cela ne vous autorise pas à voir le sire d'Annequin. » dit-il en remontant sa chapel de fer qui lui tombait sur le yeux.

Odilon approcha avec un parchemin entre les mains.

« Nous avons ici un laissez-passer portant le sceau du duc lui même. Nous sommes chargé d'apporter du ravitaillement à monsieur le connétable. »

Le garde ouvrit le papier et fit semblant de le lire. Comme bon nombre de ses camarades, il ne savait pas lire. Mais il reconnu le sceau à la fleur de lys, celui du duc de Cahogne.
Il fronça les sourcils, semblant assez peu convaincu, et redonna le parchemin au chambellan déguisé.

« D'accord, je vous laisse passer. Mais faite bien attention à vous. C'est un champ de bataille ici. »

Odilon fit un signe de tête pour remercier le garde, puis le convois reprit son chemin en empruntant le pont pour enjamber le Boin.
Officiellement, ils avaient quitté les Landes pour rejoindre le Pays-Plat, mais en réalité la différence n'était pas flagrante. Ici il n'y avait plus de grandes forêts pour effrayer les housecarles mais des plaines recouvertes de champs et de hameaux. Malgré quelques maisons dispersées, il n'y avait quasiment plus d'âmes qui vivaient. La plupart des habitants avaient fuit les culottes rouges accompagnant le connétable, de peur de se faire malmener par les soudards.
Mais dans un des champs se trouvait un irréductible qui avait préféré resté, cultivant sa terre comme si de rien n'était. Il était en train d'équiper une charrue sur un bœuf, accompagné par son jeune fils.
Lorsqu'il vit le convois, il afficha une mine craintive, voyant les puissants housecarles qui escortaient le pseudo-marchand.

« Torne à la case y no sourte ! » cria t-il à son fils.

Il parlait Lando-Valaisin, le dialecte du pays. Les gens d'ici n'étaient pas ceux de Soulans, des Landes ou du Pays-Plat, mais un peuple qui n'appartenait pas au duc. C'était la cause de la guerre. L'annexion du Vaujour était vue par ses habitants comme une conquête étrangère. Cela expliquait la popularité du comte et la résistance acharné du peuple.
Lorsque le paysan croisa le regard du duc, sans savoir qui il était, il le soutint comme pour le défier.

« S'il savait qui vous étiez, détournerait-il le regard ou bien est-ce qu'il vous sauterait au cou pour le briser ? glissa Odilon à son maître. Les gens de ce pays sont comme des chiens sauvages, féroces et obstinés à préserver leur liberté. »

Peu à peu, à mesure que le convois avançait, l'horizon révélait le château de Claujacques. D'abord le sommet de son plus haut donjon, puis la pointe de ses tours carrés, et enfin la cime de ses créneaux, avant d'exposer l'ensemble de la structure de pierre. La forteresse avait été battit par les comtes de Valais sur une courte colline avec pour but de garder l'entrée du Vaujour via la route de Vassy. Ici, nous n'étions pas loin de la frontière avec le duché de Cahogne et dans l'histoire entre les deux principautés les tensions avaient pu être vive dans ce coin des Franges Orientales.
Le château était tout entouré de campement. Charles d'Annequin avait fait monter plusieurs tentes et instaurer des barricades autour des principales voies d'accès pour piéger les assiégés. Il semblait vouloir rivaliser avec le camp construit par Eustache Brascourt autour de Noyer-le-Grand. La compétition puérile qui opposait le connétable à son maréchal de bataille continuait même lorsqu'ils étaient à plusieurs dizaines de kilomètres l'un de l'autre.

Le duc et son chambellan se dirigèrent vers la tente la plus grande, montée au centre du camp.
S'y trouvait Charles d'Annequin, habillé toute en armure de bataille, entouré de quelques lieutenants. Richard Beaucoeur n'était pas avec lui, sans doute occupé ailleurs.
Lorsqu'il vit Eudes, il sembla surprit.

« Monseigneur, je ne vous attendais pas aujourd'hui. Pourquoi ne pas m'avoir annoncer votre arrivée ? J'aurais fait préparer votre venue.
La route depuis Noyer-le-Grand a été sans encombre ?
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeJeu 10 Sep - 20:50
Je remercie le soldat, et continue ma route comme un bon marchand.


Ma première impression est toujours la bonne – le Vaujour est un pays magnifique. La guerre lui a fait beaucoup de mal, comme la guerre est constamment un tort. C’est quelque chose de difficile à admettre pour un chevalier. Plus encore pour un Duc. Le pouvoir de la maison de Cahogne, de mes ancêtres de la dynastie des Bohains, il s’est forgé sur la guerre. Les chroniques sont remplies des grandes batailles qu’ont remportées mes aïeux, car c’est cela qui rend puissant, le fait que Dieu accorde sa victoire ; Moi-même, si je suis aussi respecté par mes vassaux, si le peuple de Cahogne attend beaucoup de moi, c’est parce que je suis le dépositaire du Palladium, que j’ai le pouvoir d’ordonner la guerre juste, et que j’ai bien assez tiré l’épée pour semer la mort par-delà la mer.
Des conneries. Des conneries, tout ça. La guerre c’est la mort, c’est la haine de l’autre, c’est les vengeances familiales qui durent dans le temps. C’est les petits qui trinquent, les champs qui sont pillés, les jeunes garçons et les jeunes filles qui perdent la vie au lieu de la mener tranquillement. Je hais la guerre. Je déteste la guerre. C’est pour cela que je n’ai pas trouvé la force de saccager Raveaux.
Des chanoines désarmés, n’ayant que leurs prières et leurs chants comme armes, me semblaient bien plus courageux que tous les chevaliers de ma maison. Même si c’est le genre de pensée que je ne peux exprimer à voix haute. Ça serait pris comme un grand aveu de faiblesse, qui enterrerait mon règne. Si je ne suis pas fort, tout le monde peut se permettre de faire ce qu’il souhaite. L’Estovie envahirait la Transgarde, le Porez ferait sécession, et le Vaujour, ce beau Vaujour…


Une scène me marque. Un père de famille en train de cultiver sa terre avec son fils. Je vois la haine dans les yeux du patriarche. Il est fou de demeurer ici. Il aurait dû partir, ne serait-ce que pour protéger la vie de son enfant. Odilon me dit un mot sur le peuple d’ici. Je soutiens longuement le regard du père de famille, en fronçant les sourcils, tout en sachant pertinemment qu’il ne tenterait rien avec mes gros blondinets à haches qui m’escortent.


« Je ne peux pas leur en vouloir », répondis-je à mon chambellan qui les traites de chiens sauvages. « Qu’est-ce que la suzeraineté de la Cahogne leur a apporté, sinon les exactions de Malestoit ? Le précédent comte de Valais les a vendus comme du bétail, et ils ont eu à souffrir pour ce choix.
Mon père n’aurait jamais dû acheter cette région. Nous aurions gardé un million de livres, et nous ne serions pas perdus dans un bourbier immense rempli de gens qui ont appris à nous haïr. On aurait dû s’emparer de cette région par l’art, par le commerce, par la beauté de notre langue – s’emparer d’une région par les lances et les épées, il n’y a rien de plus pernicieux. »


C’est pas commun d’entendre un chef croisé dire ce genre de choses. Je me permets des commentaires avec Odilon que je n’oserais dire avec d’autres.


Mais enfin, nous atteignons le camp qu’a mit en place mon connétable. Mon œil exercé se balade le long des palissades. J’ai passé beaucoup de temps ces dernières années à faire ça, observer l’état de tranchées et la disposition d’armes de siège. Je n’ai pas un véritable talent pour ça, mais j’ai tout de même le regard un peu exercé.
Je pourrais passer le camp en revue, mais je fais confiance à Charles d’Annequin. Pour tous ses défauts, l’homme sait faire la guerre, probablement mieux que moi d’ailleurs. Il ne me décevra pas. C’est aussi une question de prestige pour lui. La survie de sa famille dépend du bon service qu’il rend à son Duc.


Charles d’Annequin me voit débarquer en frusques de bourgeois, à l’improviste, monté directement sur un cheval et non tracté dans un chariot. Il a l’air étonné, et je ne peux pas trop lui en vouloir. Je lui offre un grand sourire et lui serre la main en guise de salutations.


« Sire connétable ; C’est justement parce que vous auriez préparé ma visite que je ne me suis pas fait annoncer ! »


Je jette un œil à l’horizon, vers la grande forteresse de Claujacques.


« Ce chien de Malestoit est bien là-dedans ? Il n’a pas essayé de parlementer lui, contrairement au sénéchal du Valais ? Savez-vous s’il a des otages, des innocents en ces murs ?
L’idée que ce sale petit mercenaire ait osé briser son contrat me fait bouillonner de rage… Je suis sûr qu’aucun prêtre et aucun noble de toutes les Franges ne m’en voudrait si je le faisais rôtir dans ce donjon, avec ses cottereaux. »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeVen 11 Sep - 12:47
« Oui monseigneur, nous l'avons coincé. Il est là, sous vos yeux, avec deux milles de ses hommes. » dit le connétable non sans fierté. Il savait que la capture de ce mercenaire félon était importante pour son suzerain. Le prendre lui-même c'était s'assurer l'amitié du duc pensait-il.

« J'ai commencé les préparatifs. Un trébuchet est en construction, mais le bon bois manque dans cette région et nous avons été retardé. Sire Richard supervise les travaux. Dans quelques jours nous allons pouvoir lancer un assaut. Malestoit, même perché sur ses murailles, ne pourra rien contre la force de la Cahogne. »

Devant le duc et le connétable se dressaient les épais mur de pierres de la forteresse. Derrière ces remparts se trouvaient Malestoit, le perfide capitaine, le traître saigneur du Vaujour.

« Vous avez prit la bonne décision monseigneur en divisant l'armée et en me nommant à la tête de cette campagne. Si le connétable de Cahogne n'avait pas été là, peut être Pene-Penac ne nous aurait pas contacté. J'ai pu le rencontrer et il est disposer à négocier, mais seulement avec vous. Il est actuellement replié avec son armée dans la forteresse de Freux sur l'autre rive à 20km d'ici. Landebroc lui a confié la garde des quatre places fortes protégeant la route vers Médrival, la capitale du Valais. Claujacques lui appartient comme vous le savez, il est directement concerné par ce qu'il se passe ici. C'est peut être pour cela qu'il souhaite vous rencontrer.
Nous pourrions organiser au plus vite une rencontre. Peut être avons nous là la clef pour clore cette guerre.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeVen 11 Sep - 18:19
Je regarde assez longuement les murailles de Claujacques. Annequin semble bien sûr de lui. Je pose un poing sur mon épaule en le faisant.
Les châteaux sont bien mieux défendus que les cités. Les garnisons sont conséquentes, et tout est bien pensé pour résister à un siège, là où une ville n’a généralement qu’une seule muraille pour toute défense. Et pourtant, ironiquement, les villes sont souvent bien plus longues et difficiles à assiéger que les cités – ici il n’y a pas d’innocents qui se battent pour leurs vies et leurs biens. Juste une bande de mercenaires qui ont bien envie de vivre un autre jour pour de l’argent. Généralement, il est plus simple d’acheter leur départ que de se risquer à un grand assaut frontal.


Mais peut-être n’aurons-nous pas à privilégier l’option militaire. Ça, c’est à moi, en tant que Duc, de voir.


« Je vous trouve fort confiant, sire connétable – mais tout assaut a forcément de grands risques. Je vous fais confiance, à vous et à Beaucœur, vous êtes des militaires très compétents, mais un échec devant ces murs mettrait la Cahogne et la campagne en danger. »


Je place mes mains dans mon dos.


« Je vais rencontrer Rattier. Mais comme vous voyez, je ne suis pas venu avec tout le decorum ducal. Rattier risque en effet d’être accusé de félonie par tous ses frères et par son suzerain s’il change de camp, et on maltraite fortement les félons. Il faut que nous l’assurions bien que je suis le bon cheval sur lequel parier.
C’est dans son intérêt à lui comme à moi que notre rencontre soit la plus discrète possible. Souhaitez-vous m’accompagner afin d’éventuellement pouvoir me prodiguer votre conseil face à lui ? »


Ce serait un moyen pour moi de montrer que son opinion importe, et que je l'approche beaucoup des affaires les plus sensibles de la Cahogne.
Et ce serait surtout un moyen de m'assurer qu'il ne m'envoie pas dans un guêpier. Il faut garder ces gens-là proche de soi.
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeSam 12 Sep - 16:20
« Ce n'est pas en moi que j'ai confiance monseigneur, mais en Dieu qui saura nous mener à la victoire. Le Tricéphale ne pourrait laisser ce traître impunis, et vous êtes le glaive de sa justice. Il n'y aura pas d'échec, je vous l'assure. Mais pensez-vous qu'il est bon d'avoir laissé Noyer-le-Grand a sire Eustache ? Il est sans expérience et quelque peu inconstant, je vous avoue que je n'ai pas toute confiance en ses capacités. Si la ville résiste elle pourrait nous couper de nos ravitaillements et donner des idées à Raveaux que nous avons laissé derrière nous sans assurance. »

Odilon, restait en retrait, approcha.

« Il est en effet important que la présence du duc à Claujacques ne soit pas révélée. Nous sommes en pays ennemi et Pene-Penac a l'initiative. On ne sait exactement ce qu'il mijote. »

Son apparence de dandis enserré dans son costume de riche marchand, fine et maniérée, contrastait avec celle du militaire en armure qu'était le connétable. Celui-ci acquiesça d'un signe de tête en direction du chambellan.

« Si vous le désirez messire Eudes, je serai à vos côtés. Lors de ma rencontre avec sire Rattier j'ai pu jauger le personnage. S'il est volontaire et brave, il n'a pas l'air d'être animé d'une excellente intelligence. Je pense qu'en bon seigneur il veut avant tout préserver ses terres. Il voit bien que la puissance de la Cahogne et espère se retrouver dans le camp des vainqueurs à la fin de la guerre.
- Comment voulez-vous procéder monseigneur ?
 » demanda Odilon.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeSam 12 Sep - 17:39
Comme à l’ordinaire, Annequin en profite pour tacler les Tancarvelles. Au bout d’un moment, la rivalité entre les deux maisons devient proprement fatigante. Et puis, Charles d’Annequin est confiant avec des bondieuseries qui ne mèneront à rien.
Je n’ai pas la prétention de connaître Dieu, mais je pense que le Tricéphale aide en tout premier lieu ceux qui s’aident eux-mêmes. Je suis sûr que les gens du Valais sont aussi persuadés que Dieu est de leur côté. Je prie le Seigneur, évidemment, mais je n’aime pas avoir à demander son aide pour une guerre face à des coreligionnaires.
Au moins Malestoit n’est pas l’évêque de Raveaux, je ne crains pas la Géhenne s’il devait périr par ma main. La roue. C’est ça que les vilains comme lui méritent. La moindre des choses qu’on demande à un professionnel de la guerre, c’est de ne pas trahir ses contrats.


« Raveaux est une ville meurtrie et exsangue. Son évêque m’a juré la neutralité dans toute cette affaire. S’ils ne respectaient pas la grande miséricorde dont j’ai fais preuve, personne dans les Franges ne pourrait m’en vouloir de mettre leur trou paumé à sac.
Laissez donc Eustache prouver qu’il a la hargne de son père. C’est la grande qualité que je lui reconnais. »


Et je grommelle dans ma barbe, en réalité assez fort pour que le connétable puisse entendre.


« C’est peut-être même la seule... »


C’est ça ma manière de faire. Jouer sur les sentiments de tout le monde. Mais je ne peux pas prendre des vessies pour des lanternes non plus.
Eustache, toute la cour a pu voir comment je l’ai recadré durant les Jeux Taurins, sitôt débarqué d’Outremer. Je n’ai pas supporté sa manière d’insulter les Annequins publiquement. Les deux dynasties peuvent se haïr, tout ce qui importe, c’est qu’elles servent le Duché. Et mieux les familles serviront, mieux elles seront récompensées.


Reste maintenant le dossier Rattier à gérer.


« Nous ferons une rencontre clandestine. Ni cérémonial, ni trop de témoins. Nous arrivons chacun avec un nombre équivalent de gardes du corps et d’escorteurs.
Nous n’avons qu’à trouver un terrain équidistant entre nos deux armées. Un endroit éloigné, accidenté, un terrain où on ne risque pas de tomber sur de la sergenterie en vadrouille. Pas d’uniformes, ni pour lui, ni pour moi – sire connétable, si vous souhaitez venir avec nous, j’aimerais que vous gardiez un simple haubergeon sous votre doublet de cour, pas enserré dans votre cotte de maille à surcot.
Ce sera informel, et rapide. C’est surtout dans son intérêt à lui. Landebroc ne pardonnerais pas à son Haut-Sénéchal de l'avoir trahi... »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeLun 21 Sep - 13:21
En trois jours, on organisa la rencontre entre Rattier de Pene-Penac et le duc de Cahogne, en suivant les directives de ce dernier.

On trouva pour cela l'endroit idéal : des ruines Mördwyms, comme il y en avait plein dans le Valais, à la lisière des bois de Souaix entre le château de Claujacques où se tenait l'armée ducale, et celui de Freux où attendait Pene-Penac et ses troupes.
Les amas de pierres, recouvertes de lierres et de mousses, devaient autrefois former une petite forteresse. Un millénaire avait dû passer depuis son abandon et il n'en restait plus grand chose : quelques murs encore debout, des arcs et des colonnes, des entassements de blocs abstraits dont l'homme avait oublié l'utilité depuis longtemps. Le sol était encore jonché par endroit de morceaux de poteries, d'objets de métal rouillés, d'ossements, mais aussi de marques plus récentes de feux, traces du passages de quelques voyageurs.
On avait choisi l'heure du rendez-vous au crépuscule, là où la pénombre allait pouvoir garder caché les visages clandestins.
Eudes s'était entouré de quelques housecarls parmi le plus fidèles, accompagné de son connétable Charles d'Annequin, du capitaine de sa garde Robert de Lescure et de son chambellan Odilon le Chétif.
Charles avait suivi les ordres de son suzerain et revêtu un simple haubergeon sous un pourpoint, le tout recouvert d'une cape à capuche. Cela se sentait qu'il n'était pas rassuré d'être habillé ainsi sans sa solide armure pour le protéger. Le connétable craignait un guet-apens.
Au centre des ruines se trouvait une petite place. Les racines des arbres avait brisé l'uniformité du sol et soulevé les dalles de pierre, avant que la succession des hivers ne termine d'effacer la régularité du lieu. S'y trouvait au milieu les vestiges d'une fontaine surmontée d'une grande statue de femme. Le temps l'avait défiguré mais sa main droite tenait toujours fermement une lanterne.
Son socle portait des inscriptions en langue ancienne.

« "Yma gorwedd y dduwies Isn", récita Odilon comme une incantation magique, il s'agit de la déesse Isn, reine des voyageurs.
- Puisse les dieux Mördwym nous protéger,
murmura Robert de Lescure, on raconte que dans un tel endroit le Tricéphale n'a aucun pouvoir.
- Ppppfff, cessez vos superstitions païennes cher cousin,
s'énerva d'Annequin, on ne saurait se cacher du Tricéphale, il est partout. Ce n'est pas une statue qui le fera fuir.
Depuis quand parlez-vous mördwym Odilon ?
- Je ne le parle pas, j'ai juste quelques rudiments. Ce genre d'inscription se retrouve souvent sous les statues des dieux, je ne sais pas dire grand chose de plus.
 »

Sur l'épaule de la statue reposait une chouette comme un gardien éternel. Ses yeux luisaient dans l'obscurité, observant les hommes venir déranger la quiétude de son temple. Son attention semblait surtout se porter sur Eudes, comme s'il voyait se détacher l'homme sacré parmi les autres, puis soudainement son regard se tourna de l'autre côté : un autre groupe d'hommes arrivait.
Ils étaient une dizaine, eux aussi revêtus de simples capes qui masquaient leur identité.

Pendant un instant, le temps sembla se suspendre sans que personne ne réagisse. Les deux groupes se regardaient sans un bruit. L'atmosphère était pesante.
La chouette s'envola dans un battement d'ailes et l'un des hommes s'approcha. Il retira sa capuche pour révéler à la lumière de la lune ses cheveux roux. L'un de ses yeux était blanc, le sourcil barré d'une cicatrice.

« Monseigneur Eudes, j'aurais préféré vous recevoir dans mon château de Claujacque, à la chaleur d'une cheminée, plutôt que dans un tel endroit. Mais il se trouve que vous êtes en train de m'assiéger. »

Il croisa ses bras et resta silencieux un instant.

« Je suis venu faire cesser ce siège et terminer cette guerre. Elle a trop duré et le Vaujour en a bien trop souffert. »

Pene-Penac avança d'un pas, la main sur son épée. D'Annequin, tendu, fit lui un pas en arrière et mit aussi la main à son épée, prêt à la dégainer pour protéger son duc. Les housecarls firent de même.
Puis Pene-Penac posa un genou à terre, suivi des hommes qui l'accompagnaient.

« Je jure devant Dieu allégeance au duc de Cahogne. Je jure de ne pas lui causer dommage, de garantir sa sécurité, de protéger ses possessions, de ne pas porter atteinte à ses droits, de respecter sa justice et de toujours lui apporter conseil et aide. Je jure de servir fidèlement mon seigneur, d'être son homme jusqu'à ma mort, devant le Tricéphale et ses saints. »

Dans le dos du Haut-Sénéchal, le groupe répéta en coeur le serment d'allégeance qui les liait définitivement à Eudes.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeLun 21 Sep - 14:23
Marcher à travers le bois de Souaix me rappelle mes escapades avec mes frères et mes cousins dans ma lointaine jeunesse. Comme j’aimerais avoir Lothaire et Hugonnet à mes côtés – comme j’ai hâte que Raymond vienne nous rejoindre, comme je l’ai demandé dans son père par ma correspondance.
Alors que mes Housecarles semblent bien mal à l’aise, moi, je suis émerveillé de la découverte de la vieille statue de femme. Un grand sourire se dessine sur mes lèvres tandis que les divers invités de la réunion partagent leurs impressions.

« Les païens étaient dans l’erreur, mais on ne peut nier qu’ils maîtrisaient un art magnifique. Quelle tristesse que cet endroit soit devenu une ruine. C’est si sublime... »


Nous n’avons néanmoins pas tellement le temps de partager nos idées dilettantes sur l’art. La chouette qui se repose sur l’albâtre observe des intrus. Nous nous écartons pour venir leur faire face. Je me tiens bien droit, digne, les mains dans le dos, tandis que le Haut-Sénéchal apparaît, avec sa sale gueule à cicatrices.
Il se plaint du siège de son château. Il me semble faire preuve d’un certain ton de persiflage. Un instant, il pose sa main à son épée et s’avance. Alors que dans mon dos, toute mon escorte se prépare à se battre, je reste pour ma part entièrement stoïque – si c’est réellement un guet-apens pour me séquestrer ou me tuer, j’ai confiance en mes Septentrioniens pour régler la situation en un éclair. Et puis, on ne tue pas un Duc sacré, pas comme ça, dans une forêt, au crépuscule. Ce serait un grand sacrilège pour le meurtrier.
Et là, à mon grand étonnement, Rattier et ses hommes se mettent à terre, et récitent la formule de l’hommage. Je suis si surpris que je ne peux m’empêcher d’avoir un sourcil élevé. Il n’a même pas cherché à négocier, ou à me parler de ses raisons. Obtenir son hommage aurait été une victoire pour moi, oui – mais je ne m’attendais certainement pas à un tel retournement de veste, si soudain.

« Sire Rattier, vous vous rendez bien compte que la forteresse de Claujacque est actuellement occupée par le mercenaire Malestoit, qui a trahi son contrat après avoir allégrement profité de la mansuétude de mon père pour piller et faire souffrir le bon peuple du Vaujour ?
Je suis venu ici pour le châtier très durement. »


Ce n’est pas vrai. Je suis entré dans le Vaujour en suivant les plans d’Eustache de Tancarvelles – nous étions censés rameuter la compagnie de Malestoit, traverser le pays, et ravager le Valais de fond en comble, en profitant de notre écrasante supériorité humaine. Mais Malestoit a trahi, Raveaux m’a résisté sans armes, et ainsi, tout le plan s’est déroulé différemment.
J’étais censé être le bourreau du Vaujour, je peux maintenant me poser en son sauveur.

« Avant que je ne vous relève et vous embrasse pour vous recevoir comme mon fidèle vassal- puis-je connaître vos raisons ? Il me semblait que Robert Landebroc avait été proclamé comte par ses barons et chevaliers, qu’il était acclamé et assurait la sécurité de sa principauté face à la Cahogne qui, c’est évident, a fait très durement souffrir vos gens et votre terre avec la gestion catastrophique de mon père.
Pour quelle raison êtes-vous si prompt à m’adresser votre hommage ? »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMer 30 Sep - 16:06
« Monseigneur, vous avez dû voir mes raisons en traversant le Vaujour : mes terres sont ravagées et pillés, mes châteaux occupés ou assiégés, mes sujets massacrés ou rançonnés. Mon peuple meurt depuis trop longtemps.
Votre capitaine Malestoit est en grande parti responsable du mal sur mes terres. Et plutôt que de le châtier comme il aurait dû, mon seigneur lui a offert l'hospitalité, m'obligeant à l'accueillir dans l'un de mes châteaux.
 »

Un hululement lointain résonna dans les ruines. Accrochés dans la pénombre aux branches des arbres, plusieurs petits yeux lumineux observaient la rencontre secrète. Les gardiens de la déesse Isn surveillaient le duc de Cahogne, nouveau maître de l'ancien pays Mördwym.

« Il est temps d'accepter la vérité pour sauver les miens. Vous seul pouvez arrêter cette guerre. Le duc de Cahogne est un ennemi bien trop puissant pour le comte du Valais.
Je m'en remet donc à vous monseigneur. Ce n'est pas un choix de cœur mais de raison. Mais un serment est un serment, peu importe ses motivations.
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMar 6 Oct - 13:51
« C’est effectivement vrai. Vous serez donc mon loyal vassal, je le jure en tant que comte du Vaujour. »

Et ainsi, je lève ma main afin que Rattier puisse embrasser ma bague. Puis, je passe mes mains sur ses bras, et l’élève pour poser ma bouche contre sa joue, et lui offrir le baiser de paix.

« Vos terres d’Annoissin vous reviendrons bien légitimement. Mais le fort de Claujacques sera une toute autre affaire ; Malestoit s’est solidement réfugié.
Peut-être pourriez-vous nous aider à reprendre votre château. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeSam 21 Nov - 19:30
Pene-Penac se laissa faire et suivit le protocole qui faisait désormais de lui le fidèle vassal du duc de Cahogne. Dans son dos, le groupe d'hommes qui l'accompagnaient se relevèrent à leur tour. Eux aussi étaient à présent liés à Eudes.

« Votre seigneurie est trop bonne avec moi, répondit humblement le Haut-Sénéchal du Valais, je vous aiderai à retirer cette épine de votre pied. Ce Malestoit est un problème pour tout le monde, il a été le fléau qui a dévasté mes terres. Il me croit toujours de son côté, peut être pourrions nous le piéger et reprendre Claujacques sans assaut. Cela m'arrangerait de récupérer mes biens en bon état. Mais avant cela, j'aimerai vous prouver ma loyauté par un cadeau. »

Rattier de Pene-Penac se tourna vers ses hommes et leur fit un geste de la main. La rangée de chevaliers encapés s'ébranla.

« Je crois avoir ici quelque chose qui vous appartiens votre Grâce. »

Les hommes du Haut-Sénéchal approchèrent en escortant un prisonnier la tête recouverte d'un sac et les mains liées. Pene-Penac lui retira son masque pour laissait apparaître le visage amaigris d'une femme à la peau mâte.

« Je l'ai trouvé dans les geôles de Malestoit. Elle l'espionnait pour votre compte. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMer 25 Nov - 13:06
Si je pouvais encore douter du ralliement si soudain de Pene-Penac, mes doutes se volatilisent alors que je découvre ce que le Maître des Oiseaux est venu chercher. Je n’ai jamais rencontré Samara, mais sa physionomie correspond bien à la description qui m’avait été donnée ; elle ressemble assez à Arda.

« Hé bien… Voilà qui prouve en effet votre fidélité, sire Rattier. Je vous en remercie.
Rentrons donc discrètement jusqu’à mon camp. La nuit ne saurait être encore trop longue. 
»

Je salue Rattier qui retourne chercher ses montures avec le reste de ses troupes. Je fais un petit signe de la tête à mes housecarles, afin qu’ils viennent intimer l’espionne de s’approcher. Alors que nous nous préparons à marcher de nouveau jusqu’à nos propres destriers pour rentrer, je parle à voix basse avec elle.

« Maître Avès sera ravi de vous revoir saine et sauve, très chère. Nous n’avons pas eu le temps d’être présentés en bonne et due forme, mais enfin, je suis satisfait de pouvoir vous ramener en pleine forme.
Où est Rodrigue de Saint-Saëns ? »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMer 2 Déc - 12:56
Même sans sa couronne et ses précieux vêtements, Samara comprit qui elle avait devant elle. Elle tomba aux pieds du duc, épuisait par ses jours d'enfermement, pleurant à chaudes larmes en embrassant les souliers ducaux.

« Merci monseigneur, merci ! J'ai vécu l'enfer ici, les hommes sont des monstres. »

Son accent était différent de celui d'Arda, ce qui s'expliquait par une autre origine du Ponant, les Sanlars comme les Cahons étaient loin de former un peuple uni.

« J'ai été trahi monseigneur, quelqu'un m'a vendu à Malestoit et il m'a piégé et capturé. J'ignore où se trouve sire Rodrigue... »

La petite troupe ducale remonta sur les cheveux, suivie par celle de Rattier de Pene-Penac. Robert de Lescure, dans sa bonté triaphysite, proposa à Samara de la prendre sur son cheval.
Ils reprirent la direction du camp devant Claujacques, éclairés par des torches qui ouvraient le chemin plongé dans l'obscurité de la nuit.
Pene-Penac dirigea son cheval près de celui de Eudes. A côté du duc, Odilon, en bon serviteur, portait une torche. A la lumière de celle-ci, le duc pouvait mieux distinguer le visage de son nouvel allié. Il était tout comme l'avait décrit son chambellan : Pene-Penac était un homme grand et costaud, le visage patibulaire renforcé par sa cicatrice à l'oeil gauche et ses grosses moustaches rousses. Par sa carrure, il rivalisait avec les meilleurs housecarles du duc et d'après les rumeurs il n'en égalait pas moins la bravoure au combat. Il était rassurant de savoir cette homme au côté du duché plutôt que contre car il devait être un atout majeur pour le Valais.

Pene-Penac lança un regard à Odilon, se demandant peut être ce que faisait ce maigrichon au milieu de la troupe de guerriers ducaux, le chambellan n'avait rien d'un chevalier et son apparence contrastait avec celle des autres cavaliers. Puis le Haut-Sénéchal du Valais s'adressa au duc.

« J'aurais aimé vous offrir un meilleur présent en signe de mon ralliement, mais hélas, Rodrigue de Saint-Saëns n'est plus ici. Malestoit l'a offert au comte lorsqu'il vous a trahit. Sire Rodrigue doit être aux côtés du comte en ce moment. »

Au dessus d'eux, volait silencieusement une chouette. Lorsqu'elle passa devant la lune, sa silhouette se détacha du ciel. L'incarnation de la déesse Isn, reine des voyageurs, guidait le duc dans l'ancien pays Mördwym.

« Mais parlons de ce qui nous préoccupe monseigneur. Claujacque est l'un de mes principaux châteaux. Je le connais de fond en comble pour l'avoir parcouru depuis mon enfance. J'ai grandit ici.
Je connais des passages que Malestoit ignore et je suis sûr que nous pourrions prendre le château par la ruse en surprenant les mercenaires. Une petite troupe pourrait emprunter un passage dissimulé que je connais et ouvrir les portes de l'intérieur.
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMer 2 Déc - 15:30
Avec Samara enfin en sécurité, nous avons déjà un problème de moins. Je ne peux néanmoins qu’être déçu de ne pas avoir plus de nouvelles de ce chien de Rodrigue – tout détestable qu’il est, il demeure l’un des maréchaux et un enfant d’une grande maison de Cahogne. La campagne ne va pas être anéantie à cause de lui, mais qui sait ce qu’il peut révéler comme secrets à Landebroc ? Sans oublier la rançon qu’il peut représenter durant d’éventuelles négociations…

Cela m’agace, mais le bilan de la soirée reste très positif. Je relève la Sanlar qui s’est jetée à mes pieds, et lui offre un petit sourire enjôleur et un timbre de voix affable pour la rassurer.

« Vous êtes en sécurité, maintenant. Je vous ferai dormir dans mes quartiers, vous pourrez vous reposer et vous restaurer. »

Et puis, ça changera d’être uniquement entouré d’hommes tout le temps. Il y aurait bien Frère Justin pour briser la monotonie quotidienne, mais son orthodoxie religieuse me fatigue – il est éduqué, c’est certain, mais trop fermé d’esprit. Heureusement que je l’ai laissé derrière avec les Tancarvelles.

Pour l’heure, nous quittons les vieilles forêts et leurs esprits pour rerouver le pays Triaphysiste. C’est alors que nous trottons sur de vieilles sentes peu entretenues que Rattier vient préciser son plan auprès de moi. J’approuve d’un hochement de tête.

« Il est dans mon intérêt de faire ouvrir les portes de Claujacques sans en raser les murailles. Avec votre ralliement, et mon armée qui occupe le Vaujour, je n’aurai enfin plus aucun obstacle à forcer Landebroc à reconnaître la cession de cette province.
Quelle guerre horrible… Mon père a fait une erreur monumentale en entraînant la Cahogne dans votre pays, sire Rattier. Elle n’a fait que vider le trésor de Cahogne, tandis que vos gens ont souffert de la rapine et du pillage des cottereaux que mon duché a soldés.
Vous auriez pu choisir de résister – si je prends bien Landebroc pour un félon qui viole des traités, personne n’aurait mit en doute votre honneur de chevalier si vous aviez décidé de lutter contre le Cahon. Votre ralliement me touche donc beaucoup, messire. Si la guerre se terminait enfin de façon heureuse, je vous fais la promesse de vous nommer sénéchal du Vaujour – vous m’aideriez à réparer les torts qui ont été infligés à ce pays. »


Et comme ça, ni Annequin, ni Tancarvelles ne pourra exercer une pression sur moi pour caser un membre de leur famille ici. Peut-être n’est-ce pas une bonne idée de laisser les gens du Vaujour se gouverner eux-mêmes, alors qu’ils tiennent autant à leur indépendance. Mais comme je l’ai dit aux gens autour de moi, je ne pense pas qu’on puisse être aimé d’un pays par le glaive et par l’épée. Il faut que je sois respecté du Vaujour, et un jour apprécié et accueilli.

« Nous écouterons donc votre plan. Malestoit payera pour ses crimes et tout rentrera enfin dans l’ordre. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMar 8 Déc - 21:49
Le lendemain de retour au camp se réunirent tôt dans la matinée les principaux officiers de l'armée ducale : le connétable Charles d'Annequin, le maréchal Richard Beaucoeur, le grand écuyer Robert II de Lescure et d'autres auxiliaires, chevaliers des grandes familles du duché. Rattier de Pene-Penac était présent lui aussi, mais ne portait aucun emblème sur son tabar afin d'éviter qu'on ne le reconnaisse. Officiellement, il était toujours l'homme du comte du Valais et l'ennemi du duc de Cahogne, mais nul ne savait encore qu'il avait changé d'allégeance dans la nuit.
Seul manquait Odilon le chétif. Au petit matin, le chambellan avait discrètement quitté le camp sur ordre de son suzerain afin de rejoindre Soulans pour une mystérieuse mission. Depuis quelques semaines, il était rare de voir le duc sans son fidèle chambellan. Odilon avait été le favoris de Hugues III et la chose semblait se répéter avec son fils. Cet homme savait s'attirer les faveurs des puissants et se rendre indispensable.
Les indications du Haut-Sénéchal du Valais avait permis de dresser une carte représentant la forteresse de Claujacques et ses alentours. Rattier de Pene-Penac, connaissait parfaitement son fief et en avait révélé tous ses secrets, dont une entrée dérobée qui donnait directement dans l'enceinte du château. Après avoir écouté Pene-Penac exposé les derniers détails sur l'architecture de la place, les officiers se tournèrent vers leur suzerain afin d'en obtenir les instructions pour la prise de la forteresse.

Carte:
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMer 9 Déc - 16:03
La nuit fut courte. J’ai pris l’habitude de séquencer mon sommeil — la faute à l’Outremer. Difficile de fermer l’œil toute une nuit lorsqu’on doit constamment se déplacer, et réagir à des nouvelles d’un coin à l’autre. Et puis, il y a la peur, et la nervosité ; beaucoup de choses qui se bousculent dans ma tête. Ma rencontre avec le Légat, surtout. Apprendre la manière avec laquelle Espien souhaite utiliser Arda contre moi…
Ce sale évêque. J’ai énormément de mal à faire confiance à ceux autour de moi. Les choses s’améliorent dans le Vaujour, mais je reste nerveux, et méfiant. Et je n’ai rien pour me détendre. Pas de vin ; je n’ai pas envie d’être ivrogne alors que tout le monde attend beaucoup de moi. Pas de femmes non plus ; c’est une distraction plus saine, mais à laquelle je ne peux m’adonner. J’ai toujours les prières. Mais je n’aime pas prier en campagne. Dieu me semble inaccessible lorsque je répands le sang. Désirait-il vraiment tant de morts ?

Le temps de terminer les affaires courantes, d’expédier les lettres, l’heure est venue pour moi de dire adieu à Odilon. Il rentre à la capitale, car je me rends compte du danger que j’ai laissé derrière moi. J’ai besoin de bons yeux et de bonnes oreilles. Sur qui puis-je compter ? Mes sœurs sont bien innocentes, à l’exception de Blanche — elle saurait se débrouiller, même si elle prend souvent des risques. Ma Garde Housecarle est loyale, c’est peut-être la plus belle chose que m’ait légué mon père, à défaut du reste. Secrètement, je me suis assuré que Dents-Blanches et l’Aragne resteraient à mon service, et non plus à celui de l’évêque chancelier. Mais quid de la prévôté ? Le régent peut compter sur des forces. Et en tant que maître des services, il ne manque pas d’oiseaux à envoyer un peu partout.
Ce sont mes serviteurs, mais ils veulent surtout se servir eux-mêmes.



« Messeigneurs. »

J’ai totalement changé de costume. Fini la brigandine, les affaires de voyage qui me font passer pour un simple marchand ; fini également le doublet de soie, les beaux vêtements bien cintrés et cousus, à mantel tailladé. Je suis dans un habit que j’ai porté plus souvent durant ma vie : un habit de guerre. Grand haubert qui descend jusqu’à mes genoux, tabar fleur-de-lysé au-dessus d’une cotte de plates, avec un heaume sous mon bras qui affiche un merveilleux cimier, avec tortils et lambrequins. Je suis bel et bien Duc, mais je suis un Duc armuré, en carapace d’acier, pour me garder des traits et des lames. À ma ceinture, une épée — pas la vraie épée des Ducs, qui est un véritable trésor, mais une copie.
Tout le monde se redresse à mon arrivée dans la tente. Je salue tout le monde, et me dresse au-dessus de la table sur laquelle quelques figurines taillées dans du bois servent à représenter des mouvements de troupes.

Rattier parle. Explique son passage secret. Quelques échanges rapides, de part et d’autres. Et au bout d’un moment, c’est à moi qu’il revient de prendre les décisions.

Je suis un médiocre stratège. Trop impatient. Trop direct. On dit que j’ai libéré des dizaines de places-fortes, et gagné quantité d’escarmouches et de combats en Outremer ; C’est faux. Presque à chaque fois, c’est mon frère cadet, ou mon oncle, le papa d’Hubert, qui méritait les lauriers de la victoire. Moi je me contentais de leur dérober la gloire.
Quel était mon talent, durant les conseils de guerre ? J’étais excellent diplomate. Je savais mettre tout le monde d’accord. Faire reconnaître aux chevaliers que nous partagions tous les mêmes objectifs. Que personne ne serait en reste. Je savais charmer, monter les gens les uns contre les autres uniquement pour mériter leur loyauté. Je suis fort pour guider des talents, alors que je n’en ai aucun moi-même.

« Malestoit a fait souffrir bien assez de gens, durant bien trop longtemps. Les mercenaires sont tous une sale engeance, mais la seule chose qu’on attend d’eux, c’est de respecter les contrats pour lesquels ils sont payés. Je vais me rétribuer sur sa personne, et tous verront que la justice du Duc de Cahogne rembourse tous les torts.

Où en est le trébuchet que vous étiez en train de construire, sire connétable ? Je pense que nous pouvons lancer un assaut fort et puissant, afin de nous emparer de la basse-cour le plus tôt possible.
Serait-il une bonne idée de concentrer notre artillerie et une partie de nos forces sur la barbacane principale ? Ainsi, l’ennemi sera persuadé que nous tentons une féroce percée par là. Mais en attendant, un petit groupe de Housecarles emprunteront le passage secret désigné par sire Rattier, afin de s’emparer de la barbacane secondaire ; Une troupe de cavaliers, chevaliers et sergents, dirigés par Beaucoeur, pourra aller charger à toute vitesse une fois la herse relevée, et se presser à l’intérieur. Ce serait un assaut rapide, brutal, et décisif, qui forcerait les ribauds à se rendre ou à périr.
Les mercenaires sont loyaux à Malestoit, c’est leur bon capitaine — mais combien seront prêts à véritablement mourir pour de l’argent ? »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeJeu 17 Déc - 13:20
Tous les commandants présents acquiescèrent d'un signe de tête. Personne ne voyait à redire, le plan du duc était idéal.

« Le trébuchet est prêt votre Grâce, répondit le connétable, mais comme je vous l'ai dit nous manquons de bon bois dans cette région de Cahogne et notre arme manque de solidité. J'ai peur qu'elle ne s'effondre au premier tir.
- Peu importe,
intervint le Grand Ecuyer Robert de Lescure, nous pourrions quand même lancer l'assaut en déployant le trébuchet sur la barbacane principale. L'idée est de faire diversion et si l'ennemi voit le trébuchet il croira à une attaque concentrée sur la porte Sud. Un trébuchet a d'autres vertus que la simple destruction, il est visible et fait peur. »

Charles d'Annequin s'affaira à déplacer les pions sur la carte représentant la forteresse. Le trébuchet était représenté par un simple pavé de bois plus haut que large alors que des pièces plus petites illustrées les autres unités. Seule celle incarnant le duc était détaillé par une petite couronne sculpté à son sommet. Le connétable la prit dans sa main pour la déplacer et se tourna vers son suzerain.

« Et vous monseigneur ? Allez vous participer à la bataille ?
- Monseigneur,
intervint le maréchal Richard Beaucoeur, prenez part avec moi à l'assaut sur la barbacane secondaire. Ce serait un honneur pour moi que de combattre à vos côtés, nous avons ouïe tellement de vos exploits à l'étranger, j'ai hâte de vous voir en action. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeJeu 17 Déc - 17:40
À la réponse de Lescure, j’approuve d’un hochement de tête.

« Le Grand Écuyer dit vrai : Le trébuchet ne compte pas comme pièce d’artillerie, il compte en ce qu’il représente. C’est une arme massive et terrifiante, en le voyant, les soldats sur le rempart sauront que c’est par là que nous comptons nous presser. Ou bien ils réagiront en se concentrant dessus, ou bien ils craindront pour leurs vies — les deux me servent dans tous les cas.
Entendez bien, le plus compliqué sera de s’emparer du donjon lui-même ; Si j’ai confiance en nos capacités à prendre la basse-cour, Malestoit pourrait toujours se retrancher et tenir encore plus longtemps à l’intérieur. Il sait qu’il n’est pas noble, et qu’il est détesté tant de la Cahogne que du Vaujour. Il y a une expression des infidèles au Ponant : « Se battre avec la force d’un serpent encerclé… » Elle est particulièrement vraie dans ce cas.
Heureusement, nous avons déjà épargné un lieutenant de Malestoit. Ses sbires et ses sous-fifres pourront voir que le Duc de Cahogne sait être miséricordieux lorsqu’il le peut. Donc, donnez cet ordre aux soldats : si des mercenaires jettent leurs armes, ne les tuez pas. Constituez-les prisonniers. Si cet enfoiré de Malestoit décide de s’enfermer dans son dernier bastion, je compte bien sur le fait que ses plus proches camarades me le donneront dans l’espoir de sauver leurs vies. »


Richard me demande si je prendrai part à la bataille. Là, c’est plus compliqué… Je crains le combat. Je n’ai aucune envie de me faire tuer. Ou être gravement blessé. Ou même être fait prisonnier — pour moi, un Prince qui se bat en première ligne n’est pas héroïque ; il est tout simplement demeuré.
…Mais malgré tout…

« Évidemment que je me tiendrai sur mon cheval durant la bataille ! De la même manière qu’un trébuchet est un symbole plus qu’une arme, un Duc, oint de l’huile sainte, portant l’épée des Ducs et le Palladium de la Cahogne à ses côtés, est tout un signe. Notre soldatesque, au combat, a beaucoup d’idées qui la traverse ; un guerrier a peur, un guerrier craint pour sa vie, là où la bataille est la plus meurtrière. Mais en me voyant de loin, il doit savoir que l’assaut sera irrésistible et qu’il vaincra. Tout se joue là-dedans, dans le cœur des combattants.
Il ne faut pas sous-estimer l’ennemi devant nous : Ne prenez pas les mercenaires comme de simples vilains qui sont de la chair à épée. Ils restent des hommes, avec des âmes humaines, capables de grands prodiges si on les motive pour. Et c’est la même chose pour nos troupes.
Je me tiendrai avec vous, Beaucoeur. Je ne chargerai dans le château qu’une fois la barbacane secondaire solidement entre nos mains, mais je compte bien que l’armée et les chevaliers puissent m’observer, afin qu’ils sachent que l’homme pour qui ils sont prêts à donner leurs vies leur rende la pareille.
Afin que chacun d’entre vous, dans cette tente, sache que le Duc de Cahogne entend bien imposer son bon droit en personne ! »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeVen 8 Jan - 20:01
Le maréchal Richard sourit à l'idée de guerroyer aux côtés du duc. C'était un moyen de montrer sa valeur et peut être de faire pencher en sa faveur la querelle qui l'opposait à son oncle Mauger Tancarvelles.

« Monseigneur le duc soulève un bon point, dit Charles d'Annequin en montrant d'un doigt ganté la maquette représentant le donjon, la difficulté serait que Malestoit se retranche. Non pas qu'il pourrait résister bien longtemps, mais il pourrait nous faire perdre un temps précieux. Plus vite nous mettrons la main dessus et plus vite nous pourrons diriger nos forces vers Landebroc. »

Pendant que son cousin parlait, Robert de Lescure s'amusait à bouger les figurines sur la maquette pour placer les troupes.

« Le donjon sera beaucoup plus difficile à défendre fit remarquer Rattier de Pene-Penac, il pourra juste vous harceler de flèches, tant qu'il aura des pointes à vous lancer. Mais rapidement ils se retrouvera sans munition, sans vivre et sans espoir. Il ne pourra que se rendre, surtout que le comte n'a aucune intention de venir le libérer et il doit s'en douter.
Le donjon est étroit, a peu de lieu de stockage et manque de confort. C'est bien pour cela que j'ai prévu une solution en cas d'attaque, si l'ennemi parvenait à prendre la basse-cour. Un tunnel est prévu pour fuir, reliant le donjon à l'extérieur, mais il ne peut être ouvert que de l'intérieur. Nous pourrions placer des hommes à sa sortie et cueillir Malestoit s'il tente de s'enfuir. Cela pourrait grandement précipiter sa prise. Encore faut-il qu'il soit au courant de ce passage. 
- Et vous sire Rattier ? Allez vous vous battre pour le duc ?
demanda le connétable à son homologue du Valais.
- Il serait peut être mieux que j'évite de me montrer. Le comte n'aimerait apprendre la défection de son haut-sénéchal.
- Je propose que sire Rattier reste à mes côtés pendant l'assaut
dit Annequin en se tournant vers le duc.
- Vous voulez me surveiller sire d'Annequin ? Vous doutez de ma sincérité et craignez ma fuite ? Je vous ai pourtant révélé bon nombre de mes secrets.
- Je ne veux non pas vous surveiller, mais veiller sur vous sire Rattier,
dit-il avec délicatesse.
- Ne doutez pas de moi votre Grâce.
 » dit Rattier vers Eudes.
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeSam 9 Jan - 2:22
Il faut dire ce qui est ; La soudaine méfiance de sire Rattier est désarmante. Je comprends son malaise. Mais enfin, s’il ne veut pas passer la bataille à mes côtés, ni aux côtés du connétable, où c’est qu’il compte être ? Si je voulais le faire surveiller, j’ai des housecarles pour ça. C’est vexant de sa part, et un manque de respect envers ma noblesse.
Heureusement, en Croisade, j’ai trouvé un moyen plutôt efficace pour calmer les ardeurs de chevaliers bien trop fiers d’eux-mêmes : c’est le souci avec les chevaliers, leur honneur est tellement important qu’ils le croient mis en doute à chaque seconde. Du coup, je préfère pour cette fois réagir avec humour, je réserve les recadrages en public aux cas les plus extrêmes — comme quand ce petit con d’Eustache avait maudit les Landais tout entiers aux jeux taurins.

Je fais un grand sourire sincère, et un petit pouffement de rire :

« Je n’imaginais pas la compagnie de sire d’Annequin si désagréable que ça ! C’est vrai, qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça, le pauvre ?! »

Je pose mes poings sur la table, en agitant un peu la tête.

« Est-ce que mon connétable a la tête d’un espion ? Ou le rôle de chaperon ? C’est le commandant de mes forces et le général en charge de ce siège.
Si vous ne souhaitez pas passer la bataille à ses côtés, alors où envisageriez-vous d’être ? Il ne me semblait pourtant pas que c’était vous infliger un tort que de vous proposer de passer le combat à ses côtés… »


Autre tactique que l’humour : Jamais accuser directement quelqu’un. Le laisser s’expliquer en feignant d’être bête. S’il a quelque chose à redire, alors, il doit le dire à voix haute.
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMar 12 Jan - 18:53
« Je ne remettez pas en cause l'amabilité du sire d'Annequin votre Grace, j'ai simplement cru qu'il me suspectait de double jeu. Je vous ai fait serment d'allégeance monseigneur et je vous servirez jusqu'à ma mort. Si vous m'ordonnez de rester avec messire le connétable pendant l'assaut de mon château alors j'obéirais. » répondit Rattier de Pene-Penac le plus aimablement possible.

Il fit un signe courtois de la tête vers Charles d'Annequin qui se trouvait de l'autre côté de la maquette, et le connétable lui répondit par le même geste. Une rivalité naturelle semblait opposait ces deux seigneurs de puissance égale. Mais l'un servait le duc de Cahogne, l'autre un simple comte.

« Dois-je donner l'ordre aux soldats de se préparer pour l'assaut ? » demanda Charles d'Annequin.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeMar 12 Jan - 19:00
Évidemment que Charles d’Annequin va surveiller Rattier. Son réflexe n’est franchement pas idiot. Le « serment » de Rattier n’a pas été rendu de manière très régulière, il faut l’admettre, et il pourrait également gagner beaucoup à jouer à un double-jeu partout…
Mais bon. Il faut mettre des formes, pas choquer les sensibilités. Pour ça que je suis secrètement très soulagé que Charles, le connétable, se soit porté lui-même volontaire pour cette corvée. Un connétable c’est un homme de haut rang, c’est pas comme si je plaçais un vieil ivrogne ex-félon comme Laudun dans son dos.

« Si nous prenons ce château grâce à vos informations, la Cahogne ne manquera certainement pas de vous récompenser. »

Et l’inverse est sous-entendu, bien sûr.

« Le temps ne joue pas pour nous. Sire Rattier nous a offert une occasion de s’emparer de ce château rapidement et sans coup férir, c’est donc exactement ce que nous ferons.
Avant la bataille, j’aimerais tout de même qu’un prêtre assure un service religieux. Est-ce que ceci peut être arrangé ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques Icon_minitimeDim 7 Fév - 13:11
Charles d'Annequin acquiesça d'un signe de tête.

« Bien entendu monseigneur, il est toujours bon d'honorer Dieu avant une bataille.
Votre chapelain personnel étant resté en arrière, je vous propose mon propre clerc pour administrer le service. Je propose une messe dans la chapelle du camp et une procession de nos reliques suivi par votre oriflamme pour appeler sur nous la protection des saints.
 »

Tous étaient d'accord. Ils étaient chevaliers et parfois leur comportement était loin d'être en accord avec les préceptes de l'Eglise, mais ils devenaient superstitieux à la veille de chaque bataille et craignaient les volontés divines.

« Si vous voulez d'ailleurs vous confesser avant l'assaut, mon chapelain sera bien entendu tout disposé à vous entendre mon seigneur. » dit-il en affichant un large sourire pour plaire à son suzerain.
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La guerre du Vaujour : Claujacques
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