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Armarius
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MessageSujet: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 16:00
Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont.

Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. A-Southern-Landscape-with-a-Bridge-Crossing-a-Small-River-Christoph-Ludwig-Agricola-Oil-Painting
Quelques jours après son entrevue avec Cécil de Saint-Saëns, Eudes reçut la visite du légat Valbert de Morgéac, revenu de Soulans où il avait mené son enquête sur les mœurs du duc. L'abbé avait été accueilli au château de Claujacques avec tous les honneurs. On avait caché les stigmates de la guerre, notamment en nettoyant les murailles qui restaient tapissées de la cervelle éclatée d'un pauvre prisonnier ayant servit de boulet.
- Monseigneur Eudes, rassurez vous, mon enquête a abouti sur votre innocence. Ce n'était là que de vilaines rumeurs. Monseigneur Espien m'a tout raconté, comment vous aviez sauvé cette Sanlar et son fils des barbares, et comment elle vous avez suivi en Cahogne pour se convertir à la vraie religion. C'est là l'acte d'un bon croyant, vous faite honneur à votre aïeul saint Hugues qui n'aurait pas fait mieux s'il était revenu vivant de croisade ! Il est simplement dommage que certains aient pu croire que cette femme était votre amante et son fils le votre. Aujourd'hui, les actes de bontés sont toujours corrompus par les méchants qui veulent toujours y voir de l'hypocrisie. Leur cœur est sombre, le votre éblouis de la lumière de Dieu !
Puis le légat informa Eudes qu'il avait prit l'initiative d'organiser une entrevue entre lui et son ennemi afin de régler la guerre.
Pour cela, on avait convenu pour lieu de rendez-vous un petit pont surplombant l'Ariette, fleuve qui marquait la frontière entre le Vaujour et le reste du comté de Valais. Eudes était accompagné de ses officiers, le connétable Charles d'Annequin, le maréchal Eustache Brascourt, le grand écuyer Robert II de Lescure, le baron et sénéchal des Landes Guillaume IX des Murets, l'ancien Haut-Sénéchal du Valais Rattier de Pene-Penac, ainsi que les cousins Raymond d'Espeyrac et Hubert II de Vaudrincourt.
Mauger Tancarvelles avait lui aussi rejoint l'ost ducal avec les renforts de son domaine. Lorsqu'il eu vent de la mésaventure de son fils aîné, qui s'était emporté contre Richard Beaucoeur alors qu'on fêtait la victoire à Claujacques, il ne pu retenir sa colère. On entendit les remontrances du père dans tout le château et Eustache était ressorti tout penaud. Certainement que Mauger avait surjoué pour que le duc remarque bien sa colère, assurément qu'intérieurement il était fier de son fils qui avait mit ce traître de Beaucoeur à terre.

A cette endroit, la vallée de l'Ariette était encastrée entre le Bois Nouveau et la forêt de Seuil, les montagnes de la Crête à l'horizon. Un petit pont de pierre, assez large pour laisser passer deux charrettes à la fois, allait servir de cadre à la rencontre. En son centre, on avait installé une table et des chaises. L'abbé s'était ramené avec un coffre renfermant des reliques afin que les serments soient scellés devant Dieu et ses saints.
Ce genre de rencontres étaient toujours angoissantes. Fallait-il redouter une embuscade de l'ennemi ? Chacun était sur ses gardes et tout était fait pour empêcher l'autre d'agir clandestinement. La présence du légat-abbé avec sa suite de chanoines et de moines, pouvait entraver toute fourberie, mais Landebroc ne serait pas à sa première exaction contre des hommes d'Eglise...
Le fleuve séparait l'armée du comte de celle du duc. Robert le bâtard était de l'autre côté, entouré des siens. Eudes y reconnu -plus par leur blason que leur visage qu'il ne connaissait pas- l'intendant Riquier de Sabernagne, le duc de Basse-Julienne Gilles VI de Saint-Croix avec sa fille Julia, récente épouse de Landebroc, et un homme richement habillé, un marchand de Vaucouleur qui se trouvait être Hector Duvelier, chef de la banque de la république. A leur côté, Rodrigue de Saint-Saëns en bonne santé.

Le comte approcha en silence. Eudes fit de même. Le bâtard était grand et large, plus que le duc qu'il dominait d'une bonne tête. Le légat se plaça entre eux deux pour jouer son rôle de médiateur, et c'est lui qui brisa la glace le premier :
- Messeigneurs, je sais la querelle qui vous oppose et nous sommes là, sous le regard de Dieu et la surveillance de ses saints, pour convenir d'une paix qui pourra satisfaire tous vos griefs.
- Je vois que monsieur le duc est bien entouré, dit Landebroc en regardant Rattier de Pene-Penac, son ancien officier ayant rejoint son ennemi.
L'abbé ne releva pas la remarque et continua :
- Nous allons négocier un traité que les deux partis devront discuter et accepter. Je...
Le comte l'arrêta d'un geste de la main.
- Avant de commencer votre Excellence, j'aimerai remettre à monsieur le duc quelque chose qui lui appartient.  
Sur un geste de son maître, un banneret au service du comte lui apporta un sac de maille. Il l'ouvrit et fit tomber sur la table une tête couper qui roula devant Eudes en répandant un liseré sanguinolent. C'était le chef d'un jeune garçon dont le visage restait figé dans une horrible grimace, la langue pendante et les yeux révulsés.
- La prochaine fois que vous voudriez m'espionner, éviter d'envoyer un enfant. J'ai horreur de tuer les enfants, dit-il alors qu'on le soupçonnait d'avoir assassiné sa demi-soeur.
L'abbé cramoisi manqua de s'évanouir à la vue terrifiante de cette tête d'enfant décapitée. C'était celle de Pierre Gondrie, l'enfant espion qui devait informer Eudes des agissements du comte...
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 16:49
Je me suis mis en tenue royale. La couronne ducale ceint mon front, un immense manteau d’hermine me couvre du vent frais de la journée, et à ma ceinture, repose la grande épée de Cahogne. Tout ceci ne sont que des oripeaux, mais ils permettent de m’élever par rapport aux autres hommes — et surtout, m’élever par rapport à Landebroc à qui je vais faire face.

Au début de la campagne, nous étions dans une position très affaiblie — nous avons perdu tout le Vaujour, notre ennemi s’est trouvé un grand protecteur, nos agents étaient compromis, et l’un de mes grands vassaux était en otage. Mais le talent de mes hommes, la fortune, et, j’espère du moins, la volonté divine ont réussi à complètement inverser la tendance. Nous avons repris possession de tous les châteaux de ce territoire, nous les avons solidement sécurisés, nous avons retourné l’un des plus importants hommes de Landebroc, et plus que tout, nous possédons la véritable comtesse du Valais.

J’ai rencontré la jeune fille hier, ramenée en toute vitesse depuis Soulans par les hommes de Saint-Saëns. Une gamine de quinze ans, pourtant bien irrévérencieuse et forte en gueule pour sa terrible situation. Elle en est très drôle. Elle m’a demandé de l’aider à faire valoir ses droits sur son territoire, et d’utiliser mes armées contre Landebroc. Je ne lui ai pas garanti que je ferai ça, mais ait juré qu’elle serait en sécurité auprès de ma cour. Je me demande comment le bâtard va réagir lorsque je la montrerai en public devant ce qui lui reste d’alliés…

Pour l’heure, j’attends de mon côté de la rivière, entouré de mes hommes. Si les barons de Cahogne sont très belliqueux entre eux, ils se rangent comme d’un seul homme derrière leur prince. Ma victoire ici n’est pas que ma victoire — tous y ont participé. Tancarvelles comme Annequin attendent des récompenses si nous parvenons à sécuriser définitivement le Vaujour. Nos yeux observent les armées qui se tiennent disciplinées par-delà la mer, tandis que nos housecarles et chevaliers tentent de silencieusement les impressionner de la même manière.


À pied, j’arrive jusqu’à mon côté de la table, état-major derrière. Landebroc s’avance, il découvre Rattier, et y va de son commentaire. Je demeure neutre de visage — pas de sourire narquois, pas de réflexion en trop. Il est temps pour moi de juger de mon adversaire.

C’est là qu’il fait une horrible révélation. Mes yeux s’écarquillent, et j’ai un mouvement de recul, tandis que je vois rouler la tête d’un enfant. Mon cœur bat à toute vitesse, alors que je foudroie le bâtard du regard.

« Je vois que les bâtards méritent leur réputation. Quelle force d’esprit et de corps, d’ainsi s’en prendre à un enfant qui n’aurait jamais pu vous faire de mal ! J’espère que le Valais admire la grandeur d’âme de leur dirigeant ! »

Je pointe alors du doigt le banneret qui a ouvert le sac de maille, et m’adresse à lui directement :

« Qu’avez-vous fait du reste du corps ? Je souhaite obtenir ses cendres afin que ce pauvre garçon puisse être enterré selon les rites de notre sainte-mère l’Église. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:32
- Il ne m'a pas fait de mal ? Ce gamin m'a espionné et révélé mes secrets, il m'a fait bien plus de mal que n'importe quelle épée ! Et quelle est donc la grandeur d'âme du duc de Cahogne qui ose mêler un enfant à nos querelles ? Que pensez vous donc qu'il allait advenir de lui s'il était découvert ? Vous êtes plus fautif que moi, je n'ai fais que répondre à une attaque.
Landebroc fit taire son banneret d'un geste avant qu'il ne réponde au duc.
- Son corps a dû être donné aux chiens, c'est là tout ce que mérite les traîtres. Enterrez donc sa tête comme il vous conviendra !  
L'abbé se signa, le visage déformé par l'effroi.
- Que quelqu'un retire la tête de ce pauvre enfant, dit-il, désemparé.
Un chevalier de sa suite obtempéra, prit la tête par les cheveux et la retira de la table des négociation. Landebroc était tout avachi sur sa chaise, affichant un large sourire, tout content de sa vilaine blague. Vu l'état de la tête, le gamin avait dû être égorgé quelques heures plus tôt. Mais depuis combien de temps le comte le gardait-il prisonnier ?
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:41
La violence de Landebroc me fait retrousser ma lèvre. Je pose une main sur le pommeau de mon épée, et gonfle mon torse de tout l’air que je puis, avant de répondre sur un ton impérieux :

« La miséricorde est la qualité des princes, sire Landebroc. Punir ceux qui nous font du tort est une prérogative essentielle, mais il y a une différence entre la juste punition et l’ignoble vengeance. Tuer un enfant désarmé, qui était entre vos mains… Si c’est ainsi que vous traitez ceux qui viennent devant votre for, je n’ai pas hâte de voir ce que vous réservez à vos vassaux lors des prochaines années de votre règne. »

Évidemment que mon argument va être balayé par ce chien.
Mais j’espère bien que mes mots ne tomberont pas dans l’oreille de sourds. Il y a sa noblesse derrière lui…
Armarius
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:52
- Mes vassaux n'ont rien à craindre s'ils me restent fidèles, répondit calmement Landebroc qui s'amusait beaucoup de la situation. Pour les autres, dit-il en dirigeant son regard vers Pene-Penac, ils connaissent le prix de leur félonie. Je réserve la miséricorde à Dieu, qu'il pardonne à ce jeune homme sa perfidie et ses mensonges. Êtes vous bien sûr qu'il mérite les rites de notre sainte-mère l’Église après tous ses péchés ? Qu'en pensez vous mon bon père ? Dit-il en prenant à parti le pauvre abbé qui avait soudainement pâli.
- Je... balbutia t-il, monsieur le duc a raison, un prince doit se montrer miséricordieux à l'exemple de Dieu. Cette enfant a t-il au moins eu le droit à la dernière onction ?
- Oups, peut être qu'on a oublié ça,
répondit Landebroc, hilare. Quelques siècles au purgatoire ne lui feront pas de mal pour racheter ses crimes.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:55
J’ignore Landebroc. Ce crétin s’enfonce tout seul. À la place, je regarde le banneret, qu’il a forcé à se taire à l’instant, et avec une petite voix, je lui fais un hochement de tête solennel.

« Je vous en prie, sire chevalier — avez-vous un fils ? Ou un petit frère ? Cet enfant n’était qu’un garçon issu du bas peuple, mais il mérite le repos. Pouvez-vous me donner sa dépouille ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 19:00
- Allez-vous nous lâcher avec la dépouille de ce manant, répondit Landebroc à la place de son banneret. Vous me fatiguez, très bien qu'on aille chercher le corps, il doit être resté dans un fourré. Je payerai pour sa tombe s'il le faut, répondit nonchalamment le comte qui avait l'air de prendre tout ça à la rigolade.
Le légat s'épongea le front d'un mouchoir de soie, cette altercation lui avait fait monter la sueur. Il se remit doucement de ses émotions et reprit son calme. Il devait poursuivre sa mission, sur lui reposait la paix en Cahogne, tel était l'objectif de la légation que lui avait confié l'Archevêque. Coûte que coûte, cette réunion devait aboutir à la fin de la guerre.
- Voilà un acte de bonne volonté de la part du comte pour ouvrir ces négociations. se contenta de dire l'abbé pour conclure. Puis il marqua une pause et prit une grande inspiration. Le prélat ne devait pas voir la mort souvent, du moins pas sous cette forme.
- Poursuivons messiers. Voici une copie du contrat signé entre messeigneurs Hugues de Cahogne et Etienne de Valais pour l'hypothèque du Vaujour. Il y est dit que la région, avec le bourg de Noyer-le-Grand et les châteaux de Claujacques et d'Anoissin, achetée 500 000 livres par le duc, lui serait donné en gage si le comte ne pouvait le rembourser après une période de 10 ans. Le contrat signé en 1290 doit donc prendre effet en 1300, soit dans quelques mois. Il n'y est pas précisé que les héritiers du duc et du comte doivent le respecter, mais cela me paraît évident. Quoi qu'il en soit, monseigneur Robert dispose d'encore un an pour rembourser son prêt. Au delà, le Vaujour devra revenir à monsieur le duc, Eudes.
- Autrement, vous êtes sur mes terres en tout illégalité monsieur le duc,
 se sentit obligé de préciser Landebroc, elles sont encore à moi jusqu'au printemps prochain.
L'abbé continua :
- J'ai cru comprendre, lors de notre dernière entrevue, que vous vous engagiez à reverser dès maintenant la moitié de la somme, puis à la date butoir la seconde moitié.
- C'est exacte,
confirma Landebroc. Mais pas à n'importe quelles conditions.
Le comte fit un nouveau geste de la main pour ordonner au marchand bien habillé de s'avancer. Hector Duvelier, banquier de la république de Vaucouleur prit la parole.
- 250 000 livres seront restitués à monsieur le duc de Cahogne dès la signature de l'accord.
Sur cette somme, la banque de Vaucouleur engage 100 000 livres. Sa sainteté le primat Adrien IX financera à hauteur de 75 000 livres afin de préserver la paix en Cahogne. Pour le restant, le duc Gilles de Basse-Julienne payera 75 000 livres en guise de dot pour sa fille Julia, épouse de monseigneur Robert.

Landebroc leva un doigt en fixant Eudes avec un grand sourire pour signaler qu'il y avait une condition à tout cela. Le banquier continua :
- Sur la somme que monsieur le duc recevra, il devra s'engager à rembourser l'entièreté de la dette qu'il doit à la république de Vaucouleur, soit un peu moins de 100 000 livres. 5 000 devront être réservé à monseigneur l'archidiacre de Raveaux Arnoin de Douves en guise de dédommagement pour les exactions du capitaine mercenaire au service du duc. 30 000 devront servir à restaurer les fortification du Vaujour abîmées par le conflit.  Après réception de la somme, monsieur le duc devra libérer les places fortes qu'il détient dans le Vaujour et les restituer à monsieur le comte. Si à la date convenu le comte ne s'acquitte pas de la deuxième moitié de la somme, soit 250 000 livres, le duc recevra le Vaujour comme il est stipulé dans le contrat signé.
- J'ai apprit que vous déteniez Malestoit,
rajouta Landebroc, j'aimerai aussi que vous me le rendiez pour pouvoir le punir moi même.
- Voilà des engagements qui me semble bien acceptables,
s'empressa de dire le légat avec enthousiasme. Il sortit un encrier et des plumes pour signer les papiers.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 19:09
Nous passons enfin à autre chose — c’est après la tentative d’apaisement du légat que je décide enfin de m’asseoir, non sans un hochement de tête compassionnel à l’égard du banneret deux fois contraint au silence.

J’entends donc les propositions de Landebroc. On passe rapidement du ridicule à l’inique. Il y a au moins trois ou quatre points différents à voir, et je ne suis d’accord sur aucun d’entre eux. Alors que le légat s’empresse de sortir les encriers, je lève ma main, et observe l’abbé :

« Un instant, mon bon père… Il va falloir me remettre au courant de certaines choses, car chacun sait ici que j’ai passé les dernières années à combattre en Ponantique pour la gloire de Dieu, aussi il y a quelque chose que je ne suis pas certain de comprendre…
Corrigez-moi si je dis quoi que ce soit de faux : Mon défunt père a ordonné la commise du Vaujour après que l’homme devant moi ait refusé de payer le contrat qui liait son père, n’est-ce pas ? Je suis heureux de l’entendre aujourd’hui dire qu’en fait, le contrat tien bien, mais est-ce que ce n’est pas un peu ironique de prétendre que le traité n’est pas venu à terme pour m’ordonner de retirer mon armée, alors qu’elle ne serait jamais arrivée en premier lieu si le traité avait été respecté à la lettre ?
Difficile pour moi de dormir sur mes deux oreilles et d’espérer être payé si je rends les places fortes. Elles ont été difficiles et coûteuses à conquérir, puis à reconquérir. Moi je m’y sens à l’aise. Les gens à l’aise sont plus ouverts pour négocier, n’est-ce pas ? »


Je joue un peu à l'idiot. Mais si on me balance tout en bloc comme ça, moi je compte bien tout décortiquer pièce par pièce.
Armarius
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 19:23
Le sourire de l'abbé s'effaça, lui qui pensait pouvoir signer les papiers rapidement.
- Oui bien sûr monseigneur Eudes, dit-il, nous allons éclaircir certains points si vous le voulez.
- C'est votre père qui n'a pas respecté le contrat alors qu'il me restait plusieurs années pour rembourser,
protesta Landebroc. Il a prétendu qu'avec la mort de mon cher père, le Vaujour lui revenait de suite car le mort n'était plus capable de le rembourser. Il m'a attaqué et j'ai du répondre pour défendre mes droits. Hélas, comme vous le savez mon ami, la guerre coûte chère et j'ai du avancer des frais, me mettant dans l'impossibilité de rembourser ce que je devais par la suite. Une perfidie de votre prédécesseur si je puis me permettre, il savait très bien ce qu'il faisait.
Hector Duvelier, qui était resté droit comme un piqué devant la table des négociations, en rajouta :
- Monsieur le duc, si vous n'avez pas bien comprit, c'est un Vaujour au rabais que nous vous proposons. Si jamais monseigneur Robert ne parvient pas à rassembler la somme demandée
le Vaujour sera a vous. Nous plus pour 500 000 livres, mais seulement pour les 250 000 manquants.
Cela me paraît bien avantageux pour vous.
- Oui il est vrai,
renchérit l'abbé pour convaincre le duc des avantages qu'il tirera à signer le traité d'aujourd'hui. Rassurez vous monseigneur Eudes, l'Eglise et sa sainteté s'investissent pour la paix, si monsieur le comte ne respecte pas les engagements d'aujourd'hui, il se mettra au devra de graves remontrances.
Landebroc gardait son large sourire devant les menaces du légat. Les remontrances de l'Eglise valaient ce qu'elles valaient...
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 19:32
Landebroc est très fort pour réécrire l’histoire. Mais encore une fois, j’ignore totalement le bâtard et fait comme s’il ne faisait pas partie de la conversation. À la place, c’est l’intervention du banquier qui me fait réagir. Je lève ma tête pour l’observer et hoche de la tête.

« Maître Duvalier, je suis ravi que vous preniez la parole, j’ai également un point à éclaircir que je ne comprends vraiment pas, vous allez pouvoir m’aider… Voyez-vous, il est étrange de vous voir participer si activement aux négociations envers vos deux créanciers. Mais je dois avouer que les conditions que me pose l’homme devant moi m’étonnent. En quoi les créances qui obligent mon domaine — créances encore d’actualité — ont une nécessité à être remboursées si urgemment ?
À ce que je sache, à moins que vous me disiez qu’il y a eut une erreur comptable au temps de mon père, Vaucouleur a été et continue d’être remboursée aujourd’hui pour les emprunts contractés par la Cahogne, qui doivent arriver à terme dans cinq ans. Mais vous souhaitez être remboursé si urgemment que vous êtes prêts à vous mêler d’une guerre pour ça ?
J’ignore quel savant calcul des patriciens de votre patrie a pu mener à un tel projet. Si les termes de l’emprunt de mon père ne convenaient pas à Vaucouleur, est-ce qu’il ne serait pas plus simple de juste les renégocier devant un verre de vin à Soulans ? On caillerait moins qu’ici, pas vrai ? »


Je fais un petit sourire au banquier, mais un sourire plein de fiel. Je sens clairement qu’il y a plusieurs personnes qui tentent de me niquer, et je ne sais même pas pourquoi.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 20:19
- Monsieur le duc, répondit respectueusement le banquier, il s'agit là d'opérations propres aux secrets de mon métier, je ne peux vous en révéler davantage. L'important pour vous est que vous soyez délivré de ce que vous nous devez. Nous serons alors libre pour un nouvel emprunt sur de base plus sereine. Le prêt que nous vous avons octroyé l'a été sous la contrainte, lorsque votre grand-père Hugues II a mit le siège devant notre cité, il ne date pas du règne de votre père. Son remboursement serait un geste d'apaisement, il ne s'agit pas là que de gros sous.
- Bon sang Eudes ! Vous allez les signer ces papiers ! Tous ces chiffres ça me donne mal au crâne ! Répondit Landebroc qui s'impatientait.
- Monsieur le duc a le droit de discuter des conditions du traité, intervint Valbert de Morgéac. Quel autre point vous gène monseigneur ?
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 20:32
« Tous les points me gênent, sire-légat, car voyez-vous, je ne pense pas que l’homme devant moi soit solvable. La première traite d’une moitié de la somme dépendrait de l’aide de son beau-père, et de l’honorable archevêque, et il faudrait en plus que je compte sur le reste de la somme en quelques mois seulement ?
Maître Duvalier, vous devez être un homme avec le sens des affaires. Pourriez-vous me regarder droit dans les yeux, et, sans mentir, me dire que ce sont là les signes de quelqu’un avec qui on peut raisonnablement passer un accord ? »


Toujours aussi sérieusement, j’enchaîne, en levant la main pour empêcher quiconque de prendre la parole.

« Je suis étonné également d’entendre parler du capitaine Malestoit. Après l’avoir capturé au terme d’un très âpre combat, il m’a révélé la raison de sa trahison. Car tout le monde ici sait, je ne l’ignore pas, que ma venue dans le Vaujour a eu pour but de châtier ce soldat-félon qui a fermé ses forts face à mon ban. Il m’a dit avoir été retourné pour passer au service de Landebroc ; que cet homme mérite punition ne fait aucun doute, mais de l’entendre de la bouche de celui qui n’avait pas de remords à racheter son contrat ainsi que son départ me rend très suspicieux quant à la bonne foi de l’autre partie à cet accord. »

Je souffle de la bouche, l’air agacé.

« J’ai moi-même une proposition qui me semble bien plus saine pour tout le monde :
Je garde le Vaujour, comme le traité prévu par mon père le prévoyait. Je ne réclame pas de dédommagements pour la manière avec laquelle le fils du comte de Valais a renié le contrat et obligé la Cahogne à se mobiliser militairement, mais en échange, il faut que l’on me reconnaisse comme le seigneur perpétuel et légitime du Vaujour, et que l’on me rende à titre gratuit le prisonnier fait par le Valais.
Ainsi, tout le monde peut garder son argent, et nous pouvons mettre toute cette histoire derrière nous. »
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 20:49
Landebroc se leva d'un bond, pointant un doigt vers Eudes.
- Jamais je ne vous laisserais le Vaujour ! Il est à moi ! C'est vous qui ne respectez pas le contrat ! Vous êtes comme votre affreux père ! Vous voulez tout, l'argent et les terres. Monseigneur l'abbé, n'est ce pas là un péché d'avarice ? N'est ce pas condamnable par la sainte Église ?
Il était ironique de voir soudainement Landebroc en appeler à la sainte Église.
- Gardez donc ce Malestoit si vous le voulez, continua t-il, je rends aussi votre homme contre mon Vaujour.
Le légat se leva lui aussi pour tenter de calmer le comte.
- Monseigneur Robert, rasseyez vous je vous pries. Nous sommes là pour discuter.
Duvelier était un peu mal à l'aise face aux questions du duc.
- Bien sûr que monseigneur Robert est solvable. Le Valais est riche, ses terres sont prospères et si vous lui rendez le Vaujour il sera à même de rembourser tout ce qu'il doit.
- Je vais vous prouver que je suis solvable en engageant tous les mercenaires de l'Empire pour vous faire la guerre ! Reprit Landebroc toujours dans sa colère. Je vais reprendre le Vaujour, peut être même aller jusqu'à Soulans, je prendrais votre palais et je dormirais dans votre lit !
Le légat, tout comme le banquier, étaient un peu désespérés par la réaction du comte qui n'aidait pas à conclure un traité de paix.
- Calmez vous monseigneur Robert, répondit le légat en haussant un peu le ton. Landrebroc finit par se rasseoir. Monseigneur Eudes, reprit l'abbé, il paraît évident que vous n'allez pouvoir garder le Vaujour, du moins pas tant que le contrat signé par votre père sera en cours. Que désirez vous pour sa rétrocession ?
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 21:06
« Pourquoi ne pourrais-je pas garder le Vaujour ? » je réponds avec une fausse candeur. « Sire Rattier de Pene-Penac, qui est, je le pense, plus légitime que quiconque ici pour dire ce qui se passe dans le Vaujour, se tient à mes côtés. Mes soldats tiennent tous les forts du Vaujour, et même s’il y a eut de grandes difficultés, je n’ai aucun doute sur le fait que je puisse lier de nouveaux liens d’amitié avec les bonnes gens du Valais afin que nos deux terres puissent s’unifier et prospérer ensemble.
J’en discutais hier avec la noble damoiselle Marie. Je dois admettre qu’elle est étonnamment très dure en négociations, avec une fierté bien à elle, et que je n’arrive pas à obtenir un accord satisfaisant, mais bon, c’est une œuvre diplomatique qui peut s’achever aussi vite que la nôtre. »


Et je me tais, immédiatement, en guettant les réactions sur les visages de tout le monde.
Armarius
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeDim 28 Jan - 23:38
La révélation de Eudes cloua le bec du comte de Valais. Il ne répondit même pas, songeur.
Un long silence s'installa, chacun essayant de voir si le duc bluffait ou s'il avait réellement Marie avec lui. C'est le légat qui parla le premier :
- Mais, madame Marie n'est elle pas morte ? On nous a dit qu'elle était décédée de maladie dans son monastère.
- Vous bluffez !
Répondit finalement le comte. Ma pauvre sœur est morte, ne vous en servez pas pour votre minable petite politique, dit-il en faignant (très mal) sa tristesse.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeLun 29 Jan - 0:43
Landebroc est à bout. Mais il croit encore que je bluffe. Bon moyen pour moi d’encore en profiter un petit peu — c’est fou, plus il parle, plus il prouve qu’il n’est pas à la hauteur de son titre. Moi, je demeure confiant, et le regarde droit dans les yeux.
Et enfin, alors que je le foudroie du regard, je continue, encore et toujours, de parler comme s’il n’était pas là.

« De maladie, c’est ce que vous avez entendu, sire légat. Croyez-vous que l’homme qui se tient devant moi serait capable de faire du mal à des enfants ? Il l’a avoué — cet homme-là, il peut avoir peur de bambins. »

Et je regarde rapidement le liseré de sang laissé par le garçon qu’il a décapité.

« Il l’a enfermée dans un monastère, où il a soudoyé la mère-abbesse, pour essayer de réduire la petite Marie par la faim, le froid, et les mauvais traitements. Mais l’homme devant moi voit des menaces partout, y comprit d’une jeune fille. Alors, il a décidé d’envoyer des sbires pour la tuer.
Voilà quel genre d’homme se tient devant moi. Un meurtrier d’enfants. Un usurpateur. Un faux-justicier colérique. Est-ce si étonnant que l’honorable Rattier de Pene-Penac soit venu à moi, alors que je n’ai envoyé ni missives ni messagers pour tenter de l’amener à mon côté ? Que même le cruel et veule Malestoit, un des pires mercenaires des Landes, ait imploré ma pitié plutôt que d’accepter de faire retraite et d’honorer le contrat de son nouvel employeur ? »


Et toujours en ignorant Landebroc, je regarde les hommes à ses côtés.

« Qu’en pensez-vous ? Maître Duvalier, sire Riquier, votre honorable altesse Gilles ? »

Je me lève théâtralement de ma chaise.

« Mon père avait ses défauts. Son absence a permis à des hommes tel que lui de venir vous parler avec toute la fausse bonne foi du monde. Mais à présent, vous allez devoir être confrontés à la réalité de ce qui se tient devant vous, de celui qui s’est joué de vous en signant des contrats et en prêtant des serments qu’il ne sera jamais capable d’honorer — de prendre en noces une des plus nobles dames de nos nations. »

En disant ça, je lance un regard plein de tristesse à Julia.
Je fais monter la pression. Je veux le voir exploser.

« Dites-moi, avez-vous vraiment besoin de voir la jeune Marie pour me croire ? Ou bien, au fond de vos âmes, ne vous doutez-vous donc pas de ce que je dis ? »
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeLun 29 Jan - 11:32
« Maudite catin » dit-il entre ses dents. Ce n'est pas que le comte avait peur d'une fillette, mais si ce que racontait le duc était vrai, elle s'était acquis de puissants alliés.
- Est ce vrai ? Demanda le légat. Ce sont là de graves accusations.
- C'est faux.
Répondit Landebroc.
- Et la mère supérieure, l'avez vous fait tuer aussi pour avoir laisser partir l'enfant ? Elle a été retrouvée morte peu après.
- C'est toujours faux. Ce ne sont là que de vilaines calomnies, on veut me faire passer pour un monstre ! Je tue les vilains qui m'espionnent, quelque soit leur âge, mais pas les enfants de mon propre sang.
Vous essayez seulement de me discréditer devant mon épouse, je pourrais en faire tout autant devant la votre. Car j'ai ouïe dire que vous aviez jeté votre dévolu sur la fille du duc de Haute-Julienne, la boiteuse difforme de notre cher ami Louis de Clave, alors même qu'elle devait épouser votre cousin !

Dans son dos, Eudes pouvait sentir un peu d'agitation. Raymond d'Espeyrac était cocu avant d'avoir été marié ? Ne pas épouser Louise la boiteuse l'arrangeait bien, mais que son cousin lui ait caché ses projets était une humiliation de plus. Landebroc continua, bien plus doué pour l'insulte que pour négocier des traités de paix :
- C'est assez étonnant vous en conviendrez, lorsque l'on connaît vos goûts pour les femmes, vous qui aimez forniquer avec les catins Sanlars ! Avoué que c'est l'amour des femmes qui vous a attiré en croisade, et non l'amour de Dieu ! Vous en avez même ramené une au pays avec son enfant, votre propre fils bâtard, une horrible chimère mi-cahon mi-sanlar, celui-là aussi je le tuerais bien, et pour sûr que ça plairait à Dieu ! Dit-il en se tournant vers le légat.
- Monseigneur le duc a été lavé de tous soupçons, j'ai moi même mené l'enquête, précisa l'abbé.
- Il vous a trompé avec toute sa mesnie. Je sais de source sûre ce que j'avance. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'il s'est même choisi une putain de Valentine. Eudes de Cahogne fait dans l'exotisme assurément, bientôt nous allons avoir pour duchesse une noire du Sadan ou bien une bridée d'Hyperponant ! Il serait même capable d'épouser une barbare de l'Est ! C'est donc là votre duc ? Il gouverne avec ses génitoires plutôt qu'avec sa tête. N'est ce pas là un grave péché mon bon père ? Après l'avarice, voici la luxure !
Et qu'on se le dise Eudes, je préfère être accusé d'avoir assassiné ma sœur plutôt que de l'avoir baisé !

Dans le duel d'éloquence et de majesté, Eudes remportait la compétition haut la main tant Robert était faible à ce jeu. Mais pour ce qui était de la méchanceté, le comte était un redoutable adversaire. Et il possédait pour cela des armes acérées.
- Voilà celui que tu as rejoint Rattier ! Pauvre pleutre sans cervelle.
Landebroc s'emportait. Le légat était d'un charisme trop faible pour maintenant à bien le débat entre ces deux princes.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeLun 29 Jan - 19:04
Landebroc passe de rien à tout. Quand bien même ses propos ont pour but de me faire vriller, c’est lui qui est en train de creuser sa propre tombe. Surtout, ce qu’il dit est très intéressant — d’où lui vient cette idée que je souhaitais épouser la Boîteuse ? Je sais qui a élégamment tissé ce mensonge. Je grince des dents alors qu’il achève sa diatribe. Et, toujours debout, je décide d’enfin lui parler directement :

« C’est bon, vous avez fini ? »

Je regarde ceux dressés derrière, ses proches et ses alliés. D’une voix ferme, je pérore rapidement :

« Je me sentirais grandement insulté, si tout ce que je n’entendais n’étaient pas là que des ragots de bas étage. Mais moi, ce que j’oppose, ce sont de vrais témoignages, jurés sur l’honneur, et sur les reliques s’il le faut, par des gens qui connaissent réellement l’homme devant moi. »

Je me retourne avec prestance, et parle à mon connétable.

« Sire Charles d’Annequin, vous êtes le second parmi tous les pairs égaux de Cahogne. Feriez-vous honneur à la damoiselle Marie, fille légitime d’Étienne Landebroc cinquième du nom, comte de Valais, et de Anne-Marie de Hauhenhaussen, en l’escortant ici ? »

Le connétable accepte sa mission. Marie de Valais va apparaître très bientôt, vêtue simplement, à la manière d’une noble Judicalienne — j’ai demandé à ce qu’on ne l’habille pas trop, qu’on ne lui donne pas de bijoux et de joyaux, afin que la noblesse du Valais puisse bien la percevoir comme une pauvre damoiselle en détresse. Il faut qu'elle parvienne à les convaincre. Mais c’est bien en jeune femme réclamant un titre qu’elle va devoir se présenter.
J’espère que la petite gamine sera à la hauteur.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMar 30 Jan - 10:09
Charles d'Annequin accompagna Marie de Valais sur la scène où se jouait l'avenir de la Cahogne.
A sa vue, son frère eu un mouvement de recul, comme s'il voyait un fantôme revenu du pays des morts pour le hanter.
« Garce, tu es plus dur à tuer que ta mère ! » pensa t-il.
Quelques jours plus tôt, les hommes de Saint-Saëns avaient remis la jeune fille aux housecarles du duc venus la chercher à l'hôtel des Epinettes où elle était gardée enfermée. La voici désormais de nouveau devant son demi-frère, un mois après s'être échappée avec succès de sa cellule du couvent de Rocadour.
Elle était habillée d'une simple robe blanche, mais avait tenu à garder son pendentif d'argent aux couleurs de sa famille, celui là qui l'avait accompagné dans sa fuite.
- Je suis Marie Landebroc de Valais, dit-elle d'une voix claire. Non je ne suis pas morte, j'ai survécu à l'attentat de l'usurpateur. L'homme devant vous, qui se dit être mon frère, a tenté de me faire tuer par son vidame au sein même d'un temple sacré ! J'ai du fuir par la forêt, vivre comme une sauvage et survivre par moi même poursuivit par les soldats soldats du Valais, eux autrefois fidèles à mon père, désormais consacrés au meurtre de sa fille !
Du haut de ses 15 ans, l'éloquence de la jeune femme était impressionnant.
- Par la volonté de Dieu, continua t-elle, j'ai pu rejoindre Soulans pour demander l'aide du duc de Cahogne, notre ennemi, mais désormais mon seul allié.
Marie ignora volontairement le passage où elle fût enfermé par Cécil de Saint-Saëns. Hier, elle n'avait cessé de demander la tête de l'actuel régent à Eudes.
- Ce sont là d'immondes calomnies ! Protesta le comte. J'ai placé ma sœur dans un convent pour la protéger de nos ennemis !
- Infâme fils de paysanne ! Usurpateur ! Tu m'as volé mon comté !

Finalement, le frère et la sœur se rassemblaient assez, aucun des deux ne faisaient dans la finesse.
A l'arrière, le duc de Basse-Julienne Gilles IV s'amusait de voir Marie ainsi palabrer.
- Mais pourquoi donc le duc de Cahogne laisse t-il une fillette parler à cette assemblée ?
Marie l'entendit et son sang ne fit qu'un tour :
- Je ne suis pas une fillette ! Je suis Marie Landebroc du Valais, unique enfant légitime d'Etienne V et d'Anne-Marie de Hohenhaussen !
Si elle avait eu sa fronde avec elle, elle l'aurait brandit devant le duc.
- Messeigneurs, madame, intervint le légat qui perdait la maîtrise du débat, aujourd'hui la question n'est pas de savoir qui doit régner sur le Valais, mais à qui doit revenir le Vaujour. Pouvons nous revenir sur notre sujet ?
- Mon père croyez moi, si vous voulez la paix dans le pays, ce n'est pas avec mon immonde frère que vous allez l'avoir.
- Malheureusement ce n'est pas l'Eglise qui font les princes,
réagit Landebroc. J'ai été choisi par les bannerets du Valais pour succéder à notre père.
Marie l'avait dit à Eudes la veille lorsqu'ils s'étaient rencontrés : donnez moi le Valais et je vous donne le Vaujour. Encore fallait-il lui donner le Valais, ou plutôt, que le Valais se donne à elle. Robert, malgré toutes ces tares, restait un héros pour le comté et sa noblesse, celui qui avait repoussé l'ennemi, l'envahisseur étranger qui voulait grignoter le pays.
- Ce ne sont pas les barons non plus qui font les princes ! Répondit Marie. Elle avait en elle la même rage que son frère, propre à la famille des Landebroc. Que dit le droit féodal lorsqu'un prince meurt sans fils légitime ? Ses terres reviennent-elles à sa fille aînée ou bien les bannerets peuvent-ils s'octroyer le droit d'élire un immonde bâtard à sa place ?
Landebroc, le visage de plus en plus rouge de colère, semblait prêt à tirer son épée pour embrocher sa sœur devant tout le monde.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMar 30 Jan - 23:58
L’arrivée de Marie est tonitruante. Tel une diablesse sortie de la boîte, elle harangue Landebroc, et achève de lui faire perdre ses moyens. Mais je suis loin de m’en réjouir — si la jeune fille est une femme forte, qui est capable de montrer à tous qu’elle a de fortes prétentions, mon but en l’amenant ici est qu’elle soit prise en pitié, et que Landebroc passe définitivement pour un bâtard. Tout ce théâtre peut être une arme immensément puissante pour moi, mais également très rapidement se retourner contre moi.

Après la dernière insulte de Marie, je réagis de façon beaucoup plus diplomate, en levant la main pour essayer d’inviter la fille à mes côtés de se tranquilliser un instant.

« L’accession de Robert est due à la Cahogne. Les braves barons de la terre du Valais avaient désespérément besoin d’un protecteur pour les mener, et ils ont cru ce jeune homme séduisant qui s’est affairé à les tromper… Il ne se tiendrait pas ici, si mon père n’avait pas aiguisé ses armes pour défendre ses droits sur le Vaujour. »

Je désamorce l’insulte de Marie tout en insultant Robert — quoi de plus horrible que de lui rappeler qu’il ne serait rien sans mon père, assez ironiquement ?

« Hélas, mes honorables seigneurs, je crains que vous ayez fait fausse route en vous rangeant à ses côtés.
Vous êtes prêts à prendre pour garant un homme qui ne respecte les traités que lorsqu’il les arrange, qui ne paye que les dettes qu’on le contraint de force à rembourser, à reconnaître comme suzerain un colérique qui est incapable de maîtriser ses émotions en public, à partager l’intimité d’un meurtrier d’enfants… »


Avec cette dernière phrase, je lance un nouveau un regard peiné et inquiet vers Julia de Basse-Julienne. Je sais bien que son ambitieux père va simplement s’amuser de mes propos. Mais la sécurité de sa fille dans la couche de Landebroc, ça, ça pourrait le motiver à se rendre compte de son immense erreur…

« Savez-vous quelle garantie vous pouvez avoir de ma part ? Je vous partage tous ici la vérité sur mon for intérieur : Je ne suis pas rentré en Cahogne pour régner. J’y suis rentré par devoir, car l’héritage me l’ordonnait, et j’ai trouvé ma terre assaillie de toutes parts et en grave danger.
Je ne suis ici que pour y mettre bon ordre, et assurer sécurité et stabilité à la Cahogne. Ensuite, je repartirai en croisade, pour me battre aux côtés du grand protecteur du Ponant, Basile de Sainte-Croix ! Je souhaite régler la situation du Vaujour et du Valais de façon définitive, et je souhaite une issue qui puisse convenir aux barons des deux côtés de cette terre — à mes Cahons, j’ai promis d’être remboursés pour les gages de feu l’honorable Étienne Landebroc, car c’est leur argent qui a nourri le Valais. Aux Valaisiens, je leur promets la reconnaissance de leur statut, la protection de leurs frontières, la protection de leur magnifique langue. Deux Valaisiens se tiennent d’ailleurs à mes côtés ! Je ne suis pas venu pour vous faire la guerre !
Mais pour parvenir à une issue favorable, il faut que la personne qui se tienne face à moi partage ma bonne foi et mon honneur. Qui oserait me regarder dans les yeux et me garantir ces deux qualités chez Robert FitzÉtienne sans savoir qu’il se ment à soi-même et à Dieu ? »

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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMer 31 Jan - 10:42
La fille ne se calma pas, elle était un électron libre, un chien sans laisse, une fois libérée il ne fallait pas compter pour qu'elle retourne dans sa cage.
Riquier de Sabergne, l'intendant du Valais, s'approcha pour soutenir son seigneur qu'il voyait devenir rouge de colère.
- Ne mélangez pas tout monseigneur Eudes, ce n'est pas votre terre qui est assailli mais la notre ! Nous nous sommes rangés derrière un homme qui a réussit à repousser l'envahisseur de notre pays. Quand je vois madame Marie s'allier aussi facilement à notre ennemi, je vois que nous avons fait là le bon choix. Elle est aussi imprudente que son père. Jamais Etienne n'aurait dû vendre un morceau du Valais, il n'en avait pas le droit. Robert a défendu notre patrie pour la garder unie. C'est pour cela que nous l'avons choisi !
Eudes sous estimait peut être la haine du Cahon chez les Valaisans. Peu importe qui ils avaient sur le trône, pourvu qu'il s'opposait au duc.
- C'est en évitant le démembrement de notre principauté que vous allez assurer la stabilité en Cahogne. Jamais le Vaujour n'acceptera d'être séparé de son pays naturel, personne ne veut de vous ici et s'il le faut le peuple lui même prendra les armes pour se libérer. Votre père et ses mercenaires s'y sont rendus bien trop détestables. Si vous voulez sauvegarder la paix dans le duché, il vaudra rendre le Vaujour.
- Messeigneurs,
intervint le légat Valbert, je vois là seul monseigneur Eudes faire des concessions. Il a raison de douter de la bonne volonté de monsieur le comte qui n'a par le passé pas toujours montré toutes les garantis nécessaires. Libérer les châteaux qu'il a durement acquis c'est lui demander un grand effort. Que proposez vous en échange à part rembourser ce que vous lui devez ? J'attends un geste de votre part.
Le temps de l'intervention de son intendant, la colère de Landebroc était redescendue. Il reprit calmement pour répondre à l'abbé :
- Je vous promet l'hommage qu'un vassal doit à son suzerain, avec tous les devoirs qui en découlent, je répondrais à votre appel pour me joindre à votre ost s'il le faut et je soutiendrai vos avis au Concile de Cahogne. Mais je veux aussi être reconnu officiellement comme l'héritier de mon père, que l'archevêque statut sur ma légitimité.
- Jamais !
S'écria Marie. Cet usurpateur n'est qu'un bâtard, je suis l'unique héritière légitime du Valais ! Monsieur le duc, vous ne pouvez laisser ainsi les règles du droit féodal être bafoués.
Marie se tourna vers les hommes du Valais rangés de l'autre côté du pont :
- Mon frère a démontré à tous sa perfidie, c'est lui qui a provoqué la guerre en refusant de rendre son argent au duc.
- J'étais dans l'incapacité de le faire !
Protesta le comte.
Duvelier, le banquier de Vaucouleur, fit la moue, ce n'était pas là des choses à avouer alors que le duc remettait en question sa solvabilité.
Marie continua sans prêter attention à son frère :
- Il a prouvé qu'on ne pouvait lui faire confiance. Lui à la tête du Valais, jamais il n'y aura de paix car jamais le duc ne pourra faire confiance à ce vassal turbulent. Son hommage ne sera que de façade, jamais il n'acceptera d'obéir à son suzerain. Moi seule peut garantir la confiance entre le Valais et la Cahogne. Si vous voulez la paix, il faudra virer le bâtard.
- Et que deviendra le Vaujour sous votre règne madame ?
Demande Sabernagne. Madame Marie serait certainement prête à donner la moitié du Valais pour récupérer ce qu'elle croit être son héritage. Nous ne voulons pas d'elle !
Marie, qui la veille avait promis au duc le Vaujour, ne pouvait pas contredire Sabernagne. Si elle affirmait vouloir garder le Vaujour, elle se mettrait Eudes à dos. Si elle affirmait vouloir le donner, elle perdrait définitivement le soutien des siens. Elle était bloquée.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMer 31 Jan - 12:52
Riquier de Sabernagne a le mérite d’être autrement plus intelligent et adroit que Robert Landebroc. Rattrapant les bêtises de son suzerain, il parvient à offrir une sortie plus raisonnable. Pire — il pousse le bâtard à se calmer et à devenir soudain plus agréable au niveau des négociations !

Pour l’heure, je reste toujours debout, mais il faut que je maîtrise la suite de la conversation pour qu’elle ne me dépasse pas.

« Sire Riquier, jamais le Cahon ne serait venu ici si le remboursement avait été fait par sire Étienne. Nous n’avons pas volé ce territoire ! Qu’est-ce que la maison Landebroc a fait avec un demi-million de livres pendant des années ? Où est passé l’argent ?
Si nous n’avions pas réclamé militairement ce territoire, tout le monde se serait moqué de ma maison et cela aurait été terrible humiliation. Mais à présent que nous avons bien réclamé nos droits, il faudrait que l’on passe pour des tyrans…
Je suis un homme de paix et de concessions, mais je n’accepterai pas de partir de cette province humilié. Soit il faut me donner le Vaujour comme le traité légitime et d’un commun accord le prévoyait, soit il faut non seulement payer la somme promise, mais en plus rajouter quelque chose en indemnités. »


Et là-dessus, je grimace et reprend.

« Et puis, qu’est-ce que le changement d’un prince ou un autre entraînera vraiment ? J’ai confirmé la totalité des terres de sire Rattier de Pene-Penac quand il m’a prêté hommage, je ferai la même chose avec tous les nobles qui y ont des propriétés et qui me reconnaissent comme sire. Je compte bien, si d’aventure je le gardais, mettre en place dans le Vaujour une sénéchaussée particulière, qui respectera la langue et les coutumes des Valaisiens. La guerre a rendu notre présence difficilement supportable pour les habitants du Vaujour, mais c’est un tort que je réparerai. »

Je lance un regard aux Valaisiens derrière moi. Je grogne un petit peu, avant de m’adresser à nouveau à sire Riquier directement.

« D'ailleurs sachez, si tout ce que vous craignez avec damoiselle Marie, c’est qu’elle officialise le détachement du Vaujour, sachez bien que ce ne sera pas le cas. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, elle négocie durement, et elle m’a dit qu’elle refusait d’officialiser mon annexion de ce territoire sous tout prétexte.
Si les barons du Valais l’acceptaient, j’aurais bien une idée qui conviendrait à tout le monde, Cahons comme Valaisiens. L’union de nos deux peuples. Mais je ne l'ai pas encore proposée à mademoiselle. »


Je pense que je peux faire germer ce que je sous-entendais dans leurs consciences. Pas besoin de plus l’expliciter.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMer 31 Jan - 14:13
Où était passé les 500 000 livres donné en gage, c'était une bien bonne question. On soupçonnait Etienne de s'être acheté une magnifique jaguar tout option, avec toit ouvrant panoramique et la clim pour ses voyages au soleil.
Landebroc bondit à nouveau, son visage retrouvant sa teinte rouge.
- Jamais le Vaujour ne sera à vous ! Dit-il en pointant un doigt rageur vers le duc. Je n'ai que faire de votre sénéchaussée  Et allez vous faire foutre avec vos indemnités, vous n'aurez que ce que le contrat prévoit. J'ai encore un an pour réunir la somme, vous détenez le Vaujour dans l'illégalité ! Et qu'est ce que vous nous proposez là ? Marier ma sœur ? A qui ? Vous ne pensez pas à vous même j'espère ! Après votre putain Sanlar, celle de Valentine et celle de Julienne, il vous faudrait maintenant ma sœur ?
Riquier de Sabernagne tenta une nouvelle fois d'apaiser son seigneur. Robert avait des qualités, quelques unes du moins, mais pas celles pour mener un débat. Il était bien trop impatient et colérique, ne supportant pas la contestation.
- Il est dans l'intérêt de tous que le duc de Cahogne ne reparte pas d'ici humilié, commença l'intendant du Valais, nous sommes là pour discuter de la rétrocession du Vaujour dans les meilleurs conditions pour que nous soyez par lésé. Et je vous l'accorde, la paix ne pourra pas être scellée sans un mariage. Monseigneur Robert est jeune marié, vous êtes vous même fiancé, à qui voulez-vous marier la fille ?
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMer 31 Jan - 21:03
Ah c’est quand même marrant, dès que je dis que les sires du Valais qui acceptent ma prise du Vaujour auront leurs terres garanties, les propos de l’intendant deviennent soudain beaucoup plus polis. C’est sûr qu’on se les obtient plus avec des mots veules comme ça que lorsque j’agite au bout de ma main une fille qu’on a tenté de faire assassiner.

En tout cas Landebroc commence vraiment à m’énerver, avec un petit sourire je lui lance une vanne gentillette :

« Robert, vous n’en avez pas assez de parler de ma queue ?
Cela va finir par devenir suspect, calmez vos ardeurs. »


Je regarde ensuite Riquier, bien plus disposé à avoir une conversation sage.

« Je ne suis pas le père ou le geôlier de dame Marie. Mais elle est venue à moi pour être protégée de tout attentat contre sa vie, et elle restera à ma cour tant qu’elle sentira la crainte d’un poignard dans l’ombre.
Elle est la fille légitime d’Étienne Landebroc, par le sang et les liens de l’Église. Que vous le vouliez ou non, elle ne peut pas être ignorée dans l’héritage, encore plus si sire Robert n’est pas légitimé par l’archevêque.
Si elle épousait un Cahon et que le Vaujour était sa dot, cela donnerait un arrangement qui me conviendrait personnellement. Et cela donnerait de l’épaisseur à mon idée que cette terre doit se développer entre nos deux nations. »


Évidemment si ce Cahon c’est moi c’est encore mieux. Ou pourquoi pas Lothaire, lui aussi est fieffé.
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MessageSujet: Re: Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont. Icon_minitimeMer 31 Jan - 22:22
- Je suis l'aîné de Marie et le chef de la maison de Landebroc. C'est à moi de la marier et le Vaujour ne sera pas sa dote. Il est hors de question de démembrer le Valais. De plus c'est une femme, elle peut très bien être ignorée de l'héritage. Placez la donc dans l'un de vos couvent, elle y sera en sécurité.
- Ce sont les bâtards qui sont ignorés des héritages,
répliqua Marie. Je suis l'unique enfant légitime de mon père et je réclame mon dû !
- Écoutez, intervint l'abbé qui présidait à cette réunion. Je vous propose une pause. Que chacun s'en retourne de son côté pour réfléchir et parlementer avec les siens. Revenons dans une heure avec de nouvelles propositions. L'archevêque veut la paix avant la tombée de la nuit !
Sans dire un mot de plus, le comte s'éclipsa, obligeant le duc à faire de même.
Eudes revint au petit camp installé sur la rive droite de l'Ariette. On y avait monté son grand tref et déballé ses affaires, notamment sa grande cathèdre en bois massif qui lui servait de trône en campagne. Ses conseillers se réunirent autour de lui.
- Sire, commença par dire le grand écuyer Robert II de Lescure, je crains qu'ils ne lâcheront pas leur Vaujour.
- Nous avons d'autres ennemis à gérer, intervint Eustache Brascourt, nous avons bien bataillé et eu ce que nous voulions, il serait peut être mieux de conclure la paix, lâcher le Vaujour en en obtenant un maximum de réparation et classer l'affaire.
- Obtenir l'hommage du bâtard serait déjà bien, mais connaissant le sire, cela aura t-il réellement un sens ? Demanda Annequin. Je suis d'avis de ne conclure aucune paix. Rien de ce que pourra promettre Landebroc ne nous satisfera, faisons lui la guerre jusqu'au bout, délogeons le et plaçons Marie à sa place. C'est le seul moyen de maintenir la paix en Cahogne.
Puis Raymond d'Espeyrac s'approcha de son cousin, un tout autre sujet en tête :
- Eudes, c'est quoi cette histoire de mariage avec Jeanne de Julienne? Cela ne t'a pas plut qu'elle me soit réservée ? Il faut que tu me prives d'elle aussi ?
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Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont.
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