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Armarius
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MessageSujet: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeJeu 7 Mai - 14:48
La guerre du Vaujour : Raveaux.

L'armée ducale, forte de près de 23 000 hommes, s'ébranla le 11 Pentobre (juillet) pour prendre la direction de Raveaux, capitale du Vaujour occupée par le duché depuis 5 ans.
Une longue colonne d'hommes armés s'étendit sur les chemins, du simple fantassin au chevalier lourd accompagné de ses pages et autres auxiliaires. En plus des soldats, suivaient une foule de civils, des merciers, des forgerons, les maréchaux-ferrands, des prostituées. L'armée était comme une ville ambulante, disposant de tous les services urbains pour satisfaire les soldats.
Cela faisait bien longtemps que la Cahogne n'avait pas vu une telle force se répandre dans ses campagnes.

La guerre du Vaujour : Raveaux D6h786m-81f8400f-a209-4241-afb3-da0462ce2f54.jpg?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOiIsImlzcyI6InVybjphcHA6Iiwib2JqIjpbW3sicGF0aCI6IlwvZlwvZGRhZTlmZDItY2Y5Zi00NzUyLWFjMzEtZjJjNmFlZjEyYjdhXC9kNmg3ODZtLTgxZjg0MDBmLWEyMDktNDI0MS1hZmIzLWRhMDQ2MmNlMmY1NC5qcGcifV1dLCJhdWQiOlsidXJuOnNlcnZpY2U6ZmlsZS5kb3dubG9hZCJdfQ
Le duc Eudes II était au centre de l'appareil militaire, entouré de son conroi fait d'housecarls et de fidèles chevaliers. L'avant-garde était dirigée par Eustache Tancarvelles, alors que le connétable Charles d'Annequin fermait la marche avec les troupes les plus expérimentées.
L'armée passa non loin de Perpoix, ville à la frontière entre le Valais et le duché de Cahogne, puis au bout de deux jours de marche, atteignit la forteresse d'Anoisin qui gardait l'entrée vers Raveaux, située à 10km au Nord.
Eustache fût le premier à atteindre le château et l'investit en attendant son suzerain. C'était une première étape avant de pénétrer dans le Vaujour. Étant donné son importance stratégique, c'était une garnison de soldats ducaux qui gardait la place et non des mercenaires de Malestoit.

Eudes finit par rejoindre l'avant-garde et son armée puis ordonna le déploiement d'un camp autour de la forteresse. La logistique pour coucher et ravitailler plus de 20 000 hommes était compliquée.
Mais à peine était-il arrivé qu'une folle rumeur parcourait déjà les rangs de l'armée : la garnison d'Anoisin avait entendu dire que Malestoit avait fuit Raveaux avec ses troupes en prenant la direction du Nord...
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeVen 8 Mai - 16:38
Le château d’Anoisin avait l’apparence typique de nombre de châteaux des Franges ; Un gros bastion construit pour surveiller une frontière, il avait des remparts fort épais, même si des pans de créneaux s’étaient effondrés, probablement durant le combat pour l’obtenir. Le gros donjon, encore fermement debout, avait une grosse partie de la toiture et du sommet arrachés par ce qui semblait être des pierres de trébuchet. La guerre du Valais, comme toutes les guerres, laissait des traces ; Il faudrait sûrement de longues années pour faire totalement disparaître toutes les cicatrices sur la pierre où les hommes avaient déchaîné leur violence.
Les portes sont grandes ouvertes, la herse relevée, je passe sous l’entrée rectangulaire où on peut découvrir du sang séché, bien marron, dans les interstices des pierres que les sabots de nos chevaux battent. À l’intérieur, la basse-cour est pleine de sergents plutôt que de villageois. Un cochon mange des rognures de pommes tandis que les hommes d’Eustache, les sergents de l’avant-garde, ont déjà sorti les gamelles pour se nourrir de gruau et se remplir la panse de cidre : Dans une armée en marche, c’est toujours les éclaireurs, l’avant-garde, qui sont le mieux nourri, ils se jettent sur les réserves sitôt qu’ils atteignent une étape.
Je caracole jusqu’au bout du chemin. Les Housecarles se jettent de leurs montures, lèvent leurs haches sur l’épaule et se déploient dans un périmètre tout autour de mon chemin. Je saute sur le côté de ma monture tandis qu’un page courre pour attraper les rênes de mon roncin, et alors que je peux enfin me détendre les jambes après une journée à cheval, je fais glisser mes gants d’équitation hors de mes mains et les tend à un garçon d’écurie qui doit pas avoir plus de douze ans derrière moi. Je grimpe jusqu’aux portes du fort et pénètre à l’intérieur d’une salle d’apparat très grande, mais totalement vide : Tout ce qui avait de la valeur a été pillé. Au sol, la poussière s’est arrêtée là où devait se trouver un beau tapis, tandis qu’aux murs, on a arraché les décorations, et au plafond, des soldats en sont allés jusqu’à décrocher le candélabre qui servait à illuminer la pièce. Si un jour ce château était confié à un seigneur, il aurait beaucoup à payer pour redonner du prestige à ce fort.
Au moins, il remplira bien sa fonction militaire : Il semble défendable.


Eustache est en train de discuter avec un chevalier qui n’est vêtu que de son surcot et de ses braies, pas paré pour la guerre. En me voyant arriver, le sire se tourne et pose un genou à terre.


« Votre Altesse.
– Vous êtes ?
– Laurent de Fette, votre altesse. Je suis le commandant de cette garnison.
– Bien. Relevez-vous, chevalier. »


Je regarde tout autour de moi, et place mes mains dans le dos.


« Qu’on installe des tables directement dans cette salle, j’y donnerai mes ordres. Vous dormez dans la chambre du seigneur ?
– Heu, oui votre altesse…
– Vous allez la vider afin que je puisse y dormir ce soir, sire Laurent. »


Il obéit prestement en grommelant quelques excuses. Je m’étire tandis que mon regard se perd autour du donjon.
Au cours de la journée, le reste des officiers se rassemble ici avec l’armée. Au bout de plusieurs heures, l’arrière-garde finit enfin par arriver, et voilà que tous les maréchaux se retrouvent dans le donjon d’Anoisin où l’on a préparé leur venue. Je me retrouve au centre d’une table autour de laquelle mes maréchaux se trouvent, prêts à entendre leurs ordres.


« Bien, messeigneurs.
Je vous présente Laurent de Fette, capitaine de la garnison. Il m’a confié une étrange rumeur qu’il aurait entendu de bergers remontant depuis Raveaux ; Selon eux, Malestoit aurait quitté la ville et serait en train de se volatiliser sur le nord. Sire Laurent n’a pas mit sa main à couper dans cette nouvelle, ce ne sont que des racontars, mais c’est une nouvelle qui a de quoi inquiéter, d’autant plus que je n’avais pas été informé de tels mouvements par mon Bureau Secret. »


Je regarde mes hommes, chacun à tour de rôle, pour jauger de leur réaction.


« Qu’est-ce qu’il y a au nord de Raveaux ? Si Malestoit a filé, vers où peut-il bien aller ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeVen 8 Mai - 17:17
Étaient réunis autour de la table les chefs de guerre de l'armée ducule : le connétable Charles d'Annequin, Mauger et son fils Eustache Brascourts, Richard Beaucoeur, Hubert II de Vaudrincourt et d'autres officiers subalternes qui accompagnaient les maréchaux.
La rumeur révélée par le duc provoqua quelques murmures dans l'assemblée. Ainsi Malestoit aurait trahi le duc ? Rien d'étonnant de la part d'un mercenaire.
Le connétable fut le premier à réagir.

« Si nous ne sommes pas informé par nos services de renseignement c'est que son départ doit être précipité. Aurait-il prit peur en voyant notre force arriver vers lui ?
- Ou bien nos renseignements nous ont fait défaut,
intervint Odilon, assis lui aussi à la table des maréchaux.
- Sire Cécil a des yeux partout, si cette action était préparée il en aurait été informé. Nous ne sommes pas loin de Soulans, nos communications n'ont pas pu être coupées.
 »

Eustache Brascourts s'était assis à côté de son cousin Richard. Une tentative de se rapprocher de lui, comme le duc l'avait voulu. Le fitzmauger se tourna vers Eudes.

« Au Nord se trouve une zone que nous sommes sensés contrôler aussi, la ville de Noyer-le-Grand et les forteresses de Huffaux et de Claujacque. Cette dernière nous ouvre la route vers Vouziac, la capitale du Valais. Elle est d'une grande importance stratégique pour nous.
Nous savons que Malestoit y a déjà rencontré Pene-Penac, le Haut-Sénéchal du Valais, il y a deux mois, pour discuter dont ne sait quoi. Peut être a t-il accepté l'offre de Landebroc de racheter les places fortes qu'il détient en notre nom ?
- Pas d'information sur le sire Rodrigue ?
s'inquiéta Charles d'Annequin en s'adressant au châtelain d'Anoisin.
- Non messire.
- Si Malestoit nous a trahi,
dit Eustache, assis à la droite du connétable, il a dû emporter mon oncle avec lui comme monnaie d'échange.
- Ou comme cadeau à Landebroc. Si le comte possède Rodrigue il a l'un des nôtres en otage.
»
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeVen 8 Mai - 17:51
Je hoche de la tête.

« Qui est le cavalier le plus rapide de mon armée ? On peut envoyer une petite troupe de sergents-à-cheval pour qu’ils galopent dès cet instant à pleine vitesse vers Raveaux. Je serai ainsi assuré du départ de Malestoit de la ville. »

Toujours mieux de confirmer une rumeur avant de réagir. Je grimace et grogne un peu dans ma barbe.

« Nous savions que la trahison de Malestoit était une possibilité. Qui sait dans quel état est Raveaux à présent ? Peut-être que le peuple s’est rebellé et fermera ses portes devant moi.
Le plus important est de ne pas laisser au coupe-jarret la possibilité de vendre nos places fortes au Bâtard. Les châteaux verrouillent le Vaujour, s’ils sautent alors Landebroc aura une dague pointée sous ma gorge. »


C’est quand même pas possible. Je vais être obligé de recommencer la guerre du Valais de mon père de zéro.

« De quelle manière pensez-vous que nous devons agir ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeSam 9 Mai - 15:14
Charles d'Annequin : « Il fallait s'y attendre, peut être aurions nous dû réagir plus vite. »

Les paroles du connétable sonnaient comme un reproche. Il est vrai que le duc avait mit deux mois avant de venir dans le Vaujour, préférant se consacrer à son sacre et à d'autres dossiers.

Eustache : « Nous avons deux préoccupations. Connaître la situation à Raveaux et apprendre ce qu'il est advenu de mon oncle Rodrigue. » 
Mauger : « J'en vois une troisième mon fils, il va falloir châtier durement ce traître de Malestoit ! »

Mauger frappant la table du poing, manquant de la faire chavirer sur ses tréteaux.

Odilon : « Nous avons toujours un espion dans les rangs de Malestoit. Il est étrange de ne pas avoir eu de ses nouvelles. Nous pourrions chercher à la contacter. »
Charles d'Annequin : « Il est évident que notre service de renseignement nous a fait grandement défaut dans cette affaire. Il me semble certain que le sire de Saint-Saëns devra en répondre. Son incompétence pourrait nous faire perdre la guerre, sans parler de celle de son frère qui mérite d'être enfermé. »
Eustache : « Vous ne perdez pas une occasion pour vous en prendre à vos rivaux sire Charles. Seul Malestoit est à condamner s'il nous a trahi. »
Charles d'Annequin : « Nous aurions dû être informé. »
Richard Beaucoeur : « Vous l'avez dit vous même cher cousin, l'information est le nerf de la guerre, si nous ne pouvons compter sur notre réseau cette guerre va devenir compliquée à mener. »
Mauger : « Vous êtes bien prompts à accuser le sire Cécil. Nous ne savons encore rien de la situation. »
Richard Beaucoeur : « Et nous n'allons pas en savoir plus si notre réseau est incapable de nous obtenir des informations. »

Mauger frappa du poing sur la table pour faire taire son orgueilleux neveu. Son insolence lui était insupportable, lui qui ne devrait même pas être autour de cette table.

Mauger : « Nous ne sommes pas là pour faire le procès de Cécil de Saint-Saëns ! Je me porte garant pour mon beau-frère et je suis prêt à défendre son honneur par mon épée ! »

Le connétable se leva d'un bon.

Charles d'Annequin : « Je pourrais être tenté de relever le défi sire Mauger ! »

Le suivit Eustache pour soutenir son père, puis Richard Beaucoeur pour soutenir son oncle.
Encore un fois les rivalités opposant la noblesse de Cahogne ressurgissaient en plein conseil.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 11 Mai - 21:38
Alors qu’Eustache et Richard réagissent en me donnant des conseils et en faisant leur travail de conseillers, Charles et Mauger commencent déjà à s’engueuler et faire des reproches. Ces vieux loups sont obsédés par leurs honneurs et leurs proches, au lieu de me servir. Je n’ai même pas le temps de réagir, que déjà, Mauger lance un défi, que le connétable bien trop fier pour son bien est paré à répondre.
Je bous de colère. Et pour une fois, c’est le vieux Tancarvelles qui m’énerve plus que le Landais. C’est vers lui que je me tourne et que je hurle.


« Vous êtes bien prompt à prendre la défense de sire Cécil ; Il ne mérite pas tel dévouement ! Nous ne serions pas dans cette merde avec Malestoit si son frère n'avait pas échoué dans une geôle, et il est évident que ma stratégie reposait sur un solide réseau d’espionnage – réseau qui me semble bien perméable !
Peut-être n’est-il ni incompétent ni félon ; Mais en tout cas il y a un problème évident chez ses subordonnés. Il a déplu au Duc, et vous ne ferez pas un duel pour défendre un homme qui a déplu au Duc ! »


Je pointe du doigt Eustache, aussitôt.


« Ton instinct est bon ! Je n’ai aucune envie de me jeter dans le Vaujour en étant aveugle, ce serait le meilleur moyen de tomber dans un piège. Il va me falloir des éclaireurs et un moyen de contacter les hommes de Cécil directement ! »


J’attends à présent de voir leurs réactions.
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 12 Mai - 14:34
Mauger ne se laissa pas faire, il resta debout pour répondre au duc. Charles, Eustache et Richard restèrent de même.

Mauger : « Sire Cécil n'est pas responsable des agissements de son frère. Je vous rappelle qu'il a été envoyé dans le Vaujour sur une idée de votre chancelier, et que son propre frère Paul vous avez mit en garde contre cela. Je ne vois pas en quoi sire Cécil a pu vous déplaire monseigneur, nous ne savons même pas ce qui a pu se passer. »
Charles d'Annequin : « S'il vous a déplu vous n'avez qu'à le renvoyer de son poste à la tête du Bureau Secret et le destituer de sa présidence du conseil de régence. Espien de Raysac est votre régent naturel, nommez le à sa place ! »
Mauger : « Ça vous arrangerez bien ça d'Annequin de voir votre ami à la régence comme au bon temps de la maladie du duc. Vous avez un autre neveu à faire enfermer ? »
Charles d'Annequin : « S'en est trop sire Mauger ! Un mot de plus et je sors mon épée ! »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 12 Mai - 14:52
Les deux continuent de ne s’en prendre qu’à leurs misérables conflits dynastiques. Comment partir en campagne dans de telles conditions ? Odilon le Chétif avait parfaitement raison – C’est la corruption à l’intérieur qui m’empêche d’agir à l’extérieur. Comment mener des armées avec une telle bande de vieux loups ? En Croisade, si je parvenais à voler de victoire en victoire malgré mon infériorité numérique, c’est parce que mes chevaliers Cahons combattaient comme des frères. Puis-je compter sur Mauger et Charles de se soutenir mutuellement à la bataille ? Ou vont-ils s’abandonner et se mettre des bâtons dans les roues, en ne pensant qu’à eux plutôt qu’à l’intérêt du duché ?
En tout cas, je suis devenu rouge. Et dans ma voix, mon bel accent pompeux landais s’est fourvoyé en un ton de platois, habitude que j’aie acquise dans mon adolescence avec les conrois et qui ne réapparaît que lorsque je suis en colère.


« Assez ! Cela est assez !
Je ne permettrai à aucun de vous deux de combattre en duel pour une offense ! C’est une pratique barbare et parfaitement arriérée, qu’il conviendrait bien de bannir ! Si l’un d’entre vous poussait le vice jusqu’à jeter le gant, sachez bien que je ne lui pardonnerai jamais – il deviendrait sur-le-champ mon ennemi !
Le premier de vous deux qui tirera l’épée sera limogé du conseil, et rentrera sur ses terres pour ne plus jamais mettre les pieds dans la capitale ! J’attends à présent de voir lequel de vous deux commettra cette erreur le premier ! »


Et je les foudroie du regard, l’un puis l’autre.
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 12 Mai - 15:49
Les deux rivaux ne se quittèrent pas des yeux. Aucun n'eut un regard pour son suzerain qui s'énervait à les voir se quereller. L'ambiance était tendue. Pendant quelques secondes on se demanda ce qui allait se passer, si l'un des deux aller tirer son épée et si le sang allait couler.
Finalement, Charles d'Annequin se rassit, sans quitter Mauger des yeux. Richard Beaucoeur suivit, puis Eustache et son père firent de même.
L'orage était passé, mais l'ambiance restait pesante.

Eustache reprit là où s'était arrêtée la discussion.

Eustache Brascourt : « Je pense que le moment n'est pas à l'action militaire. Il nous faut des informations avant d'agir. Savoir où est passé Malestoit avec ses troupes, s'il a rejoint Landebroc, s'il lui a laissé les places fortes qu'il possédait pour nous, connaître la situation à Raveaux et savoir ce qui est advenu de mon oncle Rodrigue.
J'ai dans mon avant-garde quelques bons cavaliers qui pourraient partir devant.
 »
Richard Beaucoeur : « Je pense que nous devrions envoyer une ambassade à Raveaux pour annoncer notre arrivée. Voyons la position de la ville. »
Mauger : « Et si la ville est contre nous ? »
Richard Beaucoeur : « Alors il faudra peut être envisager son siège si les habitants refusent toute négociation. Il y a 5 ans il nous avait fallu 3 mois pour venir à bout de la résistance de Raveaux. De même pour Noyer-le-Grand. »
Mauger : « Il ne faudrait pas commencer par s'enliser à Raveaux... »
Eustache Brascourt : « Nous tenons Anoisin, c'est déjà ça. Cette forteresse nous garantis un replis vers Soulans en cas de problème. »
Mauger : « Il n'y aura pas de problème ! »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 12 Mai - 16:12
Ma menace semble avoir vite calmé leurs esprits. Ils savent ce qu’ils ont à perdre. Pour autant, je ne me juge pas tiré d’affaire. Leurs rancœurs ont explosé au grand jour, à présent qu’ils sentent mon opposition, ils chercheront simplement à agir dans le dos, en intrigues. Les vieux renards.
Au moins, Beaucoeur et Eustache repartent sur des discussions bien plus importantes. Même si je sens encore la hargne empressée de Mauger.


« Très bien. Agissons donc comme cela : Nous allons envoyer des éclaireurs vers nos forts, et nous essayerons de contacter l’agent à Raveaux. Dans le même temps, nous enverrons une avant-garde pour s’assurer de la situation sur les murs de la ville. Il est vrai que si elle est tombée, nous allons devoir tout reprendre de zéro et l’assiéger – mais enfin, il vaut mieux sécuriser le Vaujour que poursuivre Malestoit ou le Bâtard dans un territoire qui ne nous est pas soumis. Il faudra aussi laisser des soldats dans ce fort afin de renforcer les défenses de sa garnison. Comme le dit très justement sire Eustache, il vaut mieux avoir un échappatoire vers la sécurité de la Cahogne. »


Je me tourne vers Odilon.


« Tu peux le contacter, cet agent ? J’aimerais bien ne pas entrer dans le Vaujour comme un aveugle. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 12 Mai - 17:16
Le lendemain du conseil, on décida d'envoyer en ambassade Charles d'Annequin à Raveaux pour y rencontrer les dirigeants de la ville.
Charles avait affiché son irritation à être choisi pour messager, il était connétable, pas un vulgaire ambassadeur. Mais il avait obéi à son duc sans broncher, peut être pour s'excuser de son comportement de la veille.
Raveaux n'était qu'à dix kilomètres du château d'Anoisin qui en gardait l'accès vers le Sud. Charles, accompagnait de quelques troupes, se rendit dans la capitale du Vaujour le matin, puis rentra en fin d'après midi pour informer le duc des pourparler.

Le duc reçu son connétable dans la salle du donjon où s'était tenu le conseil.

« Monseigneur, j'ai rencontré l'évêque de Raveaux, le nouvel homme fort de la ville.
Je vous confirme que Malestoit a bien déserté les lieux avec sa garnison. Les consuls ont reprit le pouvoir dans la cité et bien évidemment, ils nous sont hostiles.
Ils m'ont fait part de leurs exigences : nous devons quitter le Vaujour sans tarder, rendre le château d'Anoisin et reconnaître Robert II comme le propriétaire légitime de la région. Si nous refusons, se sera la guerre. L'évêque m'a informé de son désir de vous faire excommunier si vous osez attaquer sa ville. 
De ce que j'ai pu en voir, Raveaux est une ville ravagée. Elle est vidée de la moitié de sa population, plusieurs bâtiments son à l'abandon et la pauvreté gangrène ses rues. J'ignore s'ils ont fait des préparatifs pour résister à un siège, mais prendre la ville ne devrait pas être un problème.
»
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMer 13 Mai - 16:02
J’ai passé la journée à ronger mon frein. À marcher de gauche à droite dans le château, les mains dans le dos. Je n’ai ni le goût de manger, ni l’envie de lire. Mon estomac est noué, je suis emmerdé par des pensées différentes. Cette campagne se passe tellement mal, alors qu’elle vient juste de débuter. L’été est déjà bien entamé. Bientôt l’hiver viendra, et avec la neige, disparaîtront tous les moyens que j’avais de faire le moindre pas en avant. Le Bâtard a de l’argent, des forces, il a la Haute-Julienne qui marche avec lui. Moi j’ai une noblesse violente et prédatrice à gérer.

Le connétable arrive. Il me fait son rapport. J’en serre les dents et les poings, et en même temps, je ne suis pas tellement étonné de la nouvelle qu’il m’amène. C’est bon à hurler.

« Si Malestoit a libéré les forts qui ceinturent le Vaujour, alors dès que nous mettrons le siège devant Raveaux, le Bâtard pourra débouler avec ses mercenaires pour nous culbuter.
C’est merveilleux. Tout simplement merveilleux. »


Et il a Rodrigue de Saint-Saëns en otage. Et on me menace de me faire excommunier. Grandiose. Tout simplement grandiose.

« Si nous n’avons pas Raveaux de toute manière, autant considérer que le Vaujour ne nous appartient pas.
Qu’on laisse un dixième de l’armée à Anoisin pour garder nos arrières. Et avec le reste, marchons directement sur Raveaux. Nous mettons le siège devant. »


J’attends de voir si mon connétable va obéir, ou me proposer autre chose.
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeDim 17 Mai - 23:59
La connétable obtempéra sans dire un mot de plus.
Soit il se faisait petit, soit il l'avait mauvaise, comme s'il avait prit sa mission d'ambassadeur pour une punition afin de l'éloigner de l'état major. En mariant sa sœur au fils de son rival, en sortant son neveu de prison, en le désavouant face à Mauger Tancarvelles, d'Annequin voyait bien que son suzerain n'était pas dans son camp.
Il se contenta d'obéir aux ordres sans apporter ses conseils. Il ordonna de laisser 2 000 hommes en garnison dans le château puis organisa le départ vers Raveaux. Un long siège se préparait.

Le lendemain, l'armée s'ébranla dans une longue colonne. En fin de matinée, sous les remparts de la capitale du Vaujour, on monta le camp. 20 000 soldats allaient assiéger la ville, peut être pour plusieurs mois.
Sous la tente ducale, montée la première, on rassembla un conseil de guerre : Charles d'Annequin, Mauger et Eustache Tancarvelles, Richard Beaucoeur, Hubert de Vaudrincourt et leurs subalternes.
Odilon le Chétif, toujours à la droite du duc, était lui aussi présent. Tous avaient bien vu la proximité du duc et de son chambellan, Odilon prenait une place dans les affaires du duché qui commençait à lui attirer la jalousie des autres.

Eustache : « Nous avons déjà perdu trop de temps, cette campagne commence trop tardivement. Et la défection de Malestoit n'arrange rien, il va nous manquer un mois ou deux pour reprendre le Vaujour et sécuriser la région. »
Odilon : « J'ai tenté de contacter notre espionne à Raveaux, mais sans succès. Peut être est-elle partie avec Malestoit. Il faudra attendre qu'elle nous contacte, si elle n'est pas morte. »
Mauger : « Elle aurait pu se faire prendre ? »
Odilon : « C'est à envisager. »
Mauger : « Mais comment ? Qu'est ce qui aurait pu lui faire perdre sa couverture ? »
Charles d'Annequin : « Rodrigue aurait parlé ? »
Eustache : « Vous accusez encore mon oncle. Il n'était au courant de rien, comment aurait-il pu nous trahir ? »
Charles d'Annequin : « Peut être l'a t-il vu chez Malestoit. Puisqu'on le trouve plus souvent dans les lupanars de Soulans que dans ses fiefs, il doit certainement la connaître. Pour sauver sa peau il l'aurait vendu. »
Odilon : « C'est une possibilité. Mais pour le moment nous n'en savons rien. »

Le connétable se tourna vers son suzerain, le duc de Cahogne.

Charles d'Annequin : « J'ai vu Raveaux. Malestoit est parti avec ses hommes et Landebroc n'a pas pu envoyé de renfort. La ville n'est défendue que par la milice consulaire et ses habitants, de pauvres âmes mal équipées et sans connaissance de la guerre. Je ne sais même pas s'ils sont assez pour défendre la totalité des murailles. Un assaut pourrait être facile. »
Richard Beaucoeur : « Nous devrions d'abord négocier avec l'évêque et les consuls. Envoyons un ultimatum, qu'ils se rendent et nous ouvrent les portes de la ville en échange de leur liberté et de leur vie. Aucun mal ne leur sera fait. »
Charles d'Annequin : « L'évêque n'avait pas l'air bien prompte à la négociation, persuadé que Landebroc viendra le sauver en cas de siège. Nous devrions plutôt ordonner la construction d'un trébuchet et débuter le travail de sape sur les murailles. Ça le fera sans doute réfléchir. »
Eustache : « J'aime votre manière de négocier sire d'Annequin. Un trébuchet est le meilleur des arguments pour faire tomber une ville. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 0:15
Sans l’espionne Samara, nous perdons nos yeux et nos oreilles à l’intérieur de Raveaux. Quand bien même elle est certainement une infidèle, et certainement pas une pieuse personne qui mérite l’aide du Paraclet, je ne peux pas m’empêcher de serrer des poings et de prier silencieusement pour son âme – Dieu est la seule personne qui puisse encore m’aider dans cette campagne. J’espère sincèrement être de son côté.
Ce sera le moment de le vérifier. Mes prochaines décisions risquent d’être extrêmement importantes.


« Les habitants de Raveaux ont été affamés, molestés, et humiliés des mois durant. Ils ont souffert. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d’un peuple qui a souffert. Leur haine du Cahon doit être mêlée à leur peur. Si nous envahissons les murailles, ils pourraient bien se battre jusqu’au-bout, avec les femmes et les enfants. »


Je frotte ma barbe.


« J’aimerais tout autant éviter d’en arriver jusqu’au siège. Pas seulement parce que nous pourrions passer des semaines à attendre que les trébuchets soient construits puis bombardent jusqu’à ce que les portes s’ouvrent – aussi parce que l’image que je laisserais sur le Vaujour risque bien d’être exécrable.
Je préférerais encore que nous vainquions Landebroc sur un champel. Il n’est soutenu que parce qu’il incarne un espoir. Si nous avions sa tête sur une pique, toutes les villes du Vaujour ouvriraient leurs portes. »


Je pose un poing sur ma hanche.


« Raveaux est affaiblie. Ce n’est pas une garnison peuplée de chevaliers ou de mercenaires aguerris. Elle ne tentera pas de sorties contre notre armée. »


Et si je me mettais le doigt dans l’œil depuis le début ? Et si, en fait, Raveaux n’était pas l’objectif principal de cette campagne ?


« Qu’on envoie un émissaire avec un drapeau blanc sur-le-champ. Qu’on dise à l’évêque et aux prud’hommes de Raveaux que je souhaite leur parler directement, seul-à-seul, sous les auspices du seigneur.
J’aimerais convaincre l’évêque de se rendre pacifiquement, sans qu’il ne voit un trébuchet se construire sous ses yeux. Si je n’y parviens pas… Alors il faudra soit abandonner le siège pour poursuivre Landebroc, ou bien au contraire commencer la mise en place des armes de sièges pour prendre la ville avec force et violence.
J’ignore encore laquelle de ces deux options est la plus prudente. »

Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 0:43
Eustache : « Je reste persuadé que poursuivre Landebroc est une erreur. Nous sommes là pour le Vaujour, mieux vaux consolider nos conquêtes et mettre fin à tout ce qui s'oppose à nous. Si nous possédons le Vaujour de fait, le comte ne pourra que reconnaître votre suzeraineté sur la région. »
Charles d'Annequin : « Pourtant Landebroc est la clé de la victoire. Sa capture mettra fin à la guerre et à la résistance du Vaujour. Tant qu'il restera sur le trône du Valais il attisera la révolte sur nos terres. Je pense au contraire que Landebroc est notre priorité et sa capture notre objectif, bien avant la prise de Raveaux. »
Eustache : « Faisons le siège de Raveaux, peut être que cela l'attirera, peut être que l'évêque a raison de croire à sa venue pour le délivrer. Nous avons un avantage sur Landebroc : le comté de Valais est coupé en deux par les montagnes de la Crête, et aucune grande route ne rejoint l'Est à l'Ouest sans passer par le duché. Landebroc n'aura pas la fuite facile s'il doit rejoindre Vouziac en urgence.
Commençons dés maintenant d'abattre quelques arbres pour construire un trébuchet. L'évêque verra qu'on ne rigole pas.
»
Richard Beaucoeur : « Tentons d'abord la voie pacifique. Un siège sera coûteux en temps, en hommes et en énergie. Un assaut encore plus. La victoire finale se joue peut être déjà ici.
Comme dit monsieur le duc, la garnison de la ville est affaiblie, la laisser derrière nous ne posera peu de problème. L'importance stratégique de Raveaux est au final assez limitée. La maîtrise d'Anoisin nous permet déjà le contrôle des routes.
 »
Eustache : « Mais Raveaux est la capitale du Vaujour, si nous voulons contrôler la région nous devons contrôler la ville. »
Richard Beaucoeur : « Nous contrôlons déjà Raveaux. L'évêque est enfermé dans ses murs avec les siens, avec qu'une faible milice pour les défendre. Si l'évêque refuse la reddition, laissons le derrière nous et poursuivons la campagne vers le Nord. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 11:41
Je croise les bras en écoutant tout le monde échanger.

« Si je parvenais à convaincre l’évêque d’ouvrir la ville, la question se réglerait d’elle-même.
Mais il est vrai, Eustache, que si on assiégeait Raveaux, cela serait un défi de lancé à Landebroc. Ou bien il vient, et tout est réglé par une bataille champel, ou bien il refuse de venir sauver la ville qu’il considère sienne, et dans ce cas il est découvert pour ce qu’il est vraiment. Nous mettrons fin à son prestige. »


Ou alors il gagne.
Et dans ce cas-là, la guerre du Vaujour est achevée pour toujours. Je pourrai encore, pour l’honneur et un bon échange de procédés, demander une somme dérisoire pour céder mes prétentions sur ce comté – on sera loin du million de livres qu’a payé mon père.

« Il n’y a aucune bonne solution. Toutes vos opinions se valent, messeigneurs. Le problème de la fortune de la guerre c’est qu’on ne peut jamais totalement prévoir où elle se trouve…
Pour l’heure, je souhaiterais que l’on envoie un chevalier au drapeau blanc à Raveaux. Je vais discuter avec l’évêque et les consuls. Nous verrons bien comment cela se passe. »
Armarius
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 14:33
Tous acquiescèrent aux ordres du duc. Après midi, on envoya un émissaire demander audience auprès de l'évêque de la cité assiégée. Une heure après, les portes s'ouvrirent pour laisser passer une délégation.
L'évêque en personne sortit, brandissant une grande croix d'or, suivit de son cortège de chanoines portant les reliques sacrés de la ville. Ils marchèrent tous en prière vers le duc, chantant des psaumes vers les cieux pour en appeler à l'arbitrage de Dieu. Leurs voix à l'unisson impressionnèrent beaucoup les soldats, toujours très superstitieux dans les temps de guerre.

Ils étaient comme en ordre de combat, près à mener la bataille. Mais à l'armure de métal que portait les assiégeants s'opposait l'armure spirituelle des clercs.
Au quatre coin de la formation, des chanoines brandissaient des ossuaires. Au centre, six d'entre eux portaient une châsse d'or et d'argent surmontée d'une mitre, le cercueil d'un saint évêque de la ville. Sur les côtés, les mains jointes en prière, des clercs avaient le cou lesté de talismans sacrés.
Le prélat, au devant de sa troupe, avait troqué son riche costume pour une simple bure, ne se différenciant des autres que par son anneau pastoral. Il portait à bout de bras une grande croix d'or, le palladium de la cité qu'il voulait opposer à l'oriflamme ducale.
La colonne chantante s'arrêta devant le duc et les siens, mais les chanoines continuèrent leurs chants pendant quelques minutes encore. Leurs voix puissantes faisaient vibrer les cœurs des fidèles les plus ardents. Puis ils se turent.
L'évêque planta sa lourde croix dans le sol et leva un doigt inquisiteur vers le duc.

« Eudes de Cahogne, duc par la grâce de Dieu, je vous sommais de quitter ces lieux sur le champ. Raveaux est sous la protection du Tricéphal et de ses saints. Quiconque oserait attaquer cette cité sera frappé d'infamie et excommunié pour ses crimes.
Nous ne reconnaissons pour suzerain légitime que Robert II Landebroc, comte de Valais et seigneur du Vaujour. Aucun autre prince ne pourra prétendre nous posséder, surtout pas par le pouvoir de l'argent. Notre loyauté ne pourra jamais être achetée par l'or.
Quittez le Vaujour et rentrez chez vous, car ici ce n'est point votre demeure.
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 14:55
Mes Housecarles et mes chevaliers forment un arc de cercle. Les grandes haches des guerriers du nord sont posées la hampe sur le sol, les têtes d’acier entre leurs mains. Je me tiens au milieu des meilleurs combattants que le duché de Cahogne a pu réunir. Moi, au milieu, a demandé à ce qu’on me mette une couronne d’argent pour cerner mon front, et un long et élégant mantel sur le dos, tandis qu’une belle épée sertie de pierres précieuses sur le pommeau marque mon statut à ma taille. Derrière moi, le Palladium de Cahogne : L’étendard des ducs et dressé par le porte-oriflamme. Je me tiens assis sur une chaise, seul, posture bien droite, tandis que mon connétable et mes maréchaux sont debout, stoïques, à quelques pas dans mon dos.


Je pensais que ce dispositif terrifierait l’évêque de Raveaux. C’est tout l’inverse. Il s’avance jusqu’à mes lignes de sergents et d’hommes d’armes, avec ses chanoines qui chantent à en faire trembler leurs poitrails. Il est arrivé avec tous les symboles superstitieux qui terrifient les âmes – La chose ne me fait pas vraiment peur, mais je sais quel effet toutes ces reliques et toute cette liturgie peut avoir sur les âmes des hommes.
J’écoute l’ordre du prélat. Je reste bien assis sur mon siège, tandis que je me redresse légèrement, en affrontant l’évêque du regard.


« Le Vaujour a été acheté légitimement et légalement par mon père. Je suis ici sur des terres qui m’appartiennent de bon droit.
Pourquoi placez-vous ainsi en danger les corps des bonnes gens de Raveaux ? Vous savez bien que la guerre est un désastre qu’il nous faut à tout prix éviter, d’autant plus lorsqu’une guerre n’est pas juste. »


Je ferme le poing, avec autorité.


« Pourquoi vous réclamez-vous ainsi d’un bâtard usurpateur ? Il n’est même pas un comte de Valais légitime, encore moins un sire du Vaujour.
Je vous ai déjà envoyé plusieurs fois des ambassadeurs. J’ai entendu les hurlements de colère de vos gens. J’ai entendu la manière avec laquelle vous avez été martyrisé et rançonné jusqu’au sang par un chef mercenaire qui était payé sur mes gages.
Ce sont des actes parfaitement intolérables que vous avez subit. Malestoit mériterait sa tête au bout d’une pique pour la manière avec laquelle il vous a traité.
Pourtant, il a fui. Le bâtard Robert va le payer grassement et le laisser partir sur ses terres, et en échange, il va amener ici tout sorte de lansquenets. De cruels militaires, rustres et violeurs, qu’il sera incapable de contrôler, tout comme le Duché de Cahogne a été incapable de contrôler sa propre soldatesque.
Rendez-vous compte de l’erreur que vous vous apprêtez à faire, monseigneur – vous allez remplacer des coupes-jarrets des Maurannes par des coupes-jarrets Gallancs ! »


Je tape les accoudoirs de mon siège.


« Ce sont toujours les petites gens qui souffrent de la guerre. Jamais des puissants. Je suis un homme de justice et je compte bien faire en sorte que tous les torts soient toujours réparés. Mais en échange, je demande également à ce que mon bon droit soit reconnu.
Dites-moi plutôt : Qu’est-ce que Raveaux voudrait de la part de la Cahogne pour indemniser vos souffrances ? Voulez-vous des gages ? Des privilèges ? Une charte ? Tout ceci je peux vous le donner.
Je peux vous assurer que Robert le Bâtard ne souhaite pas faire autre chose que vous conquérir et vous pressurer pour payer ses lansquenets, sous le couvert de lutter contre un tyran. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 15:52
Arnoin de Douves était évêque de Raveaux depuis maintenant 11 ans. Il avait connu la première campagne du Vaujour menée par le duc Hugues III, et se souvenait encore du siège de la ville qui avait fini par capituler. C'était un homme réputé pour être austère, un Judicalien convaincu. Originaire de Haute-Julienne, il avait été propulsé évêque par le Primat des Franges Orientales.
Grand et fier, son corps avait subit le poids des ages, mais ses cheveux gris et sa mine ridée n’entachaient en rien sa prestance.

« Monseigneur, il y a 5 ans, j'ai capitulé face à votre père. Ce fut la plus grave décision de toute ma vie. Après cela, nous avons subit votre gouvernement et supporté vos brimades pendant cinq longues années. Nous avons déjà connu votre suzeraineté, et nous n'en voulons pas ! Que vous ayez payé pour le Vaujour, que sa seigneurie Robert soit issu de l'adultère, peu nous importe. Nous ne nous donnerons jamais au duc de Cahogne !
Vous voyez ces hommes derrière moi ? Vous voyez les reliques qu'ils portent ? Nous nous sommes présenté ainsi devant votre capitaine, Malestoit, pour lui demander de respecter les droits de la ville et de ses citoyens. Comment nous a t-il répondu ? Par des coups ! Nous avons été violenté, volés et renvoyés nus à travers la ville ! Il m'a giflé, moi, un homme pieux de la sainte Eglise ! Il a craché sur nos reliques ! S'est servi de la bière dans nos calices et a organisé des fêtes dans nos lieux saints, invitant des prostituées dans la cathédrale !
Rien ne pourra jamais réparer ces sévices, pas même l'entièreté de votre fortune !
Vous avez insulté l'Eglise de Raveaux ! Vous avez bafoué ses droits ! Vous avez martyrisé ses habitants !
Nous avons vécu en paix pendant deux cents ans sous l'administration des comtes de Valais. Il a fallu cinq an sous votre juridiction pour détruire notre ville !
Le comte est notre suzerain ! Et ni votre argent ni vos armes ne pourrons changer cela !
Partez et laissez nous en paix !
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 17:05
Je trépigne dans mon siège. Je bous de colère. Et pourtant, c’est une ire bien illégitime. C’est ça l’atrocité de la situation. L’évêque de Raveaux a totalement raison de s’opposer à moi : À mes yeux, il a tous les droits de se plaindre. Il a tous les droits de me haïr. On a saccagé sa ville. On l’a humilié. On a fait du mal à des innocents. On a laissé faire de tels actes, qui ont déshonoré le trône de Cahogne.
Si seulement je n’étais pas parti en Croisade, si j’avais pu diriger durant la guerre de Valais, tout ceci ne serait jamais arrivé. Je suis sûr et certain, jamais je n’aurais laissé Malestoit diriger Raveaux.


« Je n’ai pas fait ce dont vous m’accusez, monseigneur ! Alors que vous subissiez ces brimades et ces humiliations, je combattais pour la sainte Église de l’autre côté de l’océan ! S’il y a un responsable, c’est Malestoit, ce même Malestoit qui est en train de courir dans le pays avec tout son or et tous ses sergents dépravés, sous la sécurité du Bâtard que vous allez accueillir sur ces terres !
C’est la guerre monseigneur, la guerre : C’est toujours la guerre qui fait souffrir les pauvres gens, peu importe leurs camps, peu importe leurs seigneurs, peu importe les blasons que les chevaliers soulèvent. La guerre est une horreur abjecte ! Et si je suis un prince qui amène avec moi la guerre, qui arrive avec des armées, c’est le même péché que commet Robert de l’autre côté de la Crête ! »


Je joins mon discours véhément à de la gestuelle : Je désigne la direction des châteaux d’où l’ost du Bâtard devrait émerger.


« Votre rôle en tant qu’évêque est de sauvegarder les ouailles qui sont sous votre protection ! C’est la seule chose que vous devriez espérer en cette heure !
Si vous ouvrez les portes de la ville, et que vous ordonnez aux bourgeois de Raveaux de rendre les armes, il n’y aura nulle punition, ni sanctions, ni humiliation. Je n’installerai pas de mercenaires derrière vos murailles : Je ne laisserai aucune garnison dans la ville, je ne vous demanderai que des otages, en échange de quoi, vous resterez libres. J’accorderai une charte de franchise à Raveaux. Je rembourserai tous les dommages qui ont été commis contre vous.
Mais si vous résistez, je n’aurai pas d’autres choix que de faire respecter mon bon droit ! Et lorsque le bélier frappera les portes de votre ville, je deviendrai incapable de garder les chiens en laisse ! Je vous implore, monseigneur : Retrouvez la raison ! Vous savez que vous n’avez pas de quoi résister à un assaut de mes troupes ! »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 17:25
« Détrompez vous sire Eudes ! Nous avons de quoi vous résister !
Ne voyez vous pas les objets que nous transportons ? Ils ne sont pas là pour faire jolie ! Dieu et ses saints nous protègent !
J'ai autrefois fait confiance à votre père qui promettait les mêmes choses que vous. Il m'avait garantis la liberté, de ne pas toucher aux droits de notre cité et de respecter les biens de l'église. Puis il a nommé Malestoit et rien n'a été respecté ! Jamais plus je ne ferais l'erreur de faire confiance au duc de Cahogne !
C'est à vous de retrouver la raison. Vous avez déjà perdu, pourquoi revenir plutôt que de nous laisser en paix ? Personne ne veut de vous ici !
C'est vous qui apportez la guerre, monseigneur Robert ne fait que répondre à votre attaque, l'obligeant à lever une armée pour s'opposer à la votre. Ne tentez pas le Seigneur sire Eudes, si vous vous obstinez à vouloir nous attaquer, monsieur le comte sera dans l'obligation de venir nous défendre. Vous avez déjà perdu contre lui, l'issu sera la même aujourd'hui.
Partez ! Laissez cette pauvre cité en paix, vous lui avez déjà fait tant de mal ! Allez donc poursuivre ce Malestoit si vous le tenez responsable.
En échange, je peux vous promettre que Raveaux restera neutre. Si nous avons de quoi nous défendre, nous n'avons rien pour vous attaquer.
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeLun 18 Mai - 22:06
Je frappe sur mon accoudoir à nouveau, et j’exulte. Je me retrouve alors à bondir tout droit, et à pointer l’évêque du doigt.


« Vous avez tort ! Vous accordez bien trop de crédit à un homme monstrueux et ignoble, qui mérite bien d’être occis pour ses intrigues ! Tous les maux que vous reprochez à la Cahogne, Robert le Bâtard vous les fera subir en retour ! Il serait bon de votre part d’aspirer à la paix, et de comprendre à quel point vous êtes responsable de la survie de cette ville ! »


Et puis, je regarde la croix qu’ils portent.
Je regarde les visages terrifiés de ces pauvres chanoines – Si l’évêque n’a aucune peur en me regardant, je vois que ces hommes-là sont bien plus apeurés par mes chevaliers et mes housecarles tout bardés de fer, et aux intentions bien violentes.
J’observe les reliques.
Et je me souviens des hurlements des villes des infidèles.


Je prends une grande inspiration.


« Mais il serait certainement un grand crime de ma part de m’attaquer à une cité qui a été violée et affaiblie avec force. Je ne peux pas vous reprocher votre colère. Elle n’est que trop légitime. J’aimerais vous montrer que je suis un dirigeant qui saurait vous protéger et vous défendre, mais il est impossible pour moi de le faire avec des trébuchets et des béliers. »


Je lie mes mains dans le dos.


« Je pars faire la guerre au Bâtard. Si je le rattrape, je ferai également la guerre à Malestoit. Ce sont eux mes ennemis. Pas vous.
Si vous pouvez jurer sur vos saintes reliques que votre peuple restera bien en sécurité dans ces murs, s’ils n’attaquent jamais mes troupes, s’ils ne menacent pas mes lignes de ravitaillement, quoi qu’il arrive, alors j’accepte de plier bagages et de continuer ma route sans vous faire le moindre mal. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 19 Mai - 8:02
« Vous me prêtez bien trop d'importance sire Eudes, vous seul êtes responsable de la survie de cette cité. Vous seul avez le pouvoir de retenir les armes de vos guerriers alors que nous n'avons que nos corps à vous opposer.
Montrez moi que vous êtes le dirigeant que vous prétendez être en épargnant notre ville et en continuant votre guerre ailleurs. Nous ne sommes pas vos ennemis non plus.
Lais comprenez que je ne peux vous faire confiance malgré vos belles paroles, la Cahogne m'a déjà trahi une fois.
Partez, laissez Raveaux en paix et vous pouvez en être assuré qu'elle n'entravera en rien votre guerre. Je vous le jure sur nos saintes reliques.
Oui.
 »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeMar 19 Mai - 13:57
« Dans ce cas... »


Je prends une grande inspiration. Cela ne va pas plaire à mes maréchaux.
Mais il est hors de question que je devienne coupable du massacre d’une ville innocente.
Pas une de plus. Pas après toute la destruction que j’ai déjà semée.


« Mon ost quitte Raveaux sur-le-champ. Nous garderons nos épées dans nos fourreaux.
Je comprends votre haine. Je vous prie de comprendre que moi, Eudes, n’a jamais voulu les malheurs qui vous sont arrivés.
Que le Paraclet protège les innocents. »
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MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Raveaux La guerre du Vaujour : Raveaux Icon_minitimeJeu 21 Mai - 16:01
« Vous êtes un homme de bien sire Eudes, plus valeureux que votre père. Que Dieu vous garde. »

L'évêque salua le duc puis fit un signe à ses chanoines pour repartir dans la ville. A nouveau ils se mirent à entonner les chants liturgiques tout en brandissant les reliques des saints.
Raveaux était sauvée.

Une fois l'évêque et les clercs éloignés, Charles d'Annequin s'approcha de Eudes. Eustache Brascourt en fit tout autant.

Charles d'Annequin : « C'est une bonne décision monseigneur. Les gens de Raveaux n'en valent pas la peine. Combattre une bande de manants aurait été une perte de temps et d'énergie. A présent nous pouvons poursuivre Landebroc. »
Eustache : « Je proteste monseigneur ! C'est une grave erreur. Nous ne pouvons laisser la liberté à Raveaux, ses habitants doivent savoir dès maintenant qui les possède. Ils ont clairement rejeté votre suzeraineté, c'est impardonnable. »
Chartes d'Annequin : « Raveaux n'a aucun intérêt stratégique. »
Eustache : « Je ne leur fais pas confiance, dès que Landebroc se présentera, Raveaux lui ouvrira ses portes et lui offrira une base arrière pour nous attaquer. Et là la ville deviendra un intérêt stratégique.
Ça aurait été l'occasion de démontrer la puissance du duché, de faire un exemple de ceux qui refusent de nous prêter allégeance. Il y a cinq ans Noyer-le-Grand a capitulé rapidement parce que Raveaux avait fait de même. Monseigneur, vous donnez là un espoir à tous les Vaujourois !
 »
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La guerre du Vaujour : Raveaux
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