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Armarius
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MessageSujet: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 13:41
Conseil du 8 Pentobre 1299

Autour de la table il y avait les habitués, Espien de Raysac, Charles d'Annequin et Charles Daguerre, en plus de Mauger Tancarvelles et son fils Eustache, Cecil de Saint-Saëns et de son frère Paul, Hubert II de Vaudrincourt et Odilon le Chétif.
Le duc avait insisté pour que son ancien précepteur, Frère Jourdain, qui avait l'habitude d'assister aux séances du conseil lorsqu'il était proche de Hugues III. Le moine était tout content de revenir ici, bien que la table lui était en partie hostile.
En tout dix personnes se levèrent pour accueillir Eudes lorsque le chambellan l'annonça.

« Veillez accueillir monseigneur Eudes deuxième du nom, duc de Cahogne et souverain du Pays-Plat,  comte palatin des Landes, comte de Vassy, de Bassel et de Belfort, seigneur de la Marche-Franche et suzerain de la Transgarde, Prince-Electeur de l'Empire. »

Le ton d'Odilon était moins protocolaire et plus chaleureux qu'avant, illustrant le rapprochement entre le duc et son chambellan depuis leur nuit au Chenil.
Le scribe annonça les ordres du jour, il était question de la Transgarde, du Porez et surtout, de la guerre du Vaujour.
On aborda en premier le statut de la Transgarde, que réclamait le roi d'Estovie. Eudes avait pu rencontrer les ambassadeurs du roi lors de son sacre, et discuter de l'avenir des colonies. Il expliqua le projet de Dragomir : la rétrocession des territoires tenus par le duc au delà de la Garde, le mariage d'Hubert et de Klaria-Marie, sœur du roi, la concession de la Transgarde à Hubert comme dot de son épouse et l'élévation de la seigneurie en marquisat. A cela s'ajouter l'arrêt de l'action des prédicateurs cahons et la liberté religieuse.
Lorsque Eudes annonça avoir accepter tout cela, certains de ses conseillers écarquillèrent des yeux, croyant avoir mal entendu.
C'est Charles d'Annequin, le connétable, qui ouvrit les hostilités.

Annequin : « Mais monseigneur, enfin, vous ne pouvez pas démembrer ainsi le duché ? Vous allez mettre aux ordures tout le travail accompli par votre grand-père et votre père depuis deux générations ? Tous ces sacrifices, toutes ces familles qui ont immigré en Transgarde, tous ces morts face aux païens, ces martyrs, vous allez vraiment les abandonner et le confier à notre ennemi ? »
Paul de Saint-Saëns : « Techniquement Hubert resterait le seigneur de la Transgarde, ce n'est pas complètement les abandonner. »
Annequin : « Cela revient au même ! Ce n'est pas pour rien que le roi propose que ce soit Hubert qui en hérite. »
Paul de Saint-Saëns : « Qu'insinuez vous sire ? Remettez vous en doute les qualités du cousin du duc ? »
Annequin : « Non, j'insinue que Hugues II et Hugues III se sont battus pour la Transgarde, y ont consacré du temps, de l'argent, de l'énergie pour faire vivre ce rêve de colonisation. Sire Eudes ne peut pas abandonner ce grand projet comme ça, aussi facilement, alors qu'il n'est assis sur le trône que depuis 2 mois. »
Jourdain : « Mais il faut se rendre à l'évidence sire d'Annequin, intervint Jourdain, la colonisation est un échec. En deux générations comme vous dire, nos résultats sont médiocres. La Transgarde est depuis trop longtemps une perte de temps et d'argent pour le duché, un poids qui draine nos forces pour d'infimes bénéfices. C'est donc une bonne idée que de confier les colonies à un apaniagiste. »

Espien se tourna vers Eudes qui était assis juste à sa gauche.

Espien :  « Mon prince, le roi Dragomir n'a aucune légitimité à revendiquer la Transgarde. Je vous rappelle que c'est l'Empereur en personne qui a concédé à votre grand-père le droit de coloniser les terres au delà du fleuve. Il n'existe pas d'autre autorité supérieure que l'Empereur et cela vous donne  toute la légalité de posséder la Transgarde, qu'importe ce que peu dire le roi d'Estovie. »
Daguerre : « De plus, vous ne devriez pas faire confiance à Dragomir. C'est peut être une manœuvre. Il pourrait très bien vouloir spolier Hubert de la Transgarde en prétextant quelques félonies, et ainsi éliminer les colons. Les Dremmens sont sournois, ce ne sont même pas de vrais triaphysites, je soupçonne le père de Dragomir de s'être converti uniquement par intérêt, justement pour pouvoir revendiquer la Transgarde, s'inquiétant de la colonisation cahonne. »
Espien :  « En effet, cela ne dérangeait personne de coloniser des terres païennes, mais maintenant que le roi s'est converti, qu'il est devenu un client de l'Empereur et un fidèle de l'Eglise, on ne peut plus revendiquer ses terres sur le simple argument religieux.
Mais ce qui est le plus inquiétant c'est cette paix religieuse que le roi veut imposer. Nos prédicateurs n'accepteront jamais de quitter leurs ouailles, et toute l'idée de la colonisation c'est avant tout d'apporter la vraie religion à ces peuples arriérés. La Transgarde n'aurait plus d'utilité si les païens sont autorisés à vivre en liberté. »
Paul de Saint-Saëns : « Il faut aussi penser à l'ordre des Porte-Croix, votre père leur a concédé les forteresses de la région. Ils sont bien implantés et ils vont être dure à déloger. S'ils persistent à vouloir rester et qu'ils nous obligent à utiliser la force contre eux, cela fera mauvais genre.
 »
Espien : « Le prince croisé qui s'attaque aux glorieux chevaliers Porte-Croix. Que dirait l'archevêque de cela ? »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 14:11
La séance porte naturellement sur la Transgarde. Je m’assois confortablement sur mon fauteuil alors que les grands de mon duché commencent déjà à me pilonner de pierres de trébuchet.
Je m’y attendais. Je savais qu’ils réagiraient comme cela. Tous. Je sais que l’opinion publique de Cahogne, dévoyée et à laquelle on ment constamment, ne sera pas différente d’eux.
Mais je suis le Duc, c’est à moi de prendre les décisions.

« Bien sûr que oui la possibilité existe que Dragomir souhaite uniquement nous manipuler pour mieux nous trahir, maître Daguerre. Tout comme les possibilités existent, constamment, en diplomatie, que tous nos alliés souhaitent constamment nous retourner.
La méfiance ne peut pas nous empêcher de faire le premier pas. Ni de souhaiter mutuellement que nous unissions nos peuples. Nous ne pouvons pas en permanence traiter les Estoviens comme nos ennemis. Ce serait le moyen le plus sûr de les pousser contre nous, et dans les bras de nos ennemis. La famille de Trémanche n’était-elle pas amie avec le père de Dragomir ? Je n’ai pas envie de les voir tous les deux s’opposer à moi. »

Je regarde à présent Charles d’Annequin.

« Les efforts ont été investis par mes prédécesseurs et par ce Duché. Ils ont été dispendieux pour un mauvais résultat. Les Portes-Croix ont été incapables de maintenir l’ordre. Les prédicateurs sont toujours opposés à une grande défiance de la part des païens dévoyés.
Je reste persuadé que les païens auront plus de chance d’être convertis par des prédicateurs Estoviens plutôt que par des Cahons qui n’arrivent à eux que lorsqu’ils sont accompagnés de chevaliers aux épées dégainées. La religion ça s’accepte par amour, pas par peur. Notre commerce, notre art, notre diplomatie ; ce sont ces armes qui seront utiles à garder la Transgarde, pas la lance d’arçon. »

Je marque une petite pause. Puis je reprend :

« Messeigneurs, vous réagissez comme si je chamboulais le monde. Mais soyons honnêtes : Ce n’est pas comme si nous pouvions nous étendre plus loin encore que la Transgarde. Le Royaume d’Estovie est un Royaume frère, qu’importe que les Rois se soient convertis simplement par intérêt, et non par soudaine apparition du Paraclet ; Ils sont triaphysistes comme nous.
La Transgarde appartient aux Cahons, Soulans-la-Neuve est peuplée de Cahons. Ce que je négocie avec Dragomir, c’est un moyen pour nous de garder la région sans avoir à entrer dans un conflit militaire – encore un autre, de conflit militaire – pour garder une région pauvre, peuplée de gens qui nous détestent. En transformant la Transgarde en marche dirigée par un Cahon, c’est un moyen d’avoir une influence sur des sujets que nous n’avons pas actuellement, qu’importe les prédicateurs que nous avons envoyé, qu’importe les châteaux des Portes-Croix qui, comme vous le notez si bien, ne nous appartiennent pas.
La Transgarde a été une succession d’échecs de la part de mon père et ce sont des échecs auxquels je souhaite remédier. »

Je marque à nouveau une pause.

« Mais il est vrai que le projet de Dragomir servirait à éloigner la Transgarde de nous.
C’est pour cela que je souhaitais faire une contre-offre au Roi : Plutôt que de donner sa sœur à Hubert, je pourrais l’épouser. Ainsi, la lignée directe de Bohain continuerait de diriger cette marche. De la même manière, j’ai demandé à l’évêque de Vaucouleur de m’envoyer un interprète afin que j’apprenne la langue de nos voisins ; Ce serait une véritable preuve de volontarisme envers les Estoviens qui vivent en Transgarde. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 15:05
La contre-offre d'Eudes provoqua l'agitation du conseil, comme un boulet de pierre jetait au milieu d'une bataille.

« Décidément, vous avez un goût prononcé pour les païennes récemment convertis... » se permit de dire tout bas Espien de Raysac.

Annequin : « Mais enfin monseigneur ! Cettt idée est encore pire !
Vous n'allez quand même pas plier genou devant un Estovien ! Ce serait manquer de respect à toute votre famille qui ont toujours combattu ces barbares ! Votre aïeul homonyme est mort en martyr contre les Dremmens !
 »
Jourdain : « Nous ne parlons pas des mêmes gens sire d'Annequin, il ne faut pas confondre les Dremmens et les Estoviens. »
Annequin : « Quelle différence ? »
Jourdain : « Un Dremmen est le barbare païens et pilleur que vous décrivez. L'Estovien est un chevalier triaphysite. Il n'y a pas de honte à s'allier à un brave chevalier triaphysite. Nos voisins à l'Est ont changé depuis l'époque de Eudes Ier et des premiers raouliens, ce ne sont plus nos ennemis. »

L'évêque de Soulans fit la moue. Il n'avait pas l'air satisfait non plus de cette proposition.

Espien : « Je ne pense pas que l'Empereur accepte cela. Voir l'un de ses puissants vassaux, prince-électeur qui plus est, faire allégeance au roi d'Estovie qui n'est pas officiellement membre de l'Empire... »
Daguerre : « Et je ne pense pas que Dragomir accepte d'avoir pour vassal un homme aussi puissant que vous. Avec le comte de Vaudrincourt il envisage certainement de pouvoir l'assujettir facilement, mais le duc de Cahogne c'est autre chose. »
Espien : « Et puis ce serait mal vu de voir un prince sacré faire hommage à un roi tout juste convertit. »
Mauger : « Vous l'avez dit vous même, la Transgarde est une région pauvre peuplait de gens qui vous détestent. Cela ne vaut peut être pas le coup de vous humilier devant un roi demi-païen ? »

Tout le monde avait son mot à dire sur la question. Eudes ne chamboulait par le monde, mais la Transgarde appartenait au duché depuis 50 ans.

Paul de Saint-Saëns : « Je suis d'accord avec monsieur le duc. Il négocie au mieux l'avenir de la Transgarde et ce que propose le roi est un moindre mal pour éviter un conflit armé.
Comme dit Frère Jourdain, la Transgarde pèse sur nos finances et notre politique a été un échec. Peut être nous devrions tenter une autre approche. La seule difficulté que je vois, c'est l'ordre Porte-Croix qui n'accepterait pas de changer d'allégeance, et peut être l'archevêque qui ne voudra pas voir les prêcheurs cahons mit à la porte.
Mais je suis d'accord avec monseigneur Espien, nous devrions rester sur l'idée de Dragomir d'investir Hubert de la Transgarde. De plus, Vaudrincourt n'est qu'à une dizaine de jours de Soulans-la-Neuve, ce serait plus aisé de contrôler la région si son seigneur est plus proche.
 »
Espien : « Mais qu'en pense le principal intéressé ? Monsieur le comte ? »

Hubert était resté silencieux comme à son habitude, songeur à l'idée d'épouser une femme Dremmen. Ou peut être une femme tout court. Une balbutia un début de réponse.

Hubert : « Euh... et bien, je me sens apte à exercer quelques fonctions, je vous l'ai déjà dit cher cousin. Mais je ne sais pas si je serais à la hauteur de dame Klaria-Marie, j'aimerai m'acquérir de son amour par quelques exploits avant de pouvoir l'épouser. »
Daguerre : « Mais on ne vous parle pas d'amour jeune homme ! Nous parlons politique ici ! »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 15:19
Et voilà. La chienlit hurle. Hormis Paul et Jourdain, tout le monde a décidé de s’opposer à moi et de s’enfermer dans leur manière de faire. C’est tout simplement révoltant.

Je commence par frapper violemment du poing sur la table, avant de pointer l'intendant :

« Ne manquez pas de respect à mon cousin, Daguerre ! C’est un enfant d’une grande famille, un futur chevalier adoubé ! Vous vous adresserez à lui avec le prédicat Damoiseau, et certainement pas jeune homme ! »

C’est une raison qui a l’air franchement minuscule pour invectiver mon Grand Intendant. Mais c’est un relâchement perpétuel qui commence à me courir sérieusement sur les nerfs. Le manque d’étiquette c’est le refuge de leur permissivité. De la même manière qu’Espien ose faire une remarque à voix basse sur Arda, qui n’a valu de ma part qu’un regard noir rempli de colère.

« Ce que je fais ici n'est pas un caprice princier ! Je fais ce que je peux pour aider nos Cahons de Transgarde, avec les maigres moyens dont je dispose toujours ! Cessez de me parler de mes ancêtres, de mon père ou de mon grand-père comme s'il s'agissait d'autant d'arguments contre moi. Je suis leur héritier, je suis celui que Dieu tout-puissant a sacré pour lui servir de Lieutenant, j'ai leur sang et je suis la continuité du trône et de la couronne.
J'ai passé cinq ans dans le sang du désert. Je sais tirer l'épée. Je sais aussi lorsqu'il est plus prudent de la rengainer. »

Je regarde l’apanagiste de Vaudrincourt avec, en revanche, des yeux doux, et une toute petite voix, qui tranche avec mon soudain accès de colère qui a rugit à travers la salle du conseil.

« Hubert, si tu veux servir la Cahogne et les Cahons de Transgarde, je n’ai pas seulement besoin que tu sois un preux chevalier – ça, tu auras bien assez l’occasion de me le prouver, et je ne doute ni de ton audace, ni de ton élan.
Mais être seigneur ce n’est pas la même chose qu’être chevalier. Les gens de Transgarde, Estoviens comme Cahons, te regarderont en attendant que tu les aides, que tu répondes à leurs nombreux problèmes. Tu devras être quelqu’un de patient, de doux avec eux, mais aussi ferme avec la justice, car personne ne doit te manipuler. Il faudrait que tu apprennes la langue des Estoviens, que tu les acceptes comme tes frères auprès du Paraclet. En même temps, tu devras comprendre l’intérêt de chacun, savoir te défendre quand tu le dois, savoir reculer lorsqu’il le faut.
Est-ce que tu es à la hauteur d’une telle tâche, ou bien est-ce qu’elle te fait trembler ? Car l’hésitation n’est pas permise pour une telle corvée. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 15:49
Le coup de sang de Eudes jeta un froid dans la pièce.
Il est vrai que depuis l'alitement de Hugues III, le conseil n'était plus habitué à avoir un duc à sa table. Certains, comme Daguerre, se croyaient tout puissant et se permettaient tout.
Tous baissèrent les yeux, sauf Espien qui affichait un sourire forcé, et Frère Jourdain qui regardait son ancien pupille avec fierté.
Hubert hésita un instant, il balbutia, ne sachant trop quoi répondre. Honnête, il aurait voulu dire non, qu'il ne se sentait pas à la hauteur, mais ce n'était pas digne d'un preux chevalier.
Il bomba le torse en se remettant bien droit sur sa chaise.

Hubert : « Oui monseigneur, je suis prêt. Je me sens prêt à être fait chevalier, prêt à vous servir, vous, le duché et la sainte Eglise. Je suis prêt à batailler contre vos ennemis, à protéger les plus faibles, à occire les méchants !
La seule condition que j'impose, c'est de rencontrer dame Klaria-Marie avant de m'engager à l'épouser. Je veux obtenir son accord. Si elle refuse, je ne l'épouserais pas.
 »

Daguerre secoua la tête de dépit, mais il ne dit rien de peur de se faire moucher une nouvelle fois par le duc.
Le beau discours d'Hubert n'avait pas eut l'effet qu'il escomptait, personne ne réagit, tout le monde avait l'air de s'en foutre. Hubert était un gamin trop discret pour que les autres s'intéressent à lui. Il ne devait sa place au conseil que pour son sang, Espien ne le convoquait que pour faire plaisir au duc, pour qu'un membre de la famille ducale soit présent. Avant le retour de Eudes, Hubert n'était jamais invité.
Personne n'osa parler après la colère du duc. Puis Eustache prit la parole.

Eustache : « Il y a autre chose à aborder, une chose dont on a pas encore parlé. Je reviens tout juste de Transgarde où j'ai convoqué nos troupes stationnées là bas. J'ai donc vu de mes yeux ce qu'aucun d'entre vous n'a vu. Je sais ce qu'est la Transgarde, ce que sont les colonies, et qui sont les colons. Soulans-la-Neuve est une ville magnifique, un morceau de Cahogne au milieu des pays Dremmens. Le duc Hugues n'a pas usurpé son surnom de le "bâtisseur", la ville a été construite selon ses plans. C'est son âme qui se trouve là bas.
Mais les gens souffrent, meurent et pleurent. Mais ce n'est vers Dieu qu'ils tournent leurs prières, mais vers le duc. Car en Transgarde, il existe parmi les cahons un vrai sentiment national qui les unis. Bien plus qu'à la religion et à l'Eglise, c'est à la Cahogne qu'ils s'attachent.
Ils pourraient se sentir trahis, abandonnés par vous monseigneur si vous acceptez les projets de Dragomir, et cela pourrait causer de l'agitation là bas.
 »

Annequin : « Quoi qu'il en soit, une telle décision ne pourra se faire sans l’approbation des Etats Généraux. Il me semble évident que l'assemblée doit être réunie pour statuer sur le sort de la Transgarde. »
Jourdain : « Pas nécessairement sire d'Annequin. La Transgarde est spéciale, ce n'est même pas un territoire impériale. Les Etats Généraux n'ont peut être pas le pouvoir de statuer sur une terre hors de l'Empire. »
Annequin : « Cette terre hors de l'Empire appartient au duché depuis 50 ans. Des cahons y vivent et comme dit sire Eustache, ils comptent sur le duc. »

Annequin observa tour à tour chaque membre du conseil assis autour de la table pour tenter d'obtenir leur adhésion.

Mauger : « Je suis de l'avis de Jourdain, les Etats Généraux n'ont pas à être convoqués. »

Le connétable fit une grimace, évidemment que le Tancarvelles allait s'opposer à lui et son idiot de fils allait suivre son père.

Paul de Saint-Saëns : « Je pense qu'il ne serait pas inutile d'avoir au moins l'avis de l'assemblée. »
Annequin : « Et vous sire de Saint-Saëns ? »
Cécil : « Je ne sais pas. Je suis l'avis de mon frère. »
Annequin : « Daguerre ? »
Daguerre : « Les Etats Généraux doivent être rassemblés, c'est une évidence. »
Annequin : « Et toi Odilon ? »
Odilon : « Seul le duc a l'autorité pour réunir les Etats Généraux. C'est à lui de décider s'il doit soumettre ou non la question à l'assemblée. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 16:34
La naïveté de Hubert me fait avoir un doux sourire. Si seulement le monde entier pouvait être comme lui, les choses seraient plus simples et plus pures.
Il n’est pas idiot. Il ne s’est juste pas abaissé au niveau des autres…

L’intervention d’Eustache, pour le coup, a le mérite de me faire froncer des sourcils, et tapoter la table. Je fulmine, puis grogne quelque chose :

« Merci de ton intervention, Eustache. Elle est beaucoup plus pertinente que celle des autres.
Il est vrai que j’agis uniquement dans l’intérêt des Cahons de Transgarde, alors c’est eux qui devraient être au centre des débats. Ces pauvres sujets sont les miens. »

Lui aussi, Eustache, est un cas particulier. Tout le monde le prend pour un simple crétin infirme et brutal. Mais son honnêteté est plus plaisante que ne le sont les intrigues des autres seigneurs.
Si je le nomme connétable et que je lui offre la main de ma sœur, ce ne sera même plus pour faire plaisir à Mauger. C’est véritablement parce que j’en ai envie.

Alors que j’attends que l’on discute plus de ça, Annequin met un autre sujet sur la table. Il demande l’avis des États Généraux. Il fait un tour de table, tout seul, sans demander mon avis. J’ai envie de bouillir. Lorsque je lui réponds, j’entends un accent Platois qui sort de ma bouche qui parle autrement un landique propre et parfait.

« Non mais vous plaisantez, Annequin ?! Les États Généraux ?!
La Transgarde ne fait pas partie du vieux duché de Cahogne, qu’est-ce qu’un châtelain des Landes ou un bourgeois de Saint-Clair a à dire sur la gestion de la Transgarde ?!
Réunir les États Généraux, c’est uniquement offrir une tribune à ceux qui souhaiteraient me nuire, qui s’opposeraient juste pour s’opposer, et qui tergiverseraient pour que je leur accorde des doléances et des privilèges pour faire passer des mesures qui ne les regardes pas !
Nous devons bien avoir des institutions, des ressorts de pouvoirs en Transgarde ; Un prévôt à Soulans-la-Neuve, des prêtres, quelques prud’hommes. On peut réunir un conseil ad hoc de Cahons de Transgarde. Mais je ne réunirai pas les États Généraux pour cela ! »
Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 17:29
Charles d'Annequin n'était pas Daguerre, en haussant le ton face à lui il ne fallait pas espérer qu'il se taise et baisse les yeux. C'était un seigneur puissant, chef de la famille doyenne du duché.
Il fixa ses yeux dans ceux de Eudes, d'un air décidé.

Annequin : « Je ne vois pas où se trouve la plaisanterie monseigneur. En devenant duc de Cahogne vous êtes devenu le guide du peuple cahon. Les Etats Généraux sont la voix de ce peuple. Il est peut être important d'avoir leur avis sur le sujet.
La Transgarde est un territoire faisant partie intégrante du duché, peuplé de vos sujets. L'Empereur Manoel lui même nous l'a concédé. Son sort concerne l'ensemble du peuple cahon.
 »
Mauger : « C'est étrange votre soudain intérêt pour la Transgarde messire Charles. Vous vous inquiétez pour vos terres dans la région ? »
Annequin : « Je m'inquiète surtout pour le peuple des colonies sire Mauger. »

Le duc de Cahogne avait concédé à la famille d'Annequin plusieurs seigneuries au delà de la Garde,  10 000 hectares de terres appartenaient ainsi au connétable.

Espien : « Sire d'Annequin a raison, il est important d'écouter la voix du peuple. Mais votre idée est sage mon prince, convoquons les Etats de Transgarde pour avoir leur avis. »
Paul de Saint-Saëns : « Cela risque d'être compliqué, les institutions sont maigres là bas. Et puis, il faudra compter avec les Porte-Croix. Ils tenteront certainement de faire pression sur les Etats pour s'opposer à nous, notamment le clergé. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 19:17
La petite remarque de Mauger est terriblement assassine, mais elle ne me fait pas rire. Ce n’est pas le moment de rire. Je fixe Charles d’Annequin tout droit, en fronçant très fort des sourcils.
C’est vraiment une situation de merde, pour tout le monde. Je savais que ça allait faire des débats, mais ce n’est pas moi qui ait choisi de coloniser la Transgarde.


« Je connais le poids que peuvent avoir les Portes-Croix. Je ne l’ai que trop perçu en Croisade... »


Ce sont d’immondes enfoirés.
Je respecte mon oncle qui les a rejoints, mais sans lui pour servir d’intermédiaire avec l’Ordre, la guerre aurait été fort compliquée. Ils sont imbus d’eux-mêmes. Et bien trop puissants.


« Leur donner autant de commanderies était une gigantesque erreur. Une erreur qui était motivée certes par le manque de moyens, mais voyez toute l’ironie de la chose ; Vous me pressez car je souhaite me dégager de Transgarde, et en même temps, c’est bien sous votre Conseil à nombre d’entre vous qu’il a été permis que la situation dégénère autant.
Eustache, Frère Jourdain, Frère Paul, quels sont vos avis sur les Portes-Croix ? Avez-vous des idées de ce que nous pourrions faire quant à cette situation ? »


Ce sont les trois personnes en qui je fais le plus confiance autour de cette table.
Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 23:34
Annequin : « La situation en Transgarde n'est pas fameuse depuis les débuts, ce n'est pas d'hier que ça a dégénéré. Nous n'étions même pas né, ou à peine, que c'était déjà la chienlit là bas. »

Eustache Brascourt fut le premier à répondre aux questions du duc, sous les yeux amusés de son père qui aimait voir son fils au conseil.

Eustache : « Je ne pense pas que les colons acceptent ce projet.
Et à vous dire vrai, moi non plus je n'en serais pas satisfait. Je n'ai aucune confiance en Dragomir et les siens. Le roi est peut être sincère dans sa foi, mais la plupart des Estoviens sont païens et restent les dangereux barbares que décrit sire Charles.
J'ai vu lors de mon voyage les dégâts de la Strelka et la peur qu'ils engendrent chez les colons. J'ai vu les nôtres embrochés sur des piques comme des porcs et à la vu de tous. Vous vous trompez d'ennemis si vous voulez vous en prendre aux Porte-Croix. Ce sont de fiers chevaliers. Je les ai vu, ils font ce qu'ils peuvent pour protéger les nôtres avec leurs pauvres moyens. Les Porte-Croix sont nos alliés, le vrai ennemi c'est le païen.
Voilà ce que j'en pense monseigneur : les Dremmens méritent une bonne correction. Après la guerre du Vaujour il faudra envoyer nos forces en Transgarde et détruire une bonne fois pour toute la résistance des païens. Offrons leur le choix : la conversion ou la mort. Il n'y aura alors plus de païens à nos frontières et vos descendants vous en remercierons.
 »

L'archidiacre secoua la tête en souriant.

Paul de Saint-Saëns : « Excusez-moi de vous dire sire Eustache, que je ne partage pas votre point de vu. Il me semble que le projet des Estoviens est un moindre mal et pourrait potentiellement satisfaire tout le monde. Il faudra simplement faire comprendre aux colons que nous ne les abandonnons pas. Sire Hubert devra y faire un voyage pour rassurer tout le monde, montrer qu'à travers lui la Cahogne règne toujours sur la Transgarde. Je pourrais même l'accompagner.
Si jamais Dragomir venait à trahir sa parole et à s'en prendre au comte, là nous pourrions envisager une intervention armée. Mais pour le moment, fions-nous à sa parole.
Je crois savoir que le roi d'Estovie n'est pas si bien assis sur son trône. Une grande partie de l'aristocratie de son royaume reste païen et beaucoup n'acceptent pas la nouvelle religion. Ce n'est pas dans son intérêt de déclencher une guerre contre le duc de Cahogne.
 »
Annequin : « En attendant qu'il soit mieux assis. Vous ne voyez que le court terme, vous débarrasser de la Transgarde vous arrange tous. Mais dans 10 ans, 20 ans, lorsque Dragomir ou un autre sera assez puissant pour nous faire plier, là nous allons perdre définitivement la Transgarde. »

Hubert tenta de prendre la parole, mais il fut couper par Frère Jourdain.

Frère Jourdain : « Sire Eustache a raison sur un point, les Porte-Croix ne sont pas nos ennemis. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient avec ce qu'on leur a donné. Une chose est sûre, on ne pourra pas les combattre s'il refuse d'abandonner le combat et s'opposent à nos projets. C'est le bras armé de l'Eglise, soutenu par le Triarque et la plupart des prélats de l'Empire. Je n'ose imaginer leur réaction si jamais nous prenons les armes contre l'ordre.
Je suis d'avis d'accepter ce projet. Que sire Hubert épouse la sœur de Dragomir.
 »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMar 24 Mar - 23:45
Les discussions fusent autour de la table. À présent que les questions sont mieux recentrées, mes conseillers sont bien plus prolifiques. Et leurs avis m’aiguillent bien plus que les reproches de tout à l’heure.

« Je vois.
Je comprend vos avis. Ils divergent, mais j’entends ce que vous dites tous. Ce n’est pas une question aisée, il n’y aura aucune sortie qui puisse satisfaire tout le monde. »

Je reste silencieux, songeur, un instant.


« Il est certain que les sujets de Transgarde ne comprendraient pas qu’un Cahon s’agenouille devant le Roi qu’ils prennent pour celui qui embroche nos gens sur des piques.
Mais il faut comprendre que la Strelka est également un danger pour Dragomir. Trop nous opposer aux païens, basculer entièrement dans l’opposition militaire, ça serait aussi risquer que Dragomir trahisse sa foi, devienne relapse pour profiter de la force de sa noblesse infidèle. Ou alors il sera assassiné, et remplacé par un fanatique qui voudra brûler les églises et décapiter les évêques.
D’un autre côté, pourquoi serais-ce forcément à nous de faire le premier pas ? Je suis plein de volontarisme devant Dragomir, je suis un Duc prompt à la paix et à la concorde… Mais il exige beaucoup, sans nous offrir de véritables garanties. »

Je tape la table.

« Que Dragomir nous offre la tête du chef de la Strelka. Que ses hommes nous aident à détruire cette secte d’hérétiques. Je souhaite pouvoir promener sa tête à Soulans-la-Neuve comme ils se sont amusés à traîner les têtes de preux chevaliers.
Je pense que je peux exiger cela du Roi, en échange de son projet ? Qu’en dites-vous ?
Qu’en dis-tu, Hubert ? »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 0:05
Nonchalamment, le connétable chassa l'air de sa main.

Annequin : « Soit, faisons ainsi. »

Eustache sourit à la volonté du duc d'écraser la Strelka. Il était simple à contenter, lui promettre de la bagarre et il était content.
Tous approuvèrent.

Hubert : « Cette solution me satisfait monseigneur. Nous ne devrions pas être les seul à combattre la Strelka. Dragomir a aussi sa part de responsabilité.
Mais je me disais, je crois savoir qu'aucun duc de Cahogne n'a jamais mit les pieds en Transgarde, ni votre père, ni notre grand-père. Nous pourrions organiser un voyage jusqu'à Soulans-la-Neuves et rendre visite à nos colons. Dragomir pourrait nous rejoindre là bas et nous pourrions négocier ensemble.
Je pourrais même y épouser Klaria-Marie, une union symbolique de nos deux peuples là où ils se rencontrent.
 »
Paul de Saint-Saëns : « Sire Hubert a raison, le duc de Cahogne devrait se montrer en Transgarde pour afficher son intérêt pour les colonies. »
Annequin : « Et risquer que la Strelka n'en profite pour assassiner notre duc ? Un tel voyage est bien trop dangereux. De toute façon, le Vaujour est pour le moment notre priorité. »
Paul de Saint-Saëns : « C'est vrai que notre duc risque moins sa vie à aller faire guerre qu'à rendre visite à son peuple... »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 2:18
Ma proposition a l’air de contenter tout le monde, même si elle ne résout en fait strictement rien ; C’est juste remettre à plus tard. Comme toujours.


Il y alors un autre débat qui surgit. Celle sur la sûreté de ma personne.


« Le Vaujour est évidemment la priorité.
J’irai m’y rendre en personne alors même que les gens là-bas veulent ma tête. Puis j’irai en Transgarde avec Hubert, où là aussi d’autres personnes souhaitent me tuer.
Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup le choix. Si je ne m’y rends pas en personne, mon autorité ne s’y fera pas sentir. Je serai incapable de résoudre les torts. J’aime que les gens puissent me voir et m’imaginer, c’est plus présent dans leur esprit que si je me contente d’écrire un courrier depuis ce Palais. »


Je suis beau, je suis grand, j’impressionne ; C’est des talents que je reconnais à ma personne. Mon sacre m’a coupé du monde des hommes, même si sans doute des païens ne seront pas beaucoup impressionnés par le saint-chrême qui est censé me protéger.


« De toute façon les Housecarles assureront ma garde. C’est un corps puissant et richement payé, qu’ils méritent leurs deniers. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 11:28
Espien reprit la parole. Il était resté discret pendant le débat mais voulait s'imposer un peu devant l'affirmation grandissante de l'autorité du jeune duc.

« Bien, si tout le monde a donné son avis, nous pouvons désormais parler du Porez. »

Le scribe du conseil nota les décisions du jour à propos de la Transgarde : ainsi Hubert allait épouser Karla-Marie et recevoir de Dragomir la Transgarde rétrocédée par le duc. On organisera un voyage avec Eudes pour rencontrer le roi d'Estovie et les colons cahons pour les rassurer. En ce qui concernait le sort des Porte-Croix, la question n'était pas encore tranchée.

Daguerre : « Lors du sacre vous avez eu l'occasion de revoir votre cousine, la pseudo-comtesse du Porez et elle vous a ressorti les arguments trompeurs des légistes de Trémanche.
Le code de Raoul Beauclerc est tout ce qui il y a de plus complet en matière de loi et de coutume. Elle ne peut pas sortir de nouvelle coutume inconnue comme cela. Et surtout, on ne peut pas s'asseoir sur autant d'argent.
Je propose un geste fort, menaçons là de félonie si elle refuse de payer notre prix. Nous avons déjà trop accepter de sa part. Si elle veut garder le Porez avec toute la liberté qu'elle veut, elle devra en payer le prix ! Réclamons lui un écuage fort, et pas simplement des soldats pour 40 jours qui ne ferons rien d'autres qu'user nos ressources sans rien faire d'autres.
 »
Annequin : « Vous voulez emmener le duché dans une autre guerre ? Le comte de Trémanche protégera sa femme, et c'est un tout autre ennemi que le comte de Valais. »
Eustache : « Il serait pourtant temps que le duc de Cahogne écrase les prétentions du comte de Trémanche. Une bonne bataille contre les trémanchottes et la victoire montrerait une bonne fois pour toute la supériorité du duc de Cahogne sur ces prétentieux. »

Eustache accompagna ses paroles d'un coup de poing sur la table, un geste qui avait l'air de se transmettre de père en fils dans sa famille.

Espien : « Nous pourrions chercher à imposer d'autres conditions. Demandons par exemple à la comtesse de faire pression sur le chapitre cathédral de Savignon pour faire élire l'un des nôtres à l'évêché. C'est un évêché électeur du Primat de Vendaume, il serait intéressant pour nous d'avoir l'un de nos partisans à sa tête.
Daguerre : « Voilà ce que je propose mon seigneur : acceptons de lui faire une fleur, qu'elle nous paye 150 000 livres de droit de relief pour le Porez. Puis réclamons lui 150 000 livres pour l'écuage.
 »
Paul de Saint-Saëns : « Ce sont des sommes faramineuses maître Daguerre. La sagesse serait d'accepter les conditions de la comtesse. Je pense que le mariage entre dame Clotilde et le sire d'Estaing peut être une occasion de nous rapprocher de la Trémanche. Ils pourraient très bien être des alliés. Si monsieur le duc ne peut épouser la sœur de Dragomir, il pourrait épouser une sœur de Thomas d'Estaing. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 11:47
La question passe maintenant à Clotilde du Porez. Je m’enfonce dans mon fauteuil alors que les idées fusent, de part et d’autre. Je regarde un peu dans le vide, alors que j’adopte une position lâche et molle qui tranche avec ma vigueur et ma colère de tout à l’heure.

« Elle a changé, ma Clotilde. Elle est devenue une véritable seigneuresse.
Je n’aurais pas cru que la charge de Duc m’imposerait de m’attaquer à ma propre famille. »


Je tourne la tête vers mes conseillers.

« Ce qui me gêne avec cette affaire, c’est que je suis également lié par la baronnie d’Aigues. Si je me suis trouvé très volontaire envers Clotilde, que je l’aie reconnue comme vassale, c’est car il y a comme projet de diviser la baronnie en co-seigneuries que Trémanche et Cahogne surveilleraient de manière équitable. Mais la seule condition pour parvenir à cette réalisation, c’est que moi et sire Thomas soyons alliés.
Tant que la dame d’Aigues respire encore, il est dangereux pour moi de montrer mon hostilité. Sans quoi les terres seront confiées à l'archevêque. C'est ce qu'elle m'a confié. »

C’est un problème que je souhaite qu’ils gardent en tête pour les prochaines idées qu’ils me proposeront.

« J’ai proposé à Clotilde un arrangement pour le payement du relief. Elle m’a assuré, avec une condescendance franche, qu’elle avait bien assez d’argent pour payer – elle refuse de le faire par principe, car selon elle, il est de mon devoir de Duc d’appliquer la coutume du Porez, et non le code de Raoul Beauclerc.
De toute manière, elle conteste même l’existence de ce code ; Elle soutient mordicus que nos ancêtres commettaient des erreurs qu’il convient pour nous de réparer. Facile pour elle de dire, quand son mari peut la soutenir avec toutes ses troupes !
De la même manière, je lui avais demandé de payer l’écuage pour soutenir ma campagne dans le Vaujour. Elle m’a répondu qu’elle se contenterait de remplir son devoir d’ost, et de me confier ses chevaliers pour quarante jours ; Imaginez, comme on faisait la guerre du temps de mon arrière-grand-père ! »


J’agite la tête de gauche à droite.

« Elle se pense en position de force. Elle me pense trop pressé sur trop de fronts à la fois pour réagir, et ça lui permettra de faire son trou. Son manque de politesse à mon égard énonce de biens mauvaises choses pour nos futures relations. Elle n’arrêtera pas de faire ça. Exploiter toutes les vicissitudes, les mensonges, les conflits juridiques pour se tenir éloignée de moi. Depuis que je suis rentré de Croisade, les Trémanchottes n’ont témoigné à mon égard que du mépris... »

Je regarde dans le vide, un moment.

« D’un autre côté, je n’ai toujours pas rencontré Thomas d’Estaing lui-même. Il se dérobe. Il m’envoie ses sous-fifres et son épouse… J’ai vu un truc assez fascinant, lors de mon sacre. Ma cousine Clotilde qui houspillait le bouteiller Salignac comme s’il s’agissait de son propre vassal.
Je me demande… Quel genre d’homme serait Thomas d’Estaing, si je l’avais en face de moi ? Je veux dire, à ses yeux, je suis un preux croisé, un héros de la foi. Je ne suis pas sûr qu’il souhaite du mal de ma part.
Pensez-vous qu’il serait plus simple de parler à lui directement ? »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 19:28
Espien : « Il est toujours plus simple de parler à celui qui détient véritablement le pouvoir. Je suis sûr que vous pourriez vous entendre avec Thomas.
Mais ne soyez pas trop gentil avec Clotilde sous prétexte qu'elle est votre cousine. Désormais c'est avant tout l'épouse de votre principal rival politique en Cahogne. Si elle vous montre si peu de respect c'est parce qu'elle vous considère en premier lieu comme le duc et non comme son cousin.
 »
Daguerre : « Si Trémanche a de l'argent, qu'il paye ! A moins que ce ne soit que des mensonges. »
Espien : « Nous pourrions envoyer des espions pour se renseigner sur les finances du comte de Trémanche. Sire de Saint-Saëns ? »
Cécil : « Il faudrait recruter des agents pour une telle opération. Pour le moment mon réseau est orienté vers le Valais. »

Espien : « Nous pourrions proposer à Thomas de nous abandonner la baronnie d'Aigues en totalité en échange du Porez. »
Annequin : « Ce serait une mauvaise affaire. La baronnie n'est rien comparée au Porez grand et riche. »
Espien : « Aigues est avant tout d'un intérêt stratégique, la baronnie nous ouvre les portes vers Rodiez et ferme le chemin des trémanchottes vers Soulans. »

Daguerre : « Une idée m'est venue lors de mon dernier voyage à Saint-Galant-des-Monts pour mes affaires. La ville est gouvernée par un conseil commun composé de 12 capitouls dont les élections doivent se tenir bientôt. Nous pourrions interférer dans ces élections et faire élire des capitouls qui nous soient favorables ? »
Espien : « Cela demandera de l'argent et nous n'en n'avons pas. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeMer 25 Mar - 20:40
Espien semble plutôt approbateur de mon idée. Je laisse tout le monde parler alors que je reste silencieux sur mon fauteuil, attendant l’occasion pour réagir à leurs propos.

« Personne n’acceptera de nous laisser obtenir Aigues en entier. Une moitié est déjà un sacré pied dans cette région, et une occasion pour nous d’intriguer pour assujettir l’autre.
Et comme le dit de toute façon notre Sire Connétable, Aigues n’est pas si importante que cela. Que nous puissions empêcher Thomas d’Estaing de l’avoir comme porte d’accès en Cahogne est une très bonne chose. Mais je ne sacrifierai pas le Porez pour si peu. »

Je claque des doigts à la proposition de Daguerre. C’est celle qui me semble la plus inspirée.

« C’est une excellente idée que vous avez là, maître Daguerre.
Il est vrai que nous n’avons plus d’argent pour diriger le Porez. Mais cela m’inspire…
En tant que suzerain de Clotilde, j’ai des droits de regard sur le Porez. Je suis censé être le juge des conflits qu’elle a avec ses vassaux – mes arrières vassaux. Et je peux facilement devenir une figure d’autorité pour les gens qui y vivent. C’est un moyen beaucoup plus sûr pour moi de m’opposer à ma cousine plutôt que de simplement diriger des troupes contre elle. Si des soldats Cahons pillaient le Porez, les barons et les bourgeois se ligueraient alors tous contre moi, et derrière elle.
Quelle est la situation dans le Porez, hormis les capitouls ? Clotilde y est-elle populaire ? Les gens acceptent-ils facilement sa domination ? Son père, il était un bon comte ? »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 0:17
Espien : « Clotilde bénéficie de l'aura de son père. C'est grâce à cela qu'elle s'est fait acceptée par la noblesse locale. Mais si les barons l'ont préféré à Gaston de Mellon, c'est surtout grâce à Thomas d'Estaing. Le comte de Trémanche est riche et puissant, un avantage certain pour la région.
La maison de Porez est implantée là bas depuis la mort de Lothaire Ier en 1233. Cela fait plus de 65 ans, les poréziens sont habitués à les avoir pour maîtres. Bien qu'inféodés au duché, ils ont toujours mené une politique indépendante de celle du duc. C'est comme ça que la fille de Lothaire s'est retrouvée à épouser un membre de la maison d'Estaing, pourtant nos rivaux depuis longtemps.
Raoul et son fils Lothaire se sont consacrés à la gestion de leur apanage avec intérêt, ils ont développé une bonne administration avec des institutions efficaces, accordé des privilèges, fait rédiger les lois. Avec les Porez, Saint-Galant a retrouvé son lustre d’antan, ils se sont placés comme évergètes en utilisant leur fortune pour restaurer les églises et les bâtiments publics que les ducs avaient délaissés.
C'est Raoul, le grand-père de Clotilde, qui a mit en place le conseil des capitouls, puis Lothaire qui a accordé à la ville de Saint-Glalant ses libertés. Ces deux princes sont très respectés et leur souvenir encore très présent dans la mémoire des habitants du Porez.
Mais Clotilde n'est pas son père, et Thomas d'Estaing est considéré comme un étranger. Les souvenirs du passé ne font pas le bonheur d'un règne. Lorsque le couple fera une erreur il faudra être là pour en profiter.
 »
Daguerre :  « Et nous pourrions très bien provoquer cette erreur. Saint-Galant est dirigés par une dizaine de familles patriciennes. Mais depuis peu leur autorité est remise en question. A l'origine la charge de capitoul était réservée à la noblesse, mais depuis 10 ans les élections sont ouvertes à tous, ou presque. Depuis, s'oppose la noblesse urbaine, en minorité, au parti des riches bourgeois, ce qui a tendance à bloquer les rouages de l'administration de la ville. Nous pourrions prendre parti pour l'un ou pour l'autre, tant qu'il s'oppose à la comtesse. »
Paul de Saint-Saëns : « Il y a aussi cette histoire d'hérétiques. Après avoir été chassé du Landéron par votre oncle ils se sont réfugiés dans le Porez. Thomas d'Estaing leur aurait accordé des places de sûreté et se porterait garant pour eux. Mais tant que l'archevêque n'aura pas décidé d'un concile pour les condamner officiellement, nous ne pouvons rien faire. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 1:33
Je laisse Espien me faire le long portait du Porez. J’agite la tête un peu tout le long, en tapotant la table.


« Ce sont de bonnes opportunités que vous m’offrez tous là, en effet. Oui, ce sont des armes que nous pourrons aisément utiliser…
…Mais pour l’heure, pour aujourd’hui, il faut que je me place, immédiatement, dans une posture. Et j’ignore laquelle est bonne à adopter. »


Je tapote la table.


« Et si…
...Et si je ne réclamais aucun relief ?
Je veux dire, attendez, écoutez moi bien – non pas que je recule sur cette question. Non pas que je tergiverse, pour obtenir un demi-relief, qui me ferait apparaître comme faible. Et si je décidais tout simplement de le rejeter, entièrement ?
Si, publiquement, j’offrais, à tous les gens du Porez, tous leurs bourgeois, tous leurs paysans, tous leurs feux, de ne pas débourser le moindre dernier, par ma simple générosité ; Quel gain politique pourrais-je obtenir à partir de là ? Est-ce que vous pourriez faire marcher vos agents, vos marchands, vos prêtres afin que l’on chante mes louanges ?
Renoncer au relief serait un prix immensément conséquent. Mais pensez-vous qu’il pourrait porter ses fruits dans plusieurs années, ou non ? »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 12:30
Charles Daguerre le surintendant s'agita sur sa chaise. Dès que l'on parlait d'argent il était enthousiaste, mais à l'idée de perdre plusieurs milliers de livres juste pour plaire et bien paraître devant les paysans cela lui donnait des boutons.

Daguerre : « Non monseigneur, nous ne pouvons pas faire ça ! Le relief du Porez s'élève au moins à trois centaines de milliers de livres ! Le trésor a besoin de cet argent ! »

Daguerre devint rouge, mais il contenait sa panique.
Le chancelier reprit calmement.

Espien : « Monsieur Daguerre a raison, cet argent ferait beaucoup de bien à nos finances. Mais votre idée mon prince n'est pas dénuée d'intérêt. Nous pourrions mettre en avant votre générosité, montrer que ce n'est pas une faveur à la comtesse que vous faite, mais bien à son peuple. Je pense que le capitoulat de Saint-Galant vous en remercierait. »
Daguerre : « Mais mon seigneur, n'oubliez pas que le peuple est ingrat ! Ils oublieront ce que vous avez fait pour eux dès que vous allez leur demander le moindre service. »
Espien : « L'idée serait avant tout de faire contraste avec la comtesse. Celle-ci serait vu comme cupide et autoritaire, alors que le duc se présenterait comme un homme généreux et désintéressé. »
Annequin : « A moins qu'il ne passe pour un homme faible qui renonce à ses droits car il sait qu'il ne peut les imposer. Renoncer au relief serait à double tranchant. Personnellement cette idée ne me plaît guère. Et au contraire, si nous demandons un relief important que Clotilde sera obligée de payer, c'est elle qui devra ponctionner les finances de son peuple. Je pense que les bourgeois lui en voudront à elle plutôt qu'à vous monseigneur. »
Hubert : « Sinon, nous pourrions réclamer le relief puis en profiter pour en redistribuer une partie au peuple du Porez afin d'adoucir leur peine. »

La voix d'Hubert avait fusé d'un seul coup dans la pièce. D'habitude il avait dû mal à prendre la parole, et attendait qu'on la lui donne. Mais cette fois il avait parlé distinctement et sans qu'on le lui demande. Tout le conseil tourna les yeux vers lui, étonnait de l'entendre ainsi.

Hubert : « Je veux dire, obligeons dame Clotilde à payer ce qu'on lui réclame. Elle devra grever son peuple et puiser dans ses réserves. Puis dans un deuxième temps on pourrait redistribuer cet argent aux habitants du Porez, aux paysans et aux bourgeois pour apaiser leur dommage, montrer que le duc est un homme compréhensif et humain. Là, dame Clotilde n'en tirerait aucun avantage, nous pourrions nous attacher la sympathie des gens du Porez et garder une partie du relief pour nous, tout en n'ayant renoncer à rien sur nos droits. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 14:57
Réaction controversée. Daguerre y est totalement opposé, Espien approuve, mais c’est Annequin qui me convainc le plus ; Il a raison. Loin de paraître généreux, je risque au contraire de paraître plus faible encore. Qu’est-ce qu’un paysan perdu dans sa cambrousse y connaît, au relief ?


Alors que j’allais répondre, c’est alors que Hubert prend la parole. Soudain, et sans qu’on le lui aie donnée. Et pour dire un truc qui n’est pas bête. Je lui fais un petit sourire alors que j’opine du chef.


« En effet. C’est une solution qui me permettrait de gagner sur absolument tous les plans. C’est certain.
...Mais que faire, si Clotilde se contente de ne simplement pas payer ? Si je lui envoie la note, et qu’elle n’y répond pas ? Quels moyens avons-nous de la terrifier et de la faire plier ? Hormis l’intervention militaire, nous devons bien avoir d’autres armes à notre disposition. Que suggérez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 15:26
Daguerre frappa du poing sur la table. Il s'énervait facilement lorsqu'on parlait d'argent. De plus qu'il ne supportait pas qu'une femme s'oppose au duché.

Daguerre : « Il faut être ferme ! Je refuse de discuter avec ces légistes. Ils sont à la solde de la Trémanche et ne connaissent rien aux lois. Restons sur nos positions, le prix du relief est de 350 000 livres, pas un sou de moins ! Et si elle refuse de payer, qu'on la déclare félonne. »

Annequin fit la moue. Espien n'avait pas l'air très convaincu non plus.

Espien : « Le problème c'est que nous n'avons pas beaucoup de solution pour la faire plier, mise à part la menace militaire. Et encore, avec le soutient de Thomas d'Estaing, entrer ouvertement en guerre pourrait ne pas nous être favorable. »
Paul de Saint-Saëns : « Si Thomas est le problème, peut être devrions nous chercher à faire casser ce mariage. Trouvons un lien de parenté, accusons Clotilde ou Thomas d'adultère. Que sais-je encore. Tout le problème de cette affaire repose sur cette alliance avec le comté de Trémanche. Sans cela, Clotilde n'est plus rien. »

Là était toute l'idée de ce mariage. Lothaire voulait protéger sa fille héritière contre les prétentions du duc de Cahogne. Pour le moment, il avait réussi son pari.

Mauger : « Il y a bien ce diable de Gaston de Mellon. »
Annequin : « Non, le légitimer serait une grave insulte à ma famille. Dois-je vous rappeler que le père de Clotilde a enlevé l'une de mes cousines pour l'épouser de force ? Gaston est issu de ce viol. Hugues lui même s'était toujours opposé à le faire reconnaître. »
Mauger : « Mais nous pourrions faire miroiter l'idée. Mellon a bien quelques soutiens dans le comté qui pourrait déstabiliser Clotilde. »

Espien : « Il reste toujours la solution du Sénat Impérial. La plainte que nous avons déposé n'a pas été retirée. Si Clotilde refuse de payer, nous pourrions la déclarer félonne, briser nos liens diplomatique avec elle sans pour autant intervenir militairement. »
Daguerre : « Nous pourrions faire pression sur le peuple. Mettre l'embargo sur les marchands du Porez, interdire la circulation sur nos routes, affamer son peuple jusqu'à ce qu'elle paye. Si la révolte gronde, Clotilde sera bien obligée de payer. »
Annequin : « Mais le risque serait qu'elle nous attaque avec son époux avant que la révolte n'éclate, ou bien qu'elle rende le duc responsable de la situation. »

Espien : « Il y a toujours la solution religieuse. Nous pourrions utiliser l'argument des hérétiques pour amener l'archevêque à menacer Clotilde d'excommunication. Mais étant donné les positions de monseigneur Adrien, cela semble compliquer. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 16:20
À nouveau, les idées fusent. Certaines plus inspirantes que d’autres. C’est celle de Paul de Saint-Saëns qui fait le plus travailler mon imagination.


« Le comte Lothaire a-t-il demandé l’autorisation à mon père, pour marier sa fille ?
Selon le droit féodal, c’est une faute que de ne pas le faire. Même selon la coutume du Porez, je suis certain. Puisque ma cousine est tant obsédée par le droit que cela, il faudrait qu’elle fasse attention à ce que moi aussi, je n’utilise pas quelques ressorts dont je dispose. »


Petit silence.


« Mais l’ennui avec vos idées, c’est que, de toute manière, elles exigeront forcément d’être suivies par des actes militaires. Or le recours aux armes est toujours hasardeux, et coûteux…
Pour l’heure, nous exigerons le paiement du relief. Un an de revenus. Haut et fort. Qu’importe que Clotilde ne paye pas dans la semaine. Le fait que je l’exige provoquera une réaction, de sa part, de la part des gens du Porez, et surtout de la part de son mari. Nous pourrons alors réagir en conséquence.
Ensuite, il faudra que je rencontre sieur Thomas d’Estaing. C’est avec lui que je compte nouer des relations, pas avec son épouse, et pas avec sire Salignac. Et puis, nous pourrons toujours intriguer pour que leur relation ne soit plus aussi fusionnelle que le voudrait le culte Triaphysiste… Allons, tous les mariages finissent bien par battre de l’aile un jour ou l’autre, non ? »


J’ai un petit sourire narquois en coin.


« De toute manière, tout cela ne pourra être réglé que lorsque je serai rentré de la campagne du Valais.
C’est bien le dernier point de notre conseil ? Où en est-on ? »
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Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 16:51
Espien : « Non, Lothaire n'a rien demander du tout. Les Pores menaient une politique indépendante vis à vis du duché. Nous avions peu de relation diplomatique. D'où la distance entre le duché et la noblesse locale. Ce peut être un argument en notre faveur effectivement. »

Eustache se redressa sur sa chaise. Il sentait que c'était son moment. Après tout, il n'avait pas fait un mois de voyage entre Soulans et la Transgarde pour rien.

Eustache : « Monseigneur, l'armée est prête et attend vos ordres. J'ai mobilisé nos hommes casernés en Transgarde pour les transférer dans les Landes.
Puis nous avons mobilisé 12 000 nouvelles troupes. Notre armée se compose très exactement de 14 200 fantassins et 4 000 archers, avec une cavalerie de 3 950 hommes dont 750 chevaliers. Nous accompagnent aussi 200 sapeurs et artilleurs si nous voulons entreprendre un siège.
 »

Eustache avait énuméré les troupes de tête. Lorsqu'il s'agissait de sa passion, la guerre, il avait de la mémoire.

Annequin : « Une belle armée. Le Valais ne peut pas mobiliser autant d'hommes, nous devrions être deux fois plus nombreux qu'eux. »
Mauger : « Ne soyez pas trop sûr de vous non plus sire Charles, je vous rappelle que nous n'avons pas réussi à vaincre le Valais il y a 3 ans. »
Annequin : « La situation était particulière. Nous n'avons pas mené de bataille rangée.
C'est l'imprudence qui a causé notre perte. Nous nous sommes trop engagés dans les terres du comte en voulant l'assiéger dans sa capitale. Nous nous sommes retrouvés coupés de nos lignes de ravitaillement, dans un territoire hostile et inconnu. Et pour finir, une épidémie a affaiblit nos troupes. Au final nous avons dû rebrousser chemin pour réprimer les révoltes dans le Vaujour.
Nous ne devrons pas reproduire les mêmes erreurs.
Que comptez vous faire monseigneur ? Je pense que mener les troupes à Raveaux serait une première étape.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 18:06
Eustache m’impressionne. C’est un homme énergique et intelligent quand il le veut. Il est dommage qu’il consacre tous ses dons intellectuels uniquement à la guerre ; il pourrait devenir un preux chevalier excellent s’il lisait un peu de poésie à côté.


« Je pense comme vous, sire connétable. D’abord, Raveaux, afin que je puisse rencontrer Malestoit et lui parler d’homme à homme. Nous pourrons sortir Rodrigue de sa geôle et s’assurer de la loyauté du capitaine à notre cause.
Sur place, je tenterai de maintenir l’ordre dans le Vaujour. Sécuriser nos bases arrières. Ensuite, on pourra avancer dans le pays.


Je partage en tout cas votre analyse, sire connétable. Assiéger la capitale a été une entreprise trop coûteuse et hasardeuse, et de toute manière, une précaution inutile. Notre objectif n’est pas de conquérir le Valais, juste calmer ses hardeurs. Rencontrer Landebroc en bataille rangée, c’est toujours risqué. La guerre a une fortune qui aime basculer d’un camp à l’autre sans raisons. Même une armée six fois moins nombreuse peut vaincre. Même une armée malade, affamée, peut gagner une victoire culottée. Nous ne sous-estimerons plus Landebroc.


L’archevêque souhaiter négocier une trêve en nous imposant un légat. Quelles sont les nouvelles de ce côté là ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitimeJeu 26 Mar - 19:21
Espien : « Lors de votre sacre mon prince, j'ai discuté avec sa sainteté. Malheureusement, monseigneur Adrien est resté sur ses positions, m'accusant de vouloir l'influencer pour qu'il nomme un légat qui nous sois favorable. Il m'a dit qu'il allait nommer quelqu'un de neutre et de compétant.
Pour le moment il n'a pas fait d'annonce, mais ça se saurait tarder.
Adrien devra nommer quelqu'un d'assez prestigieux pour parlementer avec vous et le comte, seul un évêque pourrait avoir cette autorité. Et quelqu'un qui soit un bon médiateur et qui partage ses vus sur la situation.
L'évêque de Vaucouleur pourrait remplir ce rôle, mais lui et l'archevêque s'opposent sur le sort des Dremmens convertis. Je pense qu'il nommera un prélat des Landes Orientales, qui soit du parti des Baronnies ou de la Trémanche. Ils sont neutres dans l'affaire, ni alliés ni ennemis de l'un des protagonistes du conflit. Enfin, en principe...
 »

Eustache : « Monseigneur, je n'ai pas rassemblé une armée pour simplement marcher sur la campagne. Il faut provoquer une bataille contre Landebroc, le seul moyen de gagner cette guerre !
Et je pense que le comte est du même avis que moi puisqu'il a rassemblé lui aussi des hommes en grand nombre. L'archevêque ne vous a pas sacré pour rien, le Tricéphale est avec nous ! Nous allons gagner !
 »

La confiance d'Eustache dans les pouvoirs du saint-chrême fit sourire Espien. Frère Paul roula des yeux avant que le connétable ne reprenne la parole.

Annequin : « Monsieur le duc a raison, notre objectif n'est pas le Valais, mais la conquête définitive du Vaujour. Il faut surtout mettre un terme aux velléités séparatistes et repousser Landebroc. S'il cherche la bataille nous répondrons présents, mais je suis d'avis de l'éviter. »
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MessageSujet: Re: Conseil du 8 Pentobre 1299 Conseil du 8 Pentobre 1299 Icon_minitime
Conseil du 8 Pentobre 1299
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