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Armarius
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MessageSujet: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeDim 5 Jan - 23:53
Premier conseil

Le réveil avait été dur pour le jeune duc car le banquet de la veille s'était éternisée et Eudes avait fini un peu soul. Non pas qu'il avait bu plus que de raison, mais à force de trinquer avec tous ses vassaux le vin lui était monté à la tête. Il en avait vu du beau monde hier, tous les grands de Cahogne étaient là pour l'accueillir, ou bien profiter de la prodigalité ducale.
Lorsqu'un valet vint frapper à sa porte le matin, Eudes se réveilla avec un petit mal de crâne. Mais surtout, il ne s'était pas assez reposé. Mais voilà, il devait faire face à ses devoirs, ses devoirs de duc mais surtout ses devoirs de croyant, car il était l'heure d'aller à la messe. En temps normal, les ducs assistaient à la célébration dans leur chapelle privée, mais pour marquer son retour, Espien de Raysac avait convier son suzerain à la cathédrale pour assister à la Sainte Offrande qu'il officiait en personne.

Avec le palais, la Cathédrale était le bâtiment le plus majestueux de Soulans. Son chantier, débuté sous la grande duchesse, avait duré près de 100 ans pour finir sous le règne du grand père de Eudes. Seule l'église de l'archevêque à Vendaume pouvait rivaliser avec l'église de l'évêque de Soulans.
L'intérieur était tout aussi majestueux que l'extérieur. La nef principale, divisée en dix travées, était flanquée de deux bas-côtés prolongés par deux déambulatoires autour du choeur. Dans celui-ci se tenaient trois grands autels dédiés aux trois hypostases du Dieu Tricéphale. L'autel central, le plus richement décoré des trois, était dédié au Paraclet. Séparant le choeur liturgique du déambulatoire, un grand iconostase recouvert des portraits des saints Apôtres. Parmi eux, saint Ixion, saint Nicopaul, sainte Fédérine ou encore saint Epidocle, dont Eudes avait pu voir les tombeaux en Ponantique.
Dans cette douce matinée du 8 Ternembre (mai), la lumière grise de l'extérieur filtrée entre les vitraux de la cathédrale. La lumière était rehaussée par plusieurs bougies et des lustres tombant du plafond. Une odeur d’encens embaumait la nef. L'église pouvait accueillir jusqu'à 9 000 personnes et celle-ci était quasiment pleine. La présence du duc et de celle de l'évêque était un événement qui avait attiré toute la peuplade de la ville, rarement Espien de Raysac officiait lui même la Sainte Offrande.
Dans le fond de la nef s'entassaient le bas-peuple et les bourgeois. Plus proche du choeur se tenaient les nobles avec tout devant la famille ducale et les grands officiers. Le duc avait une place réservée sur une belle cathèdre finement sculptée. Dans le choeur, installés sur les stalles, les chanoines et le haut-clergé de Soulans. Espien de Raysac, portant une chasuble blanche sous une lourde chape richement décorée, se tenait devant l'ambon où reposait un codex d'or.
La Saint Offrande avait débutée sur une prière d'ouverture de l'évêque au nom de l'Empereur Corneille, puis on avait enchaîné sur une première lecture des épîtres des Apôtres. En réponse, l'assemblée se mit à chanter. Après une seconde lecture, débuta la Gratitude pour remercier Dieu du dont du Feu Sacré, puis pour implorer la protection du Paraclet et réengager la communauté des croyants auprès du Tricéphale. Pour finir, les fidèles furent invités à déposer leurs offrandes à Dieu au pied du choeur. Comme de tradition en sa présence, le duc vint le premier.

Après la messe, la foule finit par se disperser et Eudes rentra au palais. De Raysac lui laissa une note lui signifiant qu'il avait réuni un conseil en début d'après midi, après le déjeuné.

Premier conseil Divider_ii_by_rbsrdesigns-d3ejqrj


Premier conseil 4jks
Étaient là réunis autour de la grande table ovale les trois grands officiers, le chancelier Espien de Raysac, le surintendant Charles Daguerre et le connétable Charles d'Annequin. Comme il l'avait annoncé un peu plus tôt, l'évêque avait réuni plusieurs grands personnages du gouvernement : Cécil de Saint-Saëns et son frère Paul, Frère Yvons, Odilon le Chétif, Lanfranc de Picquy et Mauger Tancarvelles. Seul Hubert II de Vaudrincourt était là en tant que membre de la famille ducale.
Au total, dix personnes étaient présents pour le premier conseil du règne de Eudes.

Odilon, chambellan et chef du protocole, se leva.
« Veillez accueillir monseigneur Eudes deuxième du nom, duc de Cahogne et souverain du Pays-Plat,  comte palatin des Landes, comte de Vassy, de Bassel et de Belfort, seigneur de la Marche-Franche et suzerain de la Transgarde, Prince-Electeur de l'Empire. »

Tous autour de la table se levèrent pour accueillir le jeune duc qui entra solennellement dans la pièce pour son premier conseil en tant que souverain. Une grande cathèdre de bois précieux lui était réservée. Elle avait été le siège de son père, de son grand père et de son arrière-grand père, et l'usure des accoudoirs laissait imaginer le nombre de conseils et de secrets que cette chaise avait vu passer. Eudes s'y assit, suivit par les membres du conseil.
Sans même attendre le jeune duc, peut être par habitude depuis trois ans, le chancelier prit le premier la parole.

« Messieurs, s'ouvre aujourd'hui une nouvelle page de l'histoire du duché. Une page sombre que notre duc, je l'espère, saura éclaircir par sa sagesse. Car plusieurs affaires nous préoccupent. »

Le chancelier fit signe d'une main chargée de bagues d'or et d'argent au scribe. Le moine, derrière son pupitre où il tenait le registre des séances, s'éclaircit la voix.

« A l'ordre du jour, il sera question du sacre de notre bien aimé duc, de la guerre du Vaujour, de l'héritage du Porez et de la succession de la baronnie d'Aigues. »

Le chancelier reprit la parole.

« Comme nous en avons parlé hier, la priorité est en effet votre sacre mon prince, car vous n'entrerez en pleine possession de votre héritage qu'une fois la cérémonie effectuée. Une entrevue avec l'archevêque de Vendaume est donc à organiser au plus tôt. Je sais que sa sainteté Adrien est très désireux de vous rencontrer afin de parler avec vous de plusieurs affaires qui lui tiennent à cœur, notamment la lutte contre les hérétiques et la rivalité qui oppose votre maison à celle des Estaing. Il aimerait aussi connaître les nouvelles de la grande croisade, j'imagine qu'il serait très intéressé par vos exploits.
J'ai déjà chargé notre surintendant monsieur Daguerre d'organiser la cérémonie. »


Le chancelier fit un signe à Daguerre pour lui autoriser la parole. L'évêque de Soulans était ici chez lui, il menait les discussions.

« Oui monseigneur, j'ai déjà fait quelques préparatifs mais je voulais avoir votre avis. Car nos finances ne sont pas au mieux et peut être qu'il serait préférable d'organiser une cérémonie un peu plus restreinte en invitant seulement les personnes importantes. On pourrait débourser jusqu'à 2 000 livres pour l'organisation. Mais d'après les archives, je sais que le sacre de votre père avait coûté près de 10 000, mais c'était une autre époque.
- C'est peut être pour cela que les finances sont vides aujourd'hui
, intervint Paul de Saint-Saëns, archidiacre du diocèse de Soulans. C'était un homme grand et délicat, se tenant toujours bien droit sur sa chaise avec ses mains croisées devant lui. Hugues III a toujours été très dépensier, à voir le gouffre que fût la fondation de Soulans-la-Neuve. Peut être serait-il temps d'observer une manière plus prudente de dépenser notre argent, surtout lorsque celui-ci vient à manquer. Le sacre n'est qu'un détail administratif pour que l'Eglise vous autorise à régner monseigneur, ce ne doit pas être une préoccupation majeur.
- C'est aussi une cérémonie très symbolique pour l'entrée en fonction d'un monarque,
reprit de Raysac, Hugues était un monarque avisé, s'il a dépensé autant d'argent pour son sacre c'est avec raison.
- Je pense seulement que dans l'état actuel des choses, étant donné nos finances et notre conflit avec le Valais, le sacre ne doit pas nous faire perdre plus de temps et d'argent que ça.
- Que proposez vous ? Devrions nous le repousser dans ce cas ? Attendre la fin de la guerre contre ce pseudo comte de Valais ? »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeLun 6 Jan - 1:07
En sortant de la messe, j’ai voulu profiter un peu du palais. Je n’ai pas eu le temps de le redécouvrir à mon arrivée en grandes pompes. Trop de cérémonial, trop de cintré, trop de fête… Et à la fin, tellement crevé que je me suis effondré après m’être sommairement nettoyé. J’ai dormi comme un loir, dans ce qui avait été le lit de mon père. Au petit réveil, je me suis senti… Comme un étranger. Cinq ans à dormir loin de chez moi. J’avais envie de me réapproprier les lieux. Après avoir humblement rendu hommage à notre Seigneur, et invoqué la protection du Paraclet, je me suis un peu promené, dans les endroits où j’ai vécu, où j’ai joué, où j’ai ris, où j’ai passé la plus importante partie de mon enfance. C’était… Assez impressionnant.

Aybak m’est tombé dessus. Je remontais un escalier, les mains dans le dos, en observant la magnifique salle d’apparat du palais, et j’ai découvert l’infidèle avec son grand sourire carnassier, tout en haut des marches. Il m’attendait, tandis que l’écho de chacun de mes pas retentissait à travers la pierre des murs. Il n’y avait personne pour nous écouter, hormis les housecarles en faction devant les portes, droit comme des i, grosses haches d’armes à l’épaule.

« Vous avez bien rendu hommage à votre Dieu à trois têtes, monseigneur ? » Qu’il me demande dans ma langue, avec une forte trace d’accent – il a fait l’effort de l’apprendre. Il est plus intelligent que sa réputation de boucher atroce laisse penser.
« Bien sûr. Je dois bien le remercier, pour m’avoir permis de réaliser tant de grandes œuvres en son nom.
– Un revers momentané, sire Eudes. Les triaphysistes ne tiendront pas l’Outremer. Vos États sont destinés à s’effondrer. »

Je lève un sourcil. Marrant qu’il me dise ça, alors qu’il est mon prisonnier.

« Vous ne vouliez pas découvrir la cathédrale de Soulans ? C’est un chef d’œuvre artistique, ça aurait pu mobiliser votre curiosité. Et qui sait, vous donner une sainte révélation…
– Si je décidais de me convertir, tous mes coreligionnaires voudraient m’assassiner. Notre religion n’aime pas les apostats.
– Et la notre n’apprécie pas les relapses.
– J’irai la voir, votre cathédrale. Dans les heures où il n’y a pas de messe.
– Si j’accepte de vous laisser sortir de ce palais... »

Il ricane. Je monte la dernière marche pour me retrouver à sa hauteur. Il est… Décevant. À entendre les histoires d’Aybak le Loup, j’imaginais un homme gigantesque, aux canines acérées, une force de la nature. Il est en réalité plutôt médiocre, petit, légèrement grassouillet.
Est-ce donc là l’homme qui a su mettre en échec les Portes-Croix ?

Je le dépasse et marche dans mon palais. Il se détache de la barre de l’escalier et commence à me suivre.

« Que désirez-vous faire de moi, donc ?
– J’hésite encore. Le plus important est d’assurer votre sécurité. Je vais trouver un château dans lequel vous placer sous surveillance. Si vous me coûtez trop cher, je n’aurai plus qu’à vous confier aux Portes-Croix…
– Tant que je suis loin des Munshaqqins…
– Ils ne vont pas vous poursuivre jusque dans l’Empire.
– Qu’est-ce que vous en savez ? »

Je ne répond pas à sa question. Je suis pressé. Il faut que je mange et que je me prépare pour le conseil.

« Vos vassaux, en tout cas, n’avaient pas l’air de beaucoup m’apprécier…
– Vous vous attendiez à quoi ? Vous êtes honni dans ce pays. Détestés. Ce n’est pas la Ponantique. Ils n’apprécient que de vous voir prisonnier. Mon chancelier a suggéré de vous enfermer dans une tour.
– Vous feriez ça ?
– Au moins, vous seriez définitivement en sécurité… Mais j’ai besoin de vous pour garantir la survie de mon frère Lothaire. Vous êtes une monnaie d’échange.
– Que votre bonté soit louée. »

Son sarcasme m’insupporte. Je fais signe de le chasser de ma main et continue de ma route.
Maintenant il ne reste qu’à Blanche de prendre Arda comme courtisane, comme elle m’avait promis, et ensuite je pourrai me débarrasser de ce prétendu émir trop imposant.



Pas d’armure pour aller au conseil. J’ai fais une grande toilette. Un bon bain, chaud. J’ai regretté de ne pas le partager avec Arda, mais là, je fais propre pour aller au travail. Je ne l’aie toujours pas revue depuis mon arrivée à Saint-Clair : C’est le sultan qui l’a trimballée dans ses bagages. On m’a parfumé. On m’a taillé la barbe pour la rendre plus lisse et propre. Et on m’a vêtu d’un beau pourpoint, on m’a mit quelques bijoux de bons goûts, afin de resplendir sans en faire trop. Et surtout, on m’a mit sur le dos une magnifique cape brodée de fleurs-de-lys.

Je suis arrivé jusqu’à la salle du Conseil entouré de quatre Housecarles en magnifique uniforme. Ils se sont arrêtés devant les portes, au garde-à-vous, alors que tout le monde est entré. Dix personnes. J’en connais la plupart. Je reconnais surtout mon cousin Hubert, le seul à qui je fais un sourire et un signe de tête entendu : Pour tous les autres, ce sera un visage de marbre, et de circonstance.
J’ai à peine le temps de m’asseoir, que déjà, Espien prend la parole et commande. Il semblerait que ce soit bien lui le maître à bord.
La question porte sur mon sacre. J’entends des avis, à gauche à droite. On me parle de la guerre du Valais. On attend mon opinion.
Je suis légèrement décontenancé, un petit instant. Mais je sens que je si je ne souhaite pas être dirigé, il est souhaitable que je m’impose.

« Le conflit avec le Valais n’est donc toujours pas résolu ? Il y a toujours des barons qui ne respectent pas mon autorité ?
Il serait regrettable que je sois sacré alors qu’un conflit si près de nos terres a toujours lieu. Ne peut-on pas régler ce soucis en vitesse, afin d’avoir des barons de cette terre capables de s’agenouiller et de me prêter hommage, et d’assister à mon onction devant l’archevêque ? Il est vrai que si nous avons besoin d’argent pour acheter des loyautés ou des soldats, ce serait un argent qui servirait plus utilement pour mon sacre.
Je préfère dans tous les cas un sacre grandiose une fois que nous aurons dégagé des finances, plutôt qu’un demi-sacre trop pressé. On n’est sacré qu’une seule fois dans sa vie, autant que ce soit une cérémonie qui marque une génération toute entière. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeLun 6 Jan - 3:06
Mauger étouffa un rire. Charles d'Annequin se contenta d'un sourire puis de répondre :

« Cette guerre dure depuis 5 ans monseigneur, je ne suis pas sûr qu'on réussisse à terminer ce "soucis en vitesse" pour que vous puissiez vous faire couronner.
- Le connétable dit vrai,
reprit de Raysac, la guerre pour le Vaujour s'est enlisée. Mais je pense que la priorité reste le sacre, car c'est cela qui vous donnera toute la légitimité pour agir. Ce n'est pas qu'un geste politique, ou "administratif" comme le dit frère Paul, c'est vous mettre sous la protection de Dieu. Ce serait dangereux de vous laissez prendre part à une bataille sans cette protection divine. »

Paul leva les yeux au ciel. Pour lui une vraie protection était constituée de plaques d'acier, pas de chrême sainte. Mais il préféra de pas intervenir, il était clerc auprès tout.

« Je pense, continua de Raysac, que nous avons les ressources nécessaires pour organiser un sacre grandiose. Vous avez raison mon prince de ne pas vouloir d'un demi-sacre trop pressé. Je pense que nous pouvons organiser un sacre encore plus glorieux que celui de votre père. Le prestige de votre maison a été impacté par la guerre du Vaujour, par la maladie de votre père, par les problèmes avec le Porez, il serait intelligent de le rehausser par un sacre qui marquera les esprits. »

Le chancelier jeta un regard au surintendant.

« Oui, il est vrai, il ne faut pas compter nos sous pour un tel événement. Notre trésor est actuellement riche de 150 000 livres, nous pouvons en détacher quelques milliers pour le sacre.
- Qu'en pensez vous mon prince ? La guerre ne peut faire attendre votre avènement. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeLun 6 Jan - 16:06

L’idée de décaler le sacre n’a l’air de plaire à personne. Excepté frère Paul. Entendre un ecclésiastique être aussi cynique envers les pouvoirs divins au-dessus de nous est étonnant, et en même temps, seulement à moitié surprenant – quantité d’hommes rejoignent l’Église pour d’autres motifs que la piété.

« Je ne souhaite ni recevoir un sacre au rabais, ni être inutilement dispendieux alors que nous avons de nombreux postes de dépenses auxquels pourvoir.
Nous n’avons qu’à couper la poire en deux : Faisons un sacre, en essayant de limiter au maximum les coûts afin qu’ils ne dépassent pas six milles livres. Un léger dépassement est inévitable, mais je suis sûr que maître Daguerre, en tant que bon intendant, saura tout faire pour essayer de maîtriser nos dépenses. N’est-ce pas ? »


Je lui fais un signe de tête pour voir si j’ai son assentiment.

« Monseigneur Espien, vous avez dit que l’éminent archevêque souhaite me parler de plusieurs sujets. Pour ce qui est de l’Outremer et des Croisades, je sais quoi lui dire. Mais qu’en est-il donc des païens et des hérétiques ? Vous n’avez pas annoncé leur question à l’ordre du jour – qu’en est-il donc d’eux ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMar 7 Jan - 6:38
« Oui bien sûr monseigneur, répondit Daguerre, nous allons faire notre possible pour éviter des dépenses superflus tout en vous offrant le meilleur des sacres possibles. »
Daguerre lança un regard à Lanfranc de Picquy, son plus fidèle collaborateur. Lorsqu'il disait "nous" il sous entendait lui et de Picquy, les autres grands intendants du duché comptaient peu.
De Raysac reprit :
« Bien, si cette question est réglée, nous pouvons dès lors envoyer une missive à l'archevêque pour obtenir une audience.
En effet mon prince, sa sainteté s'inquiète beaucoup des rumeurs faisant état de courants hérétiques dans le Sud des Landes occidentales. Nous n'avons pour le moment pas beaucoup d'information, mais plusieurs prêtres de la région ont rapporté les idées anticléricales dans la population, notamment à Saint-Galant-des-Monts. L'abbesse des Sabines s'en inquiète aussi. Plusieurs prêcheurs s'adonneraient à monter la population contre le clergé local. Mais on ne sait pas encore qu'elles sont exactement leurs revendications et s'ils sont oui ou non affiliés aux hérétiques schismatiques de Valentine. Vous savez qu'il y a une cinquantaine d'année une croisade avait été organisée pour déloger les schismatiques de la Pavènie, dans le Sud de la péninsule. On craint que les survivants n'aient trouvé refuge dans notre pays.
Mais je pense que l'archevêque s'alarme pour rien, ce n'est qu'une minorité de réformateurs, rien de plus, c'est pour cela que la question n'est pas à l'ordre du jour mon prince, votre sacre et la guerre du Vaujour sont notre priorité pour le moment.
- Qu'en est-il de cette guerre d'ailleurs ? »
intervint Mauger Tancarvelles, qui voyait enfin abordé un sujet qui l'intéressé.
On avait déjà eu le temps de mettre Eudes un peu au courant de la situation dans le Vaujour où la guerre traînait sans aucune avancée depuis 3 ans. Pour le moment, les forces ducales contrôlaient la région par l'intermédiaire d'une compagnie mercenaire originaire des Maurannes et commandée par un certain Malestoit, un routier peu recommandable. Pour le duc, les mercenaires tenaient les places fortes et maintenaient l'ordre. Mais la population locale était acquise au comte de Valais Robert Landebroc, ce qui rendait la situation intenable, surtout que Malestoit s'était rendu impopulaire dans le pays.
Espien de Raysac prit un air grave et sorti une lettre de sa veste.
« Il y a trois jours on m'a rapporté cette lettre que nos agents ont intercepté. Elle était destinée à Malestoit, notre capitaine.
Il y est indiqué que Robert Landebroc lui propose de racheter les places fortes qu'il détient en notre nom pour 100 000 livres. »

L'annonce provoqua un léger froid dans la salle, avant que Daguerre ne s'énerve.
« On les paye déjà 34 000 livres par mois ces enfants de salauds ! C'est déjà grassement payé non ?
- Mais réfléchissez Daguerre !
intervint Paul de Saint-Saëns, que choisiriez vous entre 34 000 livres mensuel pour tenir une population au bord de la révolte ou 100 000 livres tout de suite ?
- Malestoit et ses hommes vivent dans le somptueux château de Raveaux,
répondit calmement Charles d'Annequin, je doute qu'il accepte de quitter son cadre de vie princier.
- Malestoit est mal aimé là bas,
répliqua Paul, il vit peut être comme un roi mais il est en pays hostile. La proposition de Landebroc lui offre une porte de sortie plus que confortable.
- On sait si Malestoit a reçu une copie de cette lettre ?
s'inquiéta Mauger.
- Nous l'ignorons. »
Mauger frappa un coup sur la table, faisant trembler les coupelles et les verres.
« Il est temps de reprendre position dans le Vaujour et de pourchasser Robert ! J'ai toujours dit que c'était une erreur de confier le contrôle de la région à une compagnie de mercenaires !
- A l'époque c'était un moindre mal
, répondit de Raysac, nos moyens ne nous permettaient pas de mobiliser toute une armée pour garder le Vaujour et nos ennemis nous menaçaient à l'Est.
- Peut être,
poursuivit Mauger, aurions nous du accepter l'offre de Landebroc de racheter nos droits sur le Vaujour pour 100 000 livres.
- La région a été achetée pour 1 millions par le duc !
protesta Paul, ça serait lui faire offense que d'accepter une telle somme !
- En attendant il compte utiliser son argent pour racheter nos mercenaires, comme ça nous allons perdre 100 000 livres et nos places fortes ! On aura tout perdu !
- La question pour le moment est de savoir si nous allons pouvoir nous aligner sur les propositions du comte, s'il propose 100 000 livres à Malestoit il va falloir lui proposer plus pour le garder sous notre contrôle... en attendant de l'évincer. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMar 7 Jan - 15:26
Espien ne semble vraiment pas prendre au sérieux la menace des hérétiques. Il les considères comme quelque chose de secondaire, pas même une menace. Je ne partage pas forcément sa candeur, mais que puis-je dire ? Je verrai avec l’archevêque, maintenant qu’il est assuré que j’irai chez lui pour me faire sacrer. Peut-être que lui a de plus amples informations.

Et de toute façon, il y a le sujet de la guerre du Vaujour. J’agite les doigts devant le chancelier, pour qu’Espien me donne la lettre dont il est question. Cela débat, à droite et à gauche. Je comprend la colère de Mauger. Je rage, je bous à l’intérieur. Et je répond en grognant, en retour :

« Il est hors de question de verser une telle somme à un mercenaire ! Si encore il était assez compétent pour maintenir l’ordre, j’y réfléchirais, mais si en plus ce vaurien a terni mon autorité et poussé le peuple contre moi, il serait complètement inconséquent, et dangereux, de lui verser la moindre somme ! »


Pourtant, ne pas le payer, c’est risquer qu’il se retourne. Et donc, comme le dit si bien Daguerre, se retrouver sans rien du tout.

« Réfléchissez, conseillers. N’y-a-t-il pas une autre solution pour assurer la loyauté de Malestoit sans avoir à le payer ?
Cent mille livres est une somme gigantesque. Comment est-ce que Landebroc compte lui remettre tant d’argent en main propre ? Les coffres doivent traverser les routes, et je ne suis pas sûr que Malestoit soit le genre d’homme à accepter des papiers, des lettres de change et des promesses faites sur des reliques.
N’avons-nous pas des agents sur place qui pourraient piller les convois de Landebroc ? Lui saisir son argent, surveiller les déplacements de ses sbires ? Si Malestoit a un doute sur le fait qu’il puisse un jour voir l’éclat d’autant de pièces, je ne suis pas sûr qu’il accepterait l’offre. Au moins, nos trente mille livres de rente sont assurées. Qu’en pensez-vous ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 8:16
Annequin : «Et bien, Landebroc contrôle tout l'Ouest du Valais, Malestoit tout l'Est, ça ne devrait pas être compliqué pour eux de se rencontrer. Après, attaquer leur convois, je ne sais pas... »

Le connétable lança un regard à Mauger Tancarvelles pour lui demander son avis. Après Annequin, Mauger était le principal conseiller militaire grâce à sa grande expérience. Malgré son age, il restait très influent sur la noblesse du pays, certains allant jusqu'à dire qu'il était le véritable connétable du duché, Annequin ne le remplaçant qu'en théorie, suite au massacre de Soulans qui obligea Hugues III à destitué Mauger de son poste.

Mauger : «Ca me semble compliqué, nous manquons d'informations, de soutien et d'hommes pour agir sur le territoire de Landebroc. Depuis trop longtemps le conseil ne s'est pas préoccupé de la guerre du Vaujour, laissant Malestoit gérer seul. »

Cette dernière remarque résonnait comme un reproche.

Paul de Saint-Saëns : «On pourrait peut être lui proposer autre chose. S'il aime tant la vie de château, pourquoi ne pas lui offrir des terres pour que lui et ses hommes se retirent ? Si le duché est pauvre en monnaie, il est riche en terre. »
Mauger : «Mais enfin, Malestoit n'est qu'un roturier ! Un routier de la pire espèce, nous n'allons quand même pas l'anoblir ? »
Paul de Saint-Saëns : «Si ça peut le canaliser, pourquoi pas. Un titre de noblesse ne rendra pas son sang bleu pour autant. C'est un moindre mal pour récupérer le contrôle du Vaujour. »
Charles d'Annequin : «Je vois mal Malestoit se soumettre au duc et lui faire serment d'allégeance. Ce n'est pas un chevalier, juste un bandit. »
Espien de Raysac : «Il faut aussi penser au peuple qui vivrait sous son autorité. Voyez comme il gère le Vaujour ? Ce pourrait être dommageable pour la couronne. Surtout que pour le convaincre il faudrait lui offrir l'équivalent de ce qu'il a actuellement, et pas se contenter de quelques hectares perdus dans la Marche-Franche. »
Mauger : «Malestoit est un mercenaire, il n'y a que l'argent qui l'intéresse, alors payons le. Ou alors ? Il n'y aurait pas moyen de le faire assassiner ? Les bandes de mercenaires sont toujours plein d'ambitieux, il doit bien avoir un lieutenant qui serait ravi de prendre sa place. »
Espien de Raysac : «Dans un premier temps, une rencontre avec Malestoit s'impose. Nous devrions le convoquer à Soulans. »
Paul de Saint-Saëns : «Ce peut être risqué, s'il refuse de répondre à la convocation il se mettra officiellement contre nous. Pourquoi ne pas se rendre directement à Raveaux pour le rencontrer ? »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 13:25
J’opine du chef à l’objection d’Espien. Mon chancelier a parfaitement raison : On ne peut pas donner de terres à Malestoit et à sa bande de truands. Quel serait l’intérêt ? Autant vendre le comté du Vaujour pour cent mille livres, s’il est question d’abandonner des fiefs. Malestoit n’est pas un chevalier honorable qui s’est battu avec bravoure. C’est un criminel en brigandine. Lui filer de l’argent, certes. Lui filer des terres et une autorité ? Jamais.

Il va falloir régler la chose au moyen de subterfuges, puisque mes conseillers en choses militaires disent qu’il est impossible d’attaquer les convois de mon ennemi, ce bâtard de Landebroc… Mais comment faire ?

« Je n’irai pas rencontrer Malestoit en personne. Ce serait me diminuer grandement. C’est un capitaine, il est sous mes ordres, c’est cela la chose officielle que nous devons montrer au monde.
Pourtant nous n’avons pas le choix. Il faut qu’il nous reste loyal. Il faut lui offrir des garanties, l’apaiser, le convaincre que Landebroc est le mauvais cheval sur lequel parier… Ainsi que découvrir quels sont ses lieutenants et ses proches, au cas où nous devrions le faire remplacer, comme le suggère si bien sire Mauger. »


Je marque une petite pause.

« Qui serait le meilleur homme, au sein de mon conseil ou dans mon administration, pour aller parler avec Malestoit ? Qui saurait le mieux accomplir cette mission ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 16:55
Espien de Raysac : « Cela dépend de ce que vous voulez faire, si c'est pour amadouer Malestoit ou le menacer. »
Paul de Saint-Saëns : « Vous pouvez très bien vous rendre à Raveaux officiellement pour visiter vos états et non pour rencontrer Malestoit. la présence du duc de Cahogne a depuis trop longtemps manqué à la région. Ce serait un moyen d'affirmer votre nouvelle autorité sur vos conquêtes. »
Mauger : « Je suis d'accord, il est temps de reprendre pied dans le Vaujour, de rassembler nos troupes et de les diriger vers Raveaux. Ensuite nous pourrons envahir le reste du Valais. Landebroc a trop profité de la trêve, il est temps de mettre fin à la guerre ! Avec les troupes de Malestoit et les notres, nous pourrions bien opposer 15 000 hommes au comte. Peut-il seulement en mobiliser autant ? »
Espien de Raysac : « Il ne faut pas se disperser, la priorité est à une rencontre avec l'archevêque, et donc à un voyage vers Vendaume. On ne peut faire un détour vers Raveaux entre temps. »
Charles d'Annequin : « Mais la situation presse. Si Malestoit est près à vendre ses places fortes à Landebroc, il faut agir au plus vite et faire une démonstration de force. Nous avons 6000 hommes en garnison à 3 jours de Raveaux. »
Espien de Raysac : « Une ambassabe me paraît une meilleur solution dans un premier temps. Nous pourrions jouer sur la perfidie de Landebroc pour convaincre Malestoit de rester dans notre camps. Après tout, le bâtard n'a pas voulu nous concéder le Vaujour comme le droit lui imposait, pourquoi irait-il donner 100 000 livres à un mercenaire ? Et dispose t-il seulement d'une telle somme ? Nous pourrions lui envoyer une délégation menée par Rodrigue de Saint-Saëns, il est composé de la même étoffe que Malestoit. »

Le chancelier lança un regard à Cécil de Saint-Saëns, frère de Rodrigue, qui était jusque là restait très en retrait dans les discussions. Mais c'est Paul, son autre frère qui réagit.

Paul de Saint-Saëns : « Rodrigue ? C'est le meilleur moyen de perdre le Vaujour ! »
Espien de Raysac : « Nous ne l'enverrions pas seul évidemment, nous pourrions lui adjoindre frère Jourdain pour le canaliser. Mais je pense que Rodrigue pourrait bien s'entendre avec Malestoit. »
Cécil de Saint-Saëns : « Je suis d'accord, intervint enfin le maître espion, notre frère a ses défauts mais il est peut être l'homme de la situation. Il serait capable d'obtenir l'amitié de Malestoit et de le garder pour nous. »
Mauger : « Et qu'en est-il de notre réseau d'information dans le Valais ? Vous avez toujours quelques oisillons dans la région ? »
Cécil de Saint-Saëns : « Non, le bureau secret se concentrait sur Trémanche. Mais je peux redéployer mes forces vers le Valais. Je pense avoir une agent qui pourrait facilement infiltrer la pseudo-cour de Malestoit et en tirer des informations, notamment sur ses lieutenants et leurs ambitions. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 18:59
Rodrigue de Saint-Saëns. D'aussi loin dont je puisse me souvenir, c'était un homme répugnant - comme toute la famille de Saint-Saëns, d'ailleurs. La compagnie parfaite pour des mercenaires, effectivement.

« Je ne peux que me joindre à l'opinion de monseigneur Espien. Mon sacre, ensuite, nous nous occuperons du bâtard. Ce sera un bon moyen de débuter mon règne. Je le ferai enfermer dans une cage de fer et il croupira pour le restant de ses jours à la geôlière. »

Je fais un signe de tête très entendu à l'intention du chancelier.

« Que Rodrigue de Saint-Saëns se charge donc d'être mon émissaire. Qu'il charme donc ce fieffé Malestoit, en lui rappelant la générosité du duché de Cahogne, et la sûreté de nos paiements. Il dira également à Malestoit que lorsque je contrôlerai entièrement le Vaujour, j'offrirai des terres à ses hommes.
Je n'ai bien sûr aucunement l'intention de respecter cette promesse, mais cela, Malestoit n'a pas à le deviner. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 20:53
Visiblement contrarié, Mauger fit un signe de tête pour signifier sa soumission à la décision du duc : la guerre du Vaujour attendra donc le sacre de Eudes et Rodrige de Saint-Saëns partira négocier avec Malestoit. De Raysac semblait satisfait.
Il fit un signe au clerc qui tenait le registre de la séance pour qu'il consigne les décisions.

Espien de Raysac : « Bien, passons à l'autre sujet qui nous préoccupe. Un autre sujet tout aussi délicat : la succession du Porez. »

Avant la séance, on avait informé Eudes de la situation. Déjà en Ponantique, il avait reçu une lettre annonçant le mariage de sa cousine Clotilde, fille de Lothaire de Porez, avec le rival historique des ducs de Cahogne, le comte de Trémanche Thomas d'Estaing. C'était un coup diplomatique fort pour le comte, qui épousait l'héritière du comté de Porez après la mort de Lothaire en 1297 sans héritier mâle. En temps normal, l'apanage aurait dû échoir à Hugues III, mais celui-ci étant malade et alité, Thomas en profita pour investir le comté et faire reconnaître son épouse comme comtesse, bafouant les droits féodaux des ducs.
Eudes était donc dans son bon droit de réclamer pour lui le comté, mais la situation était complexe car Clotilde n'avait pas l'intention de lâcher son héritage. Cela entraînerait à coup sûr un conflit avec Trémanche, un ennemi bien plus puissant que le comte de Valais, et si le duché devait combattre pour le Vaujour, défendre la Transgarde et attaquer le comté de Trémanche, il lui serait impossible de se battre sur tous les fronts en même temps.
Les grands officiers en charge du gouvernement depuis la maladie du duc avaient donc laissé couler, envoyant simplement une lettre à Thomas pour lui demander son allégeance pour le Porez, lettre qui était restée sans réponse...

Mauger : « La question est simple, de droit le comté revient à Eudes. La loi est ainsi, en absence d'héritier mâle légitime l'apanage de Raoul revient au duc. Thomas d'Estaing et son épouse ont bafoué les lois ! »
Charles d'Annequin : « Mais nous n'allons pas faire la guerre à Trémanche si nous sommes empêtrés dans le Vaujour. Nos ressources ne nous le permettent pas. »

Charles Daguerre, le surintendant, leva un doigt pour prendre la parole.

Daguerre : « Si on accepte la succession du Porez en faveur de Clotilde, on pourrait en profiter pour renflouer les caisses de l'état. La succession ne se fait pas en ligne direct, le duc est donc en droit de réclamer le relief. Il s'élèverait à un an de revenu du comté, soit, d'après mes calculs, quelques 250 000 livres. Mais il n'est pas sûr que Thomas d'Estaing accepte de se plier à l'impôt. »
Mauger : « Il n'accepte déjà pas de plier genou. »
Charles d'Annequin : « Techniquement c'est son épouse qui est comtesse du Porez, lui n'a aucun droit sur ces terres. Peut être Clotilde serait-elle plus enclin à rendre hommage au duc. »
Mauger : « Mais elle est sous l'influence néfaste de son mari ! »
Charles d'Annequin : « Les rumeurs prétendent pourtant que c'est elle qui a poussé Thomas à revendiquer le Porez pour elle. »
Mauger : « Lorsqu'elle vivait à la cour, Clotilde était une jeune enfant sage et gentille, je ne peux pas croire qu'elle provoque volontairement le duc en usurpant ses droits. »
Cécil de Saint-Saëns : « Il ne faut pas se fier aux apparences Mauger, Clotilde a toujours été une femme perfide et menteuse. »
Mauger : « Impossible ! »
Charles d'Annequin : « Ce n'est pas non plus une Saint-Saëns, Clotilde est juste poussée par l'ambition. »

La pique du connétable à l'intention du maître espion fit mouche, mais Cécil se contenta de faire la moue. Paul réagit lui aussi en se crispant, mais ce n'était pas le moment de faire un esclandre, et ça Charles le savait bien, d'où son bon mot.
Voyant la discussion glisser doucement vers les rivalités opposant les Annequins aux Saint-Saëns, de Raysac reprit la parole.

Espien de Raysac : « Pour le moment nous sommes bloqués. Si nous acceptons cette situation, nous perdons un territoire riche et stratégique. Le duc Lothaire a fait une erreur en dotant son fils d'un si large domaine, votre grand-père et votre père ont été plus avisés de donner à leurs puînés de plus petits apanages. Mais nous ne pouvons accepter que le comte de Trémanche bafoue nos droits sans réagir en plus de le laisser empiéter sur nos territoires au risque de créer des brèches pour notre sécurité. Nous sommes pour le moment incapables d'agir militairement pour faire plier le comte, du moins pas temps que la question du Vaujour ne sera pas réglée. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 22:11
Je ne peux pas m’empêcher de faire un petit bruit de mes lèvres et foudroyer le connétable du regard suite à sa plaisanterie sur les Saint-Saëns. Oui, la blague est drôle, je l’admets, mais je n’aime pas que mes vassaux s’écharpent en public. Nous sommes tous dans le même bateau. Pas besoin d’ainsi s’écharper. Heureusement qu’ils sont assez adultes pour ne pas m’obliger à devoir hausser le ton, comme j’ai dû le faire lorsque le chiard de Mauger en a trop dit durant les combats taurins.

La question porte sur le Porez. Autrement plus complexe que le Vaujour – Thomas d’Estaing est un Prince d’Empire, pas un ridicule petit bâtard. Et il est marié à quelqu’un de ma famille. Clotilde, Clotilde… Blanche m’avait parlé d’elle, je m’en souviens. Elle regrettait notre séparation. Je partage son opinion. Autant je ne reculerais devant rien pour écraser le Vaujour, autant cela me ferait mal de devoir m’en prendre à une personne dont j’étais tout de même proche, enfant.

« Clotilde est ma cousine. Le Porez, c’est l’héritage de son père. Je peux difficilement lui en vouloir de souhaiter le réclamer. C’est simplement son choix d’époux qui m’attriste… »

Je reste silencieux et pensif un instant. J’ai aucune idée de quoi faire.

« Pour l’heure, nous pouvons utiliser des mots plutôt que des actes, pour temporiser. Publier un décret disant que je suis le comte de Porez légitime, et envoyer une requête au Sénat Impérial pour obliger Thomas d’Estaing et sa femme à respecter mes droits. Le temps que la procédure atteigne la capitale, soit débattue par des légistes des deux parties, et que l’on fasse de longues tractations entre nous, ça pourrait durer des mois – voire des années. Cela nous laisserait au moins assez de temps pour nous concentrer sur des affaires plus urgentes, ou régler cette question par diplomatie personnelle. »


Il y a un de mes conseillers qui ne parle pas du tout. Je me tourne vers lui à présent.

« Cousin Hubert ? Qu’est-ce que tu en penses. Toi aussi tu as connu Clotilde, elle est de notre famille après tout. Qu’est-ce que tu crois que nous pouvons négocier avec elle pour sortir de cette impasse ? »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 23:07
Hubert, pensif à l'autre bout de la table, sursauta lorsque le duc prononça son nom. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui demande son avis et avait écouté les débats d'une oreille distraite. Il bégaya un début de phrase, faisant sourire Mauger Tancarvelle.

Hubert : « Euh... oui la guerre du Vaujour... enfin non le Porez, oui Clotilde. Euh oui c'est notre cousine... je veux dire... on pourrait peut être négocier avec elle monseigneur, elle est de notre famille. »

Voyant le jeune comte en difficulté, Paul de Saint-Saëns intervint pour le soutenir un peu, au contraire de ses paires qui se délectaient de voir le cousin du duc se ridiculiser.

Paul de Saint-Saëns : « Et vous pensez qu'elle serait plus enclin à négocier avec nous que son époux, monseigneur Hubert ? »

Hubert se racla la gorge et se redressa sur sa chaise, fronçant les sourcils comme s'il venait de se réveiller. Mais sa voix était toujours mal assuré, comme celle d'un pré-pubère.

Hubert : « Je n'ai jamais été très proche de Clotilde, mais je sais que Blanche est très amie avec elle. Nous pourrions envoyer une délégation à Clotilde dirigée par Blanche et tenter de négocier ainsi. Je pense que Clotilde ne désire pas s'opposer au duc, elle veut simplement son héritage. Nous pourrions négocier un traité, lui laisser le comté en viager ou bien exiger un partage entre les enfants qu'elle aura du comte de Trémanche, l'aîné recevant l'héritage de son père et le puîné celui de sa mère inféodé au duc... enfin je ne sais pas... »

Un silence s'en suivit, comme si la salle était surprise du long monologue d'Hubert, lui qui n'avait pas l'habitude de parler.

Paul de Saint-Saëns : « Oui, c'est une bonne idée d'envoyer Blanche à Clotilde. Je me souviens qu'elles étaient proches effectivement. Profitons d'un moment où le couple est séparé, lorsque Thomas sera occupé ailleurs pour ne pas qu'il influence sa femme. »

De Raysac se tourna vers son suzerain.

Espien de Raysac : « Bonne idée mon prince d'en appeler au Sénat. Ils pourront arbitrer notre querelle. Mais il faudra se méfier de l'Empereur, il pourrait vouloir en jouer. Rien ne nous dit qu'il ne sera pas favorable à Thomas d'Estaing, et si le recès du Sénat le déclare comte légitime nous serions bloqués pour de bon. Reprendre votre héritage vous mettrez dans l'illégalité par rapport à la loi impériale.
En tout cas, cela nous fera gagner du temps, une bonne année au minimum c'est certains. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeMer 8 Jan - 23:22
Hubert est hésitant au départ. Je l’encourage en souriant et en lui faisant un signe de tête. Et cela paye. Poussé par un frère Paul étonnamment accorte, il finit par donner une idée qui est tout simplement excellente. Il m’offre des pistes pour négocier, des offres à faire à Clotilde qui seraient totalement honorables pour nous deux. Je suis heureux de lui avoir donné la parole – alors même que les autres s’apprêtaient à se moquer de lui, il m’a été mon plus grand soutien.

« C’est entendu, monseigneur Espien. Officiellement, nous crierons depuis le palais de Soulans que je suis le duc légitime, et nous demanderons au Sénat de faire respecter mes droits. Mais ça ne sera qu’un moyen de gagner du temps et de déstabiliser Thomas d’Estaing. Je n’ai aucune envie de voir Sa Majesté Impériale se mêler de mes affaires.
Je me range à ton opinion, cousin Hubert. Je demanderai à Blanche d’aller négocier avec Clotilde, elle passera pour une femme neutre et raisonnable, tandis que moi et son mari Thomas nous haïssons juste comme des hommes déraisonnables et princes aux dents longues. Ton idée, pour le reste, est excellente : Avoir pour vassal, dans le futur lointain, un seul des fils d’Estaing, plutôt que de se retrouver avec un comte de Trémanche qui me spolie tout mon héritage est satisfaisant pour moi. »

À nouveau, je hoche la tête pour lui signifier mon approbation.

« Si personne d’autre n’a un commentaire à faire, nous pouvons passer à la prochaine question à l’ordre du jour. »

Notez comment je m’empresse d’annoncer la suite, plutôt que de laisser le loisir à Espien de le faire.
Il serait temps qu’ils comprennent que le conseil est là pour me servir moi, et non Espien.
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 2:46
Hubert afficha un grand sourire, satisfait du compliment de son cousin et suzerain.
A l'ordre du duc de passer au sujet suivant, le scribe fixa l'évêque de Soulans pour savoir ce qu'il devait faire. De Raysac se contenta d'un sourire.

Espien de Raysac : « Faite. »

Et le clerc enregistra les décisions dans son registre pour passer au thème suivant.

Espien de Raysac : « A présent, nous allons aborder la succession de la baronnie d'Aigues. »

La baronnie d'Aigues était un petit domaine à l'Est du duché qui faisait office d'état tampon entre la Cahogne et la Trémanche. S'il était modeste en apparence, le comtat, comme on l'appelait, était d'une grande importance stratégique car ses forteresses contrôlaient la trouée d'Aigues, un passage naturel entre le massif des Aiguilles au Nord et le piedmont des Maurannes au Sud, qui ouvrait la route entre Soulans et Espellier, la capitale de la Trémanche.
De plus, en obtenir le contrôle permettrait de rejoindre la Marche-Franche au Lande Occidentale, et d'enclaver le territoire de l'Archevêque au sein des terres du duc.
Déjà il y a 20 ans, Geneviève d'Aigues devait mourir sans héritier. Mais la baronne semblait immortelle.

Espien de Raysac : « Votre père avait réussi à se faire désigner comme héritier du comtat par la baronne, mais le traité est devenu caduque par la mort de Hugues. »
Daguerre : « Le contrat ne prévoyait pas que la vieille survive au duc. »
Charles d'Annequin : « S'il vous plaît Daguerre, nous parlons d'une baronne alors soyez plus respectueux. »
Le surintendant fit un signe de tête pour excuse, puis continua.
Daguerre : « Puisque madame la baronne a décidé de survivre à notre maître, il faut établir un nouveau traité. »
Espien de Raysac : « Oui, aucune ligne ne parlait des fils de Hugues. Après le sacre il serait bien d'aller faire un tour à Aigues. La baronne est trop diminuée par son age, elle ne pourra faire le déplacement jusqu'à Vendaume pour assister à la cérémonie. »
Daguerre : « Aigues-en-Puy est à une semaine de route de Vendaume. A moins d'envoyer une ambassade. »
Espien de Raysac : « Je pense qu'il serait préférable pour cette fois que vous y allez vous même mon prince, la baronne appréciera de vous rencontrer en personne. Elle n'ira pas désigner pour héritier un inconnu. »

Eudes n'était pas vraiment un inconnu pour Geneviève, mais cela faisait plusieurs années qu'ils ne s'étaient pas revus. La dernière fois, Eudes devait avoir une quinzaine d'année tout au plus. Il en gardait le souvenir d'une vieille femme froide et autoritaire à l'image de sa propre mère. Si la baronne avait été une sorte de mère pour Hugues, elle n'avait jamais été une grand-mère pour Eudes et leurs rapports avaient été plus que distants.
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 10:44
Je ne peux pas en vouloir à Daguerre de traiter la baronne de vieille. Pour la convenance, je laisse d'Annequin lui dire de faire attention à son langage, mais en vérité je suis d’accord avec lui. Ce n’est rien de plus qu’une vieille mégère. Je suis terrifié à l’idée que cette peau-de-vache file sa terre à quelqu’un d’autre, ou pire, à l’Église.

« Nous allons faire même mieux que cela, monseigneur : Je vais rendre visite à la baronne avant mon sacre. Autrement, cela risquerait de me faire passer pour un petit con ambitieux, qui vient simplement la voir pour s’assurer de l’agrandissement de son domaine, surtout si elle n’est pas en état pour venir assister à mon sacre. Je souhaite venir chez elle en tant que Eudes, pas en tant que Duc de Cahogne.
Je suis un bon cavalier. J’irai la voir, puis je galoperai ventre à terre pour rejoindre les personnes censées assister au sacre. »


Signe de tête entendu.

« Maintenant, même si je peux lui rendre visite… Je n’ai pas la moindre idée de ce que je suis censé lui dire.
La baronne, est, disons… Une personne acariâtre. Et comme elle n’a pas d’enfants, je crois qu’elle ne voit sa promesse d’héritage que comme un moyen de manipuler son monde autour d’elle. Elle s’accroche à la vie juste par plaisir de nous voir plier devant elle, je suis sûr.
Qu’est-ce que je peux lui offrir pour récupérer son héritage, du coup ? Pensez-vous, conseillers, que je peux faire fonctionner mon charme irrésistible sur elle ? »


Un peu d’humour fait pas de mal.
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 16:00
Seul Hubert sourit à l'humour du duc, le reste du conseil n'y fit même pas à attention.

Espien de Raysac : « Il est vrai que madame la baronne n'est pas une personne facile. Mais deux choses jouent en votre faveur mon prince : vous êtes les fils de Hugues et vous avez prit la croix.
La baronne aimait votre père et c'est une personne très pieuse.
 »
Daguerre : « Vous pouvez aussi jouer sur votre ascendance pour assurer votre légitimité. Je crois savoir que votre grand-mère maternelle était fille d'Albert IV d'Aigues et donc sœur de Geneviève, ce qui fait de vous le petit neveu de la baronne. Pourquoi ne pas emmener votre mère avec vous d'ailleurs ? Les liens familiaux sont toujours importants pour les vieilles personnes. »

De Raysac sembla gêné par la proposition de Daguerre.

Espien de Raysac : « Je ne suis pas sûr que la baronne apprécie beaucoup sa nièce. Elles se ressemblent trop pour s'aimer. Ce serait peut être mal avisé d'emmener votre mère.
Vous pouvez aussi rencontrer l'évêque d'Aigues, Domice, qui est le frère de Geneviève. Sa condition de clerc l'empêche d'obtenir l'héritage mais il pourrait convaincre sa sœur de vous désigner comme successeur.
 »
Daguerre : « Ensuite promettez lui de bien s'occuper de ses terres, de garder ses coutumes, de ne pas trop gréver son peuple et autres billevesées de ce genre. »
Espien de Raysac : « Il ne faudra pas seulement convaincre Geneviève, il faudra aussi convaincre le peuple d'Aigues. S'il vous déteste pour quelque raison que ce soit, la baronne ne vous laissera pas ses domaines. Elle aime son peuple et son peuple l'aime, depuis 60 ans c'est une dirigeante attentive qui se préoccupe avant tout du bien des siens. Depuis des années elle a su jouer habilement entre la Cahogne et la Trémanche pour assurer l'indépendance de sa baronnie, ce qui lui permit de rester en dehors de la ligue des baronnies. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 19:22
« Ma mère ira au sacre. Elle n’aura pas le temps de faire un détour vers la baronnie puis courir avec moi pour voir son fils devenir Duc.
Si Lothaire était là, je pourrais l’emmener avec moi… Je ne vois pas qui d’autre me serait de grande utilité avec elle. »


Je passe une main sur mon visage, pensif, alors que je me recule un peu plus dans mon siège. Que faire, que faire…
Je sais. J’ai peut-être une idée.

« Et pourquoi pas demander à mon oncle, Jean, de venir me prêter main forte ? Je sais qu’il doit être fort occupé avec son diocèse, mais c’est un homme qui appartient à ma famille, un prêtre respecté, un homme charmant qui sait se faire aimer de la population. Et cela me permettrait de le revoir, car cela fait fort longtemps.
Cela ne coûte pas grand-chose de lui envoyer une missive pour lui proposer ? Il pourrait descendre sur le chemin. Qu’en dites-vous ? »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 19:52
Espien de Raysac : « Oui c'est une bonne idée, vous pourriez vous faire accompagner de votre oncle. Un homme d'église ne fera jamais mauvaise impression sur la baronne, et il pourrait s'entendre avec l'évêque d'Aigues.
Bien, je pense que c'est à peu près tout pour la question d'Aigues. 
»

L'évêque fit signe au clerc pour enregistrer les décisions. Mais alors que les membres du conseil commençaient à se détendre un peu, pensant en avoir terminé avec cette séance après ce dernier point d'actualité, Espien de Raysac reprit la parole pour aborder un dernier sujet.

Espien de Raysac : « Une dernière chose avant de lever la séance. La coutume veut que le connétable ait sous son commandement 4 maréchaux pour l'accompagner. Mais une place reste vacante et il faudrait procéder à la nomination d'un nouveau titulaire. Des propositions ? »

Charles d'Annequin : « Oui, c'est vrai qu'une place de Maréchal est disponible. Mon jeune fils Pierre est assez mûr je pense pour être nommé à ce poste, il a toutes les qualités requises. Il est jeune, mais c'est déjà un brillant combattant et un futur meneur d'hommes, je lui ai tout apprit. . Lui donner des responsabilités dès maintenant pourrait être bénéfique pour son avenir, et celui du duché. »
Daguerre : « Et pourquoi pas Richard Beaucoeur ? »

Mauger frappa d'un coup de colère son poing sur la table, faisant tressauter les verres et les papiers.

Mauger : « Ne prononcez pas ce nom devant moi Daguerre ! Moi vivant, jamais ce Fitzonfroi n'atteindra la cour ducale ! Je préfère encore que vous nommiez mon fils Guillaume. »

Pourtant chacun connaissait les grandes qualités militaires du jeune Richard qui s'était illustré notamment pendant la guerre du Vaujour aux côtés de Hugues III. La proposition du surintendant était loin d'être idiote.

Daguerre : « Calmez vous Mauger, je ne faisais que proposer celui qui me semblait le plus apte. »
Espien de Raysac : « D'autres propositions ? »

Une voix faible s'éleva de l'extrémité de la table, une voix que l'on n'avait pas entendu depuis le début de la séance, celle de frère Yvon, frère du connétable.

Frère Yvon : « Et Claude de Toussaint ? »

Son frère lui lança un regard noir.

Charles d'Annequin : « Vous savez bien que Toussaint est indisposé depuis sa trahison » répondit d'Annequin avec une voix mal assurée. [/b]»
Espien de Raysac : « Il croupit à la Geolière et c'est tant mieux » rajouta Espien avec plus de conviction tout en jetant un regard par la fenêtre d'où la puissante tour-prison était visible. Puis il se tourna vers Eudes :

Espien de Raysac : « Pendant votre absence Claude de Toussaint à attenté à la vie de votre père. Fort heureusement, le complot a été découvert et les conjurés attrapés. Tous ont été exécuté, sauf Toussaint pour qui le Parlement opta pour l'emprisonnement. »

Charles semblait gêné par la discussion et saisi la première occasion pour revenir au sujet de la conversation.

Charles d'Annequin : « Pour en revenir au choix du maréchal, il y a mon frère Louis, si vous ne faite pas confiance à l'inexpérience de mon fils. »
Paul de Saint-Saëns : « Comment pouvez vous oublier le comte de Vaudrincourt » intervint Paul de Saint-Saëns en désignant le jeune Hubert assis en bout de table sans dire un mot. « Il serait normal que le poste revienne à votre plus proche parent. Et en l'absence de votre frère et de votre oncle, votre cousin est tout désigné. Il n'est pas plus âgé que le fils d'Annequin, et Hubert possède toute les qualités lui aussi. »
Hubert : « Merci pour votre sollicitude frère Paul. Je me sens en effet prêt mon oncle pour être investi de hautes responsabilités, ce serait un honneur pour moi de vous servir. »
Daguerre :  « La guerre n'est pas une question d'honneur, vous autres de la noblesse avez tendance à l'oublier ! »

Il fallait être Charles Daguerre pour oser parler ainsi aux représentants des plus hauts lignages du duché, mais le surintendant était certain de sa puissance et se permettait tout.

Daguerre : « Il nous faut avant tout les hommes les plus compétents pour mener nos troupes, et je doute que des enfants puissent nous faire gagner des batailles. »

Devant le regard pesant du gros financier, Hubert se renfonça dans sa chaise et baissa les yeux.

Espien de Raysac : « Mais le choix vous revient mon prince, nous avons, je crois, tous exprimé nos conseils. Peut être vous même avez pensé à un candidat ? »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 21:28
« Il croupit en prison ?
Vous parlez d’une indisposition ».


Je me lève de mon siège de duc. Les mains dans le dos, je me dirige vers la fenêtre, pour mieux observer la Tour dans laquelle Claude est retenu.

Il aurait tenté de tuer mon père ?

Pourquoi ?

« Le choix d’un maréchal n’est pas assez urgent pour être convenu immédiatement. Je vais prendre la journée pour y réfléchir. Son nom sera déclaré demain matin par mon héraut. »

Je vais immédiatement demander à ma Garde Housecarle de m’amener à la Geôlière, afin que je puisse parler avec Claude directement, seul à seul, les yeux dans les yeux, directement.
Je me retourne pour faire face à mes hommes.

« Honorables conseillers, je vous remercie pour votre temps et votre assistance.
Que tout ce qui a été décrété soit donc accompli. Vous pouvez disposer. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeJeu 9 Jan - 21:45
La décision du duc de ne pas nommer tout de suite un nouveau maréchal déçut les conseillers, notamment Charles et Mauger. Mais de Raysac voyait là une ruse, il aurait été malavisé pour Eudes de donner un nom dès maintenant au risque de contrarier certains.
Avant que tout le monde se lève pour quitter la salle, le clerc récapitula les décisions du conseil en relisant son registre.

En ce Avocadi 8 Ternembre (mai) 1299, il avait été décidé d'organiser un sacre rapidement pour un budget d'environ 6 000 livres. Une rencontre avec l'Archevêque était à prévoir dans les plus bref délais.

En ce qui concerne la guerre du Vaujour, le conseil avait décidé d'envoyer Rodrigue de Saint-Saëns et Frère Jourdain rencontrer Malestoit à Raveaux dans les prochains jours. Cécil de Saint-Saëns allait dépêcher sur place une espionne, Samara, pour qu'elle infiltre la cour de Malestoit et rapporte des informations sur ses lieutenants.

Pour le Porez, une missive serait envoyé à l'Empereur pour réclamer que le Sénat impérial arbitre la querelle entre Eudes et Thomas d'Estaing. Ensuite, Blanche de Cahogne irait rencontrer sa cousine Clotilde et négocier son allégeance au duc.

Pour Aigues, Eudes irait rencontrer la baronne accompagné de son oncle Jean, évêque de Villiers.
Armarius
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeVen 10 Jan - 3:09
Eudes ordonna qu'une troupe d'huscarl l'accompagne en ville sans dire à ses conseillers qu'il se rendait à la Geolière y visiter la cellule de Claude de Toussaint. Peut être que l'un d'entre eux aurait voulut l'en dissuader ou bien aurait insister pour l'accompagner, mais Eudes était duc, on allait pas lui refuser l'accès à sa prison dans sa ville.

La séance du conseil avait duré plus d'une heure. Nous étions en début d'après midi et la matinée grisâtre avait laissé place à un ciel dégagé de ses gros nuages menaçants. Depuis qu'il était arrivé en Cahoge, c'était la première fois que Eudes voyait le ciel bleu au dessus de sa tête. Il était temps, car cela faisait déjà deux mois que nous étions entré dans le printemps et l'atmosphère commençait tout juste à se réchauffer. Bientôt la belle saison allait pointer son nez avec le soleil et la chaleur. Ce sera alors le période des campagnes militaires et l'occasion d'attaquer le Valais.

Escorté par une vingtaine d'huscarl de sa garde privée, Eudes traversa la ville presque incognito dans une voiture qui ne portait même pas ses armoiries. On quitta le palais pour traverser le pont qui connectait la ville au rocher du Lion, puis on remonta vers le Nord pour bifurquer à gauche dans la grande rue. On passa à côté des halles marchandes où une foule de gens faisait des affaires. De la halle aux herbes parvenait des effluves d'épices qui rappelaient à Eudes la Ponantique qu'il venait de quitter le mois dernier. Ensuite, la voiture passa devant l'hôtel de la prévôté où devait se trouver Jacques Delphin. Cette fois on bifurqua à droite pour suivre la rue jusqu'à la Geôlière.
La grand tour était l'un des symboles du pouvoir ducal. On la surnommait la "tour de la faim" depuis que Hubert de Bohain, arrière-grand-cousin de Eudes, y avait dévoré ses fils avec lesquels il était enfermé.
La voiture s'arrêta au pied de la tour. L'un des huscarls annonça le duc à l'un des gardes qui s'empressa de lui présenter ses hommages ; puis on ouvrit le chemin à Eudes. Lorsqu'il demanda à voir Claude de Toussaint, les gardes se regardèrent avec l'air inquiet. Mais ils ne pouvaient rien refuser au souverain de la Cahogne.
Après un petit temps d'hésitation, l'un des geôliers se décida à conduire le duc vers le prisonnier. La tour était vétuste et froide, les couloirs étroits fermés par d'épaisses portes en fer. On monta quelques étages avant de s'arrêter devant une cellule.
Celle-ci était étriquée, ne laissant la place que pour une paillasse de paille et un seau. Sur le mur du fond, recouvert de mousse verte, une petite lucarne en hauteur donnait sur l'extérieur.
Claude de Toussaint n'était pas enfermé dans une chambre comme son rang l'aurait exigé, mais dans un cachot insalubre comme un vulgaire voleur. Il était évident qu'on voulait le voir mourir ici.

Eudes ne reconnu pas Toussaint tout de suite. L'homme allongé sur sa paillage, recroquevillé sur lui même en grelottant de froid, portait une grosse barbe et des cheveux longs et sales. Il n'était habillé que d'une chemise jaunie et à moitié déchirée.
Le geôlier frappa la poignée de son épée sur les barreaux.

« Réveille toi Toussaint ! Et vient donc saluer l'homme dont tu as voulu tuer le père ! »

Dans l'ombre de la pièce, une mince silhouette se leva et s'approcha. Elle tenait à peine sur ses jambes. Lorsqu'elle vint à la lumière, Eudes vit les ravages de la Geôlière sur le visage de son ami d'enfance : ses joues étaient profondément creusées et ses yeux avaient perdu tout espoir.

« Eudes ? C'est toi ? »

Toussaint agrippa de ses doigts osseux les barreaux de sa prison. Il avait les ongles longs et noirs de saletés. Il empestait les immondices. A la vue de son vieil ami, des larmes coulèrent de ses yeux cernés, lessivant ses joues noires de crasse.

« Eudes ! La seule chose qui me maintenait en vie était l'espoir de ton retour ! Fait moi sortir de cet enfer ! Je t'en prie ! Je suis innocent ! »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeVen 10 Jan - 8:36
Aller en ville avec la garde Housecarle a quelque chose d’excitant. Ballotté dans une voiture banalisée, je suis escorté par une bande de solides guerriers à cheval, dont la stature et l’armure doivent suffire à éloigner quiconque voudrait s’approcher. En passant devant l’Hôtel de Ville, je réfléchis pas-trop sérieusement à l’idée de débarquer et de mettre Delphin aux fers par la force. Ça serait une décision stupide, qui se retournerait contre moi, mais j’en aurais les moyens. Parfois la force est un moyen efficace de parvenir à ses fins.
Je vais voir Claude de Toussaint seul. Je n’y vais pas pour négocier, parlementer, ou mener des intrigues. Je ne veux pas avoir l’oreille et la bouche d’Espien, d’Annequin ou de Mauger. J’en ai marre. Une journée et j’en ai déjà marre, de ces faux-semblants, de ces bruits de vipères… J’ai envie d’aller voir Claude, d’aller lui parler droit dans les yeux, et de lui demander la vérité venant de sa bouche à lui. C’est moins solennel qu’un jugement de parlement, mais il est temps pour mon pays de comprendre que je suis Duc de Cahogne.

Mes hommes font forte impression sur les sentinelles de la Geôlière. Ils ne devaient pas s’attendre à découvrir ça. Je me retrouve au milieu de ces tours froides et immondes. Je mets vraiment un moment à essayer de reconnaître celui qui avait été un chevalier vif et fort : J’ai devant moi un pouilleux famélique. Cela me met en colère.

« Ouvrez cette cellule, je souhaite être seul avec lui ! »

Le geôlier me regarde, hésitant.

« Croyez-vous vraiment qu’il soit en mesure de faire quoi que ce soit contre moi dans cet état ? Déverrouillez cette porte, sur-le-champ. »


Il sort son cadenas de clés et m’obéit. Je demande quelque chose à un de mes gardes : sans se gêner, le housecarle se dirige vers une petite pièce de repos des gardes pour aller voler un tabouret déverni et couvert d’échardes. Il me l’amène à l’intérieur de la cellule et la pose sur le sol, avant de sortir et de fermer derrière lui.
Je me retrouve donc seul avec Toussaint, dans cette espèce d’enfer humide. Ça pue. Il fait froid, et nul doute qu’en été, il doit faire une chaleur atroce. Depuis combien de temps Claude est là dedans ? Six mois suffiraient à briser un homme. Un an à le tuer.

« Charmant. Tu montes sur l’échelle sociale, Claude. »

J’ai envie de voir si mon humour marche toujours sur lui, alors que je regarde avec horreur dans la cellule.

« J’ai ramené un infidèle de Croisade. Un émir. Je fais quelques repérages pour lui trouver une demeure dans laquelle se reposer. Une critique à me faire sur cette auberge ? Les voisins sont pas trop bruyants ? »


Je m’approche de Toussaint. Avec ma taille et ma pleine santé, c’est vraiment pas dur d’être plus imposant que lui. Je le regarde de haute, alors que lui est obligé de s’asseoir. Bon sang, comment ses jambes ont l’air de flageoler… Lui qui était si vif, si fort.
Je le regarde droit dans les yeux, avec colère.

« Regarde-moi. Regarde-moi bien.
Pourquoi as-tu voulu tuer mon père, Claude ? Il t’a accueilli dans sa famille. Qu’est-ce que tu y gagnais ? »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeVen 10 Jan - 12:20
D'un geste vif Toussaint tomba à genoux et agrippa ses doigts décharnés aux jambes de Eudes.

« Mais je n'ai rien fait Eudes ! Je n'ai jamais voulu tuer ton père ! Pourquoi l'aurais-je voulu ?!
C'est un coup monté pour provoquer ma chute ! »


Il fondit en larme, éprouvé par deux ans d'emprisonnement dans cette tombe pour mort vivant. N'importe qui serait devenu fou après autant de temps passé ici, mais Toussaint était une force de la nature et semblait, en apparence, avoir gardé toute sa tête. Mais cela se voyait qu'il était au bord de la rupture.

« Je soupçonne mon oncle d'avoir voulu récupéré mon héritage ! Il a toujours convoité les biens de son frère ! S'il te plaît Eudes ! Fait moi sortir d'ici ! Je n'y survivrais pas encore longtemps... je t'en prie ! »

Toussaint lâcha les jambes de son suzerain et parti se recroqueviller au bout de la cellule. Il était pathétique à voir, lui qui avait été un si beau chevalier dans sa jeunesse. Séchant ses larmes du bout de ses loques misérables, il reprit plus calmement.

« Lorsque Hugues est tombé malade, ils l'ont enfermé dans une chambre et ont prit le pouvoir... de Raysac, Daguerre, Mauger Tancarvelle... mon oncle... »

Cette fois, Toussaint avait de la haine dans la voix. Il n'avait pas la forcé d'être en colère, mais ses yeux étaient remplis de rage.

« Ils ont fait ce qu'ils voulaient. Ils ont écarté ta mère, frère Jourdain, Richard, puis ils ont peuplé le conseil de leurs créatures. De Raysac s'est assis sur le trône et a commencé à diriger le pays comme un prince ! Ils se sont appropriés le trésor, ont distribué les honneurs et les offices à leurs proches, on publiait des diplômes au nom du duc... Quand j'ai tenté de m'opposer à eux, ils m'ont accusé d'un complot et ils m'ont fait enfermé ici... La justice est entre leurs mains Eudes ! Leurs fidèles gangrènent tout le duché ! »

Toussaint se releva. Il sortit de l'ombre, un peu plus calmé.

« C'est dangereux d'être venu me voir. Ils doivent déjà être au courant de ta présence ici. Ce n'est pas parce que tu es duc qu'ils n'oseront rien contre toi... fait attention. »
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MessageSujet: Re: Premier conseil Premier conseil Icon_minitimeVen 10 Jan - 12:30
L'état de Toussaint me terrifie. Les paroles qu'il prononce, l'intonation dans sa voix... Ce n'est pas un coupable qui est en train de me parler. Comment ont-ils osé réduire Claude de Toussaint dans cet état ? Comment ont-ils pus ?
Ils auraient dû le décapiter. Au moins cela aurait été moins humiliant.

Je m'approche de lui et m'agenouille. Je me saisis de son visage entre mes mains, et commence à lui caresser les joues avec un sourire bienveillant. Il est rempli de crasse et de sueur.

« Je suis revenu, Claude. Dieu m'a gardé en Croisade, tout comme il a gardé Lothaire. Je ne te laisserai pas croupir une minute de plus ici. »

Son avertissement m'inquiète. Je ne contrôle rien dans ce duché. Ni l'administration, ni le trésor, ni l'armée. Le peuple peut croire que je dirige, mais à Soulans, dans ce palais, je ne contrôle rien. Surtout avec Jacques Delphin et ses rêves de Commune.
Au moins les Housecarles me sont loyaux. Je pense. Ils sont solides, puissants, et dédiés à ma vie. Tant que ces hommes m'accompagnent, qu'est-ce qui peut m'arriver ?
C'est pour ma famille que je suis plutôt inquiet. Le triumvirat n'osera jamais s'attaquer à moi directement, mais ils peuvent s'attaquer à Blanche, à Raymond...
À Albert.

« Je n'ai pas le droit de te libérer. Tu as été condamné par le Parlement. Revenir sur ce jugement serait tyrannique.
Mais j'ai le droit de définir les modalités de ta détention. Et cette geôle immonde ne me convient pas. »


Je le soulève, je l'aide à se relever, malgré ses jambes tremblantes, et l'assoit sur le tabouret qu'un de mes gardes m'a amené.

« Il faut que tu quittes Soulans immédiatement.
Tu vas aller avec l'émir que j'ai ramené. Je vous envoie dans le comté d'Argentière, dans le château apanagiste de mon frère. Je le régente actuellement, et de toute façon, j'ai plus confiance en Lothaire qu'aux autres sires de ma cour.
N'essaye pas de t'enfuir. Tu seras en sécurité là-bas. Tu seras en résidence surveillée, tu pourras manger, voir la lumière du jour. »


Je vais amener Albert avec eux. Aybak acceptera de le faire passer pour un cousin ou quelque chose du genre - il n'a pas le choix, je contrôle sa vie.
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