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Armarius
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MessageSujet: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeDim 16 Fév - 15:42
Le Sacre

Le Sacre 3cz4

Eudes et son escorte étaient partis de Soulans pour arriver à Vendaume la veille du sacre. La tradition voulait que le futur duc assiste aux vêpres puis passe une partie de la nuit à prier, isolé dans une chapelle du palais archiépiscopal. Naturellement, Eudes s'était plié à la coutume. La nuit avait été longue. Il avait eu tout le temps pour penser à la cérémonie, à ce que cela impliqué, à sa future mission.
Tout ça était très solennel. Les chanoines qui s'occupaient de Eudes dans sa retraite spirituelle prenaient leurs rôles très au sérieux.
La nuit passa ainsi, Eudes réussi à dormir un peu, puis tôt le matin on le réveilla et on l'habilla. Il avait lui même choisi son costume cérémoniel pour son entrée dans la cathédrale, bien que pour l'onction il ne porterait qu'une simple tunique de pénitent.
Puis il s'installa sur son lit, tout habillé, pour simuler son sommeil. Après une attente interminable où il manqua de s'endormir pour de vrai, on frappa trois fois à la porte de la chambre.
Raymond apparu, accompagné par les quatre chevaliers de la saint-ampoule : Richard Tancarvelles et son cousin Guillaume, Pierre d'Annequin et Hubert II de Vaudrincourt.

« Monseigneur, il est l'heure. »

Symboliquement, Eudes était réveillé à une nouvelle vie. Une renaissance qui fera de lui un homme sacré, le lieutenant des puissances célestes.
On escorta Eudes au dehors dans sa marche vers la sacralité par un chemin aménagé jusqu'au parvis de la grande cathédrale jouxtant le palais neuf. Il y avait une foule de gens, des sujets du duc venus l'honorer mais aussi des habitants de Vendaume, juste curieux de la fête.
Le passage était recouvert de pétales et de fleures, un long tapis avait été déroulé au devant. Aux façades des maisons on avait accroché des guirlandes, des tapisseries et des tentures. On passa sous une arche de bois construite spécialement pour le sacre. La garde maurannaise de Vendaume assurait la sécurité, l'archévêque ayant refusé que les huscarls ducaux n'entrent dans sa ville.
Ouvrant et fermant la marche, une procession de moines du Sanctuaire de Soulans, au milieu, Eudes, seul, avec juste derrière lui Raymond puis la saint-ampoule qui suivait sous le dais que portaient les quatre chevaliers désignés, les garants de l'huile sacrée qu'ils devaient protéger de leur vie.

On arriva sur le parvis de la cathédrale pour monter quelques marches jusqu'aux grandes portes. Là l'attendait le connétable Charles d'Annequin, portant l'épée rouillée d'Hugues le Martyr, une relique du saint duc, ainsi que Louis d'Annequin, Mauger et Eustache de Tancarvelles qui portait l'étendard de guerre. Ce dernier était tout juste rentré de Transgarde où il avait réuni des troupes pour le duc.
Les marches formaient une estrade qui surplombait le parvis où la foule en liesse était réunie.
Eudes s'approcha de son connétable et mit un genou à terre pour recevoir l'accolade, simulant la cérémonie d'adoubement, bien que Eudes n'ait déjà été fait chevalier par son père avant de partir pour la croisade.
Puis on lui remit son équipement : Charles ceintura Eudes du baudrier avec l'épée de son aïeul, Louis lui remit les souliers et Mauger les éperons d'or de Guillaume le Preux.  
La foule salua une dernière fois le duc par des cries de joies et d'encouragement, avant qu'il n'entre dans la cathédrale.
A l'intérieur de l'édifice, une foule de gens était réunie : une assemblée de grands barons et de prélats de Cahogne et de l'Empire. A son entrée, les voix du choeur s'élevèrent à l'unisson pour résonner dans toute l'église.


En passant solennellement à travers la nef, Eudes reconnus quelques têtes, notamment ses proches conseillers dont Charles Daguerre et Lanfranc de Picquy, Odilon le Chétif, Valéri de Saint-Saëns et d'autres officiers subalternes. Les membres de l'Académie étaient là aussi, le recteur Pierre Vital et les maîtres Edgar Monart, Jean Valentin, Sybille de Saint-Saëns et Népotain. Ce dernier était aux côtés de son frère, le Grand-Consul de la Hanse Théofroy de Valdenau.
Il continua sa marche sous les yeux des nombreux invités jusqu'à passer sous le grand jubé sculpté.
Dans le choeur, séparé du déambulatoire par des palissades de bois décorées de tapisseries, étaient assis sur les stalles les invités ayant l'honneur d'assister directement au sacre.
En plus des prélats et des chanoines archiépiscopaux dont c'était naturellement la place, Eudes y vit sa mère Constance et ses sœurs Jeanne, Blanche et Alix, avec à leurs côtés un grand homme barbu à l'air sérieux, le vicomte du Landéron Gonthier II, oncle maternelle du duc.
Eudes aperçu aussi sa cousine Clotilde du Porez. Elle avait bien changée depuis 5 ans, c'était devenue une belle femme. Elle était accompagnée par Claude de Salignac, le bouteiller de Trémanche qui représentait son suzerain.
Eudes repéra de même un chevalier, grand et moustachu, portant un tabar surmonté d'une grande croix. Ce devait être Riquier de Sabernagne, Grand-Commandeur de l'ordre des Porte-Croix et chargé de la défense de la Transgarde. Il avait dû faire le voyage de Soulans-la-Neuve à Vendaume en compagnie de Eustache Brascourts. Non loin, un jeune garçon d'une dizaine d'année, richement vêtu, accompagné d'une grande femme qui tenait par la main une fillette. Certainement Alphonse IV de Roxemberg, sa mère et régente Isabeau et sa jeune sœur Éléonore. Alphonse était un petit cousin de Eudes, par sa grand-mère paternelle Maria, grande-tante du comte de Roxemberg. Dénotaient deux individus par leurs accoutrements. Ils venaient des pays de l'Est, tout droit du royaume d'Estovie ; probablement les envoyés du roi Dragomir. Il y avait encore d'autres grands personnages que Eudes ne reconnu pas, sûrement le baron de Conzac Amaury III ou encore le duc de Basse-Julienne Louis-Philippe II.

Eudes arriva au bout du chemin, devant Adrien IX et une délégation d'évêques des Franges Orientales, dont le plus important de tous après l'archevêque, Espien de Raysac, le prélat de Soulans. Celui-ci avait eu l'intelligence de ne pas se parer d'un plus beau costume que son supérieur l'archevêque. Contrairement à ses habitudes, il était resté sobre, habillé seulement d'une chape sur une mosette et une soutane violette, ne portant comme bijoux que son anneau pastoral et la croix pectorale. L'archevêque lui, portait un riche costume blanc et d'or, la tête surmontée d'une tiare à triple couronne, symbolisant son pouvoir temporel, spirituel et moral. Il soutenait sa vieillesse par sa grande férule dorée, le bâton liturgique qu'il était le seul à posséder.

Le duc s'assit sur une cathèdre devant l'autel, les voix du choeur s'estompèrent et l'archevêque commença par une oraison. Au bout d'une heure de messe, de chants, de prières et de lectures de passage des textes sacrés, l'archevêque s'approcha avec un codex aureus, le livre saint triaphysite dont la couverture était fait d'or.  
C'était le moment de prêter serment. Eudes avait répété son texte toute la nuit pour le connaître par cœur.
le duc devait prononcer trois séries de serments : protéger l'Eglise dans ses personnes et ses biens, assurer sa protection, défendre et conserver ses privilèges ; faire régner la paix et la justice au nom du bien commun, observer la miséricorde, empêcher l'iniquité et respecter les lois de l'Empire  ; défendre la sainte foi, être le tuteur et le défenseur des églises et de leurs ministres, régir et défendre le duché que Dieu lui a donné, combattre les païens, les infidèles et les hérétiques.
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeDim 16 Fév - 16:39
À genoux sur un sol de pierre, je reste bien silencieux. Caché dans une petite chapelle, je suis illuminé par la lueur de la lune nocturne qui rayonne derrière des vitraux. Au tout départ de ma veillée, je me suis contenté de répéter plusieurs fois les prières les plus communes, celles que je connais par cœur, comme tout bon fidèle triaphysiste, après les avoir récitées sur les genoux de ma mère lorsque j’étais enfant : Des prières en langue liturgique, que je récite phonétiquement, par automatisme, sans véritablement les comprendre. Le Credo, l’Ave Adrianus, Paracletus Noster… Puis, j’ai commencé à avoir la bouche sèche, alors je me suis contenté de détailler les vitraux en joignant mes mains, silencieux. Et j’ai attendu. Attendu.
Impatient comme je l’ai toujours été, peu porté sur la religion, je crois que je m’ennuyais. Et j’étais troublé. Troublé par tant de choses. Tant de… De pensées qui se bousculaient sur mon âme. Un mélange de tristesse, de peur, de nostalgie.

Au départ, je trouvais que ces prières et ces veillées silencieuses étaient une simple tradition stupide. En réalité, c’est un moment de calme inhabituel qui m’a permit de comprendre un peu mieux la fonction que j’avais pris de fait, mais pas encore habité officiellement.

Je suis un homme bruyant. J’aime la fête, le faste, les rires, les femmes. Être soudain condamné au noir, à l’obscurité, au froid et au silence, cela m’a rendu plus… Plus pensant.
J’ai pensé à mon père. À mon grand frère. À Arda. J’ai longuement hésité.
Et puis, au bout d’un moment, je me suis mis non plus à prier, mais à… À tenter de communiquer avec Dieu. À lui parler, alors même que je suis assez cynique et sceptique quant à l’idée qu’il m’écoute, où qu’il y ait un endroit particulier où il puisse m’entendre.

« Je suis vaniteux.
Je suis pompeux.
Je suis indolent.
Je suis irresponsable.
Je suis couard. »


Je ferme mes yeux un instant, et soupire longuement.

« J’aime le faste. J’aime les femmes. J’aime l’alcool.
Je brise le cœur de ceux qui sont proches de moi. Je provoque la guerre et la haine. Je suis un faucheur. En Ton nom, j’ai mené des hordes de fanatiques qui ont pillé, égorgé, et violé. Je mens. J’intrigue. Je joue avec des vies humaines. Je prétend être amoureux d’une femme et la trompe ensuite. Je virevolte, je vivote. Je prends ta Sainte Église comme un outil. Je pressure mes sujets d’impôts pour financer des brigands qui sèment la mort et la destruction. Et je justifie tous ces actes impies, en prétendant dans mon for intérieur que les autres monarques et princes qui m’entourent font la même chose, ont toujours fait la même chose, et qu’il me faut m’avilir pour garder la Cahogne.
Maintenant, dis-moi, Seigneur, pourquoi est-ce moi que tu as choisi pour devenir Duc ? »


Je serre les dents. Et j’affronte les yeux du triaphysiste qui sont décorés sur le vitrail.

« Pourquoi as-tu appelé mon frère à Toi pour me charger d’une telle mission ? Lui était beau, preux, au cœurvaillant. Lui aurait su comment Te servir.
Je T’en veux, Seigneur. Pardonne-moi, pardonne-moi de douter de Ta sagesse et de tes actes ; Je sais que Tes voies sont impénétrables, mais je T’en veux. »

J’expire tout l’air de mon corps.

« C’est comme si un nouveau chapitre de ma vie s’ouvrait. Je ressens le poids que l’on pose sur mes épaules ; Une couronne est une chose si lourde à porter.
Seigneur, j’ai l’impression que ma vie ne m’appartient plus. Autrefois je pouvais jouer au bouffon. Je pouvais être ami avec les autres, et amant avec des femmes. Aujourd’hui j’appartiens à la Cahogne. Et l’on me force à me reposer sur les conseils d’hommes dont je doute de la loyauté à chaque seconde.
Il n’y a personne à qui je peux encore faire confiance. Un Duc peut-il avoir des alliés ? Des personnes proches de lui ? Ou bien est-il condamné à n’avoir que des sujets… Et des adversaires ? »


Je passe une main sur mon front, et jusque dans mes cheveux.

« Je ne sais pas quoi Te demander. Pas plus que je ne sais ce que Tu me demandes. Qu’est-ce qu’un bon Duc ? Un bon croyant ? Un bon fidèle ? Un bon guerrier ? Un bon régent ? Un bon juge ?
Je pourrais poser la question à cent personnes différentes et avoir cent réponses, aucune ne me satisferait pleinement. Tu as voulu qu’il y ait des hommes pour diriger et des hommes pour servir, mais parfois c’est le maître qui se sent esclave.
Seigneur, je ne sais pas si je suis à hauteur de la tâche que tu me confies. Je suis pétri d’incertitudes que je tente de camoufler aux yeux de mes conseillers et de ma famille proche… Mais c’est la vérité. Je ne sais pas comment être Duc ! »


Je me tais. Je cesse de me confier. Je continue d’être muet pendant… Pendant un long instant, avant de reprendre :

« Je dirigerai. J’ignore si je serai un bon ou un mauvais duc. J’ignore quels sont les critères. Comment les chroniqueurs me jugeront. Comment toi tu me jugeras lorsque, inévitablement, tu me demanderas de venir à toi comme un simple sujet…
Mais je dirigerai. Aide-moi, Seigneur. »








Je me suis levé de mon lit très lentement. J’ai mal aux dos, la tête qui tourne, les paupières lourdes. Résister à l’appel du sommeil a été extrêmement compliqué. Je sens que je tangue un peu, mais tente malgré tout de garder un semblant de majesté. De toute façon, à présent, j’ai le ventre noué, des pulsations dans le cœur. Je sens que l’on m’attend. J’aurai le temps de dormir plus tard.

« Merci, chevalier. »

Je fais un petit signe de tête à Raymond, puis suit les autres hommes sans un bruit. Je me sens… Différent. Plus solennel. Je n’ai aucune envie de rire, ou de lancer des blagues sur le chemin, ou de papillonner d’un air grégaire autour des uns ou des autres. Je sens tout le sérieux de ma tâche. Je me tais, la boucle entièrement, sans lancer de sourires, sans faire de signes à quiconque, alors qu’on m’escorte à travers la foule jusqu’aux portes de la cathédrale. Je marche lentement, en rythme, vêtu de mon long manteau inconfortable. Je m’agenouille quand il faut m’agenouiller. Je reste fixe alors qu’on me fixe des dorures et qu’on me pare comme un chevalier. Normalement, on s’habille pour soi – j’aime m’habiller pour plaire, pour être remarqué, avoir de beaux textiles et des soieries fines. Aujourd’hui, on m’habille pour me déposséder. Je ne suis plus Odilon. Je ne suis plus le baroudeur Eudes. Je ne suis même plus totalement le chevalier Croisé, même si c’est encore ce dernier aspect de ma vie que l’on souhaite apercevoir. Je suis le Duc de Cahogne. Je suis le descendant d’une grande famille, un nouveau chaînon dans une chaîne qui ne peut pas être brisée. J’appartiens à la Cahogne et à Dieu. Je suis au-dessus de tout le monde, mais surtout au-dessus de moi-même.

Alors je m’installe dans mon cathèdre, racle ma gorge, et malgré la fatigue, clame mon discours avec une grande voix éthérée, plus vive, et en même temps plus douce que ce dont j’ai l’habitude. J’ai pris un octave de plus. Je ne suis plus la même personne.

« Je jure sur ce livre, en pleine conscience de mon état et de mon âme, et devant tous mes barons assemblés. Je fais le serment de défendre la Sainte Église, ses biens, ses terres, ses prélats, ses personnes, de garder et défendre les chapelles, les abbayes et les cathédrales, de m’assurer de conserver ses privilèges et de faire appliquer ses droits. Dans ma charge de Duc, donnée par Dieu à perpétuité, je jure de suivre l’enseignement des apôtres, de faire régner la Paix de Dieu en mon pays, d’être le maître d’une justice qui n’œuvre que dans le bien commun, d’être miséricordieux, généreux envers les pauvres et les miséreux, d’abolir l’iniquité, et de respecter les chartes et les ordonnances du Saint-Empire. Je jure à perpétuité de combattre pour la Vraie Foi, de tutorer les églises dont je suis l’avoué, d’assurer la sécurité et la tranquillité des clercs, d’assurer la prospérité et le bonheur des sujets de mes fiefs, et de repousser les païens, les infidèles, les apostats, les relapses et les hérétiques hors des terres soumises à mon ban. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeLun 17 Fév - 14:34
Le serment était un contrat passé entre le duc et l'Eglise : en échange de sa protection et de son apparente soumission, l'Eglise faisait de Eudes un être sacré placé sous la protection direct de Dieu et lui donnait la charge de guider le peuple cahon vers le salut, de le maintenir dans la paix et la justice. D'abord vu comme une limitation des pouvoirs ducaux, cette obligation était peu à peu devenue une augmentation du caractère sacré du duc : le duc devenait nécessairement juste et ses décisions ne pouvaient être injustes.

Arrivait alors le point culminant de la cérémonie qui allait imprégner Eudes de la puissance divine : l'onction.
Eudes se leva et deux chanoines l'aidèrent à retirer son costume cérémoniel pour ne lui laisser que sa tunique de pénitent.
Espien de Raysac, qui a avait reçu du duc le privilège de porter la sainte-ampoule lors de la cérémonie, apporta l'huile sainte qui allait recouvrir le corps du prince et faire de lui l'oint du Seigneur jusqu'à sa mort.
L'archevêque prit l'ampoule et en retira un fragment avec une aiguille d'or avant de le mélanger au saint chrême. Le baume prit une couleur rougeâtre.
Eudes s'approcha et baissa sa tunique avant de se mettre à genou devant la cathèdre du Primat des Franges Orientales. L'archevêque préleva du baume sur son pouce puis, tout en récitant les formules liturgiques, investit tous les sièges de forces en y traçant une croix : sur le front, la poitrine, entre les deux épaules, sur l'épaule droite puis la gauche, la jointure du bras droit et du bras gauche, et pour finir, sur les paumes des deux mains. Les prédécesseurs de Eudes avaient reçu exactement les même gestes. Ils représentaient la stabilité en reproduisant les règnes précédents, en ressourçant le pouvoir ducal dans son origine divine. Eudes était le 19ème ducs à se tenir devant le prélat consécrateur, et le 9ème de sa famille.
L'archevêque débitait sa litanie en langue antique, Eudes ne reconnu qu'une phrase : "Dux Cahonum a Deo coronatus", duc de Cahogne couronné par Dieu. C'était les mots de saint Sabin lors de l'avènement de Guillaume le Preux. Dans la liturgie du sacre, mélange du rituel impérial et barbare, le terme avait remplacé celui de "Rex Cahonum".
Après avoir été duc par hérédité, Eudes était maintenant duc par la consécration religieuse. Avec l'Empereur, le duc de Cahogne était le seul prince triaphysite à être sacré. Il devenait l'égal, mais aussi le rival du maître de l'Empire. Lui aussi était désormais un intermédiaire sacré entre Dieu et le peuple des fidèles. Il était insufflé des forces surnaturelles qui le mettait en lien direct avec le Tricéphale, à travers lui et son corps oint passait la protection divine. Par l'onction, il devenait un hybride entre profane et clerc, un être à la limite du clergé et du monde laïc, une sorte de duc-prêtre.
A présent était terminée cette période de creux pendant laquelle le successeur ducal n'était qu'un duc incomplet, pas encore totalement le véritable souverain du pays. Désormais la majesté de Eudes était instituée et jamais ne pourra être ébranlée. L'interrègne avait duré quatre mois. Quatre mois d'incertitude où l'on avait craint pendant un temps que l'héritier de la Cahogne ne revienne pas d'outremer.

Paul de Saint-Saëns approcha avec le manteau ducal, une lourde chape rouge ornée de lys dorées, et rhabilla le corps désormais sacré du prince. La fleure de lys, symbolisant le soleil, faisait de Eudes un duc solaire qui illuminait la Cahogne et fertilisait sa terre.
Puis on procéda à la remise des régalias.
Yvon d'Annequin apporta l'anneau d'argent qui symbolisait le foi et l'intégrité du duché. L'archevêque le prit, le bénit, puis le mit au quatrième doigts de la main droite de Eudes.
Frère Justin apporta le sceptre ducal, terminé par une fleur de lys, qui symbolisait le pouvoir de commandement. L'archevêque le prit, le bénit et le plaça dans la main droite de Eudes.
Frère Jourdain apporta la main de justice, symbole de la légalité mais aussi de la foi, de la charité et de la raison. L'archevêque la prit, la bénit et la plaça dans la main gauche de Eudes.
Puis on attendit l'arrivée de la couronne ducale. Celle-ci passait entre les mains de tous les barons vassaux du duc de Cahogne ou leurs représentants, symbolisant leur dépendance au prince. Le dernier à la porter était Cécil de Saint-Saëns, un grand honneur pour lui. Il apporta la couronne à l'archevêque. Celui-ci la bénit puis, accompagné de paroles rituelles, la déposa sur le sommet du crâne de Eudes.
Ainsi chargé de tous les symboles de son règne, Eudes se leva et reçu du Primat le baisé de paix. L'archevêque l'accompagna ensuite jusqu'au trône qui faisait face à tous les barons et les prélats.

« Que le médiateur de Dieu et des hommes fasse de toi le médiateur du clergé et du peuple » s'écria Adrien IX, la première parole en landique qu'il prononçait depuis le début de la cérémonie, puis il invita Eudes à s'asseoir sur le trône surélevé.
Des trompettes retentirent dans la cathédrale et la foule de grands barons et de prélats s'écria d'une seule voix :
« Vive le duc éternellement ! Vive le duc éternellement ! Vive le duc éternellement ! »
Des centaines de colombes furent relâchées sous les voûtes de l'immense église.

Il fallait encore que chaque barons présents viennent rendre hommage à leur suzerain par un baiser, puis la cérémonie allait se terminer par une dernière messe avant de procéder aux festivités. Comme à l'accoutumé, un grand banquet était organisé par l'archevêque dans l'une des grandes salles du palais neuf.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeLun 17 Fév - 21:48
Odo, Dux Cahonum a Deo coronatus.
Odo, Dux Cahonum a Deo coronatus.
Odo, Dux Cahonum a Deo coronatus.

Comme j’étais idiot. Je croyais que le but du sacre était d’impressionner les autres. Je pensais que c’était un appel à la superstition. Un moyen de forcer les gueux, mes sujets, à me voir comme un surhumain, comme quelque chose qui dépasse le règne des communs. Aussi sceptique que Frère Paul, je croyais que le sacre n’était qu’un outil, comme un autre, pas si différent des autres as que j’ai dans ma manche.
Mais le sacre n’existe pas pour impressionner les autres : Il sert en réalité à m’impressionner moi. J’ai des cernes autour de mes yeux, des pulsations dans le cœur, la faute au manque de sommeil. Je me laisse être bougé, alors qu’on m’apporte les regalias, qu’on me couronne, qu’on m’utilise pour me parer d’or et de sacré. Je ne contrôle plus mon corps. Il ne m’appartient plus. C’est comme ces moments où l’on est avec une femme qu’on aime, qu’on la touche, que nos cœurs battent, et que, au final, on transcende les sens purs pour atteindre quelque chose d’au-dessus. On me vole mes organes, mes membres, on me vole mes os et mon sang. Au moment où les cris retentissent, et que des colombes volent au-dessus de moi, je tremble, je sens de la chair de poule gagner mon échine, et, je vois le temps se ralentir.
Je ne suis plus Eudes. Je suis le Duc de Cahogne. Les doutes de ma nuit de prière s’évaporent. Mes peurs, mes vices, mes craintes, tout disparaît. J’ignore si je suis bon. J’ignore si je suis mauvais. Ce que je sais, c’est que je suis souverain. Cette terre est mienne. Cahogne est moi. En cet instant, je ressens, étrangement, le sang de mon père. Je ne l’aimais pas, cet homme. Je me sentais écrasé par lui, je sentais son jugement, ses projets. J’avais du ressentiment envers son manque d’amour et de tendresse. Je comprends mieux à présent. Est-ce cela qu’il ressentait lorsque lui aussi a été sacré ? Est-ce cela qui l’a changé ? Je sens qu’il est mien. Mon ancêtre. Je ressens les Ducs qui l’ont précédé. Je suis Théodémond le Barbare. Guillaume le Duc. Je suis Raoul pourfendant les barbares, Raoul chantant des sérénades, Hugues partant en Croisade – tous ces traits que j’ai déjà prouvés à la face du monde. Je suis mon père, aussi. Mon frère me manque. Il me manquera toujours. Mais pour la première fois depuis mon existence, je ne sens pas que je me compare à lui. Je ne me dis plus, « Qu’est-ce que Hugonnet ferait à ma place ? ». Je suis le Duc. Ce n’est plus moi face à l’Histoire, c’est l’Histoire face à moi.
À moi à présent d’en être digne. Son poids ne me fait plus peur. Je chargerai, lance couchée.

Mes barons viennent s’agenouiller un par un. Tous me prêtent hommage. Aucun n’a le droit à un sourire, un mot en particulier, une plaisanterie de ma part. Je ne fais pas de faveurs, ni de défaveurs particulières. J’oublie tout. Tous mes a prioris, qu’ils soient positifs ou négatifs. Charles d’Annequin n’est plus l’homme qui a mit mon ami d’enfance en prison, Mauger de Tancarvelles n’est plus le fou furieux sanguinaire qui a massacré la ville de Soulans, Cécil de Saint-Saëns n’est plus une aragne maléfique. Nouveau Duc, nouvelle page de l’Histoire de la Cahogne. Ils ne le savent pas, ils ne se rendent peut-être pas compte, mais nous repartons de zéro. Je les embrasses tous, un par un, en recevant leurs serments.
Armarius
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeLun 17 Fév - 23:23
Le cérémonie se poursuivit encore par une messe finale. L'archevêque récita une prière, suivi d'autres, et les choristes chantèrent des textes composés spécialement pour l'occasion.
A la fin, le Primat récupéra la grosse couronne d'or pour l'échanger pour une couronne plus légère, un simple cercle d'or beaucoup plus pratique à porter. La couronne du sacre retourna sur son coussin de velours et repartis pour ne ressortir qu'à l'avènement du prochain duc. Le reste des régalias suivirent le même chemin.
Au total, la cérémonie avait duré cinq longues heures.
Lorsque la dernière prière fut dite, l'archevêque conclu en remerciant le Tricéphale du don du Feu Sacré puis on implora la protection du Paraclet avant d'inviter les fidèles à venir placer leurs offrandes au pied de l'autel, comme pour une messe habituelle.
Après le dernier chant, la foule des prélats et des nobles se dispersa pour rejoindre la suite des festivités organisées à l'occasion du sacre. Mais un dernier rituel protocolaire attendait Eudes.
Adrien IX emmena le duc nouvellement sacré avec sa cohorte de prélats jusqu'au balcon du palais neuf surplombant la grande place où était réuni le peuple.
Lorsque apparut le duc, la foule s'écria d'un seul homme. Un moment unique de communion entre le duc et son peuple.
Puis Eudes rentra. Profitant d'un moment en aparté, l'archevêque s'approcha du duc. Il sourit au travers de sa grosse barbe, affichant un air satisfait. Adrien savait qu'il venait certainement d'accomplir le dernier grand acte de son règne. Il posa une main chaleureuse sur le bras de Eudes.

« Te voilà fait duc mon fils. Dieu t'a choisi toi et nul autre.
Le rôle que tu as à jouer dans ce monde s'accompagne de responsabilités importantes. Ce serment que tu viens de prononcer ne doit pas être que de simples paroles qui résonnent sous les voûtes d'une église. Il doit t'habiter dans chaque jour qui se lèvera jusqu'à ta mort.
Apporte la paix et la prospérité au peuple de Cahogne, à commencer par cesser cette guerre que tu mènes dans le Vaujour. Elle perturbe le royaume de Dieu et épuise les forces triaphysites qui devraient être entièrement tournée vers la conquête sur les païens.
 »

Espien de Raysac avait suivit les prélats et se tenait aux côtés de Eudes.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeLun 17 Fév - 23:37
Difficile pour moi de redescendre. C’est monté crescendo. Les sujets de Vendaume ne sont peut-être pas mes sujets, mais leurs applaudissements, leurs ovations de centaines de vies humbles tournées vers moi et mes décisions a de quoi trembler mon cœur. Je suis en euphorie. La bouche pâteuse, les yeux humides, la peau sèche. Je suis vraiment très fatigué. Et je commence à avoir très envie de pisser, en même temps que j’ai faim et soif. Je continue d’être escorté, en espérant qu’il va y avoir un moment où je pourrai enfin me détendre et me rafraîchir – probablement à l’occasion du banquet. Tellement de mains à serrer, de gens à remercier pour leur déplacement… Je vais en avoir pour la journée toute entière.

C’est là que l’archevêque m’arrête et me parle de quelque chose qui ne le regarde point. Je papillonne des cils devant lui. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Me prend-il pour un enfant ? Eustache Tancarvelles est là. J’ai vingt mille pointes de lances qui me serviront de cierges pour apprendre au Bâtard Landebroc la nouvelle de mon onction, et lui souhaite… Que j’annule ces plans de conquêtes ? En quoi ont-ils à voir avec la doctrine du culte ?
Je me sens en colère, mon sang chaud de Cahon souhaite s’emporter un instant. Oser ainsi me contraindre, le jour de mon sacre ! Je ne me suis pas mis sous son autorité. Nous sommes égaux, rien de plus. Je lui souris timidement.

« Oh, mon père… »

Je pose mes mains sur ses épaules, et lui embrasse la joue.

« Il n’y a pas de guerre dans le Valais. Il y a des troubles dans le Vaujour que le Duché a acheté pour un million de livres. J’interviens pour tenter de remédier aux grands troubles que des brigands ont provoqué en faisant du mal à mes sujets là bas.
Des affaires qui concernent le temporel… Ne vous inquiétez pas. Rien qui ne fasse du mal à votre ban spirituel. »


Je lui montre mes dents avec mon petit sourire.
Va te faire foutre.
Armarius
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeMar 18 Fév - 0:21
L'archevêque garda son sourire habituel.

« Détrompez vous mon enfant, ce conflit fait beaucoup de mal à mon ban spirituel. Voyez vous, je suis le gardien de la paix et j'ai pour droit de rectifier toute décision politique brisant la concorde. »

L'évêque de Soulans et chancelier de Cahogne se permit d'intervenir pour soutenir le duc.

« Votre sainteté, nous ne faisons que rétablir l'ordre sur des terres qui nous reviennent de droit et que le comte de Valais nous conteste. Comme le dit monseigneur Eudes, le Vaujour a été acquit légitimement. S'il y a un briseur de paix en Cahogne, il s'agit de Robert Landebroc.
- Le comte de Valais a des raisons de contester la possession du Vaujour. La terre ne devrait peut être pas être monnayée et revenir à son possesseur légitime, à savoir le fils d'Etienne V.
- Monseigneur, sauf votre respect, Robert n'est qu'un bâtard engendré par l'adultère. Il est fils de tentatrice, comment pouvez vous prendre sa défense ? Il a usurpé le trône à sa demi-soeur et provoqué la guerre contre nous.
- Robert a été choisi par les barons, ce n'est pas ce que j'appelle une usurpation. Bien au contraire.
L'usurpation c'est s'accaparer un bien contre la volonté du commun. Robert a été appelé par le grand nombre pour succéder à son père, le choix du peuple le légitime à régner, bien que sa naissance soit souillée par la bâtardise.
- Landebroc est un fauteur de guerre. Si vous êtes l'ordonnateur de la paix, le duc est l'auxiliaire de votre justice. Il est le combattant de la guerre juste qui remettra l'ordre dans la Cahogne, vous ne pouvez pas ne pas le soutenir dans son action.
- Vous vous prétendez les meneurs de la guerre juste ? N'est ce pas votre parti qui a gagé ces cottereaux pour garder le Vaujour ? J'ai reçu nombre de lettres de l'évêque de Raveaux se plaignant des ravages de vos mercenaires. Ils ont dévasté la région, massacré, pillé et brûlé des villages au nom du duc de Cahogne. L'évêque lui même a été maltraité et forcé à payer des redevances illicites pour racheter la paix dans son diocèse.
- Lorsque le pouvoir archiépiscopal nous abandonne nous sommes à regret dans l'obligation de recourir à ces vils outils. C'est votre manque de soutien qui nous a forcé à engager ces routiers et en cela vous êtes vous même la cause de leurs déboires. Mais l'évêque de Raveaux est un allié de Landebroc, il force le trait pour nuire à la réputation du duc.
 »

Bien que l'évêque et son supérieur s'opposaient dans la dispute, le ton restait courtois entre les deux hommes. Ce n'était qu'argument contre argument, sans aucune colère.

« Votre sainteté, je vous en conjure, si vous êtes l'amoureux de la paix que vous prétendez être, intercédez en notre faveur auprès du comte de Valais afin de régler le conflit au plus vite. Il mériterait l'excommunication pour avoir ainsi troublé l'ordre public.
- Très bien, j'enverrai un légat pour arbitrer le conflit. Mais seulement si vous indemnisez l'évêque de Raveaux pour les spoliations de vos hommes à la hauteur dont il estimera ses dommages.
 »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeMar 18 Fév - 0:58
Heureusement qu’Espien est là. Il est intervenu avec tact et diplomatie, là où je serais sans doute devenu rouge et hurlant à sa place. Je suis plutôt doué pour convaincre les nobles et les hommes de ma trempe, mais il est vrai qu’avec des hommes d’Église c’est toujours beaucoup plus compliqué.
Un légat… L’archevêque veut envoyer un légat ! C’est complètement stupide. Je souhaitais jouer la montre tant que c’était à mon avantage, le temps pour moi de lever l’ost et de voir comment les choses se déroulent avec Malestoit. Mais à présent, le temps joue contre moi. Le temps permet à Landebroc d’engager des Lansquenets, il lui permet de convaincre le Mauranne de me trahir en ayant une porte de sortie pour cent mille livres. Et puis, qu’y-a-t-il à négocier ? Négocier pour la Transgarde oui. Négocier pour le Porez, oui. Mais le Vaujour ? Il m’appartient. Il est mien. Il n’y a strictement rien d’autre à voir.

« Engager des coupes-jarrets pour maintenir l’ordre a été une grave erreur de la part de mon père. Une erreur que Landebroc semble également en train de commettre ; J’ai ouï-dire qu’il avait également prit sur ses gages une bande de Gallancs truands pour se battre à ses côtés.
Je ne doute pas un seul instant du mal que les ribauds que mon duché emploie ont pu commettre sur les ouailles de l’évêque de Raveaux. Je doute en revanche franchement de la félicité d’un bâtard usurpateur qui a recours à de biens sombres outils pour parvenir à transgresser un traité juste et officiel que mon père a pu signer. Un million de livres, votre sainteté. Un million de livres qui auraient pu servir à couvrir son Valais avec sa générosité, au lieu d’appeler des hommes d’armes du fin fond de l’Empire pour venir s’opposer à moi. »


Je fais une toute petite pause pour bien faire résonner mon propos.

« Il n’y a aucune dette que je ne voudrai pas rembourser. Je réparerai les torts qui ont été commis, tous les torts. Si des sujets soumis à mon ban ont souffert par la faute des coupes-jarrets, c’est évidemment à moi qu’il reviendra de réparer et d’indemniser. Aussi, je ne comprends pas comment vous pourriez m’accuser à demi-mots de troubler la paix publique et de venir faire du tort à la sainte Église. J’ai passé cinq ans à me battre pour cette sainte Église pendant que les événements du Valais se déroulaient, à présent que je viens tout juste de rentrer et que je souhaite une bonne fois pour toute mettre un terme à tout le mal qui y a lieu, vous me prenez à part comme un mauvais enfant ?
Enfin, Votre Sainteté, réfléchissez : Pourquoi croyez-vous que je mobilise tant de soldats avant d’entrer dans le Vaujour ? Pensez-vous que c’est uniquement contre le bâtard Landebroc ? Ou bien est-ce qu’il n’y a pas également le vilain chef des ribauds que je souhaite ainsi terrifier ? »


C’est pas totalement faux, d’ailleurs.

« Si vous décidiez d’envoyer un légat, qu’est-ce qu’il aurait à négocier ? Quels clauses lui demanderiez-vous de faire signer, de ma part ? Je ne veux rien d’autre que le Vaujour. À défaut, qu’on me rembourse le million de livres et des dommages et intérêts pour être revenu sur ce traité. Mais je ne suis pas sûr que Landebroc accepterais, alors que ce n’est que justice. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeMar 18 Fév - 13:22
« C'est une bonne chose que de prendre conscience des erreurs de ton père. Je souhaite que tu les répares. Mais c'est regrettable si le comte se met à utiliser les mêmes armes que toi.
C'est ça que je vous reproche dans cette affaire, vous mettez de l'huile sur le feu à lever des armées pour vous battre plutôt que de négocier la paix.
- Justement votre sainteté, nous y travaillons. L'armée est une aide à notre diplomatie, nous ne pouvons pas arriver désarmé devant Robert Landebroc et réclamer la paix. Nous devons faire pression sur lui, montrer notre puissance.
Il en va de la renommé du duc, imaginez si le prince que vous venez de sacrer cède face au Valais. Cela ne causerait-il pas d'autres troubles dans le pays ? Si l'on voit la faiblesse du duc et le peu de soutien que vous lui accordez ? Certains en profiterait pour se rebeller à leur tour et plonger le pays dans le chaos. Le duc est votre agent de la paix, le rempart face au désordre.
 »

L'archevêque se mit à réfléchir un instant.

« J'enverrai un légat négocier une trêve avec le comte. C'est tout ce qui m'importe, que le sang triaphysite ne coule pas inutilement. Je ne veux pas que votre "diplomatie" se fasse au détriment du menu peuple.
En attendant, excusez moi, je suis vieux et cette cérémonie m'a épuisé. Je vais me reposer.
 »

Adrien IX salua le duc et l'évêque de Soulans avant de s'éloigner.

« Il serait temps de changer d'archevêque mon prince... murmura de Raysac à l'intention du duc de Cahogne, ce vieillard ne comprends plus rien aux affaires qui rongent les Franges Orientales... Mais ne sous-estimez pas son pouvoir, il est dans notre intérêt d'avoir l'archevêque avec nous, ou plutôt de l'avoir contre Landebroc. Évitez de trop vous opposer à lui, quand bien même vous avez toutes les raisons de le faire. S'il en vient à vous désavouer les conséquences sur notre politique seraient catastrophique. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeMar 18 Fév - 14:33
Je grince des dents et continue mes murmures avec mon chancelier.

« Non seulement il n’a pas de couilles, mais en plus il n’a pas de tête… Je peux comprendre qu’il se mêle des affaires de Transgarde, mais se mêler du Valais, c’est dépasser l’autorité de son anneau.
Si Landebroc accepte la trêve, nous serions dans une situation dramatique. Le temps joue pour lui à présent. Il se renforce de semaine en semaine.
Il faudrait que le légat nommé soit dans notre camp et ait notre vision de la situation… Mais j’en doute certainement. Il va probablement nommer un type aussi lâche que lui. »


Je continue de marcher. Tout comme l’archevêque, j’ai besoin de me rafraîchir et d’aller pisser avant d’affronter les invités.

« En tout cas, je suis d’accord avec vous, je ne peux pas m’opposer trop férocement à lui. Au moins le temps que l’évêché de Pérignan soit placé sous l’autorité d’un prêtre qui sera favorable à votre élection. En attendant, je vais être obligé de le caresser dans le sens du poil et feindre de la bonne volonté.
Jourdain ou Valéri de Saint-Saëns ; Pour vous, qui a le plus de chance de conquérir le cœur de l’archevêque ? »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeMer 19 Fév - 14:56
« Non vous avez tort mon prince, la juridiction de l'archevêque s'étend sur toute les Franges Orientales, il a donc le droit de s'occuper du Valais. Contrairement à certaines doctrines, je ne pense pas que le temporel soit dissocié du spirituel. Les deux pouvoirs sont intimement liés, il faut composer avec l'autorité de l'archevêque.
Mais je ne crois pas que Landebroc accepte une trêve. D'après nos dernières informations il lève une armée, apparemment il s'est décidé à en découdre. Laissons le croire qu'il a une chance de vaincre et jamais il n'acceptera une trêve.
Mais vous avez raison mon prince, il faut insister auprès du Primat pour qu'il nomme un légat de notre parti. Je vais aller lui parler. J'aborderais en même temps l'évêché de Pérignan. Je pense que Valéri de Saint-Saëns est un meilleur candidat. C'est mon mentor, il a une grande expérience et c'est un membre de l'une des grandes familles du duché.
Vous avez une idée d'un potentiel légat ?
 »

De Raysac salua le duc, lui disant qu'il viendrait plus tard au banquet. En attendant il allait discuter avec l'archevêque.
Eudes fut conduit à la grande salle de réception du palais neuf. Là se trouvaient tous les invités, plus de 1000 personnes. C'est le banquet qui engloutissait la grande majorité du budget alloué à la cérémonie du sacre, il fallait ravitailler en plats et en vins les invités. Plus de 20 000 litres de vin à dû être acheté rien que pour cette soirée.
La salle d'apparat du palais neuf de Vendaume était l'une des plus grandioses de toutes les Franges Orientales, et peut être de l'Empire. Datant de la seconde moitié du XIIème siècle, elle avait accueilli les festivités des sacres de Clotilde l'Emperesse, Lothaire le Jeune, Hugues le Magnifique et Hugues le Batisseur. A présent c'était au fils de ce dernier de célébrer son élévation.
La salle était vaste et richement décorée, découpée en deux pièces séparées par une série de colonnes centrales. Le plafond de charpente lambrissée était haut, ses voussures ornées de peintures religieuses dont les cadres étaient rehaussés de feuilles d'or, illustrant notamment l'histoire de saint Adrien et de saint Sabin. Les colonnes latérales, entrecoupées de grands vitraux lumineux, étaient surmontées par les statues des 30 archevêques qui avaient précédé Adrien IX. Sur le mur du fond, au dessus de trois grandes cheminées, trois statues encastrées observaient les invités. Il s'agissait d'une représentation du Verbe, du Paraclet et de la Géhenne, les trois hypostases du Dieu Tricéphale.
La grand'salle était pleine de gens qui conversaient. Des serviteurs passaient entre les invités pour les servir, remplir leurs gobelets de vin et leur donner à manger. Sur les côtés, de grandes tables avaient été dressées pour accueillir les plats et les pichets de vin.

A l'arrivée du duc, les premiers à le voir le saluèrent et le félicitèrent. Il y avait beaucoup de monde à qui parler et beaucoup qui voulaient parler au duc.
Eudes repéra plusieurs groupes de gens d'un rapide coup d’œil.
Il y avait les sœurs du duc, Jeanne et Blanche, qui discutaient avec leur cousine Clotilde, la comtesse de Porez, et le bouteiller de Trémanche Claude de Salignac.
Un autre groupe était composé par un grand homme aux cheveux gris et rasé de prêt à la mode de Julienne, qui devait être Louis-Philippe II le duc de Basse-Julienne, entouré de sa fille Louise la Boiteuse, de Gonthier II d'Espérac, vicomte du Landéron, du fils de ce dernier Raymond, du baron Amaury III de Conzac et de Isabeau d'Eschberg, régente de Roxemberg.
Plus loin était un groupe de clercs. Eudes y reconnu Frère Jourdain et Frère Justin avec les évêques d'Aigues et de Vaucouleur, Domice et Odilon Simon.
Un peu à l'écart du reste des invités, se trouvaient les étranges envoyés du roi d'Estovie, le voïvode de Carpasie Valadìm Angélia et l'évêque de Tetrograd Istovan de Vizdémia. Ils étaient accompagnés par une grande et belle femme à la peau très blanche.
On vit aussi Népotain et son frère Théofroy, le Grand-Consul de la Hanse impériale, en conversation avec les intendants ducaux Lanfranc de Picquy et Charles Daguerre.
Éparpillés dans toute la salle, Eudes repéra aussi d'autres têtes qui lui étaient connue. Deux groupes de vassaux ducaux s'opposaient : d'un côté un groupe formé autour du connétable Charles d'Annequin, avec ses frère Louis et Yvons, son fils Pierre et son neveu Richard Tancarvelles accompagné de Guillaume Lame-Rouillée ; de l'autre Mauger Tancarvelles, ses enfants Eustache et Sébire, et le clan des Saint-Saëns Cécil, Frère Paul, Frère Valéri, Diane et Sybille.
Le duc vit aussi sa sœur Alix jouer avec Alphonse IV et sa jeune sœur Eléonor, sous la surveillance d'Hubert II.
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeJeu 20 Fév - 15:39
« Aucune idée. Jourdain a déjà été envoyé là bas : C’est un bon clerc, mais l’évêque de Raveaux le déteste à présent, il ne ferait donc pas un bon choix.
Pourquoi pas Frère Justin ? »


Je laisse Espien y réfléchir alors que nous nous séparons. Moi-même m’éloigne un petit instant en étant guidé par un domestique. Un instant pour me rafraîchir, boire un peu d’eau, et me remettre d’aplomb avant d’aller affronter les invités. Ils vont être très nombreux.

Tout un tas d’invités ont décidé de constituer des groupes. Je vais devoir parler à tout le monde, recevoir les hommages et les félicitations, et faire belle figure. Ça va me prendre un temps fou, et énormément d’énergie. Par lesquels commencer ? J’ai l’embarras du choix – des bourgeois, des religieux, ma famille. Après une petite hésitation, je décide de me diriger dans la direction des Estoviens et leurs vêtements étranges. Cela fait bien pour le protocole d’aller remercier les autres principautés avant le reste – ça montre que j’ai de l’estime pour eux et que je les traites d’égal à égal. Je me fais accompagner de quelques laquais qui me dirigent vers eux et signifient ma présence. Ils me saluent tous d’un petit mouvement de tête, que j’imite.

« Messires. Monseigneur. Madame. C’est un honneur pour moi de vous voir ici, et je vous remercie chaleureusement d’avoir fait le déplacement.
La route de Tetrograd jusqu’à Vendaume n’a pas été trop difficile ? Avez-vous eu le temps de visiter Vendaume ? »


On commence toujours par des banalités courtoises avant d’engager les vraies discussions.
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 15:31
Eudes avait devant lui le Grand-Palatin de la cour de Dragomir et l'évêque de Tetrograd. Le premier était un homme grand et gras, portant un bouc roux et un riche costume de son pays. Il avait le visage bouffie, clairement marqué par l'alcool, et des yeux bleus qui lui donnait un regard intense. Le second était un vieillard courbé sur sa crosse portant une grosse barbe blanche et un couvre-chef noir lui entourant la tête. Avec son teint blafard et son visage osseux, on aurait dit un cadavre ambulant.
Les deux hommes de l'Est détonnaient par rapport au reste des invités, dans leurs apparences, dans leurs manières. Ce contraste était marqué par leur solitude. Ils étaient les seuls à rester dans leur coin, personne ne venait leur adresser la parole. De toute l'histoire de la Cahogne, c'était la première fois que des Dremmens assistaient au sacre d'un duc. Ce peuple avait été les ennemis jurés des cahons ; pendant des siècles, ils avaient mit à feu et à sang les frontières orientales de l'Empire, détruisant et massacrant des villages entiers. Désormais, à travers le royaume d'Estovie, ils se voulaient les alliés de l'Empire.

« Merci monseigneur, mais tout le plaisir est pour nous » répondit Valadìm dans une voix puissance marquée par un très fort accent. Malgré sa façon de rouler les "r" et de mal prononcer certains sons, son landique était étonnement clair et compréhensible.

«C'est un grand honneur pour nous que de représenter notre peuple. Le roi aurait été heureux d'assister lui-même à votre ascension, mais hélas des affaires le retiennent au royaume.
Le voyage a été long et éprouvant, mais il en valait l'enjeu.
- Vendaume est un ville magnifique,
poursuivit l'évêque Istovan, avec la voix de son apparence, enrouée et chevrotante, c'est un exemple pour nous. Tetrograd s'aspire beaucoup de maisons cahons dans la fabrication de nos églises. J'ai prit un plaisir grand à visiter le palais neuf. Vendaume est certainement le plus beau ville de l'Empire.
- En attendant de visiter Soulans,
reprit diplomatiquement Valadìm. Votre sacre était une cérémonie grandiose, un bel exemple de la magnificence de la religion triaphysite. »

Autour de lui, Eudes pouvait voir quelques regards de certains invités mi-inquiet mi-amusé de voir le duc s'entretenir avec ces sauvages à moitié païens.

« Permettez nous de vous présenter Klaria-Marie, sœur du roi Dragomir. »

Valadìm approcha devant lui la jeune femme qui se tenait jusque là en retrait. Elle était très grande et fine, son visage recouvert de fard blanc rehaussé d'un peu de rouge sur ses joues potelées, ce qui lui donnait un aspect livide. Les Dremmens avaient une obsession de la blancheur, synonyme pour eux de beauté, et Klaria-Marie était un exemple typique de cette beauté de l'Est.
L'évêque reprit :

« Si sa seigneurie le permet, on aimerions parler de la Malokarpatie.
- Ce que vous appelez la Transgarde,
précisa Valadìm, notre voyage n'est pas seulement cordial, mais animé par le désir de régler cette affaire qui gangrène nos bonnes relations. Nous sommes ici en tant qu'invités mais aussi en tant qu'ambassadeurs. Le roi Dragomir est désireux de conclure avec vous un accord qui pourrait lier la Cahogne et l'Estovie dans une amitié solide et durable. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 16:04
Mais oui bien sûr que le Roi Dragomir est occupé. Je souris à leurs compliments sur la ville de Vendaume et notre religion commune – la vraie religion. Ils sont atypiques, mais, leur politesse et leur courtoisie me va droit au cœur. Contrairement aux autres Cahons, je ne pense pas que les ennemis héréditaires existent. Un pays n’a pas d’amis ou d’ennemis, juste des intérêts et des relations. Je laisse les sentiments à mes sujets. Moi je suis Duc de Cahogne, je suis censé les protéger et les représenter, qu’ils haïssent les Dremmens est leur problème. Moi je n’ai aucune gêne à aller leur parler, surtout lorsqu’ils me traitent avec plus d’égards que ne l’a fait un sire de Salignac.

Lorsqu’ils me présentent la jeune femme, je m’incline avec révérence. Je tends ma main afin de pouvoir embrasser la sienne.

« Enchanté de faire votre connaissance, ma damoiselle.
Parle-t-elle le landique ? »

Je demande sans condescendance, juste en regardant bien le grand-palatin dans les yeux, c’est juste histoire de faciliter nos échanges.

Ils abordent le sujet qui fâche. Je garde un visage quelconque. Bien sûr que oui qu’ils allaient l’aborder. Je m’en doutais bien, je ne suis pas plein d’une fausse candeur.

« Oui… J’admets que j’aurais préférer parler de cet ennui avec Dragomir en personne, le rencontrer d’égal-à-égal, plutôt que de devoir négocier une affaire aussi pressante avec des ambassadeurs. Mais enfin, le sujet est vaste, nous aurons le temps d’échanger beaucoup dessus. Alors, commençons. »

Petite pause.

« Sa Sainteté l’archevêque a beaucoup insisté pour que je négocie avec votre suzerain. Selon lui, l’installation en Transgarde qu’a poursuivi et renforcé mon père sous son règne est une spoliation de territoires qui vous ont toujours appartenu. Au départ, l’idée m’a furieusement vexé, mais enfin, l’archevêque est un homme bon, qui a su me faire voir ce côté des choses… Il est vrai que vous avez l’histoire de votre côté. Si Dragomir m’offre sincèrement son amitié, je désire travailler avec lui. Et à présent que nous sommes Triaphysistes, je suis certain que nous pouvons passer outre les rivalités et les vieilles rancœurs qui touchent Cahons et Dremmens. Nous avons tant à s’échanger.
Alors, messieurs, sachez que vous trouverez en moi un Duc plutôt volontariste pour vous rétrocéder la Transgarde. Mais malheureusement, il y a plusieurs points qui me gênent.

En tout premier lieu, il y a le fait que je suis le Duc des Cahons, et que mon rôle est de protéger les Cahons. Comme vous ne devez pas l’ignorer, il y a encore des païens qui font du mal aux colons qui se sont installés. Des gens innocents qui sont harcelés et assassinés. Un Duc incapable de protéger ses sujets est perçu comme un Duc faible. Des générations ont passé malheureusement. Il y a en Transgarde des Cahons qui y sont nés et y ont grandit. À présent, il sera compliqué de forcer ces gens à quitter cette terre qu’ils ont cultivé, où ils ont bâti des églises, où ils parlent leur langue. Ils attendent de voir une petite Soulans à Soulans-la-Neuve. Ils attendent de voir leur Duc.
Il faut que nous décidions de ce qu’il adviendra de ces personnes là. Qu’est-ce que Dragomir souhaite en faire ? Veut-il seulement la terre, en forçant ces colons à l’expulsion ? Ou bien veut-il devenir leur seigneur ?

En second lieu, il y a la question de l’Ordre des Portes-Croix. Mon père a peut-être commis une terrible erreur en leur attribuant tant de commanderies, mais à présent, cet Ordre est devenu une véritable puissance foncière et militaire dans la région. Il faut également régler ce qui adviendra d’eux. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 16:49
Klaria-Marie fit une révérence courtoise devant le duc.

« Mousigniorr, dit-elle dans un accent Dremmen très prononcé.
- Non elle ne parle pas landique, pas encore. Mais nous lui avons apprit quelques mots sur le chemin de Vendaume. »

D'une voix autoritaire, Valadìm pressa dans sa langue la princesse à dire quelques mots. Pour les étrangers, le dremmen était une langue vulgaire et violente qui donnait l'impression que ces locuteurs se disputaient sans arrêt.
Klaria-Marie obéit, sans grande conviction. Elle ne semblait pas très heureuse d'être ici.

« Mousigniorr, jé zui honoray de... de...
- De vous rencontrer.
- Divu renkôntray.
 »

Valadìm fit un sourire forcé, espérant que la démonstration avait satisfait le duc. Puis il jeta un regard noir à la princesse.
L'évêque n'y prêta pas attention, lui était là pour parler de la Transgarde, ou plutôt de la "Malokarpatie", il se fichait des conventions diplomatiques.

« On apprécions votre volonté de trouver un accord pacifique.
- Le roi ne veut aucun mal aux colons cahons, il a bien conscience qu'ils sont à présent chez eux autant que les Dremmens. Pour les Portes-Croix c'est autre chose...
, le grand-palatin lança un regard lointain à Riquier de Sabernagne qui se trouvait dans la salle.
- Le trouble en Malokarpatie remet tout autant en cause l'autorité de Dragomir que le votre. Strelka est un dangereux secte qui prétend combattre pour la liberté. Mais son chef, "Muddry", ne veut que le pouvoir pour lui. Le royauté n'a aucun lien avec lui, et condamne fortement les agissements.

- Avec notre roi nous avons eu une idée pour régler l'avenir de la Transgarde, une idée qui pourrait convenir à tous, à l'Estovie, à vous, aux colons et aux Dremmens.
Dans un premier temps, la Cahogne rétrocède de plein droit tout le territoire qu'elle prétend posséder au delà de la Garde, villes et colonies comprises.
Ensuite, votre cousin Hubert de Vaudrincourt épouse Klaria-Marie afin d'unir intimement les familles ducales et royales. En dot, Dragomir confit à l'époux de sa sœur l'ancienne Transgarde élevé au rang de marquisat. Pour les terres au delà de la Garde, Hubert prêtera serment d’allégeance au roi.
Ainsi la Transgarde reviendra sous la suzeraineté Estovienne, tout en gardant un seigneur cahon à sa tête qui est plus l'un de vos vassaux et membre de votre famille, ce qui devrait contenter vos colons et vous permettrait de garder une certaines prise sur la Transgarde. Qu'en penseriez vous monseigneur ?
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 17:28
« C’est une femme très charmante. Vous lui direz. »

Je considère la proposition sur la Transgarde en hochant de la tête. Ils sont peut-être barbares et arriérés, mais leur marché est beaucoup plus équitable que ce que Thomas d’Estaing a bien voulu me donner sur des terres qui me reviennent bien plus légalement. Dragomir serait beaucoup plus en droit de réclamer la Transgarde que Thomas d’Estaing ne peut le faire pour le Porez, et pourtant, il accepter de garder cette terre en vasselage à quelqu’un de ma famille, et sceller le tout par mariage.
Franchement, il faut que j’en discute avec mon Conseil, et surtout avec Hubert qui est le premier concerné – mais a priori, là, directement, je ne vois pas d’embrouilles.

« Ma foi… C’est une proposition fort juste que vous me faites là. Cela ne règle pas le soucis des Portes-Croix, en revanche, mais votre Roi tient là une idée qui ménage tout le monde.
Si nous pouvons unir nos forces pour abattre la Strelka, dans tous les cas, vous aurez toujours mon aide. Les Portes-Croix se sont révélées incapables de combattre cette secte. Je veux leurs têtes. »


J’agite la tête. Puis leur fait un petit sourire.

« Viendrez-vous à Soulans ? Je suis sûr que je peux trouver quelques présents à offrir à votre suzerain pour lui montrer la générosité de la Cahogne, et le désir de son nouveau Duc d’aller de l’avant avec lui. Je ne partage pas la rancœur et le fanatisme de la plupart de mes compatriotes. Vous êtes devenus Triaphysistes, il est temps pour nous tous de devenir frères. »


Si tout ici est conclut, il sera temps pour moi de passer au prochain groupe.
Encore une fois, les étrangers passent d'abord : Je dois me présenter au duc de Basse-Julienne, et à mon cher oncle vicomte.
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 18:12
Le voïvode se mit à rire, affichant une rangée de dents jaunes et biscornues. Sa dentition était aussi délabrée que les ruelles des bas-fonds de Soulans.

« Voilà une chose qui nous rapproche encore monseigneur, nous n'aimons guère non plus les Porte-Croix. Ce sont des fanatiques qui ont fait beaucoup de mal à notre peuple. A plusieurs égards ils ressemblent beaucoup à ceux qu'ils combattent. Dragomir désirerait les expulser de ses terres.
Si vous rétrocédez la Transgarde, nous pourrions prétexter un changement de propriétaire pour rendre caduque le contrat qui les lie à vous. Si vous n'êtes plus le suzerain des colonies ils n'ont aucun droit d'y rester.
- Notre roi a aussi d'autres revendications,
continua Istovan, il exige le paix religieux. Le Dremmen sera libre de choisir son religion, sans persécution. La conversion de force ne seront plus tolérée. On avons déjà discuté avec sa sainteté le métropolite, il est d'accord pour dire que la conversions forcée sont fausses et ne fait pas de vrais fidèles. De plus, notre roi exige que le prêche soit laissées à des prêtres Estoviens, sous l'égide de l'archevêque. Le prêcheur cahon ne serait plus autorisé à exercer en Malokarpatie.
- Le roi ne désire pas plus de violence en Transgarde. Comme il ne désire pas non plus combattre les siens. Les combattants de la Strelka sont peut être les ennemis de la vraie religion, ils n'en restent pas moins les sujets du roi. Ses membres ne sont que de jeune gens fanatisés par les préceptes du Muddry. Si la Transgarde retourne à l'Estovie et qu'on leur offre la liberté religieuse -en attendant de les convertir- la Strelka se calmera certainement sans qu'on ait besoin de la combattre de front.
- Aussi, vous savez notre désire de créer un archevêché pour le Dremmen. Vous pourriez peut-être utiliser votre influence auprès de sa sainteté pour faire avancer le projet.
 »

Le large sourire du Grand-Palatin contrastait avec le mine défaite de la jeune princesse. Elle se contentait de regarder le sol sans rien dire. Elle ne comprenait rien aux discussions et ne se sentait pas à sa place en ce pays étranger.

« Nous serions ravis de venir à Soulans pour continuer cette discussion plus en avant. Ce n'est peut être ni le lieu ni le moment de négocier l'avenir de la Transgarde.
Notre roi avait justement l'idée d'un présent, mais nous parlerons de cela plus tard si vous le voulez bien.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeVen 21 Fév - 23:03
Les demandes continuent. Je ne peux rien faire d’autre que hausser les épaules.

« Je ne suis pas un docteur de foi, monseigneur. Si Sa Sainteté dit ceci, il doit mieux savoir que moi.
En tout cas, je comprend parfaitement les demandes de votre seigneur. Nous pouvons nous embêter sur le sujet de la Transgarde, c’est parce que nous pensons à l’intérêt de nos sujets ; Mais l’Estovie n’a pas vocation à devenir un simple client qui serve de sous-fifre à l’Empire. Vous avez un Royaume indépendant, qui se construit, qui a une grande et belle histoire derrière lui, et qui continuera à remplir de nouvelles pages de chroniques. Vous méritez d’avoir un archevêché pour vos propres fidèles, et vous méritez d’avoir des prêtres qui soient bien Dremmens et non de simples prêcheurs Cahons. Cela n’empêchera jamais à nos deux pays d’échanger, partager, discuter, débattre et commercer.
Je vous préviens, néanmoins : Mon opinion n’est pas partagée par la plupart de mes sujets. Le Cahon est sanguin et malheureusement imbu de lui-même. Il pense qu’il est le centre du monde. Je suis patriote, j’aime mon pays et ma race, mais je ne déteste pas celle des autres. Cela demandera du temps, mais comme Sa Sainteté, je reste persuadé qu’avec de la bonne volonté, nous pouvons unir nos deux peuples.

Vous avez raison. Nous discuterons mieux de tout cela à Soulans. En tout cas, je répète avec sincérité : Je suis ravi de vous accueillir dans mon pays. Vous y êtes les invités et vous profiterez de ma pleine et entière hospitalité, j’y veillerai. »

Malgré tout, j’ai tout de même envie de juger Dragomir en personne. Mais rien de ce que je dis n’est hypocrite. Les autres cultures me fascinent ; Tout comme j’adore Arda lorsqu’elle chante dans sa langue, je pense que les Dremmens sont plus que de simples barbares idiots. Je me rends compte que je vais à l’encontre de la majorité. Espien de Raysac m’a déjà fait savoir qu’il trouvait l’actuel archevêque mou : Ces questions de prédicateurs, purement spirituelles, risquent d’empoisonner mes relations avec Dragomir. Mais enfin, les prêtres Cahons savent écrire, ils peuvent incarner un mouvement intellectuel, nous pouvons construire des cathédrales d’art Cahon en Estovie ; Et pas par la force, pas avec nos propres pierres en écrasant ce peuple voisin. L’amour est parfois plus efficace que la haine, et je reste persuadé que nous pouvons faire entrer les Estoviens dans notre giron plus par la diplomatie et un commerce sain, que par la menace de rustres rutilants portant des épées.


Une fois que nous nous sommes tous salués, je décide donc de m’éloigner et d’aller rejoindre les nobles voisins. J’y vais avec un grand sourire. Mon oncle est là.

« Votre Altesse. »

Je fais une petite révérence à sire Louis-Philippe.

« Mon cher oncle. Mesdames. Sire.
Raymond ; Encore merci pour tout. Je n’aurais voulu personne d’autre pour m’accompagner de mon levé de la veillée jusqu’à cette cathédrale.
J’espère que la cérémonie a été à la hauteur de vos attentes. Je vous remercie tous d’être venus. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 14:43
Raymond fit un signe de tête au duc.

« Ce fut un grand honneur pour moi monseigneur. »

Depuis la partie de chasse il y une vingtaine de jours, les relations entre Raymond et Eudes s'étaient tendues. L'héritier du Landéron était redevenu froid et distant, ne s'adressant à son ami d'enfance que de façon protocolaire. Il gardait encore certainement en travers de la gorge les projets de mariage entre Jeanne et Eustache. Eudes voulait jouer au duc, Raymond allait le traiter comme un duc.

Eudes était bien entouré avec cette assemblée de grands nobles : le duc de Basse-Julienne Louis-Philippe II, le baron de Conzac Amaury III, le vicomte du Landéron Gonthier II, et la régente du comté de Roxemberg Isabeau d'Eschberg.
Louis-Philippe était un homme affable et maniéré, âgé d'une cinquantaine d'années. Il était grand, dépassant tout le monde d'une tête, et fin. La mode en Julienne détonnait par rapport à celle de Cahogne. A côté des barbues qu'étaient Eudes, Raymond, Amaury et Gonthier, Louis-Philippe était imberbe, les joues rasés de près et les cheveux coupés court. Il portait une couronne d'argent, symbole de son rang ducal, et un riche costume de cérémonie.

« Sire Eudes, nous étions justement en train de parler de vous. Votre sacre était splendide. Comment vous sentez vous après être devenu l'oint du Seigneur ? Ressentez vous une force divine vous parcourir le corps ? Je serais curieux de connaître cette sensation. »

La régente de Roxemberg, mère d'Alphonse IV de Hohenhaussen, était une petite femme brune approchant les quarante ans. Malgré son age, elle restait une très belle femme. De temps en temps, son regard se portait vers son fils et sa fille Eléonor, qu'elle surveillait pendant qu'ils jouaient avec Alix.
A ses côtés se tenait bien droit l'oncle maternelle du duc, père de Raymond, Gonthier d'Espérac. Il était resté le même que dans les souvenirs de Eudes : un homme froid et dédaigneux. Mais le duc savait que ce n'était qu'une apparence, le vicomte avait en vérité un grand amour pour les enfants de sa sœur, même si, comme celle-ci, il ne le montrait jamais.

« J'avais assisté au sacre de votre père, dit Gonthier, le votre en égal l'éclat. A l'époque le siège de Vendaume était vacant et le prélat consécrateur avait dû être l'évêque de Belfort. Ça ne change rien à l'acte, mais c'est mieux pour le prestige que d'être sacré par l'archevêque. »

Louis-Philippe approcha sa fille Louise, celle qu'on surnommé la "boiteuse". Un surnom qu'elle portait bien puisqu'elle était soutenu par une canne. Espien de Raysac avait expliqué à Eudes comment un bête accident d'enfance l'avait rendu infirme. En temps normal, elle aurait dû être reléguée dans un monastère, cachée pour éviter la honte sur sa famille. Mais Louise était l'enfant préféré de son père et jamais il n'accepta de l'abandonner aux moniales. Malgré les moqueries, Louis-Philippe éleva sa fille comme ses autres enfants.
Louise, malgré son handicap, n'était pas laide, même si elle manquait cruellement de charme. Elle avait un visage banal, un regard terne et une aura sans éclat. Là où Arda ou dame Ensellina pouvaient ressortir parmi les courtisanes de Blanche, comme la lune dans la nuit, Louise serait certainement noyée dans l'anonymat. Elle ne devait sa lumière qu'à son nom et au titre de son père.

« Permettez moi de vous présenter ma fille, Louise. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 15:07
Sourire plissé à l’intention de Raymond. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me saute dans les bras, mais sa froideur a le don de me faire mal. Quel est donc son problème ? À quoi pense-t-il ? Croyait-il vraiment qu’il allait épouser Jeanne ? Il est saisissant d’hypocrisie. J’aimerais bien avoir une discussion à cœur ouvert avec lui, mais malheureusement, ce n’est vraiment pas le moment de faire un esclandre.
Je suis entouré de beau monde. Des sires de haut rang, des voisins puissants. Je me dois de me montrer respectueux envers eux, me montrer digne malgré mon jeune âge.

Je commence par faire un sourire et un signe de tête à sire Louis-Philippe.

« C’est… Difficile à décrire. Assez grisant. Je vous avoue être toujours très fatigué de la veillée, et encore sous le charme de toute la cérémonie du sacre.
Je ne saurais pas trop expliquer. Mais il est vrai que je me sens plus… Moins… Je ne saurais vous mettre des mots sur mes sensations. Disons que je me sens plus résolu, que je suis moins un jeune homme. »


Signe de tête à mon oncle, à présent.

« Il est vrai, mon oncle. Il est vrai. »

J’allais changer de sujet de conversation, lorsque le Duc de Basse-Julienne me présente une femme. Une femme quelconque, sans intérêt, qui échapperait au regard si elle n’avait pas une canne avec laquelle elle claudiquait. Elle me laisse de marbre. Je ne projette rien en l’observant, elle n’allume aucune flamme.
Mais elle est la fille d’un Duc, et une épouse possible parmi celles que m’a proposé Espien. Je suis assez capable de faire la part des choses entre le mariage et la passion, contrairement à Raymond. Cela ne m’ennuierait pas d’épouser un laideron si c’était pour la Cahogne. Aussi, je joue à mon numéro de charmeur. Je force un faux sourire, doux, à la fois timide et intéressé ; Comme un chevalier qui s’apprête à déclamer une sérénade envers sa belle. Je m’incline légèrement, et tend ma main pour pouvoir attraper la sienne et y poser mes lèvres.

« Ma Damoiselle. Je suis enchanté de faire votre connaissance. »

Je la regarde droit dans les yeux, un peu longuement, avant de regarder en arrière mon Alix en train de s’amuser avec d’autres jeunes enfants de la noblesse. Je me tourne alors pour faire un sourire à la régente-mère de Roxemberg.

« Votre fils a l’air d’être en pleine forme ! La dernière fois que j’ai eu la chance de le voir, il n’était que tout bambin. Je n’ai pas de doute qu’il deviendra un beau et preux chevalier en grandissant. »

Je lance un petit regard en coin à la Boiteuse, avant d’observer le sol. Je feins l’idée qu’elle ait pu faire battre mon cœur. C’est trop facile de jouer à ce petit jeu – je ne l’ai que trop exercé avec les amies de Blanche.

« Alors, mesdames, messeigneurs, vous parliez donc de moi – uniquement de mon sacre, ou bien il y avait quelques sujets sur ma personne qui vous intéressait ? »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 15:36
La régente rendit son sourire au duc. Elle avait beau avoir le double de l'age de Louise, Isabeau la surpassait en charme et en élégance. La mère du comte de Roxemberg était un bel exemple du raffinement de la noblesse du centre de l'Ostromanie. Elle maîtrisait bien le landique, la langue de la diplomatie dans l'Empire, mais une pointe d'accent gallanc trahissait ses origines, la maison d'Eschberg régnant sur le comté de Travia.

« Que Dieu puisse vous entendre sire Eudes, j'aimerai qu'Alphonse suive votre exemple, on ne compte plus les chansons contant vos exploits en outremer. Probablement que mon fils aimerait prendre la croix lorsqu'il sera en age, il est déjà si pieux et si dévoué à Dieu. »

Remarquant l'attrait du duc pour sa fille boiteuse, qu'il ne savait pas feint, Louis-Philippe remit d'un geste discret Louise en retrait et fit un sourire un peu gêné à Eudes.

« Nous parlions surtout de la guerre que vous menez contre le Valais. Nous avons apprit le mariage entre Robert Landebroc et la fille du duc de Haute-Julienne, ce qui inaugure une alliance entre les deux hommes. Une alliance qui nous inquiète quelque peu dame Isabeau et moi, la Haute-Julienne étant l'un de nos ennemis historiques.
- Etienne, le père de Robert,
poursuivit Isabeau, était marié à l'une des sœurs de Léopold, mon époux défunt. Mais Robert haïssant sa belle mère, il a décidé d'un revirement d'alliance pour s'unir à Gilles IV. Je pense qu'il craint que le Roxemberg n'apporte son soutient à ma nièce Marie pour revendiquer le trône du Valais qu'il le revient de droit, et le duc de Haute-Julienne est trop heureux de se trouver un nouvel allié contre nous. »

Eudes connaissait la géopolitique compliquée en Julienne. Autrefois, le comté de Roxemberg faisait parti du duché de Haute-Julienne, mais après l'indépendance du comté le duc n'avait cessé de revendiquer ce territoire. Naturellement, le Roxemberg avait trouvé des alliés en Basse-Julienne et dans le Valais pour contrer la puissance de la Haute-Julienne, mais l'avènement de Robert remettait en cause l'ordre établit.
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 17:18
Je réponds à la régente-mère avec un petit sourire en coin.

« Vous me flattez. J’ai fais mon devoir pour la Croix et j’ai eu la chance de pouvoir rentrer en vie et en bonne santé, c’est le plus important.
Profitez de son enfance, ma dame ; Il aura bien assez de temps et d’années pour les grands exploits, je n’en doute pas. »


Le sujet passe maintenant au Valais. Mon sourire s’estompe et je fronce les sourcils avec une mine très fâchée.

« Gilles IV déshonore grandement sa famille et son sang en cherchant l’alliance matrimoniale avec Robert. Non seulement c’est un bâtard, et un usurpateur, mais il est aussi un parjure qui brise les traités que mon père avait signé. La crise du Valais a été fort mal géré par mon père dans ses dernières années, c’est la chose qui me fait le plus de peine depuis mon retour d’Outremer.
Je ne reconnais pas à Landebroc le droit d’être comte de Valais. C’est Marie l’héritière légitime. Mais apparemment, elle a été enfermée dans un sombre monastère, où nul doute Robert souhaite l’assassiner par le froid et la faim, à petit feu, comme le lâche qu’il est.Saviez-vous qu’il a utilisé l’argent avec lequel mon père a acheté le Vaujour pour payer sur ses gages des lansquenets de l’Empire ? Les pauvres gens du Valais sont maintenant écrasés par les coupes-jarrets de toutes parts et de tous les protagonistes. Le chevalier que je suis en est absolument dégoûté, sachez le bien. »


Malestoit. Salopard de Malestoit. Je le paye mais je ne l’aime pas pour autant. Dieu merci, ce n’est pas moi qui ait signé son contrat à l’origine, quand bien même je n’ai pas brisé son contrat.

« Je souhaite mettre fin à la crise du Valais le plus fort et le plus rapidement possible. L’ordre doit revenir dans cette région avant qu’elle ne soit brûlée et pillée par les cottereaux. Qu’en pensez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 21:47
Chacun acquiesça de la tête.

« Cette guerre n'a que trop duré, continua Louis-Philippe, mais méfiez vous du bâtard, s'il a réussi à mettre en déroute votre père c'est qu'il est plus redoutable qu'il ne le laisse présager, surtout s'il possède l'alliance de la Haute-Julienne. Il est rusé et fourbe en plus d'être un brillant stratège.
L'emploi de mercenaires est regrettable, mais nous connaissons tous la réalité de la guerre. De plus en plus de prince ont recours aux compagnies de soudards.
- Mes agents n'ont pas réussi à retrouvé la trace de ma nièce. Robert la garde bien caché. Peut être que la malheureuse est déjà morte. Seriez vous prêt à soutenir Marie et à la placer sur le trône du Valais si elle venait à réapparaître ?
 »

Eudes pouvait repenser aux paroles de l'archevêque. Le Primat des Franges-Orientales n'avait pas l'air de trouver Marie plus légitime que son demi-frère à régner sur le Valais. Après tout Adrien IX n'avait pas tort, Robert avait été porté par les barons.
Mais remettre Marie se serait rétablir les rapports de force déstabilisés par l'usurpation du bâtard.

« Raymond m'a fait part de votre envie que le Landéron se joigne à vous face au Valais. Sachez mon neveu que si vous me le demandez je ne pourrais passer outre la solidarité familiale. Mais je ne vois pas trop notre intérêt à entrer en guerre contre notre voisin. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 21:53
« La clé de la paix dans le Valais, c’est Marie. »

C’est du moins la conclusion à laquelle je suis arrivé.

« Je prie le Seigneur qu’elle soit encore en vie. J’ose espérer que nous parviendrons à la retrouver et à l’exfiltrer du pays avant que quelque chose d’horrible lui arrive.
Je la reconnais en tout cas comme la comtesse légitime du Valais, cela est certain. Landebroc est un usurpateur que je ne tolère pas d’avoir comme voisin. Il doit sauter. Marie doit prendre sa place et elle obtiendra mes épées s’il le faut. »

Je fais ensuite un signe de tête au vicomte.

« L’aide d’alliés me serait précieuse. J’ai amassé une grande armée, mais comme vous le dites, Votre Altesse, Landebroc n’est pas un ennemi que nous pouvons sous-estimer. Sinon lui, ses généraux sont également très compétents, et les habitants du Valais semblent être attachés à leur indépendance.
Mon cher oncle, et, si ma dame et son altesse sont d’accord… Peut-être que Raymond pourrait épouser Marie ? La Cahogne récupérerait le Vaujour, et vous pourriez assurer la paix dans le Valais. Nous pourrions nous allier tous les quatre ensemble contre Landebroc. »
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MessageSujet: Re: Le Sacre Le Sacre Icon_minitimeSam 22 Fév - 22:05
Tous furent surprit de la proposition de Eudes.

« Je ne vais pas pouvoir épouser tout le monde, se permit de commenter Raymond avec une touche d'ironie dans le ton.
- Sire Raymond n'aurait pas déjà été promit à une autre cela aurait été envisageable » rajouta Isabeau.

Louis-Philippe fit un sourire un peu gêné au duc.

« En effet monseigneur, nous avons profité de votre sacre pour finaliser les accords de mariage entre ma fille et Raymond.
- Je pensais que vous étiez au courant,
dit Gonthier en lançant un regard à son fils. Non, Raymond n'avait rien dit, cela fait déjà plusieurs semaines que nous discutons d'une alliance entre le Landéron et la Basse-Julienne. Pourquoi n'as tu rien dit à ton cousin Raymond ?
- Je pensais l'avoir fait, mes excuses.
 »

Raymond avait l'air ravi d'épouser Louise la Boiteuse. Il tirait une mine défaite.
Isabeau reprit :

« Et pourquoi pas vous monseigneur ? Je vous sais sans épouse, pourquoi ne pas épouser vous même Marie ? Vous obtiendrez à la fois le Vaujour et le reste du Valais. »
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