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Armarius
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MessageSujet: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMar 21 Jan - 23:56
En attendant le sacre

Eudes avait décidé de resté au palais de Soulans pour y mener les affaires locales et profiter de sa famille.
Peu à peu, il entrait dans une certaine routine, apprenant le métier de duc : recevoir des ambassades,  assister à quelques séances du Parlement, rendre la justice, arbitrer quelques conflits.
Et puis il y avait le reste, la vie de grand noble : les jeux, les banquets, les parties de chasse avec Raymond, comme au temps passé...

Le duc était à son bureau, à lire quelques rapports rédigés par ses intendants sur l'état de ses domaines, lorsqu'un valet frappa à sa porte. Il annonça, comme il était prévu, l'arrivée de frère Yvon et du chambellan Odilon le chétif. Tout deux avaient demandé une audience auprès du duc.
Yvon et Odilon entrèrent, saluèrent le jeune duc avec respect, puis s'installèrent.
Il était étonnant de voir ces deux là devant le duc, eux qui étaient si discret d'habitude.
Le moine prit la parole en premier.

Frère Yvons : « Monseigneur, c'est une entrevue dont le contenu ne devra pas s'ébruiter afin de garantir nos sécurités, mais nous tenions à vous faire part de nos craintes... »

La voix d'Yvon, comme à son habitude, était mal assurée. Il lui avait fallut du courage pour venir devant son suzerain. Il tourna son regard vers le chambellan. Lui était plus calme, l'habitude de parler en public.

Odilon : « Oui monseigneur, nous nous permettons de venir vous voir pour vous interpeller sur l'état déplorable du duché que vous reprenez en mains. Ce que nous allons dire ne vous fera pas plaisir, nous le comprenons bien, mais pour le bien commun il nous faut parler. Sachez que nos intentions ne vont que dans l'intérêt du duché.
Nous observons inquiets que la Cahogne, depuis la mort de votre grand-père Hugues II, est entrée dans une phase de déclin auquel votre père n'a pu remédier. 
»
Frère Yvon : « Nous ne parlons pas seulement d'un déclin économique, mais aussi diplomatique et militaire. La guerre du Vaujour est une catastrophe, Hugues III n'a pas réussi à vaincre un ennemi beaucoup plus faible que lui qui usait de méthodes non conventionnelles en empêchant toutes batailles rangées qui auraient pu régler rapidement la question. Votre père s'est laissé embourber dans une guerre qui devait être courte, ce qui coûta grandement au duché, en monnaie mais surtout en prestige. »
Odilon : « De l'autre côté, le comte de Trémanche empiète sur votre juridiction et sur vos droits en usurpant le Porez. Les rêves de colonisations de la Transgarde tournent au fiasco, ce qui a obligé votre père à vendre à l'ordre des Porte-Croix ses droits sur les forteresses de la région. »
Yvon : « A l'intérieur, la réalité du pouvoir échoit à vos conseillers qui ont placé leurs créatures dans toute l'administration du duché. La corruption est un vrai fléau. »
Odilon : « Il est vrai, j'ai pu avoir accès aux archives des comptes. Un quart de nos revenus sont détournés chaque année, soit plus de 650 000 livres, ce qui est une somme énorme !
Nous ignorons où part cet argent, mais j'ai comme l'impression que le surintendant le sait lui. 
»

Frère Yvons parlait vite, déblatérant son texte comme s'il l'avait apprit par coeur.

Frère Yvons : « Vos droits sont piétinés, votre justice est bafouée, votre argent est dilapidé et votre armée ne fait plus peur à personne depuis trop longtemps. »
Odilon : « Malgré cela, nous plaçons beaucoup d'espoir en vous monseigneur, nous sommes sûr que vous allez remonter la barre et redorer le blason de la maison de Cahogne. Mais vous ne pourrez le faire sans un bon entourage.»
Frère Yvons : « Or, nous pensons que vous n'ayez pas les meilleurs conseillers à votre table, ceux-ci profitant trop de votre bienveillance et utilisent leur autorité à mauvais escient, pour servir avant tout leur propre intérêt et non le votre.
Il est temps d'assainir l'administration et de relever le duché de Cahogne.
Et sachez que dans cette tâche difficile, vous pouvez compter sur des hommes loyaux comme moi et Odilon. 
»
Odilon : « Nous aimions votre père, et le service au duché est toute notre vie. D'autres ne sont là que pour profiter du pouvoir. »

Yvon semblait tendu, comme s'il redoutait la réponse du duc, alors qu'Odilon gardait son flegme habituel.
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 0:20
J’ai décidé : Je vais révéler l’existence d’Arda à la cour. Je ne pourrai pas la garder ainsi, comme un mauvais secret, éternellement. Il faut que j’en parle. Que j’obtienne l’avis de ma famille, d’abord – la famille c’est loyal, c’est un socle. D’Espien ensuite. Il a l’air d’être de bon conseil. Mais j’ai envie qu’Arda puisse vivre à mes côtés. Pas en tant qu’épouse. Peut-être… je ne sais pas. Je ne serais pas le premier noble à avoir une maîtresse. Pourquoi l’hypocrisie ? Mes ancêtres, mes prédécesseurs, n’avaient-ils pas plusieurs épouses ? C’est une tradition Cahonne, non ?
Arda s’en fiche. Elle pourrait vivre éternellement dans l’ombre. C’est pour Albert que c’est gênant. Pour l’heure ce n’est qu’un gamin qui apprend tout juste à parler. Mais il sait que je suis son père. Je ne peux pas juste… L’enfermer quelque part et l’oublier.

Je réfléchissais assez distraitement aux courriers des intendants. Il n’y a que des mauvaises de toute façon. Depuis que je suis rentré mon règne, c’est ça, des mauvaises nouvelles. Et beaucoup de moments chiants. La scène la plus drôle au Parlement hier c’est quand j’ai dû résoudre une affaire d’adultère : J’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire devant la famille en colère et les avoués et juristes qui me dévisageaient. J’étais sur les nerfs, y faut dire. Bordel, en Ponantique on devait constamment survivre, affronter des armées gigantesques, défaire des factieux aux dagues acérées… Ici j’ai l’impression d’être un pantin. L’administration me contrôle, plus que l’inverse. Je suis devenu un rouage d’un système qui me dépasse.
Et si en plus on doit rajouter les intrigues des grands feudataires… Au moins ils sont humains. Mais des humains médiocres.

C’est là que Frère Yvon et Odilon le Chétif m’ont surprit. Ils sont étranges ceux là. Je ne les connais pas. Ce ne sont pas des anciens amis de chevalerie. Ils étaient important sous le règne de mon père, mais j’étais déjà parti. Du reste, je ne connais presque rien sur eux. Yvon avait l’air de tenir à Claude, donc ça doit être un bon gars. Odilon apparemment vient bien de Soulans, je lui avais demandé son avis sur Jacques Delphin, je m’en souviens très bien. Du reste, j’ignore qui sont ces loustics. Qu’importe. Je les ai accueillis en leur proposant de s’asseoir et de boire du vin : c’est tout ce qu’il y a de bon en Cahogne, notre vin.

Ils commencent à me faire un long discours. Assez étonnant. Et quand ils en ont terminé, je ne peux pas m’empêcher de ricaner. De rire d’un bon rire.

« Oh, messieurs… Vous croyez que vous m’apprenez quelque chose ?
Bien sûr que oui, notre duché est la risée des Franges. Je ne l’ai que trop durement vu lorsque j’ai négocié avec la baronnie d’Aigues. Le bouteiller de Thomas d’Estaing s’est permit de me manquer de respect, juste devant mon museau – et je n’ai même pas pu rétorquer quoi que ce soit, tant je me rendais compte à quel point il avait raison.
Quant à mes conseillers… Ils ressemblent tous à une bande de vipères qui cherchent juste à m’utiliser dans leur sens. »

Sourire en coin. Je regarde l’un, puis l’autre.

« Mais en quoi êtes vous si différents d’eux ?
Frère Yvon, votre frère n’est-il pas le connétable ?
Et vous, je… Par quel titre suis-je censé vous appeler ? Pas sire, pas maître… Odilon. Il me semble que vous êtes le protégé d’Espien, non ? Vous lui devez tout, n’est-ce pas ?

En quoi êtes-vous les conseillers qui ont mon intérêt et celui de la Cahogne à cœur ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 4:40
Yvon laissa Odilon répondre. Sans préparation il ne savait plus quoi dire, le moine n'était pas bon en improvisation, surtout sous pression.
Calmement, Odilon répondit.

Odilon : « Je suis votre chambellan monseigneur, du moins était-je celui de votre père. Vous pouvez simplement m'appeler par mon prénom, je ne suis pas noble.
En effet, je dois beaucoup à monseigneur Espien, c'est lui qui m'a sorti de la rue et introduit à la cour. Mais c'est justement parce que je suis proche de lui que je sais de quoi il est capable. Une bande de vipères comme vous dite...
 »

Yvon se décida à parler, d'abord avec beaucoup d'hésitation.

Frère Yvon : « Le connétable est mon frère, mais... je ne me reconnais pas en lui... ce qu'il a fait à Claude... Enfin, je veux dire, je ne peux pas croire que Claude soit partisan d'un complot contre le duc, c'est invraisemblable, ça ne lui ressemble pas du tout. Alors que mon frère ait pesé pour sa condamnation, puis qu'il en a profité pour prendre ses terres... tout ça est très suspect. J'aime mon frère monseigneur, mais j'aime aussi la justice. »

Odilon reprit derrière le moine.

Odilon : « Bien sûr monseigneur, nous savons bien que vous êtes déjà au courant de ce qui se trame au conseil. Vous n'êtes pas bête et vous voyez bien par vous même ce qu'il se passe. Ce que nous venons vous apprendre c'est qu'il existe à votre cour des gens qui vous sont tout dévoués et qui peuvent vous aider à combattre la corruption. »
Frère Yvon : « Il est vrai que nous sommes peut être un peu présomptueux à venir vous voir ainsi, vous n'avez aucune garanti de notre sincérité. Mais croyez vous en la simple bonté monseigneur ? Tous les hommes ne sont pas mus par l'ambition, certains aspirent à la justice, à la paix, au partage. C'est en tout cas ce à quoi j'aspire. J'aime la vie, j'aime les gens, tout ce que je veux c'est le bien pour chacun. Tout mon être est consacré à cela, et si vous partagez les même valeurs que moi, je suis prêt à donner toute mon âme pour vous servir. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 10:17
Yvon et Odilon m’intriguent.
Jusqu’ici, je parlais avec des gens de haut rang. Des hommes qui sont en vue. Que tout le monde connaît. Qui communiquent. Des feudataires de grandes familles, des négociants à long cour, et même Espien, né orphelin, est devenu un évêque respecté et important.
Yvon et Odilon ne sont pas ce genre de personnes. L’un n’est qu’un tout petit moine. L’autre un chambellan qui vit dans le décor. Ce ne sont pas des hommes qui peuvent s’agrandir publiquement. Ce sont des êtres de l’ombre. Des personnages qui intriguent et discutent loin des honneurs. Ils peuvent contrôler un trône sans jamais s’asseoir dessus.
Que je ne me laisse pas avoir par la petite stature timide du moine, ou par l’aspect de garçon d’Odilon : Ce sont des gens bien plus rusés et intelligents qu’ils ne le laissent penser.

Du coup je souris en coin. Je me saisis de ma plume avec laquelle je commence à jouer, distraitement. J’ai des soucis d’attention. La vie est plus amusante sur un cheval ou au milieu d’une cour. Dans les bureaux c’est pas pareil.

« Je sais pas si je suis un homme bon. Je sais que ce qui me motive, ce que j’aimerais accomplir en tant que duc, ça serait la tranquillité et la prospérité de mes sujets. Je suis un homme de guerre, mais la guerre est dégoûtante : Je veux la paix et le bonheur. »

Je reste silencieux, et joue avec ma plume que je m’amuse à faire tournoyer entre mes doigts.

« Très bien. Vous souhaitez me conseiller. Alors allez-y donc. Conseillez-moi.
Commençons par Toussaint. À l’heure qu’il est, vous avez dû certainement apprendre que je l’ai fais sortir de sa Geôlière. J’ignore s’il est innocent ou coupable. C’est juste l’état atroce dans lequel il était qui m’a outré et fait réagir. À présent, je me trouve dans une situation bien gênante. Il est chez mon frère, en sécurité, à reprendre ses forces et à profiter enfin de l’air frais. Pour l’heure, il redevient un homme.
Mais Claude de Toussaint est une force de la nature. Je l’ai connu jeune chevalier, il pouvait détruire des mannequins d’entraînement à la massue. Il doit bouillir de rage intérieurement. Selon mon chancelier, Espien de Raysac, c’est la folie née de son emprisonnement qui l’a convaincu de sa propre innocence, alors qu’en réalité, son oncle est celui qui a pesé pour commuer sa peine de mort en emprisonnement. Selon l’intéressé, c’est le triumvirat tout entier qui l’a mit dans cet état, pour se débarrasser de lui et des hommes trop loyaux à mon père.
Claude de Toussaint est une bombe à retardement, qui voudra se venger. Il m’aime, mais même sa reconnaissance envers moi ne sera pas suffisante à empêcher sa ire.
Dans le même temps, Mauger de Tancarvelles est venu me voir après une séance du conseil. Et il m’a proposé, comme un rat, d’inventer des témoignages contre Charles d’Annequin pour me permettre de sauver l’honneur de Claude. Ce serait quand même le comble : Je soupçonne Claude d’être victime d’une machination diabolique, d’une erreur judiciaire, et j’utiliserais les mêmes armes déshonorantes pour le sauver ? »


Je regarde l’un, puis l’autre.

« Alors.
Quels sont vos avis sur cette question ?
Claude est-il innocent ou coupable ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 14:22
Yvon répondit prestement, guidé non pas par la réflexion mais par ses sentiments.

Frère Yvon : « Il est innocent assurément ! »

Puis le moine se tut, comme si sa parole avait dépassé ses pensées.

Odilon : « J'ignore s'il est innocent. Mais s'il l'est, il ne serait pas dommageable d'utiliser de fausses preuves pour le faire sortir de prison. J'imagine que le dossier est tellement bien ficelé par ses ennemis que par la voie légale il sera difficile de prouver quoi que ce soit. »
Frère Yvon : « Je connais bien mon neveu, et vous aussi vous le connaissez bien. Je sais qu'il est incapable de ça. Je ne vois même pas pourquoi il se serait impliqué la dedans, pourquoi il aurait voulu s'en prendre au duc. Il aimait votre père, il n'a aucun motif ! »
Odilon : « Mais le triumvirat a lui plusieurs raisons de vouloir s'en débarrasser. Ils ont déjà écarté d'anciens proches de votre père, frère Jourdain et votre mère notamment ; et ils les ont remplacé par leurs hommes. Je le sais car je fais parti de ces hommes, Espien de Raysac pense avoir ma confiance, mais j'ai trop vu de malversation. Je suis un homme du peuple monseigneur, issu des bas quartiers de Soulans. Voir les grands profiter du pouvoir, de la richesse, se mettre au dessus de la justice, sans rien faire pour lutter contre la pauvreté, cela me répugne et je ne peux plus le supporter. »

Le chambellan soupira.

Odilon : « Comme dit frère Yvon, vous n'avez aucune raison de croire en notre bienveillance. Comment pouvons nous vous prouver notre loyauté ? »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 14:33
Ils me plaisent. Mais est-ce que me plaire est suffisant pour obtenir ma confiance ? C’est trop peu concret.
Je lâche la plume avec laquelle je joue, la pose sur mon bureau, et m’enfonce un peu plus dans mon siège, pensif.

« Ce qui me gêne le plus, c’est à quel point je me rend compte que le triumvirat contrôle tout. C’est normal dans une administration, un duc ne peut pas faire tout seul. Mais lorsque je souhaite accomplir quelque chose, je suis obligé de demander l’avis d’un des trois. Je ne connais que très peu les gens qui font partie des différents bureau. Tenez, vous deux, j’ignore tout de vous, alors imaginez pour les espions de Cécil, ou les chair des sciences... »


À la dernière question, j’ai soudain une illumination. Un souvenir. Ce que Blanche m’avait dit dans la nécropole ducale, en parlant des derniers instants de mon père.

« Cela me fait penser…
Il y a… Comment il s’appelle déjà ? Ce… Le médecin qui s’occupait de mon père. Népotain ! C’est cela.
J’ai des raisons de penser qu’il est la créature du Conseil. Et que son incompétence a servi à éloigner ma famille de mon père pendant sa longue maladie.
Pour quelle raison est-ce qu’un incompétent et un abruti vantard se permet de garder les honneurs de la chair de médecine ?

Vous semblez deux personnes très informées. Très intelligentes. Avec des réseaux. Qui connaissent les enjeux et les relations de ma cour.
Vous souhaitez gagner ma confiance ? Que je croie en vous ?

Enquêtez sur Népotain. Découvrez ce qu'il a fait pour le Conseil durant mon absence. Puis trouvez-moi un moyen de me débarrasser de lui. Ensuite, nous travaillerons ensemble. »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 15:13
Frère Yvon : « A oui, ce Népotain... cet homme me met mal à l'aise quand je le croise. Il est... étrange... comme s'il n'avait rien à faire ici. »
Odilon : « Je crois que Népotain est arrivé par l'intermédiaire de Charles Daguerre. Je me renseignerai selon vos souhaits monseigneur. »

Sur ce, n'ayant plus rien à dire, Odilon le Chétif et Frère Yvon se levèrent et saluèrent le duc avant de quitter la pièce.



Quelques jours plus tard, Espien de Raysac avait donné rendez-vous à Eudes au Sanctuaire. Il faisait beau en cette fin de mois de Ternembre (Mai), l'occasion de profiter des jardins de l'enclave religieuse.
L'endroit était calme, foulé par quelques pèlerins et moines, interloqués par l'escorte du duc. Même désarmés, les huscarls restaient impressionnants.
Eudes retrouva Espien près de la sainte basilique. Lui aussi était entouré des siens, des chanoines de son chapitre, et quelques chevaliers Porte-Croix qui assuraient sa sécurité. A la différence des hommes du duc, ceux de l'évêque avaient gardé leurs armes, les chevaliers réguliers étant les seuls autorisé à porter l'épée dans l'enceinte sacrée.
De Raysac accueilli le duc avec un grand sourire.

« Mon prince, quel plaisir. »

Il ordonna à ses chanoines de disposer.

« Marchons donc un peu sire Eudes, profitons de la bienveillance de Dieu qui nous offre ce soleil. »

Espien et Eudes commencèrent à suivre lentement un chemin de terre qui sillonnait entre des statues de saints. En retrait, huscarls et Porte-Croix suivaient.

« Il y a plusieurs sujets dont j'aimerai vous parler mon prince.
Déjà, je voudrais revenir un peu avec vous sur vos rencontre avec l'archevêque, le sire de Salignac et madame la Baronne.
L'issue de vos négociations vous convient-elle ?
 »

A son retour à Soulans, Eudes avait brièvement mit au courant ses conseillers du résultat de ses tractations.

« Je vous avais prévenu sur la faiblesse de sa sainteté. Il ne faut pas compter sur lui pour protéger la Transgarde. Heureusement, bientôt il sera rappelé aux cieux et j'espère que son remplaçant serait plus... actif. »

Espien resta un moment silencieux, comme hésitant.

« Je... ne vous ai pas encore parlé de mes prétentions sur le trône archiépiscopal. A terme j'aimerai être élu archevêque. Être évêque de Soulans et chancelier du duché de Cahogne est un grand honneur, mais mon autorité se limite à votre juridiction. En tant qu'archevêque, je pourrais agir sur l'ensemble des Franges Orientales et vraiment servir le peuple.
Et avec moi à la tête de l'archevêché, vous aurez un puissant allié pour mener votre politique. Je pourrais arbitrer en votre faveur et nommer des évêques qui vous sont dévoués. Surtout, cela vous évitera un archevêque favorable à vos ennemis, Robert Landebroc ou Thomas d'Estaing n'hésiteront pas à peser sur les élections pour faire élire leur candidat. Si Landebroc a peu d'influence, d'Estaing aurait les capacités de le faire.
C'est pour cela que je vous demanderai de soutenir ma candidature si vous le voulez bien.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 15:40
Espien me fait mourir de rire intérieurement. Il n’a pas eu besoin de me parler de ses prétentions : Je les aies devinées dès l’instant où j’ai posé le pied en Cahogne, quand il a immédiatement critiqué l’archevêque Adrien. Soit. Peu importe.
J’aime aller an Sanctuaire. C’est un endroit calme, imprégné de la présence de Dieu. J’aime m’agenouiller et demander pardon au Seigneur pour mes nombreuses offenses – notamment celles que je répètes chaque soir avec une femme qui n’est pas mon épouse. Au moins, je reste persuadé qu’il y a pire pécheur que moi.

Il n’empêche. Je suis heureux qu’Espien ait la décence d’intriguer dehors, dans les jardins, et non sous un édifice religieux. Ça serait impie.

« Salignac est un imbécile qui m’a manqué de respect. Mais au-delà de mon orgueil…
Je vous avoue que j’ignore trop quoi en penser. Je pense que le résultat de ce qui a été négocié sur le Porez est plutôt satisfaisant : C’est mieux que de se retrouver dans une conquête militaire ou un imbroglio judiciaire avec mon voisin, alors que nous sommes sur trop de fronts à la fois.
Ce qui me gêne plus, c’est que Clotilde ne sera pas une simple vassale loyale, pas comme peut l’être mon cousin Hubert qui est également un apanagiste. Elle demeure l’épouse de Thomas d’Estaing. Et entre son cousin parti cinq ans en Croisade, ou l’homme qui partage sa vie, il est aisé de deviner qui elle soutiendra…
Oui, je pense qu’elle peut rester ma vassale. Mais il me faudra utiliser tous les ressorts du droit féodal à mon avantage. Mon droit de ban. Mon droit d’ost. Mon droit de justice. J’ai promis à Salignac que Clotilde aurait le droit de choisir les époux de ses enfants ; Je me rends compte que c’est peut-être une mauvaise idée. Je pourrais lui accorder, mais en échange de quelque chose. C’est un bon chantage pour moi pour obtenir sa loyauté, vous comprenez ? »


Puis, revenons donc à sa question sur son élection. Je hausse les épaules.

« S’il arrivait que vous deveniez archevêque, vous seriez le ministre des Landes, et non plus le simple serviteur de la Cahogne. C’est l’âme de toutes les ouailles de notre région.
Quelle garantie ai-je que vous demeureriez allié avec moi ? Je dis bien allié, et non plus loyal, car l’archevêque et le duc sont censés être indépendants l’un de l’autre. Vous ne seriez plus sous mes gages, et n’aurez plus aucune obligation envers moi. »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 15:56
« Si cela vous satisfait.
Il est vrai que Clotilde risque de poser problème à l'avenir. Encore faut-il qu'elle ait des enfants. Je pense qu'à un moment où à un autre, elle et son mari feront une erreur. Et là, par le droit féodal, vous allez pouvoir intervenir. La guerre du Vaujour ne durera pas éternellement, les dremmens seront tous triaphysites demain, bientôt vous allez avoir plus d'espace pour manœuvrer. Lorsque Thomas sera votre dernier ennemi, il ne pourra rien contre vous.
En attendant, le traité est une bonne solution, cela neutralise le comte de Trémanche pendant que nous nous occupions d'autres affaires.
Et puis, en ce qui concerne la baronnie, si Thomas se montre récalcitrant sur le Porez, nous pourrions prétexter cela pour réclamer l'entièreté de la trouée. S'il brise la paix qu'il en assume les conséquence.
 »

Ils traversèrent une allée bordée de statues des saints primordiaux dont Eudes avaient vu les tombeaux en Ponantique. Les Apôtres, les rédacteurs du codex.
Au bout du chemin, il y avait la statue de saint Hugues Le Martyr représentait dans sa tenue de croisé, portant fièrement son épée d'une main et de l'autre une croix, symbole de sa mission outremer.

« Mon prince, je vous resterai allié par le cœur. Je suis né dans votre duché, j'ai servi le duché, j'ai aimé son duc et j'espère aimer autant son fils et successeur. Jamais je ne pourrais aller contre vous et la Cahogne.
Il est vrai que le pouvoir temporel et spirituel peuvent parfois s'opposer, ou bien avoir des divergences de point de vu. Mais avec moi à la tête de l'archidiocèse, vous pouvez être assuré que le dialogue restera toujours ouvert.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 16:08
J’agite la tête, et me place juste aux côtés d’Espien, les mains dans le dos, tandis que je contemple la statue de mon ancêtre héroïque.

« J’ai énormément de mal à vous cerner, monseigneur. Vous êtes quelqu’un de tellement… Tellement étrange.
Lorsque sieur Mauger ou sieur Charles me font un compliment, ou m’offrent un conseil, je sais particulièrement ce qu’ils attendent derrière. Mais pas vous. Vous êtes quelqu’un d’ambitieux, oui. Extrêmement intelligent, également. Et pourtant, j’ai presque l’impression que, lorsque vous me dites que vous aimiez mon père…
Je sens de la sincérité. »


C’est assez bizarre. C’est facile de parler d’amour. L’éprouver c’est tout autre chose. Mais il n’y avait qu’à voir le portrait que tonton Jean en a fait…
Est-ce qu’il est juste extrêmement doué pour feindre des émotions, ou bien est-il honnête ? C’est tellement difficile de lire en lui.

« Vous avez énormément à gagner. Et peu à perdre. Un grand appétit. Et la fourberie pour vous nourrir.
Vous ne finirez pas votre vie archevêque, monseigneur. Vous finirez Triarque. »


Ou dans un fossé. Les gens comme Espien, il n’y a pas de demi-mesure avec eux. Ils ne se contentent pas de vivre gentiment en se contentant de ce qu’ils ont, comme oncle Jean. Non, Espien est le genre de gars qui risquera tout pour grimper l’échelle, quitte à en crever. C’est pas comme s’il avait de la famille ou des gens proches avec quoi on pourrait le menacer.

« Les deux seules personnes que je peux soutenir à l’élection, c’est vous, ou Jean. Mais vous êtes parvenu à enrouler Jean autour de votre petit doigt. J’ignore pourquoi, mais il vous est totalement dévoué.
Alors vous aurez donc mon soutien. Dites-moi en quoi je peux vous aider à gagner l’élection, et je m’assurerai de le faire. »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 18:27
Espien sourit.

« Il est normal pour un seigneur de douter de ses conseillers. Ce doute est même recommandé je dirais. Mais voyez vous mon prince, à la différence de Mauger et de Charles je ne suis pas votre sujet. Mon suzerain c'est l'église, mon supérieur l'archevêque.  Je ne dépends donc pas exclusivement de vous pour atteindre mes objectifs. Je pense que c'est justement cette indépendance qui vous permet d'avoir confiance en moi. 
Mais vous me blessez à me dire fourbe. Je suis navré si c'est l'image que je vous donne. La Cahogne est mon pays et je ne cherche qu'à le servir. Je ne sais pas si je finirais Triarque, je ne sais même pas si j'en ai envie. Parfois il ne suffit pas d'être au sommet de la hiérarchie pour avoir le plus d'influence sur le monde.
Votre oncle Jean peut aussi être un bon candidat à l'archevêché. C'est un homme bon et nous nous apprécions. J'ai l'impression que vous sous entendez que je l'ai manipulé, je ne sais pas d'où vous vient cette idée.
 »

L'évêque s'arrêta à côté de Eudes, en face de la statue. De Raysac n'avait que faire du saint martyr, ce n'était pas un homme du passé, toute son attention était tournée vers l'avenir et avec l'aide du duc, son avenir s'annonçait brillant.

« Vous savez mon prince, les élections ne sont en vérité qu'une question d'argent, comme toujours. Je ne parles pas de corruption, pas vraiment en tout cas. Mais si vous promettez aux évêques électeurs des financements pour leurs diocèses, des cadeaux pour construire des églises, les rénover ou pour acheter des reliques, ou bien en leur promettant des privilèges et des aides, ils voteront  pour votre candidat.
En tant qu'évêque de Soulans je possède une voix. J'imagine que si vous lui demandez, monseigneur Jean votera pour votre parti. L'évêque de Cadour dépend de votre oncle Gonthier, il pourrait être des notres aussi. Ensuite, la voix de l'évêque de Vaucouleur sera plus difficile à obtenir. Tout autant celle de l'évêque d'Aigues, le frère de la Baronne que vous avez rencontré. De l'autre côté, l'évêque de Masoule, frère de Thomas d'Estaing, et l'évêque de Conzac, seront certainement en faveur du candidat du comte de Trémanche.
Et en ce qui concerne l'évêché de Pérignan, il est vacant et l'archevêque devrait en nommer un nouveau. Peut être devrions nous tenter d'influencer son choix.
Pour que je sois élu, il nous faudrait au moins 5 évêques de notre côté. Nous en avons déjà potentiellement 3, Thomas d'Estaing que 2.
Mais s'il parvient à faire nommer l'un de ses favoris à l'évêché de Pérignan, que l'évêque d'Aigues, qui lui est déjà favorable, vote pour son parti, et que celui de Vaucouleur le rejoint, alors il sera dans la capacité de faire élire l'un des siens comme archevêque.
Si le Primat des Franges devient l'allié de Thomas d'Estaing, il sera contre vous, et ce pourrait être catastrophique pour le futur de votre politique.
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeMer 22 Jan - 20:58
Il me fait la liste des candidats. J’écoute très attentivement, en tournant mes yeux vers la flèche du Sanctuaire.
L’Église est un étrange seigneur. Ils sont la parole divine. Ils incarnent le Verbe. Le temporel n’a pas à se mêler du spirituel.
Et pourtant, nous voilà à intriguer comme si nous parlions de pions sur un échiquier…

« L’évêque d’Aigues est fidèle à la maison d’Estaing. Mais ce n’est pas forcément un état de fait. J’ai pu voir la créature de mes propres yeux : Nous avons deux avantages que nous pouvons presser contre lui. D’abord, c’est un intolérant qui déteste les schismatiques, là où les Trémachottes semblent convaincus d’un compromis. Nous positionner sur une ligne dure face à l’hérésie pourrait nous gagner sa faveur. De plus, c’est un lâche et un pleutre qui respecte la force, j’ai vu à quel point mes Housecarles ont eut de l’effet sur lui. Si je gagne la guerre du Vaujour, et que je roule des mécaniques avec ma garnison en Aigues, je suis sûr que nous pouvons le convaincre que des deux candidats, je suis celui qui peut le mieux le protéger. »

Petit regard souriant sur mes loups qui me surveillent de loin. J’aime énormément mes housecarles. Depuis mon retour, je me rend compte à quel point ils me facilitent bien la vie. Je me demande si je ne devrais pas aller encore plus loin que ce que père a fait : Augmenter leurs effectifs, attribuer des privilèges à leur capitaine, me servir d’eux pour recruter des guerriers aux quatre coins de l’Empire… Je pourrais même rajouter des Dremmens de Transgarde parmi eux.

« Il faut que le Primat nomme quelqu’un de favorable, en effet. Je crois qu’il m’aime bien, mais c’est parce qu’il pense que je vais céder la Transgarde à Dragomir. J’ai prévu d’organiser une rencontre diplomatique avec le Roi d’Estovie pour tenter de négocier. Je pense que cela nous permettrait de gagner du temps et les faveurs de Sa Sainteté Adrien.
Au moins pour un temps. Il sera à la droite de Dieu très prochainement, prions pour son âme. »


Sourire taquin et vulgaire en coin.

« Qu’est-ce qui pourrait permettre à l’évêque de Vaucouleur d’entrer dans votre camp ? Aurez-vous besoin de mon aide pour ce cas-là ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeJeu 23 Jan - 15:37
« Vous avez raison, vous connaissez mes positions sur les hérétiques. Même s'ils ne me semblent pas être d'une grande menace pour le moment, je reproche assez l'inaction d'Adrien pour paraître implacable sur le sujet. Vous pourriez aisément convaincre l'évêque d'Aigues de voter pour moi. »

L'évêque et le duc reprirent la route, quittant Hugues le Martyr à son éternité de pierre. A présent ils remontaient vers une petite chapelle dédié au Verbe. Le chemin qu'ils suivaient formé une boucle et bientôt ils reviendrait à la sainte basilique.

« En ce qui concerne Odilon Simon, l'évêque de Vaucouleur, c'est un citoyen de la république. Il aime sa patrie et la défend corps et âme. Soignez vos relations avec Vaucouleur et il aura votre sympathie. Les relations entre le duché et la république ont toujours été conflictuelles. Vaucouleur nous octrois d'importants prêts que nous avons souvent bien du mal à rembourser, ce sont aussi nos principaux concurrents commerciaux dans la région. Votre grand-père Hugues II avait même mit le siège sur la ville pendant un moment, les valcolorois en gardent toujours beaucoup d'animosité pour les ducs.
Je sais aussi que dans sa jeunesse il a fait plusieurs voyage en pays Dremmen pour y prêcher.
Il garde de bonne relation avec le roi Dragomir, ayant participé de près à la conversion de son père, ce qui l'a rapproché aussi de la maison d'Estaing, Olivier II, le père de Thomas, ayant lui même apporté la couronne royale à Bogdanil lors de son entrée dans l'Eglise.
Il est favorable à la création d'un archevêché à Tetrograd, dont le titulaire porterait le titre de Primat des Dremmens, en lieu et place de l'archevêque de Vendaume, actuel "métropolite des Dremmens". Soutenir ce projet nous apporterait son soutien et celui de Dragomir.
Le seul problème est l'ambition d'Odilon, il ne serait pas étonnant de le voir briguer l'archevêché.
Il ferait un excellent archevêque, c'est un grand connaisseur du Dogme et un politique intelligent. Mais il défendrait Vaucouleur contre nous et sa proximité avec le roi d'Estovie pourrait poser problème.
»

De Raysac s'arrêta, pensif, puis reprit.

« Avez vous un candidat en tête pour l'évêché de Pusignan ? Il faudrait quelqu'un à la fois qui nous soit acquis et qui plaise à l'archevêque. »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeJeu 23 Jan - 17:46
Si convaincre Domice d’Aigues sera aisé, le candidat de Vaucouleur m’inspire beaucoup moins confiance avec le portrait que m’en fait Espien.

« Dragomir souhaite ma Transgarde. Nos relations risquent de devenir exécrables si je lui refuse.
D’un autre côté, Dragomir est un semi-païen prêt à trahir le culte. Il n’est pas le seul Estovien du Royaume.
Ce sont des questions fort compliquées, dès qu’elles dépassent nos frontières, j’ignore quoi en penser... »


Je pense qu’il va falloir faire sans son vote, malheureusement. Il semble trop compliqué à obtenir.

La deuxième question d’Espien a le mérite de me faire arrêter, alors que nous marchions. Je suis obligé d’y réfléchir, avant de hausser les épaules.

« Je n’ai pas de candidat en tête, non. Le seul clerc que je connaisse bien, hormis mon oncle, c’est Frère Jourdain. C’est un homme gentil, bon, doux, éduqué, mais il commence à être âgé.
D’un autre côté, son âge est également un bon argument. Je suis sûr que Sa Sainteté préférera nommer un homme d’expérience, qui aspire à la stabilité, plutôt qu’un jeune coq trop fougueux.
J’ignore s’il vous apprécie, en revanche. Jourdain m’aime. Mais ce n’est pas pour moi qu’il va voter à l’archiépiscopat. »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 8:28
« Oui frère Jourdain pourrait être un bon candidat.
Et que penseriez vous de Valéri de Saint-Saëns ? Il fut mon mentor, c'est lui qui m'a tout apprit et fait intégrer la curie de l'archevêque avant de devenir évêque.
Je pense qu'il me serait tout dévoué et comme pour Jourdain, son age fait de lui un homme d'expérience.
 »

Espien et Eudes marchèrent encore côte à côte jusqu'à être de retour devant le sainte basilique. Derrière eux, porte-croix et huscarls les suivaient.

« Je voulais aussi vous parler de votre mariage. Vous m'aviez demandé de dresser une liste de prétendantes, ce que j'ai fait avec mes agents.
Pour le moment cette liste est assez restreinte. Sachez qu'il faut tenir compte de nombreux facteurs. Pour commencer une fille d'une lignée prestigieuse, qui fasse honneur à la votre, puis une femme qui vous apporterait une belle dot, un allié puissant et un bon ventre pour vous donner des héritiers. Ces critères sont difficiles à réunir, surtout qu'il faut aussi tenir compte des liens du sang, votre futur épouse ne doit pas avoir de parents communs avec vous, du moins jusqu'à un certain point.
Pour le moment nous avons juste prospecté chez nos plus proches voisins, il faudra attendre pour avoir plus de retour des autres cours de l'Empire.
Il y a une fille du duc de Basse-Julienne, Louise, 19 ans. Une femme d'une belle ascendance, et le duc son père sait être généreux, ce qui prévoit une riche dote. Mais on la surnomme la boiteuse à cause de son pied bot.
Il y aurait aussi Marie de Valais, la sœur de Robert Landebroc, votre ennemi. Le comte lui a usurpé ses titres, mais nous ignorons où elle se trouve, probablement que Landebroc l'a fait assassiné. Mais si jamais elle est en vie et que nous mettons la main dessus, elle pourrait être la clef de la paix dans le Vaujour.
Sinon il y a une sœur d'Alphonse IV de Roxemberg, Eléonor de Hohenhaussen. Elle correspond en tout point à nos critères. Mais pour le moment ce n'est qu'une fillette, elle a 11 ans, il faudrait un peu attendre pour célébrer le mariage. Et le consommer, il va sans dire.
Il aurait aussi les filles de vos puissants vassaux, Diane de Saint-Saëns, fille de Cécil, ou bien Sébire Tancarvelles, fille de Mauger. Elles vous apporterons l'alliance de l'une ou l'autre famille.
 »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 12:48
« Je rencontrerai Valéri. Peut-être qu'il peut être un bon choix. Et la famille de Saint-Saëns me serait reconnaissante. »

Avant, j'aimerais quand même voir à quoi ressemble l'animal. Le patriarche de cette dynastie maudite et décadente.
Je dois avouer que je préfère le frère Paul, il est agréable et intelligent. Sans doute plus que le patriarche.

Ensuite, Espien commence à me faire une liste d'épouses. J'y réfléchis. Cela fait beaucoup de candidates. Comme me l'indique mon chancelier, nul intérêt de se presser.
Mais malgré tout, j'ai tout de même une idée :

« Et... Quid de Sa Majesté, Isabelle Prado ?
La fille de l'Empereur n'est-elle pas veuve depuis peu ? »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 18:15
« Nous ne sommes pas encore allé si loin. Mais je sais que Isabella Prado a déjà plus d'une trentaine d'années et elle n'a jamais réussi à donner d'enfant au roi de Tancardie. Ce peut être un choix risqué pour l'avenir du duché. »

De Raysac resta silencieux un instant. Il ne pu retenir un sourire.

« Mais peut être désirez vous épouser l'infidèle avec qui vous partager votre couche ?
J'espère qu'il s'agit au moins d'une riche héritière du Ponant...
 »

L'évêque s'arrêta de marcher pour faire face au duc. Il savait qu'il abordait un sujet sensible et s'était assuré que personne ne rôdait aux alentours. Comment pouvait-il être au courant pour Arda ?
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 19:28
Le chancelier sourit. Je lui oppose une mine de haine, les dents serrées, à le foudroyer du regard. Mes poings se serrent.

« Et vous osez dire que vous n'êtes pas fourbe en me disant de telles choses ? »

Je fais un pas en avant, de manière à pouvoir le menacer par ma taille et mes épaules larges. Nous sommes peut-être dans un Sanctuaire béni, en terre consacrée, mais ses Portes-Croix sont un peu trop loin pour le défendre...

« Je ne suis pas le genre de duc qui commettra un esclandre en décidant d'épouser une femme qui n'est pas de son rang. Mais je ne serais pas le premier des seigneurs à être amoureux d'une femme qui n'est pas son épouse.
Comment êtes-vous au courant ? »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 20:16
Espien de Raysac se mit à rire. Ce n'était pas un rire machiavélique, comme s'il venait de piéger Eudes, mais un rire bon enfant, comme s'il venait de prendre un gamin en train de voler un biscuit dans la cuisine du palais. De Raysac dirigeait ce duché depuis 3 ans, Eudes pensait-il vraiment être chez lui ici ?
L'évêque ne se laissa pas impressionner par la haute taille du duc. Il fit fasse et soutint le regard de Eudes avec un sourire.

« Excusez moi mon prince, c'est vrai que c'était un peu fourbe de ma part. Je ne voulais pas vous mettre au pied du mur, seulement vous prévenir de la dangerosité de votre comportement.
Certes vous avez raison, beaucoup de seigneurs ont des maîtresses, vous ne seriez pas le premier. Mais là où vous allez être le premier, c'est en vous accoquinant avec une infidèle. C'est peut être habituel en Ponantique, je ne sais pas, mais ici cela va choquer.
Imaginez un peu si l'archevêque l'apprend ? Le scandale que cela ferait :"le duc de Cahogne, l'oint du seigneur, s'accouple avec une infidèle, une ennemi de Dieu, et dit même en être amoureux !"
Cela pourrait être catastrophique pour notre politique, et même aboutir à une excommunication si cela s'apprend et que vous refusez de la renier.
Donc plutôt que de faire face à ces difficultés, vous devriez vous débarrasser d'elle au plus vite. Pour le bien du duché et le votre.
 »

Puis l'évêque se détourna du duc, près à reprendre la route vers la sainte basilique.

« Vous savez, j'ai encore beaucoup d'amis au palais. Après tout j'ai dirigé le duché au nom de votre père avant votre retour, il est normal pour moi d'avoir mes entrées à la cour.
Rassurez vous mon prince, je ne vous fait pas espionner. C'est une courtisane votre sœur qui me l'a dit. Ce n'est pas une information que j'ai cherché à avoir, j'ignorais que vous étiez le genre d'homme à s'éprendre d'une païenne. C'est simplement que cette courtisane s'étonnait de voir la femme infidèle, soit disant au service de votre sœur, vous rejoindre la nuit tombée.
 »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 22:08
Les propos d’Espien ont le mérite de me faire grincer des dents, et serrer des poings. Même si ce n’est pas envers lui que j’éprouve le plus de colère. C’est envers le duché lui-même. Envers les Franges. Envers mes sujets.

« Non. »

C’est ce que je répond, tout simplement.

« Ce n’est pas une infidèle, au sens strict. C’est une bonne triaphysiste qui a reçu de l’huile sur son front. Une convertie, exotique, tout au plus. Un souvenir de Croisade. C’est cela que les Cahons diront.
En tout cas, c’est cela qu’ils doivent dire.
Arda serait-elle la première triaphysiste à ne pas être sincère dans sa foi ? »


Question purement rhétorique, évidemment.

« Non seulement je ne renierai pas Arda, mais je compte la présenter à la cour. En tant que conseiller, vous pouvez me dire quand il sera le meilleur moment pour le faire. Et en tant que serviteur, vous devrez utiliser vos relations pour que la cour et le duché pensent comme je souhaite qu’ils pensent.
Car c’est cela la véritable force d’un duc. Ce n’est pas agiter son épée, ou aligner du pognon, ou signer de grands traités. C’est laisser son empreinte sur l’histoire dans le sens où il l’a voulu. C’est pour cela que mes ancêtres ont fait construire des statues d’eux-mêmes. »


Et j’agite la tête vers Hugues le Martyr qui n’est pas trop loin.

« Les secrets nous forment, monseigneur. Nous sommes ce que nous choisissons de révéler sur nous-même.
Et vous découvrirez que je suis un homme avec extrêmement peu de secrets. »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 22:26
« Alors dans ce cas je vais vous conseiller de ne jamais le faire, car jamais ce ne sera le bon moment.
Et je ne suis pas un vulgaire serviteur, mon suzerain c'est l'Eglise comme je vous l'ai dit. Je ne vous sers pas, je collabore avec vous pour le bien commun.
Si vous me demandez de l'aide en tant qu'ami, et non comme "serviteur", alors je vous l'apporterai volontiers. Mais ne gâchez pas votre belle réputation de chevalier croisé. Qu'elle soit converti ou non ça ne changera rien pour les cahons, elle est Sanlar, du sang de nos ennemis.
Avez vous déjà vu un Derzi converti bien se faire accueillir à l'église ? Chez le menu peuple la foi est peu de chose face à la superstition. Vos sujets regarderont toujours votre maîtresse avec méfiance, et vous avec.
 »

Mettant fin à la discussion, l'évêque quitta Eudes pour se rapprocher de ses gardes Porte-Croix.
Il se retourna une dernière fois avant de lancer au duc :

« Vous allez laisser votre empreinte sur l'histoire de la Cahogne mon prince, assurément. Mais peut être pas dans le sens que vous l'entendez. »

Les cloches de la cathédrale de Soulans sonnèrent l'heure du midi.
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 22:49
« Monseigneur. »

Ma voix est plus sèche que d’habitude. Beaucoup moins mielleuse que ce dont j’ai l’habitude. En quelques pas, je rattrape la distance qu’il a décidé de creuser entre nous.
Je me remet devant lui, et l’observe, droit dans les yeux.

« Je n’ai jamais prétendu que vous étiez un vulgaire serviteur. J’ai déclaré que vous étiez un serviteur, point. Tant que vous demeurez au poste de chancelier, vous me servez. Lorsque vous servez archevêque – car je ferai tout pour que vous deveniez archevêque – je ne vous demanderai plus de me servir.
Vous souhaitez être mon ami. Très bien. Les amis se parlent franchement, et j’apprécie l’honnêteté que vous avez toujours envers moi. Elle est appréciée. Et en mon absence, vous avez géré le duché de Cahogne du mieux que vous pouviez – je vous remercie pour ceci également.
Mais je cherchais à vous faire comprendre que ma volonté n’est pas qu’un stupide caprice d’un jeune homme. Je souhaite être le maître de mon destin. J’ai eu à beaucoup me plier pour ménager les autres, depuis que je suis rentré à Soulans. Je sais ce que je dois faire dans l’intérêt de mon duché et de ses sujets.
Tout ce qui touche à ma famille ou les gens que j’aime est exclu. Si vous êtes un ami, vous aurez mon éternelle protection, mon éternel amour, et je ferai tous les sacrifices pour vous. Mais la chose doit être réciproque. »


Je lui fais un petit sourire.

« Si l’existence d’Arda est découverte, m’aiderez-vous avec les retombées ? Me soutiendrez-vous ? Ou bien est-ce que c’est quelque chose que vous ne pouvez promettre, ni en tant que chancelier, ni en tant qu’ami ?
C’est tout simplement ceci que je souhaite savoir. »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 22:59
« Évidemment que je vous aiderai mon prince.
Mais en tant que conseiller et ami, je vous en conjure : abandonner cette infidèle. Ou du moins de ne pas l'exposer. Abandonner cette idée de la présenter à la cour. Je vous aiderai à la cacher, à ne pas ébruiter l'affaire. Mais ne rendez pas ça public, ça ne pourrait qu'avoir de fâcheuses conséquences.
 »

Le chancelier secoua la tête en souriant.

« Vous êtes un preux chevalier mon prince, vous tenez l'amour en haute estime. J'apprécie cela.
Je me demande ce que cette femme a de si spéciale pour vous faire prendre autant de risque.
 »



Eudes avait assisté aux festivités organisées pour le dernier jour de la troisième décade de Ternembre : une messe dans la cathédrale de Soulans, suivit de chants religieux dans le Paracléum, puis un grand banquet était organisé au palais. Bientôt un mois que Eudes était rentré de croisade. Depuis, il n'avait pas chômé pour prendre en main le duché que lui avait laissé son père.
Aujourd'hui, premier jour du mois de Cadembre (juin), le duc recevait dans son bureau Charles Daguerre, le surintendant, et Lanfranc de Picquy, son plus proche collaborateur. Ils devaient faire part à leur suzerain de leur montage financier pour payer la guerre et engager une nouvelle armée.

Le gros Charles entra, à moitié essoufflé par les efforts qu'il avait fait pour venir ici. Rien d'insurmontable, mais pour le légiste à demi obèse cela représentait beaucoup d'action. Son visage était rougit par l'effort, comme lorsqu'il se mettait en colère. Suivait derrière lui, Lanfranc de Picquy, qui contrastait par sa petitesse et sa maigreur. Les deux formaient un couple atypique, presque comique à voir.
Daguerre s'assit après avoir salué cordialement le duc, puis posa devant lui sur le bureau une serviette rempli de document. Lanfranc en fit tout autant. En le voyant tout maigrelet, rien ne laissait paraître qu'il s'agissait là du plus riche bourgeois de Cahogne.

Daguerre : « Monseigneur, nous sommes venu vous faire part de nos projets afin de vous alimenter en monnaie fraîche. Vous connaissez notre faible espace de manœuvre et la difficulté de notre tâche, mais nous sommes parvenu à un point d'équilibre dans nos finances si vous voulez augmenter les effectifs de l'armée.
Pour recruter 12 000 soldats supplémentaire, il nous faut trouver 200 000 livres pour les engager et 35 000 livres chaque mois pour payer leurs soldes.
Notre proposition première pour rassembler les 200 000 livres requises est d'abord de vendre de nouvelle rentes viagères, 550 environ, ce qui nous rapporterait 100 000 livres, pour un coût de 10 000 livres pas an.
 »
Lanfranc : « Les rentes viagères se vendent toujours bien, j'en possède moi-même plusieurs que j'ai acheté à votre père il y a 5 ans. Je ne les regrette pas. »
Daguerre : « Ensuite nous pourrions faire un nouveau prêt. Les banques Derzis pourraient à nouveau nous prêter de l'argent, mais à un taux d'intérêt élevé et pour un délais minime étant donné que nous leur devons déjà beaucoup d'argent. J'ai négocier avec eux 50 000 livres à rembourser d'ici 5 ans. »
Lanfranc : « Je pourrais moi même participer à l'effort de guerre. Je suis prêt à vous avancer 20 000 à taux zéro sur 2 ans, et même renoncer à mes intérêts sur le précédent prêt que j'ai octroyé à votre père, si en échange vous acceptez que je puisse transmettre à mes fils mes rentes viagères. Financer le duché est un risque que je prends pour mon commerce, il me faut mettre les miens à l'abri. »
Daguerre : « Avec cela, nous pourrions rassembler 170 000 livres et financer le reste sur le trésor. »

Les deux intendants déblatéraient leurs chiffres sans laisser le temps au duc d'y réfléchir.

Daguerre : « Ensuite, pour financer les soldes de l'armée, il faudrait obligatoirement augmenter les gabelles. Bien sûr, ces taxes sont toujours très mal vu par vos sujets, mais l'effort est nécessaire.
L'industrie textile est la plus florissante du duché, grâce aux villes drapantes du Pays-Plat. Augmentons la gabelle sur les draps de 20 deniers sur chaque produit vendu pourrait nous rapporter 170 000 livres par an.
Ensuite nous pourrions augmenter les taxes sur le sel, l'huile et les céréales de 5 deniers, puis établir une gabelle de 5 deniers sur la laine et le cuire, et une autre de 20 deniers sur l’orfèvrerie.
En revanche, nous pensons qu'il faudrait supprimer la gabelle sur le vin, car cela grève trop fortement le peuple.
 »
Lanfranc : « Ces taxes sur le vin pèse sur l'économie du duché. Vous savez bien que la Cahogne produit beaucoup de vin, et même le meilleur de l'Empire. Supprimer le vinage soulagerait le peuple et il vous en sera reconnaissant. »
Daguerre : « Ces mesures nous permettrait au final d'extraire 210 000 livres supplémentaire par an, ce qui nous permet de rentrer tout juste dans nos frais. »
Lanfranc : « A terme il serait bien de réunir le Parlement pour discuter d'une augmentation de la capitation. Votre père avait dû baisser les impôts après la révolte de Soulans pour calmer la population, mais nous pourrions prétexté l'effort de guerre pour faire accepter une hausse. Actuellement elle est de 1 080 deniers par tête, nous pourrions l'augmenter à 1 440, ce qui nous permettrait de gagner jusqu'à 170 000 livres par an. »

Leur monologue insupportable était terminé. Les deux compères avaient l'air fier de leur travail, certains que le duc accepterait leurs proposition.
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeVen 24 Jan - 23:27
Les jours passent. Ma promesse de présenter Arda devant la cour ne s’est toujours pas concrétisée. Elle fait comme si de rien n’était. Elle est arrangeante.
Je sais que ce n’est pas le cas. Qu’elle a peur. Elle sait qu’elle est vulnérable ici, entourée d’étrangers.
Si Espien a pu découvrir son existence, c’est un risque. N’importe qui pourrait l’utiliser contre moi. C’est l’épine dans mon pied. La chose que l’on peut utiliser pour me poignarder, et me faire du mal. J’ai déjà tellement d’emmerdes comme ça…

Je ronge mon frein. Bientôt un mois. Je suis censé bientôt partir en guerre dans le Valais. C’est d’ailleurs pour ça que les deux intendants viennent me voir. Toujours aussi drôles à voir les deux bourgeois. Le fric ça m’intéresse pas. J’y comprends rien. Généralement, je signe sans même regarder, et ils le savent ; Ils parlent à toute vitesse, l’un après l’autre, à croire qu’ils ont révisé. Moi je reste là, dans mon siège, une main sur la tempe. Je pense à Arda. Hier elle portait une jolie robe carmin, je crois que Blanche lui a offert. Elle était magnifique dedans, elle sentait bon, et-

-et alors que les deux piailles, je suis obligé de faire baisser mon bras et de froncer mes sourcils.

« Attendez un instant… Une minute... »

J’agite mon doigt en l’air, alors que je tique sur un petit truc.

« Non.
Non on n’augmentera pas les taxes sur les denrées agricoles. Les céréales, le sel, l’huile – tout ça ça sert au peuple dans la vie de tous les jours. Les gens ne notent généralement pas trop la hausse des prix, ou alors ils font avec, mais si le prix du pain augmente, la ville brûle et le mécontentement est général. Surtout, je vous interdit d’y toucher. »


Comme ça, c’est clair.

« Lanfranc, j’accepte votre offre de prêt et vous pourrez transmettre vos rentes. Je vous remercie, vous êtes dédié au duché, c’est courageux de votre part. »

En vrai c’est absolument faux. Ce grippe-sou est tout dédié à son pognon. Mais faut caresser les gens dans le sens du poil sinon ils vous emmerdent.

« L’industrie du textile est certes florissante, mais augmenter les taxes, cela ne va-t-il pas avoir une grosse incidence sur la prospérité ? Le textile emploie des gens, ça développe les villes en Pays-Plat. Je pense que ça leur ferait beaucoup de mal.
Gardez les taxes sur le vin en place. Vous pourriez même légèrement augmenter la gabelle dessus. Si le vin de Cahogne est le meilleur de l’Empire, nous continuerons d’en exporter, peu importe son prix. »


J’ai un petit sourire, alors que je regarde sans vraiment les étudier les papiers dans la serviette. Puis, inspiré, je me lève avec un grand sourire et contourne mon bureau pour m’approcher d’eux.

« Puisque vous êtes là, j’ai moi-même une idée que je souhaite mettre en œuvre, et j’ai besoin de vous.
J’ai eu une inspiration géniale pour récupérer de l’argent. Voyez-vous, je pense que le problème de notre trésorerie n’est pas qu’un problème de répartition de l’assiette de l’impôt – c’est également que beaucoup de gens se gavent à chaque échelle, chaque précepteur, chaque petit prévôt profite de la complexité de la bureaucratie pour faire son beurre sur les derniers qui sont censés nous revenir. J’ai beaucoup vu cela en Ponantique. »


Je pose alors mes deux mains sur chacune de leurs épaules, et serre relativement fort.

« Oui, c’était très chaotique en Ponantique. Alors, les poulains là-bas ce sont un peu inspirés des infidèles pour assurer que l’argent leur revienne bien.
Ils ont décidé de couper les couilles de ceux qui font des erreurs dans la paperasse ! Nous n’avons pas besoin d’aller aussi loin, bien sûr, mais…
Mais je souhaiterais mettre des lois en place qui puniraient beaucoup plus durement la fraude. Nous pourrions inventer également un système, mettre en place des commissaires et des prud’hommes qui se chargeraient de mieux surveiller nos intendants.
Qu’en pensez-vous donc ? C’est le genre de garanties, je suis sûr, qui plairait aux États Généraux ! Le contribuable de Cahogne ne rechigne pas à payer, à condition qu’il sache bien où son argent va ! Faire des rapports bien plus précis dans mon administration, ça serait un moyen pour mes sujets de se sentir rassurés, ne croyez-vous pas ? »
Armarius
Armarius
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitimeSam 25 Jan - 12:37
L'épaule de Charles était bombée et molle, celle de Lanfranc tombante et osseuse.
Les deux intendants se regardèrent d'un air inquiet. D'un geste Lanfranc retira son épaule des mains du duc. Il lui faisait presque mal.

Lanfranc : « Monseigneur, les sénéchaux passent déjà une fois par an devant le Parlement pour contrôler leur compte. Que voulez vous faire de plus ? Nous ne pouvons pas être derrière chaque percepteur. »
Daguerre : « Et je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée. Si on surveille trop nos intendants, si on doit à chaque fois éplucher leurs comptes, l'administration va s'en retrouver paralysée. Là où il nous faut un mois pour lever l'impôt il nous en faudra deux, voir plus.
Et puis c'est la guerre monseigneur, bien sûr qu'il n'est pas agréable pour le peuple de voir les gabelles augmenter, surtout sur les denrées alimentaires, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Où voulez vous trouver de l'argent pour payer vos troupes ?
 »
Lanfranc : « Et puis, si on augmente le vinage, nos exportations de vin vont s'en retrouver lésées, je vous le garantis. »
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MessageSujet: Re: En attendant le sacre En attendant le sacre Icon_minitime
En attendant le sacre
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