Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMar 2 Aoû - 17:45
L'ovation mesurée de la noblesse de Cahogne qui se contentait d'applaudir contrastait avec le brouhaha barbare des housecarles. Charles d'Annequin et les siens regardaient avec mépris ces guerriers étrangers qui avaient remplacé l'honorable garde sigillaire.
Le connétable était le plus modéré dans ses applaudissements, voyant en Pene-Penac un potentiel rival pour la suite de sa carrière. Lui qui avait servit l'ennemi, à peine avait-il rejoint les rangs des vassaux ducaux qu'il se trouvait acclamé par le duc. D'Annequin rongeait son frein en silence, pendant que son maréchal Eustache Brascourt avait réussi l'exploit de reprendre Noyer-le-Grand, Pene-Penac avait capturé Malestoit sous son nez en lui volant sa victoire...

« Je ne refuse jamais un verre monseigneur, répondit Rattier de Pene-Penac à son suzerain, surtout si c'est pour accompagner le plus des grands princes de l'Empire. »

La flatterie ne lui allait pas, ce n'était pas le genre de ce frustre borgne à la tignasse rousse. Il était clairement en opération séduction.
Alors que Eudes se dirigeait vers l'hôtel de ville où l'attendait le mercenaire félon, Robert de Lescure s'approcha.

« Monseigneur, dois-je vous rappeler nos coutumes chevaleresques : Malestoit est officiellement le prisonnier de sire Rattier, si vous voulez en disposer il faudrait le lui racheter ne croyez-vous pas ? »

On avait placé Malestoit dans une petite remise en suivant les ordres du duc. Il faisait peine à voir.
Cet homme était vraiment le capitaine qui avait tenu le Vaujour pendant deux ans ? Celui là qui avait servit dans la Grande Légion et qui selon ses dires fût fait chevalier par l'Empereur en personne ?
Malestoit cracha au sol un glaire de salive et de sang. La flèche qu'il avait reçu au flanc l'avait peut être touché aux poumons comme le laissait entendre sa respiration bruyante.

« Vous me posez vraiment la question monseigneur ? C'est vous qui m'avez poussé à la trahison... vous avez... lever une armée contre moi... vous m'avez envoyé un assassin...J'ai fait ce que j'ai pu pour maintenir l'ordre sur vos terres... et voilà comment je suis récompensé... le traître ici, c'est vous... »

Sa parole était saccadée, sa respiration difficile. Il avait le regard d'un homme défait, pas seulement vaincu militairement, mais aussi ébranlé dans sa confiance.
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMer 3 Aoû - 12:46
« Un assassin ?! »

L’accusation que me renvoie ce chien de Malestoit me fait bondir.

« Je vous ai envoyé un moine cramoisi et un noble à moitié imbécile - le terme emporte Rodrigue de Saint-Saëns !
Qu’est-ce que j’aurais gagné à vous faire tuer ?! À peine rentré de croisade et vous étiez mes seules forces disponibles dans le Vaujour, alors que Landebroc s’est trouvé des alliés et de l’argent pour contre-attaquer — croyez-vous vraiment que vous êtes si important que vous méritiez que je dépêche un assassin ?! »


Je passe une main sur mon visage.

« Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ? Tout seul ? Si oui, vous êtes demeuré.
Mais je commence à soupçonner que c’est quelqu’un qui vous a mit ces idées dans la tête, quelqu’un qui avait intérêt à diviser mes forces et me faire perdre du temps et de l’argent dans un conflit avec vous. »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMer 3 Aoû - 16:00
Malestoit resta silencieux un moment. Son aire fatigué et dépassé n'était pas uniquement dû à la flèche qu'il avait dans le flanc. Ces dernières semaines, le capitaine avait passé des nuits d'insomnie, inquiet pour sa situation. En quelques semaines il était passé de maître du Vaujour grassement payé par le duc de Cahogne à paria pourchassé pour les troupes ducales. Et le voilà blessé, attaché à une chaise, face à celui qui le fera pendre pour ses crimes.
Il balbutia un début de réponse, il réfléchissait en parlant, ressassant les derniers événements, tout ce qui l'avait mené jusqu'ici.

« Je... j'ai fait ce que j'ai pu pour tenir le Vaujour... la tâche n'était pas facile, la population hostile et turbulente... nous avons dû sévir pour faire taire les révoltes... Je sais que vous avez voulu me punir pour mes méthodes, mais j'ai mené à bien ma mission pour laquelle votre père m'a engagé. »

Malestoit toussa, éclaboussant le sol de quelques gouttes de sang.

« Lorsqu'on m'a dit que vous veniez me chasser, je ne l'ai pas cru... et puis votre assassin a voulu me poignarder ! On m'a confirmé qu'il était là pour ça, que vous vouliez ma mort et la perte de mes hommes.
Landebroc m'a alors proposé une porte de sortie... le rachat des places que je tenais pour vous et mon extradition vers l'ouest... mais lui aussi m'a trahis... vous autre de la noblesse vous êtes une engeance du démon, on ne peut avoir confiance en vous, vous n'êtes pas des guerriers mais des lâches incapables d'affronter l'ennemi en face !
 »

Malestoit utilisa ses dernières forces pour proférer ses insultes avant de partir dans une nouvelle crise de toux.

« Ce n'est pas moi le traître... ce chien m'a menti... Celui qui se fait appeler le Goupil, c'est lui le traître ! »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 0:20
Les insultes du capitaine ne m’intéressent guère. En revanche, je grogne un peu à la révélation du Goupil. Il y a donc bien quelqu’un dans l’ombre, qui agit depuis le début de toute cette campagne.

« Et vous savez qui est ce renard ? »

Je marque une pause, avant d’insister.

« Si vous me dites avoir été manipulé, cela comptera dans mon jugement de vos actes. Mais pour ça, il faut que je mette la main sur le manipulateur. »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 14:21
Malestoit cracha un nouveau glaire de sang avant de secouer la tête négativement.

« Non... je ne le connais que par son pseudo MSN... Je l'ai rencontré une fois, mais il était masqué.
Je peux juste vous dire que c'est un homme, j'en suis certain. Et un homme assez bien placé pour avoir accès à votre cour...
Mais il n'était pas seul vous savez... Ce Pene-Penac, je ne sais pas à quel jeu il joue. Un coup il complote pour le comte, un coup il complote pour vous.
C'est lui que j'ai rencontré pour négocier avec le comte, c'est lui qui m'a proposé de rallier son camp, son camp qui n'est plus le sien apparemment... Mais si il y a quelqu'un qui a des informations sur ce Goupil, c'est lui.
 »

Malestoit s'arrêta un instant, l'air dépité.

« Ne suis-je pas déjà condamné monseigneur ? Cette flèche est votre sentence... Regardez moi... ma blessure doit être déjà infectée... je suis déjà mort. »

échec du jet de dé

Les connaissances médicales du duc n'étaient pas assez développées pour juger de l'état de santé de son prisonnier. Une seule chose était sûr : il avait l'air mal en point. Il y avait bien un barbier qui suivait l'armée, là plus pour soulager les mourants que pour soigner les blessés. Malestoit avait besoin d'un vrai mire.
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 14:33
Je ne pense pas pouvoir en apprendre plus de Malestoit, malheureusement. Je le regarde toujours avec colère, mais cette colère est maintenant mitigée par beaucoup de tristesse.

« Merci pour votre honnêteté, capitaine. »

J’observe de loin sa blessure, et soupire du nez. Pene-Penac… Il faudra que je lui en parle. D’une façon ou d’une autre. Il m’a permis de gagner le Vaujour, mais je ne pourrai jamais lui faire entièrement confiance.

« Si vous expiez, au moins, vous expierez en soldat. Vous pouvez choisir où vous désirez être enterré, et je vous amènerai un prêtre pour que vous ayez l’extrême-onction. Vous mourrez avec la conscience propre. »

Pour un croyant, c’est un cadeau immense. Nous craignons tous les punitions dans l’au-delà. Mourir sans son viatique, c’est terrible.

« Si vous avez quelques biens que vous souhaitez transmettre à quelqu’un, je peux aussi l’assurer.
Il me reste une question à régler, avec vous… Celle de votre compagnie. »


Je fais un signe de tête vers l’arrière.

« J’ai de nombreux prisonniers de votre compagnie. J’ignore quoi faire avec eux. Les règles de la chevalerie me permettraient de les exécuter. Mais ils sont des militaires qui ont servi loyalement leur capitaine jusqu’à la fin. Ça mérite une récompense, en soi.
Si vous acceptez d’aller parler avec vos hommes, en leur disant de ne pas m’en vouloir pour leur traitement, je les ferai escorter jusqu’au pays Mauranne. Ils retrouveraient leur pleine liberté. »


Il est toujours bon de garder des mercenaires dans sa poche. Même quand ils ont trahi.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 17:05
Préoccupé par sa situation personnelle, Malestoit ne s'était pas inquiété un instant de celle de ses compagnons emprisonnés. Mais s'il devait mourir, il pouvait au moins essayer de sauver la vie de ces hommes.

« Vous ne savez pas quoi en faire ? Je pensais que vous leur aviez trouvé une utilité pourtant. La cervelle de l'un de mes compagnons tapisse encore les murs de Claujacques... Il n'y a donc pas assez de pierre en Cahogne pour que vous vous serviez de mes hommes comme munition ? Si vous voulez les exécuter faite le au moins avec honneur ! »

Il s'arrêta net à la fin de sa phrase, sa colère lui provoquant une vive douleur sur son flanc à l'endroit de sa blessure. Il se reprit, plus calme :

« Je leur parlerais monseigneur, si vous promettez de les épargner. Je leur dirai que j'ai été trompé et que ce n'est pas vous qui avait trahi, mais le comte de Valais.
Tous ne sont pas Maurannais vous savez, ils viennent de partout. Quelques uns accepteront peut être de rentrer chez eux, mais la plupart sont des soldats, ils ne savent que faire la guerre et retourneront tôt ou tard sur le champs de bataille. Ils sont braves et fidèles, ils ne méritent pas de périr ainsi.
 »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 11 Déc - 16:23
Je ne réponds pas au mercenaire, lorsqu’il rappelle la manière avec laquelle j’ai bombardé son donjon ; il n’y a rien à en dire, aucune explication à fournir, aucune excuse à formuler. Je laisse l’horreur de l’événement parler de lui-même. Je sais déjà que bientôt, toutes les Franges auront leur mot à dire, et les chroniqueurs choisiront eux-mêmes de justifier ou condamner mes actions.

Mais pour le reste de ses hommes en vie, en revanche, Malestoit m’offre un marché plus qu’honorable.

« Vous avez raison, ils ne méritent pas de mourir pour vos fautes. »

Je dis ça d’une voix froide, encore tempérée par la colère — quand bien même il me dit avoir été trompé.

« Parlez à vos hommes, et je les épargnerai. Je vais même aller chercher un médecin pour tenter de sauver votre vie, même si j’ignore encore si vous survivrez à vos blessures.
Au moins vous êtes certain de recevoir l’onction d’un prêtre avant de périr, c’est une bonté que bien trop peu de militaires connaissent… »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeVen 16 Déc - 20:23
A bout de force, Malestoit ne répondit pas, mais sur son visage pouvait se lire son soulagement. Il n'allait pas mourir félon et peut être que les portes du paradis allaient s'ouvrir pour son âme.
Le duc sortit de la remise servant de salle d'interrogatoire improvisée et fit appeler un prêtre et un médecin.

* * *

Le soir venu, dans la plus grand salle de l'hôtel de ville de Noyer-le-Grand, on avait organisé un banquet pour fêter la capture de Malestoit. Afin d'habiller un peu les murs de pierres noires, on avait déplié aux murs les riches broderies qui accompagnaient le duc dans ses voyages. Elles comptaient la longue histoire du pays et les exploits de la famille de Eudes, de son ancêtre Guillaume le Preux à son père Hugues le Bâtisseur. Puis on avait monté des tables sur des tréteaux avant de les garnir richement des mets les plus fins du pays : toutes sortes de fruits provenant des vergers ducaux, accompagnés d'agrumes plus exotiques arrivés du Sud de l'Empire, au milieu de nombreux fromages comme seule la Cahogne pouvait faire, perdus entre les viandes, du cerfs, du héron, du cygnes et toutes une gamme de charcuterie : jambons, pâtés, saucissons... Devant la grande cathèdre du duc se trouvait un énorme sanglier rôtie parfumé d'épices du ponant. Toutes sortes de vins de Cahogne remplissaient les innombrables bouteilles répartis sur les tables : du sangrouge, du viverose, du pomerousse et du roussec, mais le Vaujour se trouvant à la frontière entre le Pays-Plat et les Landes, on trouvait aussi à la table quelques pichets de bière pour les gosiers moins raffinés des platois. Pour animer le repas, on avait fait venir des musiciens et des jongleurs, ainsi que les danseuses qui accompagnaient l'ost à la guerre, des filles faciles qui s'enrichissaient en vendant leurs corps aux soldats.

Alors que Eudes s'apprêtait à porter une tranche de sanglier à sa bouche, un valet se pencha vers le duc :

« Monseigneur, notre barbier vous fait savoir qu'il a réussi à résorber la plaie de notre prisonnier. L'état du capitaine s'est amélioré et il se pourrait qu'il survive. »

Le valet repartit comme il était venu. Visiblement, le barbier de l'ost était plus compétent que sa réputation ne laissait entendre. Malestoit allait au moins être assez en forme pour parler à ses camarades comme lui avait ordonné le duc, de là à ce qu'il survive, c'était peut être trop s'avancer.
Annequin, qui siégeait à côté de son suzerain et avait entendu l'annonce du valet, se pencha à son tour vers Eudes :

« Ne serait-ce pas dommageable pour nous que ce félon survive ? Et si Dieu le rappelle à lui pourquoi ne pas faire en sorte que sa mort nous serve en la provoquant par une exécution publique ? Vous rendriez justice au Vaujour et monterez à tous votre autorité. Malestoit ne mérite aucune clémence, votre Grâce est trop bonne avec lui. »

La soirée s'avança au point où l'alcool commençait à obscurcir les esprits. La musique et les rires des chevaliers résonnaient dans la grand salle de l'hôtel de ville à en donner mal à la tête.
Après avoir dévoré une bonne partie du sanglier devant lui, Eudes se leva observer la lune à une fenêtre. Cela aidait à la digestion lui avait dit un vieil ermite Sanlar rencontré dans un désert du Ponant.
C'est alors que Rattier de Pene-Penac, profitant de trouver le duc seul, s'avança avec un verre dans chaque main. Il en tendit un à son suzerain.

« Monseigneur, c'est un plaisir de pouvoir fêter votre victoire avec vous.
Nous avons eu peu l'occasion de nous entretenir depuis mon ralliement... vous savez, à la cour du comte j'étais bien traité... J'ai bien servi le comte Etienne, puis soutenu son fils qui m'a nommé en retour son Haut-Sénéchal. Ils m'ont grassement honorés et j'étais parmi les chevaliers les plus respectés de la cour du Valais. Malheureusement, en leur tournant le dos, je le tourne aussi à tous ces honneurs...
J'ai ployé genou devant vous car vous êtes mon suzerain légitime et que le droit m'impose de vous suivre. J'ai fait cela sans attendre de compensation... mais vous savez que l'honneur est une vertu importante dans notre caste... et certains pourraient interpréter mon ralliement au duc de Cahogne comme un acte de trahison qui pourrait gravement me déshonnorer...
J'aurais donc espéré quelques octrois à mon avantage pour vous servir au mieux...
 »

Sous ses airs bourrus, Pene-Penac pouvait se montrer fin négociateur lorsqu'il s'agissait de sa gloire personnelle, à moins que le vin de Cahogne ne lui avait dénoué la langue au point d'en faire un bon orateur...

« J'aurais imaginé une place de choix à votre cour monseigneur. Je pense apporter à la Cahogne autant que j'ai pu apporter au Valais.
Aussi, vous n'êtes pas sans savoir que je suis veuf... une alliance entre une importante famille du Vaujour comme la mienne et une puissante famille cahonne pourrait lier définitivement nos deux pays.
Que pouvez-vous me proposer votre Grâce ?
 »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 25 Déc - 18:33
Le repas du soir est dévoré avec appétit. Le soulagement s’est emparé de moi ; nous sommes enfin dans une situation favorable, nous tenons le Vaujour, et nous allons pouvoir le défendre. Avec la trêve prochaine, Landebroc est certain de ne rien gagner, et nous allons pouvoir renégocier dans une situation beaucoup plus favorable — peut-être vais-je gagner ce conflit sans y laisser trop de plumes, et trop d’hommes sur le carreau…


Lorsqu’un de mes valets m’apprend la prochaine survie de Malestoit, un sentiment étrange s’empare de moi. S’il avait péri à cause de ses blessures, sa mort n’aurait eu aucune incidence sur mon âme, mais à présent, je suis responsable de sa punition. Le connétable ne manque pas de me le faire savoir, et répète tel un perroquet les idées de punitions que j’avais déjà données quelques jours plus tôt.

« Il sera puni à hauteur de ses fautes. Mais s’il mérite la mort, alors il mérite une mort digne de sa stature de capitaine. Pas à crever de sang putride dans une remise. »

Soigner quelqu’un pour mieux le tuer ensuite ? Je sens que la subtilité échappe à beaucoup. Surtout à mon maréchal de bataille, Tancarvelles, qui ricane.

« Même le pire de nos ennemis ne mérite pas de souffrir. En croisade, je me souviens que mon frère était tombé très malade durant un siège, une fièvre horrible, nous pensions tous que Dieu se préparait à l’accueillir dans son royaume.
Et alors, une chose incroyable s’est produite : le sultan que nous affrontions nous a fait amener son meilleur médecin, et de la neige contenue dans une boîte afin de soulager Lothaire. Tout mon état-major m’a conseillé de les refuser, en pensant que leur archiatre devait être un sorcier, ou un nécromancien. Mais quelle raison le sultan aurait eu d’empoisonner mon frère déjà malade ? Je l’ai laissé faire sa science, et accepté ces présents. La fièvre de Lothaire est redescendue, et il est toujours en vie grâce à cela.
Pour quelle raison croyez-vous que le sultan a ainsi fait en sorte de sauver l’un de ses pires adversaires, un chevalier courageux qui avait mis en échec nombre de ses plans ? Moi je sais pourquoi, mais j’aimerais bien avoir vos opinions. »


Et me voilà qui force mes conseillers à faire de la philosophie.



Plus tard dans la nuit, je suis à moitié endormi, emporté par le vin et la douceur du soir. C’est alors que Pene-Penac, ce cher roux, s’approche de moi avec la furtivité du goupil. Il me surprend, et j’ai peur un instant — rien qu’un instant, car je vois l’un de mes gros housecarles dans son ombre. Avec un signe de la tête, je permets au sénéchal de venir s’asseoir auprès de moi.

Il me confie ses états d’âmes, et réclame récompense.

« Vous avez raison. Vous nous avez permis d’occuper le Vaujour, et pour ça, vous serez à jamais l’ennemi de Landebroc.
Le problème avec la trahison, c’est que ça ne marche qu’une fois… »


Je le regarde droit dans les yeux, avec un petit sourire.

« Vous vous rendez tout de même compte, mes meilleurs vassaux ont pris d’assaut deux places fortes, et pourtant ils sont éclipsés par vous et votre fourberie — évidemment que vous méritez récompense, vous me forcez même la main, vu que vous m’avez livré la frontière avec le Valais. Je vous dois beaucoup, une jolie dette. »


Je croise une jambe l’une sur l’autre, alors que j'attrape le verre qu'il me tend.


« Permettez-moi une question : Pourquoi avoir ainsi retourné votre hommage et rejoins mon camp ? Est-ce parce que vous craigniez pour vos terres de ce côté-ci du Valais ? Parce que vous pensiez que notre force militaire était trop grande ? Vous avez simplement choisi le camp du plus puissant ?
Ou il y a autre chose derrière ça ? Peut-être que c’est Landebroc, qui n’était pas à la hauteur de votre loyauté ? »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMar 27 Déc - 18:31
Sous le regard du duc de Cahogne, les chevaliers de Cahogne s'amusaient, riaient et buvaient. Au centre de la table, juste à côté de la cathèdre ducale, le connétable Charles d'Annequin était en pleine discussion avec son cousin le grand écuyer Robert de Lescure. A l'autre bout, le maréchal Eustache Tancarvelles riait avec son cousin Richard Beaucoeur, semblant l'espace de la soirée avoir oublié les vieilles rancunes familiales. Dans un coin de la pièce, le timide cousin du duc Hubert de Vaudrincourt écoutait attentivement une discussion entre Raymond d'Espeyrac, Guillaume des Murets et le moine Claude de Guizet.

Rattier de Pene-Penac obtempéra, saisi une cruche de vin -du sangrouge des vignes ducales- et remplit deux verres. Il en donna un à son suzerain et garda l'autre.
Le Haut-Sénéchal prit une gorgée, réfléchissant à ce qu'il allait répondre au duc de Cahogne.

« Vous m'avez déjà posé la question lors de notre première rencontre, je vous avez parlé de l'évidence, de mes terres ravagées, de mon peuple torturé... »

Il semblait tourner mille fois les phrases dans sa tête, cherchant le meilleur moyen d'expliquer son soudain revirement d'allégeance, lui qui avait été le chef des armées du comte de Valais pendant 5 ans.

« Je n'ai pas accepté que le comte s'allie à ce sauvage de Malestoit. Ce n'est pas la justice que de donner asile à celui qui a causé tant de maux à notre peuple... Mais surtout, Landebroc est un incapable... il sait parler, mais il ne sait pas commander. C'est seulement par un concours de circonstance qu'il a pu tenir en échec votre père, et ensuite la révolte de Soulans puis celle de votre oncle le comte de Porez a bien aidé, sans cela Landebroc aurait perdu depuis bien longtemps.
Il a fait illusion assez longtemps, désormais il faut se rendre à l'évidence... C'est peut être lâche, mais je préfère quitter le navire avant qu'il ne coule.
 »

Il reprit une gorgée de vin. Son regard était fuyant. Puis il se reprit :

« Mais surtout, je suis un chevalier et l'honneur est une valeur importante pour nous. Vous avez le droit pour vous. Vous êtes le duc de Cahogne et votre père a signé contrat avec le comte de Valais. Landebroc n'est qu'un bâtard qui a usurpé les droits de sa sœur et l'a fait tuer. Il n'a pas respecté son contrat. Le Vaujour vous revient de droit monseigneur ! »

Pene-Penac était un redoutable soldat. Arme à la main, il pouvait rivaliser avec n'importe quel épéiste de Cahogne, peut être même de l'Empire. Mais avec sa langue, il était beaucoup moins doué.
Eudes pouvait voir que quelque chose clochait dans les paroles de son nouveau vassal, que dans sa bouche des mots sonnés faux. Pene-Penac semblait réciter.
Au moins que cela était dû à l'alcool...

Soudain un bruit sourd envahit la pièce. Une table se renversa emportant avec elle la vaisselle, la viande et les fromages. La musique s'arrêta nette pour laissait place à un rugissement de colère.

« Comment osez-vous ! S'écria Eustache en pointant du doigt son cousin Richard qu'il venait de mettre à terre, vous revendiquez mes terres, mes titres et mes honneurs ! Et à présent vous me volez mon verre ! S'en est trop ! Vous êtes indigne des Tancarvelles ! Le sang de votre mère la landaise a souillé notre bon sang platois ! Vous êtes une crapule ! Sycophante ! Couille molle ! »

Eustache était rouge de colère, hurlant sa haine en postillonnent partout. Il s'essuya d'un revers de la manche la bave qui coulait de sa bouche comme un chien enragé. L'alcool lui avait ramolli la tête au point d'embrumer sa raison.

« Je reconnais ma faute cher cousin, s'expliqua Richard, je me suis trompé de verre ! Mais faites attention à vos paroles où je serai contraint de vous défier devant Dieu !
- C'est moi qui vous défit devant Dieu !
 » répondit Eustache en cherchant à tâtons son épée qui était juste à sa ceinture. Il finit par trouver la poignée et la retira de son fourreau avant de la laisser tomber au sol : trop lourde pour ses mains rendues molles par la bière, il n'arrivait même plus à tenir son arme...

« Attendez ! J'ai fais tomber mon épée ! Qu'on m'en apporte une autre pour la bataille ! Par les Trois ! Cette nuit verra du sang ! Musiciens ! Jouez donc un morceau pendant que j'écorche mon cousin ! »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 8 Jan - 16:59
Pene-Penac est un piètre flatteur. Les premières raisons très pragmatiques qu’il me donne pour sa félonie sont plus aisées à recevoir que les secondes, mais néanmoins, il est certain qu’il est dans mon camp à présent, bon gré, mal gré.

« Rejoindre mon camp aura de lourdes conséquences à la cour de Landebroc. Quelle est la loyauté des autres seigneurs de son conseil ? Savez-vous s’il a des soutiens importants ? »

Bien traiter et récompenser le sénéchal est également un bon moyen d’adoucir l’image qu’ont de moi les gens du Valais. Il faut sécuriser ce pays voisin, obtenir la paix après avoir utilisé les armes.



Mais alors que je pourrais bien discuter avec mon nouveau vassal, les anciens font entendre parler d’eux. Cet idiot d’Eustache commence un scandale, en public ! Ce fils de chienne, dire qu’il est le futur fiancé de ma sœur ! Ses menaces grotesques, devant tout le monde, ont le don de me faire sauter de ma chaise — surtout que comme lui, j’ai l’alcool mauvais.

Quittant Pene-Penac ainsi, voilà que je cours presque jusqu’à la table où le Tancarvelles se donne en spectacle, et je me mets à rugir avec force :

« Ai-je bien entendu ?! Qui ici ose prononcer le plus grand nom au monde avec une gueule avinée ?! »


L’alcool, quel danger. Les infidèles du Ponant ne boivent pas — il est peu étonnant qu’ils soient aussi doués au combat.

« Nous sommes des hommes, il est normal que nous soyons rudes entre nous — mais je trace la limite aux menaces et au blasphème ! »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 8 Jan - 18:24
Tout le monde se tut lorsque le duc poussa un rugissement de colère. Son surnom de "lionceau" qu'on lui attribua en croisade n'était visiblement pas usurpé, le fauve était lâché dans l'arène et remettait à leur place les gladiateurs éméchés.
Eustache tituba, les yeux dans le vide, et semblait ne pas s'être aperçu de la remontrance de son suzerain. Puis il se plia en deux et vomis son repas sur le sol.
Le grand écuyer Robert de Lescure s'avança pour aider le maréchal.

« Ne soyez pas trop sévère avec lui monseigneur, l'alcool lui a fait perdre la raison. »

A côté, le connétable Charles d'Annequin était venu aider son neveu Richard Beaucoeur à se relever.

« C'est ce qu'il se passe lorsque l'on nomme un platois à un poste important : il fait honte ! dit-il , Monseigneur, je vous préviens que c'est la dernière fois qu'un Tancarvelles menace ma famille. A la prochaine provocation, j'y répondrais de mon épée ! »

Puis chacun repartit de son côté. La fête était finie.
Pene-Penac revint vers le duc, quelque peu amusé par la scène croquignolesque qu'il venait de voir. Mais voyant la colère du duc, il se retint de faire le moindre trait d'humour.

« Pour en revenir à notre conversation... la place du comte n'est plus aussi assurée. Sa gestion de la guerre, de Malestoit, ses alliances avec le duc de Basse-Julienne alors que son père était marié à son ennemi... Robert a fait des choix qui n'ont pas toujours plus à son entourage. Il est en vérité de plus en plus isolé je le crains.
Mais... si je puis me permettre d'insister... j'aimerai connaître mon avenir à votre service. Quelle place pourrais-je avoir à votre cour ? Et quelle position dans votre noblesse ? J'ai besoin de savoir, je n'aime être dans l'expectative...
 »

* * *

On avait préparé pour le duc de Cahogne la plus belle chambre de l'hôtel de ville. Si elle était acceptable pour un grand bourgeois, la pièce n'avait rien de comparable à celle du château de Soulans. Le confort pouvait manquer à Eudes, mais il était en campagne et il avait déjà connu bien pire au Ponant.
Assis sur le lit, Eudes tenait entre ses mains une lettre parfumée que lui avait confié quelques temps plus tôt un messager privé venu de Soulans. D'une belle écriture, mais avec quelques fautes -le landique était une langue compliquée pour une étrangère- la lettre était signée de la douce main de dame Ensellina.

Lettre parfumée a écrit:
Déjà 20 jours que vous êtes parti et je me languis de vos poèmes. J'ai relu tout François Droillard en pensant à vous. J'espère que mon foulard vous porte chance et que vous aussi vous pensez un peu à moi. Je prie chaque jour au Sanctuaire pour que vous me reveniez sain et sauf.
La vie au palais est agréable et je vous remercie de m'accueillir. Votre sœur Blanche est d'une charmante compagnie, mais sans vous les couloirs sont un peu tristes. J'aimerai tellement qu'ils résonnent de votre poésie.
J'attends votre retour.
- Votre bien aimée Ensellina.

Alors qu'il lisait les derniers mots de la lettre, on frappa à la porte. Lorsque Eudes ouvrit, il vit Odilon le Chétif accompagné de plusieurs housecarles.
Le chambellan entra. Il était encore dans ses habits de voyage et à peine arriver à Noyer-le-Grand s'était directement dirigé vers la chambre du duc.
Son agitation ne lui ressemblait pas, il était presque essoufflé. Peut être le voyage ? Ou bien les informations qu'il disait détenir dans sa dernière missive...

« Monseigneur, êtes vous au courant que Marie de Valais a été retrouvée ? Non ? Ça ne m'étonne pas... quelque chose d'inquiétant se trame... »

Odilon affichait un visage inquiet. Il faisait les cents pas devant Eudes, visiblement troublé par ce qu'il savait... et ce qu'il allait révéler n'allait pas réjouir son duc.

« A mon retour à Soulans, j'ai suivi vos ordres afin de caché vos secrets au légat. J'ai donc confié Arda et son enfant à dame Margaux. Mais celle-ci m'a alors révélé une histoire pour le moins étrange... Il y a quelques jours, elle a récupéré au Chenil une jeune fille perdue qui prétendait être Marie de Valais. Si d'apparence elle pouvait ressembler à une gamine des rues, de part ses manières et son élocution elle semblait appartenir à la noblesse, et en plus de ça, elle possédait sur elle le sceau des Landebroc, ce qui poussa Margaux à la croire.
Elle a donc informé Cécil de Saint-Saëns qui est venu en personne chercher la fillette... et depuis... plus de nouvelle. C'est quand même étrange que Saint-Saëns ne vous ai pas informé d'une telle information ? J'ai essayé d'en apprendre plus, mais à la cour il semble que personne ne soit au courant ! Il n'y a pas l'ombre d'une rumeur, il semble que Marie de Valais se soit de nouveau volatilisé.
J'aimerai croire que Saint-Saëns la cache en attendant votre retour, qu'il craint un complot sur l'héritière du Valais ou bien que celle-ci lui ait échappé par quelques miracles et qu'il refuse d'avouer son échec, mais comment pourrait-il garder pour lui une information aussi importante que la survie de la sœur du comte ? Cela pourrait faire basculer l'issu de la guerre si on apprenait qu'elle vit !
 »

Odilon souffla. Puis il reprit un peu plus calmement.

« Je n'ai bien sûr rien dit de ce que je sais à Saint-Saëns, ni même à personne d'autre, et j'ai fait promettre à dame Margaux de ne rien dire non plus. Je voulais avant tout vous informer avant de faire quoi que ce soit.
Nous avions quelques doutes sur l'identité du Goupil... peut être que nous l'avons trouvé... et si Saint-Saëns était ce renard qui vous cause tant d'ennui ??
 »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 15 Jan - 16:34
Lescure prend la défense d’Eustache. Ce n’est vraiment pas le moyen de prendre le parti de ce rat écœurant — je croise les bras devant la scène de mon grand écuyer qui relève un de mes officiers.

Mais c’est alors que le connétable se permet une remarque, comme s’il souhaitait profiter de cette scène pour y gagner quelque chose. Je pivote et le regarde tout droit, et c’est avec un ton immensément froid que je lui interdis d’avoir le dernier mot dans cette dispute :

« Mes ancêtres sont Platois. Les Bohains font-ils honte à la charge la plus importante de notre pays ?
Il semblerait que vous ayez bu autant que sire Tancarvelles, même si vous semblez tenir debout. Alors je vous répondrai la même chose qu’à lui : Ne lancez pas des paroles que vous regretteriez une fois sobre, l’ivresse n’est pas une excuse. »


Ces deux puissantes familles commencent sérieusement à me casser les couilles. Il est grand temps de trouver de nouveaux vassaux pour parasiter ma cour. Et s’ils croient gagner mes faveurs en attaquant l’autre, ils se trompent fortement…

Le pire, c’est qu’ils font honte à la Cahogne devant celui amené à rejoindre notre pays. Pene-Penac profite du retour du calme pour venir à nouveau quémander. Je baisse d’un ton, même si je demeure avec la même posture fermée tandis que je lui réponds enfin :

« Personne n’aime être dans l’expectative. Mais de même, je n’aime pas faire des promesses que je ne saurais tenir. Votre entrée à mon service est encore très récente, et comme vous venez de le voir, je commence tout juste à prendre mes marques au milieu des hommes de mon père… »

Je grogne, en jetant un œil vers les portes qu’ont emprunté les vassaux qui viennent de quitter les lieux.

« À court terme, je compte vous faire un grand cadeau d’argent — vous ne devez plus avoir beaucoup de ressources, vu l’état de votre château. Du numéraire vous permettra de tenir votre rang et de compter parmi les gens de Cahogne. Un millier de livres, c’est un bon prix pour un haut-sénéchal, n’est-ce pas ?
Mais je ne compte pas simplement vous payer comme un mercenaire. À moyen terme, vous m’aiderez à sécuriser le Vaujour, et à obtenir la loyauté de ses habitants. Je souhaite vous lier à mon pays par un mariage, avec l’une des familles de mon pays — bien que, cela reste entre nous, je préférerais que vous évitiez tant les Annequins que les Tancarvelles…
Les deux rêvent d’obtenir le Vaujour en sénéchaussée. Je pense plus logique de nommer un local pour gérer les affaires locales, je pense qu’il est important de décentraliser. Surtout après la si mauvaise gestion des hommes de mon père sur cette contrée… Vous me semblez être le candidat idéal, mais je ne vous nommerai pas à la tête du Vaujour sans que je sois parfaitement sûr que vous soyez intimement proche de la Cahogne — le mariage et les enfants sont une belle ancre pour ça.
Dans tous les cas, vous aurez l’occasion de prouver l’utilité de vos talents. J’ai beaucoup d’affaires où j’ai besoin d’un regard neuf. Je compte vous faire participer à mon conseil. »







Avec la nuit, arrive le mal de crâne. L’alcool est un poison qui tue à rebours, et si je l’endure bien, je reste un homme comme les autres. Je lis la lettre de l’actrice, Ensellina — une conquête, car de toutes mes fautes morales, la chair est sans doute celle dont je suis le plus coupable. Alors que je me prépare à ainsi m’endormir, on frappe à la porte. Je suis obligé de me lever et de jeter un manteau sur mes épaules, afin d’aller ouvrir.

Odilon est là, avec mes fidèles Housecarles. Il entre, et alors que je vais m’asseoir sur mon lit, le chambellan marche dans tous les sens, visiblement agité, à m’annoncer de terribles nouvelles.


C’est sûrement la faute à la migraine, mais je mets un moment à répondre. Je frotte mes yeux, pince le sommet de mon nez, et réfléchit plus posément qu’Odilon. Avec un long soupir, la voix éreintée, je trouve quelque chose à répondre — en fait, je songe surtout à voix haute.

« Il y a en effet d’excellentes raisons pour que Saint-Saëns cache un tel secret… Landebroc a également des espions, et son silence peut avoir pour but de protéger Marie de Valais. Peut-être est-elle bien en sécurité, et que Saint-Saëns souhaite m’offrir la fille pour montrer sa loyauté et son efficacité.
Je trouve cette explication plaisante, et c’est probablement pour ça qu’elle est fausse. Mais quel intérêt Cécil trouverait à nuire à Marie de Valais ? À me nuire à moi ? »


Je grogne. Je serre des dents.

« Vous avez bien fait de vous taire. Car moi aussi j’ai découvert quelque chose.
Malestoit, le capitaine, a été pris en vie. Il m’a alors exposé les raisons de sa trahison : Quelqu’un a tenté de le tuer, et visiblement, l’assassin, l’Arabéenne qui roule pour Saint-Saëns, a révélé que c’était moi qui avait donné cet ordre, alors qu’il n’a jamais émané de moi. C’est par la faute de cet attentat que le mercenaire s’est retourné, et que je me suis retrouvé privé de la moitié de mes forces.
Ce sont de belles coïncidences qui pointent vers Cécil. Mais il me manque le plus important : un mobile. »


Je gratte ma barbe.

« C’est une information utile que vous m’amenez là. Mais à présent, je me demande comme procéder…
Espien est venu également me rendre visite secrètement durant ma campagne, vous savez ? Il m’a promis de protéger Arda si elle partait au couvent, il semble également très bien renseigné. Vous êtes la dernière personne proche de moi qui est entrée au palais, alors dites-moi tout — quelle ambiance y règne ? »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 15 Jan - 17:55
« J'aimerai croire à sa loyauté monseigneur, mais cacher l'information est une chose, mais pourquoi ne pas vous prévenir alors que posséder Marie pourrait faire basculer l'issue de la guerre ? C'est une information capitale, il aurait pu très bien vous envoyer l'un de ses espions, ou même venir lui même. J'ignore quel intérêt il peut avoir à la cacher... »

Odilon cessa de faire les cents pas et se calma. Il se permit de prendre une cruche de vin pour se servir un verre. S'il n'osait pas tutoyer le duc, le chambellan avait tout de même prit ses aises en sa présence, outre que lui ou sa famille proche, aucun sujet du duché n'aurait osé se servir du vin du duc de Cahogne sans sa permission, pas même le sire d'Annequin.

« C'est inquiétant ces informations et fausses informations qui émanent dont ne sait qui. On ne sait pas non plus comment Landebroc a pu savoir pour Arda... Saint-Saëns était-il au courant ? Espien l'était vous m'avez dit... peut être que le "Goupil" ne désigne pas une personne, mais plusieurs... le triumvirat a tout intérêt à vous nuire s'il veut garder le pouvoir, il n'y a pas à aller chercher plus loin pour trouver un mobile. Et que l'évêque viennent secrètement vous rendre visite... je ne crois pas aux coïncidences monseigneur, est-il venu vous parler ou vous surveiller ?
Quoi qu'il en soit, que pensez vous faire contre Saint-Saëns ? Ne faudrait-il pas le confronter ?
 »

Odilon bu son vin d'une traite puis reposa son verre. Il semblait plus détendu, l'effet de l'alcool sûrement, le remède à tous les maux.

« L'ambiance à la cour était un peu tendue avec l'arrivée du légat. L'abbé a mit son nez partout et a interrogé plusieurs personnes sur votre moralité. J'ai fait en sorte que rien ne soit révélé, et l'absence du chancelier que vous avez écarté de la régence m'a bien aidé. Saint-Saëns ne s'en ait pas trop préoccupé, tout absorbé par sa tâche. Comme vous le vouliez, il a invité le prévôt Jacques Delphin et deux autres échevins de Soulans pour l'assister...
Mais votre sœur Blanche s'est montrée un peu froide avec moi, je crois qu'elle ne me fait pas confiance. Elle s'est opposée à ce que je cache Arda et votre fils au Chenil...
Vous voulez vraiment faire d'elle une nonne ? Je pensais que vous vouliez la présenter à la cour. Pourquoi ce soudain retournement ? Et que va devenir votre enfant ? Méfiez-vous de l'évêque, il pourrait l'utiliser contre vous.
 »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 15 Jan - 18:08
« J’ai promis à Espien quelque chose, pour voir si cela suffisait à le convaincre. L’évêque est étrange. J’ignore s’il est un saint ou un diable — il semblait beaucoup se soucier de ma moralité, quitte à en perdre sa place. Les évêques sont rarement ainsi… En tout cas, il a essayé de me persuader que présenter Arda à la cour amènerait mon excommunication, et me ferait tout perdre. À quel point a-t-il raison, et à quel point bluffe-t-il ?
De toute manière, Arda s’en sortirait, peu importe sa vie. C’est en effet notre enfant qui est bien plus important. Elle serait prête à tout pour le garder en sécurité, et il est vrai que j’ignore quels projets Espien pourrait avoir avec elle… »


Créatures politiques, plus corrompues que leurs ouailles, le haut-clergé n’a pas bonne réputation pour des hommes oints. Mais Espien, lui qui est si mêlé aux affaires des laïcs, se pare toujours de religion quand je suis proche de lui.

« Il faut tendre un piège à Saint-Saëns. Qu’en dis-tu ? Je pourrais innocemment lui demander s’il a des nouvelles de Marie de Valais, et voir alors ce qu’il aurait à m’en dire.
Ou mieux, je pourrais lui faire croire que mes housecarles m’ont rapporté la mort de Marie de Valais, qu’ils ont vu son cadavre de leurs propres yeux, avec son sceau. Nous verrions alors s’il dément ces informations, et si cela lui fait penser que quelqu’un a pu diligenter un complot. Son explication achèverait de nous convaincre ou de sa loyauté, ou de sa félonie. Puis il ne restera plus qu’à agir en conséquence… »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeDim 15 Jan - 18:37
« Je connais bien l'évêque, je vous l'ai déjà dit, il a toujours une idée derrière la tête et rien de ce qu'il fait n'est innocent. Présenter Arda à la cour ou légitimer votre enfant serait une belle provocation contre lui. Cela réduirait ses plans à néant, quel qu'ils soient.
Pour Saint-Saëns c'est autre chose. Il est plus discret et sournois, et ses intentions sont moins perceptibles. Que compte t-il faire de Marie ? Veut-il la cacher jusqu'à la fin de la guerre, ou bien terminer ce que le comte n'a pu faire ? Nous pourrions lui tendre un piège oui, comment voulez-vous procéder ?
 »

Puis Odilon eut un petit sursaut, réalisant qu'il manquait à toutes ses obligations de chambellan. A jouer le rôle d'un espion il en oubliait ses fonctions officielles.

« Excusez moi monseigneur, je bois votre vin sans même vous en proposer. Voulez-vous que je vous serve ? »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMar 17 Jan - 22:59
À la mention du vin, j’ai un air de pur dégoût qui se dessine sur mon visage.

« J’ai plus qu’assez bu aujourd’hui. Le vin est de fort mauvais conseil. Je songe presque à le faire interdire à ma cour. »


C’est évidemment une plaisanterie, mais bon…

« La campagne du Vaujour est quasiment terminée, mais nous avons été proches du désastre. Cette région a été matée grâce à la trahison répétée des sbires de Landebroc, et la brutalité meurtrière d’Eustache Bras-Court — il y a eu guerre plus glorieuse.
Mais lorsque cet ennemi sera définitivement maté, il me restera à m’occuper de ma cousine et des félons qui gangrènent mon palais. »


Je hoche de la tête, répétitivement.

« Où en sont mes plans avec Népotain et la Hanse ? Avons-nous trouvé de quoi les faire arrêter ?
J’aimerais bien m’occuper de tout ce monde d’un coup, décapiter les têtes de l’hydre en un vif coup d’épée, mais c’est pas le genre de stratégie où il faut se rater. »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMar 17 Jan - 23:23
Odilon souleva un sourcil à l'idée du duc de faire interdire le vin à sa cour. S'il voulait une nouvelle guerre civile c'était le meilleur moyen pour y parvenir... Mais le chambellan commençait à connaître l'humour de son maître.

« C'est amusant que vous abordiez ce sujet, j'allais justement y venir. »

Odilon ouvrit son veston et sortit un papier de la couture du vêtement, un espace secret où ranger des documents compromettants. Il tendit la feuille au duc.
C'était un beau papier, tout droit sortit de la chancellerie et portant le sceau ducal. Il y était indiqué que les marchandises étaient exemptes de tout péage et tonlieu.

« C'est la preuve qu'il nous fallait. Ce genre de papier sert à Lanfranc de Picquy pour faire passer sa contrebande. Toutes ses marchandises, notamment ses caisses de vins, sont exemptes des taxes ducales, ce qui lui permet d'augmenter considérablement ses marges. Nous pouvons le faire condamner pour recel de sceau et lèse majesté. Il usurpe votre pouvoir.
La Vipère m'a expliqué un peu plus en détail son trafic. A travers Népotain, qui négocie pour son cousin, le consul de la Hanse, de Picquy fait traverser sa marchandise jusqu'à Vaucouleur pour l'expédier vers les villes hanséatiques. Il pourrait passer par la kontor de Soulans, mais se serait à la vue de tous. La république cache les transactions et affrète ses propres navires. Je pense que c'est une manœuvre du Prince-Maire pour se rapprocher de la Hanse, tout le monde sait qu'il voudrait faire intégrer Vaucouleur à la ligue, une chose que nous devons empêcher si nous voulons un jour remettre la main sur la cité.
On pourrait faire un grand coup de filet, prendre tout le monde d'un coup et par surprise. Cécil de Saint-Saëns, Lanfranc de Picquy, peut être même Charles Daguerre si on n'arrive à démontrer sa collaboration dans le trafic de son ami, il n'existe pas un monde où il ne serait pas au courant. Même l'évêque pourrait tomber. Je vous rappelle qu'on m'avait rapporter des rumeurs de simonie de sa part, si on trouve des preuves à remettre à l'Archevêque, on pourrait le faire destituer...
Et qu'en est-il du connétable ? Vous voulez toujours le faire chuter ?
 »
Eudes II de Cahogne
Eudes II de Cahogne
Fiche : Fiche
Messages : 369
Date d'inscription : 18/12/2019
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeMer 15 Fév - 19:21
Odilon m’apporte une chose magnifique — enfin une preuve tangible, concrète, quelque chose de dur pour contrer les ennemis de ma cour. C’est tellement plus important que de simples rumeurs ! Je me retrouve presque à sautiller sur place, tandis que j’attrape le papier du chambellan afin d’en mieux étudier le sceau.

Un immense sourire se dessine sur mon visage, tandis qu’il continue ses intrigues.

« En voilà une belle nouvelle. Je pourrais presque t’embrasser pour ça. »

Je dépose la fausse lettre de franchise sur une table de chevet, tandis que je rebondis immédiatement sur ses propos, mon cerveau travaillant à toute vitesse.

« C’est encore un peu faible pour s’en prendre aux autres, mais c’est un début essentiel. Il va falloir que nous agissions vite, si on souhaite les attraper par surprise.
Annequin va devoir être écarté du jeu à un moment, mais lui est plus particulier — c’est pas seulement sa personne qui est en jeu, c’est sa maison, et les Landes derrière ; il est un contre-pouvoir à Tancarvelles, que j’ai trop favorisé depuis mon retour de croisade. Je n’ai pas envie que sire Mauger devienne trop imposant à ma cour, je ne vais pas exclure des cancres pour en faire rentrer d’autres par la petite porte.
Cécil en revanche est très stratégique, à cause de la place importante qui lui est attribuée : je ne peux pas avoir mon réseau d’espionnage entre les mains d’un ennemi. Je dois m’assurer de sa loyauté, en personne.
Quant à Espien… La simonie me permettrait de le faire chanter. As-tu des moyens d’obtenir des preuves de ces actes ? »


Tellement de cibles, et voilà que j’intrigue bien mal, trop fatigué et trop ivre que je suis.

« Bien, voilà ce que nous allons faire :
Je donne discrètement rendez-vous à Cécil de Saint-Saëns, en prétendant avoir besoin de son aide. Je dois toujours diriger l’armée, et lui dois toujours régenter Soulans, alors nous sommes tous deux bien occupés : ce sera un rendez-vous volontiers discret et sans publicité. J’en profiterais alors pour voir ce qu’il a à me dire sur Marie de Valais. S’il n’aborde jamais le sujet, je le considérerai comme un traître, et je le ferai saisir. Autrement, je lui donnerai le bénéfice du doute, pour l’instant…
Ensuite, je termine la guerre ici. Je compte négocier à bon compte avec Landebroc, mais je dois admettre que si j’avais Marie de Valais avec moi, je serais dans une immense position de force pour lui arracher les garanties que je souhaite.
Pendant ce temps, trouve ce que tu peux sur Espien, sa vie, ses secrets, et ses fautes. Nous les utiliserons plus tard.
Quand la guerre du Vaujour sera terminée, je ne compte pas licencier l’armée tout de suite — je compte l’utiliser pour terrifier le Porez et régler mes comptes à l’extérieur avec ma cousine Clotilde et son puissant époux. Ce n’est donc pas le moment idéal pour faire un grand coup de filet. Mais une fois que nous aurons assez contre eux tous, nous aurons les coudées franches pour agir.

Qu’en penses-tu ? Tout cela te semble sage ? »
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitimeJeu 16 Fév - 10:58
Odilon sourit à l'idée que le duc l'embrasse. Il n'était peut être pas opposé à ça.

« Tout cela me semble bien.
Une fois la guerre terminée et vos problèmes réglés avec votre cousine, nous allons pouvoir couper les têtes de la corruption. Le duché va enfin pouvoir être assaini de toute la peste qui l'empoissonne.
Mais pour traiter avec le comte de Valais il faudrait mieux posséder Marie, il est primordiale que vous rencontriez Saint-Saëns avant. Je vais organiser une entrevue dans un endroit sûr.
Concernant l'évêque, j'ai toujours des contacts au chapitre de Soulans, mais il va m'être difficile de mettre la main sur des preuves. Nous allons peut être devoir bluffer. Mais si nous emprisonnons tous ses alliés, le chancelier sera neutralisé, même si lui même reste libre.
 »

Le chambellan observa la preuve de la culpabilité posée négligemment sur la table de chevet du duc de Cahogne.

« Voudriez-vous que je garde la lettre de Picquy sur moi ? C'est l'élément central de notre dossier contre lui, il ne faudrait pas la perdre... »
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: La guerre du Vaujour : Claujacques La guerre du Vaujour : Claujacques - Page 4 Icon_minitime
La guerre du Vaujour : Claujacques
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 4 sur 4Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4

Sujets similaires

-
» La guerre du Vaujour : Raveaux
» Correspondance de la guerre du Vaujour
» La guerre du Vaujour : Noyer-le-Grand
» Guerre du Vaujour : Le destin sur un pont.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Casus Belli :: RP :: Le Pays-Plat-