A monseigneur et suzerain, monsieur le duc de Cahogne, Eudes deuxième du nom. Que Celui qui est Trois le garde en sa protection.
Sire, peut être avez-vous apprit que mon odieux frère l'
évêque de Belfort, qui a lui même usurpé son office par maléfice, a décidé de me spolier de mon héritage en mettant à ma place un bâtard né du péché. Il prétend que ce fils serait légitime, issu d'un mariage secret que mon frère Henri aurait contracté avec une paysanne, mais c'est là un honteux mensonge ne reposant que sur les racontars d'une vieille femme et une vague ressemblance de l'enfant avec mon défunt frère pour ce qu'on m'a dit. Jamais mon frère ne se serait abaissé à cela, il était parmi les plus dignes de vos barons et c'est profaner sa mémoire que de le souiller dans un mariage avec la roture !
Je veux bien admettre qu'il s'est déjà vu dans l'histoire du pays qu'un bâtard puisse accéder à l'héritage, mais ceux là avaient grandit au château parmi les nôtres, partageant notre quotidien, éduqués avec nos enfants. Celui-ci est né et a été élevé dans la roture, n'ayant côtoyé que des vilains jusqu'à aujourd'hui. Il était forgeron avant que l'évêque ne le sorte de la fange, comment un forgeron pourrait devenir votre chevalier ? Ce serait une grande honte que de l'accepter parmi nous et de lui permettre d'héritier d'une si grande baronnie que l'honneur des Montfay.
Surtout que vous êtes déjà embêté avec un bâtard, je parle de ce
Robert Landebroc qui se prétend comte de Valais. Reconnaître la légitimité du soi disant fils de mon frère serait une grande imprudence car cela fera jurisprudence et servira les intérêts de votre ennemi.
De plus, j'ai entendu dire qu'il souhaitait récupérer le corps de celui qu'il prend pour son père, celui-ci gisant toujours pendu au gibet des mouches, place qu'il a mérité après sa trahison pendant la guerre, que Dieu lui pardonne, remettant en cause votre bonne justice. Hors, nul ne pourrait remettre en question la justice du duc, encore moins un bâtard issu de la roture.
Aussi, m'accorder l'héritage qui me revient de droit, serait honorer mon époux, monseigneur
Pierre de l'Estienne, qui était le meilleur ami de votre père, le bon Hugues, que Celui qui est Trois protège son âme. Il a toujours servi votre couronne avec une grande fidélité et m'octroyer les terres qui me reviennent serait le récompenser pour sa loyauté.
J'en appelle donc à votre justice.
Il vous revient, très cher seigneur, d'appliquer les règles de la féodalité. Elles prévoient qu'en l'absence d'héritier mâle, c'est à la sœur aînée que revient les titres. Je suis donc dans mon droit à réclamer l'héritage de mon frère.