En compagnie des marchands et de leurs escorteurs, le voyage de Marie vers Soulans se fit sans encombre.
Après plusieurs jours de marche, ils entrèrent enfin dans le soulonnois. A l'horizon se détacha du beau ciel bleu la silhouette de la Géolière, la tour-prison, symbole du pouvoir ducal, avant que n'apparaissent la pointe du donjon du palais des ducs, puis les deux beffrois cathédraux et le sommet du dôme du Paracléum.
Soulans était une ville immense, rien à voir avec les cités du Valais que Marie avait connue toute sa jeunesse. Là où Médrival dépassait à peine les 3 000 habitants, Soulans en comptait plus de 20 000. Il y a plus d'un siècle, la ville faisait partie du patrimoine de la famille de Marie, avant que son ancêtre ne vende ses droits à la duchesse Clotilde l'Emperesse, arrière-arrière grande-tante de Eudes de Cahogne. Depuis le temps des Landebroc, la ville avait bien changé.

Marie, Gus et Lion entrèrent par la porte Ouest, en passant par les faubourgs. Là ils quittèrent les marchands menés par Roussel et s'enfoncèrent dans la cité.
Bien qu'en ce mois de Pentobre (Juillet), comme chaque été, la ville ne soit qu'à moitié remplie à cause des travaux agricoles dans les campagnes, Soulans grouillait toujours de vie. Dans ses rues s'agglutinaient marchands, pèlerins, étudiants, légistes, paysans, artisans, clercs...
Il y avait ici réuni toute sorte de gens, de tous les horizons. S'y mélangés les apparences, les langues, les accents, les odeurs.
Là un marchand calave négociait dans un landique approximatif une cargaison de draps,  
ici, un guerrier norge toisait un cavalier dremmen, là encore, un chevalier de Gallance passait en compagnie de ses pages.
Il n'y avait pas mieux qu'ici pour être anonyme, noyait dans la foule. Mais il était facile de s'y perdre.
Toute la difficulté allait être de retrouver la trace d'Etienne du Lac. Tout ce que savait Marie sur ce personnage était ce que lui avait décrit Guillaume : un clerc d'une quarantaine d'années, grand et brun, portant une barbe taillée maladroitement.
Par où commencer ?

Les cloches de la cathédrale se mirent à retentir, indiquant qu'il était midi. Pendant le voyage, Marie, Gus et Lion avaient épuisé les ressources que leur avait confié l'ermite de la forêt de Pouillard. La faim commençait à se faire de nouveau sentir.

Le voyage jusqu'à Soulans fut long, et il épuisa les ressources que Guillaume avaient mis à la disposition de la jeune noble en fuite. Mais, au moins, elle était arrivée a destination. Elle avait survécu aux sbires de son demi-frère, ce bâtard qui avait voulu la faire assassiner, et elle était arrivée en Cahogne, dans la cité du Duc en personne, pour lui demander son aide.

Maintenant, elle pouvait se mettre a la recherche de ce moine, Étienne du Lac, pour se faire introduire à la cour et demander l'aide du Duc pour reprendre ce qui lui revenait de droit, ce qui lui avait été volé par le meurtrier qui se faisait appelé le Comte de Valais désormais.

Elle sourit a Gus et caresse la tête de Lion, puis prend une longue respiration. Elle avait faim, bien sur, mais elle avait encore plus faim de justice. Elle n'attendrait pas plus longtemps avant de trouver de l'aide. Un estomac douloureux pouvait attendre, mais plus longtemps son frère était sur le trône du Valais, plus il y aurait de dégâts dans le conflit.

"Gus, je dois trouver un moine, Étienne du Lac. Je vais allez vérifier a la cathédral. Je sais que tu as pris beaucoup de risques pour m'aider... Veux-tu m'accompagner encore?"

Elle se tourne vers son ami et sourit, un peu de lassitude dans la voix, mais avec un espoir renouvelé.

"Si nous réussissons, les choses iront mieux. Je récupérerai ce que mon frère m'a voler, et je peux te jurer que jamais plus tu ne seras dans le besoin. Tu es mon ami, mon homme de confiance."

Avant de partir vers la cathédral, pour interroger les prêtres sur cet Étienne du Lac, elle attend de voir si Gus l'accompagne toujours.

Gus fit un large sourire à Marie, puis frappa ses deux poings l'un contre l'autre pour lui signifier qu'ils étaient liés. Bien sûr qu'il allait continuer à l'aider, il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien.
Dans son village natale il n'y avait pas grand chose pour lui, un muet raillé par tout le monde. Son handicape ne l'empêchait pas d'être utile aux champs, mais il attirait les brimades et la honte sur sa famille. Même le curé avait dit un jour à sa mère que s'il était né ainsi c'était une punition divine pour ses fautes. Les gens du village avaient alors commencé à répandre des rumeurs, la mère de Gus passa pour une femme adultère et son père pour un cocu. Gus préférait mille fois être ici avec Marie plutôt que de retourner dans son village et continuer de vivre dans la honte.

Marie, Gus et Lion remontèrent la rue jusqu'à la cathédrale. Les cloches venaient de sonner midi et une messe se préparait. Vu l'heure de la journée et l'époque de l'année, il n'y avait pas grand monde pour y assister, le nef n'était remplie qu'à son tiers. Dans le choeur, devant les trois grands autels dédiés aux trois hypostases du Dieu Tricéphale, officiaient des chanoines. Il était rare de voir l'évêque de Soulans prendre part personnellement à la Sainte Offrande, trop occupé par les affaires du duché et sa charge de chancelier.
La cathédrale était un monument grandiose. Elle devait faire deux fois celle de Vouziac où Marie avait eu l'habitude de célébrer la messe avec son père et sa mère lorsqu'elle était enfant.
Le soleil à son zénith perçait les vitraux et éclairait de sa lumière les visages des portraits des saints Apôtres qui décoraient l'iconostase entourant le chœur.
Sur les premières places de la nef, quelques nobles richement habillés avaient prit place, laissant le bas-peuple occuper le fond de l'église. La belle cathèdre du duc avait été laissée vide, son propriétaire étant parti à la guerre dans le pays de Marie.

Le chant des chanoines s'éleva, résonnant sur les murs de la cathédrale. Puis le sous-diacre débuta la messe par une prière au nom de l'Empereur Corneille, avant d’enchaîner sur la lecture de plusieurs textes sacrés. L'assemblée des fidèles répondit aux lectures par des chants, que renvoyait le chapitre des chanoines. Puis vint la Gratitude pour remercier Dieu du dont du Feu Sacré.
A la fin de la messe, les fidèles furent invités à déposer leurs offrandes aux pieds du chœur.

Elle sourit a la réaction de Gus, son seul véritable ami en ce monde, puis l'imite et frappe ses deux poings l'un contre l'autre. Oui, ils étaient liés, désormais. Elle hoche doucement la tête. Si tout allait bien et qu'elle récupérait ses terres, elle ferait de lui un noble, ou du moins l'un de ses favoris, pour que jamais plus il ne manque de rien. Elle s'assurerait qu'il ait tout ce dont il a besoin, et plus encore. Car sans lui, elle serait probablement morte dans le monastère.

Le jeune groupe remonte ensuite la rue, jusqu'à la cathédrale. En fait, dans son esprit à elle, ce n'était pas une cathédrale mais une Cathédrale, avec une lettre majuscule au début. Un bâtiment si grandiose qu'il faisait passé celle de Vouziac pour un placard. C'était une offense contre le Dieu Tricéphale, cependant, tant de richesses affichées partout, alors que dans les rues, il y avait des mendiants.

La jeune femme écoute tout de même la messe, priant pour le salut de son âme, à cause de la mort de la Harpie au monastère. Et quand la messe fut terminée, la jeune femme se lève et se dirige vers l'un des prêtres.

"Excusez-moi, mon père? J'ai un message urgent pour l'évêque Étienne du Lac."

Lorsque le dernier fidèle déposa son offrande sur le sol de l'église, les chanoines commencèrent à ranger et à préparer le décor pour la prochaine messe.
Gus resta en arrière, fasciné par les peintures, les statues et les vitraux magnifiques de la cathédrale, lui qui n'était jamais sorti de son village, et laissa Marie partir devant pour interrompre l'un des prêtres dans sa tache.
Lorsque Marie lui adressa la parole, il eut un mouvement de recul, effrayait par l'apparence de la jeune fille.
Il faut dire que Marie ressemblait à une mendiante des bas-fonds, à une orpheline abandonnée à la rue. Depuis sa fuite du prieuré de Rocadour, il y a presque deux semaines, elle n'avait pu se laver que succinctement et elle portait les mêmes vêtements. Ses joues étaient crasseuses, ses cheveux emmêlés, ses yeux fatigués. Sa robe était déchirée et sale, mais surtout, elle puait la sueur et le crottin, mélangés à une odeur d'oignon, comme si la soupe de Guillaume ne l'avait pas quitté depuis qu'elle en avait mangé.
Son air innocent était effacé par la saleté, et ne restait d'elle que son apparence de gueuse.

« Qui ça ? Il n'y a pas d'évêque répondant à ce nom jeune fille. Notre évêque ce nomme Espien de Raysac. Je ne sais pas de qui tu parles. Retourne donc chanter dans la rue ! »

D'autres chanoines se rapprochèrent, comme s'ils voulaient aider leur camarde qui se faisait agresser.

« Que veut-elle ?
- Elle cherche un "évêque" du nom d'Etienne du Lac.
- Sors d'ici fillette ! On ne prononce pas ce nom dans un lieu saint ! Ah ! Tu aimerais le voir évêque hein ?! Oust ! Du vent hérétique ! Ça ne tiendrait qu'à moi je t'aurais déjà mit sur le bûcher ! »

Le chanoine joignit le geste à la parole et commença à pousser Marie hors de l'église avec véhémence.

La réaction du prêtre a qui elle avait demandée de l'aide la laisse sans voix. Cet homme osait lui parler de ce ton? La colère refoulée par ces jours de voyage menaçait de surgir. Elle pose les mains sur ses hanches et refuse de bouger.

"Je ne partirai pas avant de savoir ou il est." dit-elle, déterminée. "Je suis Marie Landebroc de Valais, j'ai à peine survécue a une tentative d'assassinat de la part de mon demi-frère, qui est en guerre contre votre suzerain, et vous osez vouloir me jeter dehors?! Si cet Étienne du Lac a fait quelque chose de mal, je ne le savais pas, mais je suis venue avec des informations limités, dans l'espoir de trouver de l'aide. Et a la place, je trouve du dédain?!"

Elle restait sur place, refusant de sortir.

"Aidez-moi au moins a trouver cet homme, et je partirai sans histoire. Sinon je vais faire une scène dont on parlera jusqu'au palais du Duc. Et quand le Duc sera au courant que vous m'avez éjectée, il sera furieux."

Elle regarde les moines les uns après les autres, très sérieuse, un air glacial affiché sur le visage. Non elle en avait assez de la marche, de l'anonymat, de ce triste destin ou on lui refusait de l'aide car elle avait l'air d'une mendiante.

"Pour des hommes de Dieu, vous n'êtes pas des gens biens. Les hommes de Dieu sont supposés faire preuve de bonté, de miséricorde. et vous, vous vous montrez dédaigneux. Vous pouvez être sur que je vais en informer votre Évêque par écrit, en plusieurs exemplaires. Ainsi que le Duc. Je veux vos noms, immédiatement, ou votre aide. C'est votre choix."

Les protestations de la jeune fille résonnaient dans toute la cathédrale, attirant sur elle l'attention des quelques personnes qui y étaient encore.
Le visage du chanoine se teinta de rouge.

« Comment oses tu nous parler ainsi dans la maison de Dieu ! Tu nous menaces petite gueuse ?
Sort d'ici tout de suite ! Les hérétiques ne sont pas les bienvenus ! »

Mais devant l'insistance de Marie, qui commençait à faire une scène dans la cathédrale, plusieurs chanoines vinrent l'entourer.

« Va donc répandre ton vomi ailleurs ! Tu souilles un lieu sacré ! »

Les chanoines saisirent Marie par les bras et la dirigèrent de force vers la sortie. Gus tenta de s'interposer, mais il reçu une gifle par l'un des chanoines qui le propulsa à terre. Marie avait beau se débattre ils étaient trop nombreux à l'empoigner.
Les chanoines passèrent devant quelques fidèles restés dans l'église, choqués par la scène qu'ils voyaient, puis, difficilement, ils atteignirent la sortie et jetèrent Marie hors de la maison de Dieu, sur les pavés du parvis.
La jeune fille se cogna le menton par terre, lui écorchant la peau.

« Tu n'auras qu'à te plaindre au duc. Et pourquoi pas à l'Empereur !
La prochaine fois nous ne serons pas aussi "miséricordieux", qu'on ne te revois plus jamais ici ! »

Gus la rejoignit rapidement, Lion aussi qui était resté dehors. Le muet avait la joue rougit et les larmes aux yeux par la tarte qu'il venait de prendre. Il aida Marie à se relever.

Elle attirait l'attention, et elle le savait. Mais elle était trop furieuse pour se calmer. Après tout ce qu'elle avait traversée, elle allait être arrêtée par ces moines de pacotilles? Elle comprenait les paysans et Guillaume qui n'aimaient pas ces prêtres, préférant jouirent des avantages de leur position plutôt que d'aider les gens dans le besoin.

Alors qu'ils la guidaient vers la sortie, elle leur lança un regard plein de mépris.

"Vous vous dites religieux? Alors que vous vous vautrez dans le luxe, d'honnêtes gens se tuent au travail, pour que vous puissiez manger sans avoir a travailler. Vous n'êtes pas des fidèles du Tricéphale, vous n'êtes que des arnaqueurs. Que Dieu ait pitié de vos âmes égarées, je n'en aurai aucune quand je demanderai justice à l'Évêque."

Une fois cela dit, elle se retrouve dehors , avec Gus et Lion. Elle s'assoit sur une marche et caresse gentiment la tête de Lion, puis regarde Gus.

"Je n'ai pas abandonnée. Je vais trouver un autre moyen."

Elle regarde les passants autour d'eux, puis soupire.

"Excusez-moi, connaissez-vous un certain Étienne du Lac?" se mit-elle a demander aux passants, déterminée à ne pas se laisser arrêter par ses faux prêtres et moines qui l'avaient jeter dehors telle une lépreuse.

Resta donc à Marie la solution du dernier espoir : demander à n'importe qui son chemin et puisse Dieu la guider.
Le premier a qui elle demanda était un bourgeois qui la dédaigna. Le second lui répondit simplement non et passa son chemin. Un autre fronça les sourcils et demanda « qui ça ? ». La plupart était grossier, se sentant offensé qu'une gueuse leur adresse la parole pour leur demander s'ils connaissaient un inconnu.
Soulans était une grande ville, c'était comme chercher une aiguille dans un botte de foin. Allait-elle devoir demander à 20 000 personnes s'ils connaissaient Étienne du Lac ?

Au bout d'un temps sans aucun succès et commençant à remettre en cause sa méthode, Marie s'arrêta. Elle était épuisée et la faim commençait à la tirailler. Gus s'assit à côté d'elle, ne pouvant pas parler il était frustrer de ne pouvoir l'aider.
Puis le ventre de Marie se mit à gargouiller dans un cri de monstre qui fit peur à Lion. Elle n'avait pas mangé depuis plus d'un jour et la tête commençait à lui tourner. Jamais, même au couvent des sœurs, elle n'avait connu une telle faim.
Gus se leva d'un bon et fit signe à Marie d'attendre ici. Puis il s'éclipsa en courant, laissant la jeune fille avec son chien. Lui aussi devait avoir faim, mais l'avantage de Lion c'est qu'il n'hésitait pas à fouiller les ordures pour trouver de quoi manger. Marie allait-elle devoir en faire autant, elle qui prétendait au trône du comté de Valais ? Ça serait tomber assez pour ne plus jamais se relever.

Un bourgeois passa et jeta une pièce à Marie, un simple sou de cuivre. Il avait dû la prendre pour une mendiante. En même temps, Marie faisait peine à voir dans sa robe en lambeaux recouverte de crasse.
Puis Gus revint enfin. Il sortit de ses poches du pain et des fruits. Un véritable festin pour ceux qui meurent de faim ! Où avait-il bien pu trouver tout ça ?
Le muet conduisit Marie dans une ruelle pour manger à l'abri des regards.
Mais alors que la jeune fille croquait dans le pain, une voix s'éleva.

« Hey toi ! Tu crois que je ne t'ai pas vu au marché ! Tu as volé tout ça ! »

C'était un jeune garçon, âgé d'environ 15 ans, qui désignait Gus d'un doigt inquisiteur. Il portait le costume d'un gamin des rues avec un simple bonnet sur la tête.

« Sais tu que tu étais sur mon territoire ?! Tu n'as pas le droit d'empiéter sur mon domaine, tu violes la loi des voleurs ! Dit moi qui tu es où je te dénonce à la prévôté ! »

Gus se mit en travers du gamin et de Marie pour protéger son amie. Lion était trop occupé à manger pour se préoccuper de ce qui se passait.

« Tu vas me répondre oui ! » insista l'enfant sans savoir que Gus était muet...

Après un certain temps passer a demander aux passants s'ils connaissaient l'homme qu'elle cherchait, elle perdit espoir. Personne ne voulait l'aider, les gens d'ici n'étaient pas très amicaux, ni ne voulaient l'aider. Elle rageait intérieurement, mais ne pouvait rien y faire. Elle devait se faire a l'idée que les Cahons de Soulans n'étaient pas aussi accueillants que les gens de sa propre terre.

Affamée, déprimée, elle s'arrête de poser la question quand Gus s'éloigne. Elle s'assoit sur le sol, caressant la tête de Lion, pour attendre son retour, sachant que son fidèle compagnon ne l'abandonnera pas. Elle réfléchissait en silence quand un passant lui jeta une pièce. Levant les yeux, elle semblait perplexe. Elle n'était pas une mendiante! Elle allait protester quand Gus revint, avec de la nourriture.

Elle sourit a son ami et se leva rapidement.

"Comment..." commença-t-elle, mais elle ferme la bouche.

Elle serra son ami dans ses bras, puis commença a grignoter sa miche de pain quand un jeune homme vint vers eux, Gus se plaçant devant elle. Elle prit la dague a sa ceinture et tapota l'épaule de Gus, puis lui donne la dague, pour qu'il puisse se défendre. Elle même, elle saisit sa fronde et y met une pierre.

"Nous ne voulons pas de problème, l'ami. Gus est muet, il ne peut pas répondre, et nous ne sommes pas d'ici. Nous cherchons tout simplement a trouver Étienne du Lac. Tu le connais?"

Pointé par la fronde de Marie, le jeune garçon leva les bras au ciel.

« Hey ! Je vois bien que vous n'êtes pas d'ici, sinon tu ne pointerais pas ta fronde vers moi ! Tu ne sais pas qui je suis !
Évidemment que je connais Etienne du Lac, je connais tout le monde en ville ! Je connais même le duc ! Je lui ai volé sa bourse une fois ! Mais au lieu de me punir il m'a donné une pièce, un type bien ce duc !
Qu'est ce que vous lui voulez à monsieur Etienne ? »

Le garçon baissa les bras et afficha un large sourire.

« Je pourrais peut être vous montrer où il habite. Je sais où il est.
Mais qu'est ce que j'y gagne moi ? »

Elle ne peut s'empêcher de sourire quand le gamin lui dit qu'elle ne sait pas qui il est. En effet, elle ignorait son nom, mais elle s'en moquait. Peu importe le nom d'une personne, la mort pouvait tout de même les faucher. Mais elle ne dit rien de cela, bien sur.

"Tu gagneras la reconnaissance de cet Étienne et du Duc aussi, j'en suis certaine." dit-elle.

Elle regarde Gus, puis abaisse doucement sa fronde, avant de lancer la pièce qu'elle avait reçu au garcon.

"Conduit-nous chez Étienne, et tu auras une récompense je le sais. Je ne peux dire quoi, mais je sais que tu en auras une. Mais si tu nous trahis, peu importe ton nom tu seras le premier a mourir."

Les derniers mots furent dit avec un ton glacial, montrant qu'elle était sérieuse. Elle en avait assez de se faire balader, elle était lasse, et elle voulait enfin se lancer dans sa quête.

Le jeune garçon attrapa la pièce, l'observa un instant avant de la jeter au sol.

« Tu m'as prit pour un mendiant ou quoi ?
Tu ne sais vraiment pas qui je suis pour me menacer de la sorte. Crois tu que j'ai peur d'un muet et d'une fille chétive comme toi ? »

Il se mit à rire.

« Figure toi que j'ai déjà la reconnaissance de monsieur Etienne, ce n'est pas pour rien qu'il me fait transporter son courrier.
Mais si tu n'as rien d'autres de mieux à m'offrir qu'une vulgaire pièce et des menaces, je devrais peut être te laisser chercher toute seule. »

Puis il se mit à réfléchir un instant, ou bien à faire semblant, peut être avait-il son idée depuis le début.

« Hum... écoute, j'ai bien un marché à te proposer... J'accepte de te mener à monsieur Etienne. En échange, je veux... un baiser ! Oui, embrasse moi et je t'emmène voir Etienne. Et je veux un vrai baiser, comme si tu embrassais ton prince charmant ! Et toi le muet tu peux regarder si tu veux ! »

La jeune femme serre les poings, songeant a quelques réparties qui feraient rougir des bûcherons Cahons. Puis son offre, de l'embrasser, lui arrache un juron bien senti. Puis elle sourit et pose les mains sur les hanches.

"Oh, un baiser, d'une fille chétive comme moi?" dit-elle.

Elle s'avance doucement vers lui, l'air innocent.

"D'accord."

Elle s'approche encore, jusqu'à être juste en face. Et quand elle se penche vers lui, elle lui donne un violent coup de tête en plein sur le nez. Et si le coup réussit, elle enchaîne avec un coup de genou dans les parties, de toutes ses forces. Si ces coups étaient des succès, elle allait se pencher au-dessus de lui pour lui dire qu'elle n'était pas une catin mais Marie Landebroc du Valais, une noble, l'héritière légitime de son père.

Le jeune garçon ferma les yeux et avança ses lèvres, trop heureux d'embrasser une jolie jeune fille.
Mais au lieu de toucher sa bouche il toucha son front. Surprit, le garçon recula avant de recevoir un coup dans les parties.
Il tomba au sol en se recroquevillant sur lui-même alors que Marie se penchait sur lui pour lui révéler sa véritable identité. Le garçon se tordait de douleur sans vraiment écouter, jurant en blasphémant le nom de Dieu.

« Aaah ! Très bien je vais te conduire à Étienne ! »

Le garçon avait le nez en sang. Il se releva difficilement et sortit un mouchoir pour se pincer les narines qui n'arrêtaient pas de cracher des filets rouges.

« Excuse moi, je ne savais pas qui tu étais. Je vais te mener jusqu'à la maison du moine. »

Le garçon fit signe à Marie de le suivre. Gus sourit, ils touchaient enfin au but, lorsque Étienne aura la lettre de Guillaume en main, il en sera finit de leurs misères.
Ils suivirent le garçon à travers Soulans pour s'éloigner du parvis de la cathédrale et ses rues pavées afin d'emprunter les dédales de venelles boueuses et sales, raccourcis que seul un natif de la grande cité ducale pouvait connaître. Pour Marie, elle parcourait un vrai labyrinthe, tout à Soulans semblait se ressembler pour des yeux étrangers.
Il passèrent par ce qui devait être les halles marchandes, tant se concentraient les boutiques et la foules. Perdue au milieu des gens et des odeurs, Marie crue un instant que leur guide en avait profité pour les semer et filer en douce, mais le jeune garçon réapparu, le nez enflé par le coup qu'il avait reçu. Il fit signe à Marie, il avait l'air cette fois bien décidé à l'emmener chez Etienne du Lac.
Ils finirent par sortir du grand marché pour longer les murailles de la ville en traversant des zones laissées en jachère, puis entrèrent dans un autre quartier.
Celui-ci était différent du secteur entourant la cathédrale. Ses rues étaient plus larges et ses maisons plus hautes, mais il était aussi plus bruyant. Marie, Gus et leur guide, passèrent devant des maisons closes et autres tavernes où s'amusaient des soûlards déjà bien allumés alors que l'heure du midi venait à peine de passer. Un drôle d'endroit où pouvait se cacher un clerc.
Le garçon s'arrêta devant une maison qui ressemblait à toutes les autres.

« C'est ici qu’Étienne habite. Entrez. »

Le garçon ouvrit la porte et laissa Marie et Gus entrer, toujours suivis par Lion.
La maison était sombre. Il y avait des tables et des bancs un peu partout, avec des rangés de tonneaux sur les côtés. On aurait dit un entrepôt plutôt que la maison d'un moine. S'y trouvait une dizaine d'hommes débraillés. Lorsqu'ils aperçurent Marie ils arrêtèrent de discuter pour la dévisager d'un air interloqué. Le garçon referma la porte derrière lui et avança.

« Et bah, qu'est ce qui t'es arrivé Marceau ? demanda l'un des hommes en voyant le nez de celui qui avait guidait Marie ici.
- Cette salope m'a frappé ! »

Toute la bande se mit à rire. Marie n'avait pas vraiment l'apparence d'une bagarreuse.

« Cette fille là ? Ahah mon pauvre Marceau.
-  Elle m'a prit par surprise !
- Et bien fallait être plus vigilant. Qu'est ce que tu veux qu'on fasse ? Te venger ?
- Ce n'est pas ça. Elle se prétend l'héritière du comté du Valais ! Marie Landebroc ! »

Les hommes arrêtèrent de rire. L'un d'eux se leva.

« L'héritière du Valais ? Voyez vous ça. Je la croyais morte. »

L'homme était grand et costaud, la crâne entièrement rasé avec une large moustache qui cachait un bec de lièvre lui donnant un air particulièrement atroce. A sa ceinture pendait une masse d'arme.
Alors qu'il s'approchait, Lion s'interposa en grognant.

« Range ton chien gamine ! Ou on te le tue ! » lui cria l'homme.

Spoiler:

Le garçon proposa, enfin, de la guider a Étienne. Mais bon, Marie ne lui faisait nullement confiance, alors d'un hochement de la tête vers Gus, elle tenta de lui faire comprendre d'être discret et de garder la dague a portée de main. Elle allait devoir être prudente, maintenant, car peut-être voudrait-il se venger.

Elle le suivit donc en silence, Lion a ses côtés, gardant sa fronde dans les mains, avec une pierre prête a être utilisée.. Et quand enfin ils arrivèrent devant des gens, elle comprit que le gamin l'avait trompée, pour la guider dans un piège. Mais elle garde son calme. Ce n'est pas en paniquant que les choses vont s'améliorés, après tout.

Elle incline poliment le buste devant celui qui semble être le chef, puis sourit.

"Je vous souhaite bien le bonjour, monsieur. Votre associé ici présent est un malotru, soit dit en passant. Mais je pardonne tout cela. Votre comparse dit vrai, je suis Marie Landebroc, héritière légitime du Valais. Non, je ne suis pas morte, je me suis enfuit, et mon bâtard de demi-frère tente de faire croire que je suis morte pour légitimer son droit au trône. Et je vaut plus en vie que morte."

Elle hoche doucement la tête et s'agenouille a côté de Lion, pour tenter de le calmer.

"J'avais proposer a votre comparse qu'il me guide a Étienne du Lac, ou il serait récompensé, mais il a plutôt préféré se montrer grossier envers moi, allant même jusqu'a proposer que je l'embrasse. Vous devez sûrement comprendre mon refus. Et oui, je l'ai frapper, car il était autant sur ses gardes qu'une putain dans un bordel, autant dire qu'il a été plus facile a frapper encore que la putain n'est facile a faire écarter les jambes."

Elle parlait a la façon de ces hommes, en ce moment, en cherchant des termes grossiers pour que ces derniers leur soit familiers.

"Si vous me conduisez sans dommage a Étienne du Lac, comme je le demande, vous serez récompensés. Et si j'ai menti, vous n'aurez qu'a me capturer et faire de moi ce que vous voulez. N'est-ce pas un bon marché, messieurs?"

Elle regarde Marceau, puis le chef du groupe.

"J'ai cependant une condition. Je ne veux plus voir cet insolent. Et souvenez-vous, vivante et intacte, je vaut beaucoup. Imaginez ce que votre seigneur, le Duc, sera prêt a offrir a mes libérateurs. Je dirais même que vous m'avez libérez de mon demi-frère de façon héroïque, si vous voulez. Vous serez récompensés pour votre bravoure et pour l'aide apporter a votre Duc."

Elle gardait un air confiant et sur d'elle, mais son coeur battait la chamade, car elle était quand même nerveuse. Elle était en mauvaise posture, si ces hommes refusaient.

« Ahah, j'aime bien cette petite, dit-il en se tournant vers ses compagnons, elle parle comme un bonhomme ! Et en plus elle a des conditions. Je ne sais pas ce que tu lui a fais Marceau, mais tu l'as mit en rogne.
- J'ai juste demandé un baiser en échange d'un service. Mais elle embrasse très mal ! » protesta le garçon sous les rires de ses compagnons.
Le chef de la bande se retourna vers Marie, bombant le torse, parlant avec un fierté.

« Là où tu as raison ma petite, c'est que tu vaux bien plus vivante que morte. Mais si tu ne l'aurais pas remarqué, tu es déjà capturée et on va faire de toi ce qu'on veut. Tu es peut être comtesse ailleurs mais ici les rois c'est nous ! »

La banda acclama les paroles de leur chef avec des rires et des cris, levant au plafond leurs choppes de bières. Ils avaient l'air déjà tous à moitié beurrés.

« Je suppose que ton frère le comte serait prêt à nous payer une belle somme si nous lui rapportons sa sœur fugitive qui veut lui usurper son trône.
Mais qu'est ce que tu lui veux à ce Etienne du Lac ? Et qui c'est lui ? » demanda t-il en pointa un doigt vers Gus.

La jeune femme soupire doucement.

"Me donnez a mon demi-frère? Si vous faites cela, vous êtes idiot. Il a tenter de me faire assassiner, et il sait qu'assassiner un membre de sa famille est mal vu. Si vous me rapportez a lui, il vous tuera pour qu'il n'y ait pas de témoin."

Puis elle se tourne vers Gus, puis vers les hommes.

"C'est un ami, Gus. Il est muet."

Elle regarde Marceau.

"Si tu avais été intelligent et pas arrogant, tu serais en trein de rapporter une petite fortune a ta bande plutôt que de revenir la queue entre les jambes avec le nez en sang."

Elle regarde a nouveau le chef de la bande.

"Votre Duc paiera beaucoup plus cher pour moi, car je peux lui éviter une longue guerre. Et lui, il ne vous tuera pas. Remettez-moi à Étienne du Lac, et vous serez des hommes riches. Et mieux encore, je pourrais même faire de vous des nobles, une fois mon titre récupéré."

Elle hoche la tête.

"Ou alors prenez le risque avec mon demi-frère. Après tout, il a voler mon titre et a tenter de me faire assassiner. Si vous êtes prêt a faire confiance a ce type d'homme pour ne pas vous éliminez, allez-y."

« De quelle fortune parles tu ! Je t'ai vu voler de la nourriture, tu n'es même pas capable d'acheter de quoi manger et tu voudrais nous couvrir d'or ? » s'écria Marceau, mit en rogne par l'arrogance de la jeune fille qui gardait toute son assurance malgré la situation.
L'homme à la moustache et au gourdin leva une main pour faire taire le garçon qui s'arrêta net.

« Faire de nous des nobles ! Ben voyons ! »

La bande se mit à rire à l'unisson. Le chef révéla ses grosses dents jaunes cachées jusque là par son épaisse moustache.

« Mais le petit marque un point. Cesse de jouer à la grande baronne, tu n'as aucun pouvoir ni aucune fortune.
Mais tu n'as pas tort, le duc payerait peut être plus, mais contrairement à ce que tu penses il a plus de chance de nous tuer que ton frère. Nous sommes sur ses terres, le comte ne pourra pas intervenir ici, mais le duc lui peut nous envoyer ses culottes rouges pour te reprendre de force.
- Ou pire, nous envoyer ses housecarles, intervint l'un des hommes, un gringalet borgne aux longues dents, j'ai entendu dire que l'un d'eux avait vaincu Ganbatu, en duel.
- C'est juste une rumeur ça, répondit un autre grand et fin, portant les cheveux longs, personne ne peut battre un kichique à mains nues ! Pourquoi ne pas demander au patron ?
- Il n'y qu'un seul patron ici, c'est moi ! s'écria l'homme à la moustache, je préfère l'appeler notre "collaborateur". Mais ce n'est pas une mauvaise idée, on pourrait déjà le contacter pour savoir quoi faire. »

L'homme fit un pas en avant, exposant à la lumière son visage bouffie gravé de cicatrices. Il avait tout l'apparence des cottereaux sans moral qui peuplaient les armées des grands seigneurs.
Lion se mit à grogner derechef, retenu par Gus le Souriceau pour l'empêcher de sauter à la gorge du bandit.

« Voilà ce qu'on va faire ma belle. Nous t'invitons chez nous. Et qu'aucun mal ne lui soit fait, dit-il en s'adressant aux siens, c'est une grande dame de la noblesse que nous avons là et elle sera traitée comme telle.
Tu seras enfermée dans la plus belle de nos chambres en attendant ce qu'on décide de faire de toi. »

L'homme regarda avec mépris le muet et le chien.

« Donc si j'ai bien comprit lui c'est personne, dit-il en pointant Gus du doigt, puis se retournant vers ses compagnons : S'il ne vaut rien tuez le, on ne va pas s'encombrer d'une bouche de plus à nourrir. Tuez le chien aussi, j'aime pas ces bestioles là. »

Avec un grand sourire le borgne aux dents longues retira un grand coutelas de sa ceinture, prêt à trancher la chair de Gus.

De colère, elle serre les poings. Ces types sont idiots, ou quoi.

"Attendez!" crie-t-elle, s'interposant entre eux et ses amis.

Elle secoue doucement la tête et donne la dague a Gus, derrière elle, tout en prenant sa fronde et une pierre.

"Vous êtes complètement idiots ou quoi?!" dit-elle, en colère. "Oui, je volais. Car j'ai du FUIR de chez mon frère. Et non je n'ai pas d'or sur moi, car je suis en FUITE. Mais si vous m'aidez a me faire reconnaître par le Duc, je suis prête a inventer une histoire qui dirait que vous êtes venus me libérez d'ou j'étais détenue. Et là, le Duc n'aurait pas le choix que de vous récompenser, car je sais qu'il voudra m'utiliser dans sa guerre contre mon frère. ET je dirai le tout en publique pour qu'il ne puisse rien faire contre vous. Mais si vous touchez a Gus ou a mon chien, je vous jure de faire de votre vie un enfer."

A travers son épaisse moustache rousse paraissait un large sourire.

« Qu'est ce que tu comptes faire avec ton petit cailloux ma belle ? Baisse donc ta fronde.
Le problème avec ton plan c'est qu'il est un brin compliqué et repose un peu trop sur la confiance qu'on pourrait t'accorder. Moi j'aime l'argent simple et je ne fais confiance à personne, surtout pas à la noblesse. J'ai donc une bien meilleur idée : nous allons contacter notre collaborateur et nous allons voir avec lui les meilleurs choix possibles. Entre temps tu vas nous remettre tes... "armes" et nous suivre gentiment jusqu'à ta suite royale. Quant à ton ami et ton chien... »

Le bandit marqua une hésitation, réfléchissant un instant, puis de dépit il fit un signe de la main.

« D'accord, très bien, je les laisse vivre. Mais ils devront manger sur ta portion, hors de question de payer pour nourrir un gosse et un chien inutiles. »

Le borgne aux grandes dents rangea son coutelas, la mine visiblement déçue. Son chef lui fit signe à lui et à d'autre d'attraper Marie et ses amis.

Marie serre les dents. Remettre sa vie entre les mains de ces scélérats ne l'intéresse nullement. Elle secoue donc la tête et recule vers la sortie.

"Je ne crois pas, non. Vous ne me faites pas confiance, et je ne vous fait nullement confiance non plus. Alors je refuse d'être amenée dans une autre prison ou ma vie dépendra d'un autre."

Elle place une pierre dans sa fronde, prête a l'action, tout en continuant de reculer.

"Alors je vais plutôt m'en allez. Et personne n'aura a être blessé, ainsi."

Si le moindre mouvement est fait vers eux, elle se tournera pour courir vers la sortie et s'éloigner, en hurlant a la garde en même temps, pour attirer l'attention de la garde civile de la ville et ainsi s'en sortir. Mais s'ils ne font pas de mouvement vers elle, elle partira doucement.

Le moustachu leva ses bras d'incrédulité et secoua la tête.

« Nous faire confiance ? Mais pauvre sotte, tu n'as pas comprit que tu étais notre prisonnière ? Depuis quand le prisonnier doit faire confiance à son geôlier pour être amené dans sa prison ? »

Il mit ses mains sur ses hanches, soulevant son torse velu sous les spasmes de ses rires.
Puis il redevint plus sérieux pour planter ses yeux de tueur dans ceux de Marie.

« Je te le dis une derrière fois, ranges tes armes et suis nous. Car je crois que tu ne connais pas trop Soulans. Ici tu es dans le quartier de la Grenouillère. C'est notre quartier, on en contrôle toutes les rues. Même les gardes de la prévôté n'osent pas venir ici. Alors même si tu parvenais à sortir, tu n'auras personne pour t'aider. J'ai déjà été bien assez conciliant avec toi ma belle. »

Gus lança un regard déterminé à Marie, tenant fermement la dague dans sa main, il était prêt à donner sa vie pour la protéger. Lion grognait, montrant sa mâchoire d'où perlait la bave, imitant l'animal dont il tenait le nom, prêt à bondir et à déchiqueter.

Spoiler:

Non, la jeune Marie en avait assez des menaces. Ce mécréant croyait pouvoir la menacer, elle, l'héritière légitime du Valais, la véritable Dame de Landebroc? Non. Elle en avait plus qu'assez. Alors elle ne dit plus rien, mais elle attaqua. Plaçant une pierre dans sa fronde, elle visa directement le chef de la bande, pour montrer qu,elle en avait assez de discuter. Et aussitôt la pierre partie, sans même prendre le temps de voir si elle avait atteint sa cible, elle se retourne pour fuir, espérant que ses camarades allaient la suivre. Elle allait courir vers la cathédrale d'ou elle avait du sortir, car celle-ci ne faisait assurément pas parti du quartier de se sale bouseux. Si elle pouvait atteindre celle-ci, elle crierait pour appeler la garde, mais pas avant.
Si quelque chose l'arrêtait avant, elle aviserait en temps et en lieu..

Le chef des bandits eu juste le temps de voir Marie bander sa fronde pour lui lancer sa pierre.

« Petite garce ! » s'écria t-il avant que la pierre ne vienne s'écraser sur son front.

Surprit par la précision de la jeune femme, la bande resta prostrée un instant à regarder leur chef s'effondrer par terre, juste le temps nécessaire à Marie pour ouvrir la porte et fuir dehors.
Lion aboya et grogna, mais en voyant Gus suivre Marie, il comprit qu'il fallait déguerpir d'ici.

Ils arrivèrent dans la rue, au milieu du quartier de la Grenouillère. Ni Marie ni Gus ne connaissaient Soulans, et tous deux avaient un souvenir vague du chemin que Marceau leur avait fait emprunter. Le jeune voleur leur avait fait traverser un labyrinthe où tout semblait se ressembler.
De plus, pressés par la bande de truands, ils n'avaient pas le temps de tergiverser.

Ils y avaient deux choix qui s'offraient à eux : soit remonter la rue à droite, soit redescendre par la gauche.
A droite, la rue était animée par le peuple des tavernes et des bordels. A gauche c'était plus calme, la rue filait vers ce qui semblait être un grand mur.
D'ici, impossible de voir le clocher de la cathédrale, caché par les immeubles des rues étroites. Il fallait faire un choix et prier le Tricéphale pour que les bandits ne les rattrapent pas.