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Kydonis Dimitrios
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMar 7 Avr - 17:16
Port-de-Grâce.... Un étrange sentiment montait à la gorge de Kydonis à mesure que le navire s'éloignait des quais de la cité portuaire. Ce n'était pas sa première expédition maritime, loin de là. C'est juste que.... Jamais il n'était allé aussi loin que ce qu'il entreprenait aujourd'hui. D'ailleurs, il n'était pas certain que quiconque ait entreprit, parmi ses concitoyens, le périple qu'il entreprenait là. Non. Pas depuis au moins un siècle.
Certes, la campagne de ces dernières années en territoire sanlar, était une plongée dans un univers hostile, mais au moins était on en terre connue. Après tout, les terres reconquises n'étaient elles pas celles perdues au profit des émirs ? N'avaient elle pas été peuplées de tryphasistes dans un passé pas si lointain ? N'étaient elles pas relativement connues ? Si. Mais ça....

Au delà des côtes de la Wisimanie, il ignorait beaucoup de choses, n'ayant pour toutes connaissances que celles qu'il avait pu obtenir au moyen de chantages, menaces, manipulations et recherches doublées de suppositions... Mais c'était mieux que rien. Il avait fait de son mieux. Tout avait été fait au mieux. Alors pourquoi sentait il cette étrange boule au ventre remonter ? Avait il attrapé quelques mauvaises humeurs avant le départ ? Empoisonné ? Maudit ? Impossible. Il n'avait rien mangé qui ne sorte de l'ordinaire. Lui, et une bonne partie des équipages, avaient assistés à une messe avant le départ. Et tout avait été préparé.

Oui. Tout. Déjà se remémorait il comment il avait organisé les choses. Avec les fonds de la familia, on avait pu acquérir deux navires. Des grosses cogues. En bon état, elles n'eurent besoin d'être envoyées en cale sèche. Juste se procurer de nouvelles voiles pour remplacer celles distendues par l'âge et le mauvais entretien suffit. Puis il y avait le don de Basile.... Deux autres navires. Un cogue moyenne, mais surtout.... Une caraque. Oui. Un de ces monstres de bois leur avait été adjoint. Et là, ça changeait tout. Cette horreur mangeait 40 hommes d'équipages à elle seule.... Mais en contrepartie, elle permettait d'embarquer bien plus en cale. C'était impressionnant, qu'un navire qui pouvait embarquer 180 tonneaux. Sans parler d'un éventuel équipage de bataille.
Trois cogues et une caraque. Avec ça, ils étaient parés pour réussir.
Alors certes, on eu besoin de refaire un passage en cale sèche pour la grosse bombe afin de lui rajouter une touche de peinture et goudron, mais tout de même. Sa capacité de port en tonneaux, en plus des hommes d'équipage, valait largement la peine donnée.
Deux grosses cogues, donc, chacune avec 10 hommes d'équipages et 5 supplétifs, certes pas aussi bons que des marins à la manœuvre - quoique ça s'apprenait - mais, plus important, pouvant jouer de la lance et de l'arbalète. On était jamais trop prudents. Les eaux n'étaient pas sûres. Pirates barbaresques, corsaires de Cirilie ou Wisimanie, marchands valentins.... En mer, personne ne vous entendait crier.
C'est bien pour ça qu'il avait prit soin d'insister pour que l'on engage 20 aventuriers, tirés de la clientèle de ses associés, à bord de la caraque, et 4 vigiles sur la cogue moyenne, en plus des 10 hommes d'équipage de celle ci.

En conclusion, une belle petite flotte, assez grande néanmoins pour tenir à l'écart les loups de mer aux dents trop acérées pour leur propre bien. La vraie difficulté allait plutôt de s'assurer que ces navires à la voilure différente puissent rester grouper en mer, de jour comme de nuit. Et c'était un vrai malheur que cela. Le prix des torches à brûler chaque nuit sur tout le trajet avait choqué Kydonis lorsqu'il eut à regarder à la dépense.... Mais c'était là le prix à payer pour leur sécurité.

Et donc ils quittaient à cet instant Port-de-Grâce, peu après qu'un Saint homme ait béni leurs navires sur les quais du port. Tous les compagnons de voyage avaient fait leurs adieux à leur famille. La plupart, plus prosaïques et habitués aux longs cabotages sans escales, avaient passés la nuit au bordel, ou bien dans les bras de leur épouse, pour les plus pieux. Lui, en revanche, avait eu à inspecter une dernière fois la cassette dont il avait la garde pour les dépenses courantes de l'expédition, ainsi que les inventaires.

C'est qu'ils faisaient voile avec une sacrée richesse à bord les bougres !!! Les navires étaient chargés lourdement ! Pas à raz bord, car en nécessité de mettre toutes voiles dehors pour se tirer de quelques traquenards il valait mieux être ventre vide, mais les cales étaient au moins remplies à moitié. On avait en effet, plutôt que de tout charger sur quelques navires, décidé qu'il valait mieux répartir les marchandises sur tous les navires. Si l'un d'entre eux était perdu, l'expédition pourrait continuer. On minimisait les risques. Et il valait mieux, vu ce qu'ils se trimbalaient sous la bidasse. Épices, encens, soieries, pierreries, teintures, sucre, mais également des végétaux que l'on ne trouvait pas dans l'Empire, comme le blé noir, l'échalote, le pois chiche, le sésame et d'autres. Ils avaient avec eux du luxe. La meilleure façon de rentabiliser le trajet. Les produits, à l'unité, avaient beau ne pas prendre de place, ils n'en étaient pas moins coûteux.
Basile avait été généreux. Ou pas. Juste perspicace. S'il revendait tout ça à des marchands valentins, il aurait pu en tirer un bon prix. Mais s'il chargeait leur familia d'aller les vendre directement dans l'Empire, alors il faisait sauter ce intermédiaire de piètre fiabilité, tout en renforçant SA classe marchande. Qui lui serait reconnaissante. Et lui reverserait une partie des bénéfices. C'était l'accord. Si cette expédition était une réussite, il prenait pour lui même un tiers des bénéfices sur la vente de ses biens. Le reste pour la familia récemment formée. Mais leur petite association tirait encore des bénéfices de cet accord.

Une caraque pour eux que diable !!!
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 10 Avr - 18:39
Jetant un dernier coup d’œil vers l'Ouest, appuyé sur le gaillard d'arrière Kydonis Dimitrios prit soin de graver dans sa mémoire, une dernière fois, Port-de-Grâce, accentuant encor' une fois cet étrange pincement au cœur. Peut être devrait il se faire une saignée pour dissiper cette mauvaise humeur ? Il y verrait, si le phénomène s'accentuait. Mais pour l'instant, il devait garder en mémoire cette vue sur le port, ses jetées, les cales sèches, le marché aux poissons que l'on observait sur une partie des quais. Puis la gran' place, dite du forum, où les produits de valeur supérieure à la chair de mer se trouvaient, non loin des anciens entrepôts de marine, aujourd'hui acquis par quelques valentins méprisables qui avaient transformés ces arsenaux en simples réserves de produits commerciaux. Le trycéphale maudisse ces conflits où, pour vaincre, un parti devait brader le peu qu'il possédait. Son aïeul le lui avait dit. Ces grands bâtiments, autrefois, regorgeaient de bois de marine, cordes, toiles.... Au point qu'en moins d'une semaine, dans l'ancien temps, l'on était apte à assembler un navire grand comme une galère ou l'un de ces antiques vaisseaux, nommés "dromons", qui avaient faits la fierté et la puissance des petites principautés se réclament de l'Empire, quelques 200 ans auparavant.
Plus loin encore, derrière le bord de rive, pouvait on observer les toits et clochers de la ville. D'un style propre à ces latitude, ceux ci percaient le ciel de leurs pics, montagnes de pierre qu'ils étaient face à la mer. Ces dômes, ces courbes, qui faisaient la fierté de l'Eglise du tricéphale, oui, c'était bien la magnificence de cette église, construite à grand coût à la fondation de la ville, et pour illuminer les âmes des natifs tant exposées à l'attrait sanlar, c'était cette église de grande ampleur, qu'il contemplait dans le lointain, à l'extrémité Est de la cité. Et ces tours, rajoutées ultérieurement, qui défiaient le ciel, placées aux extrémités du bâtiment, qui renforçaient cet aspect divin de la construction... Et ce n'était rien, comparé à l'extrême grâce de l'intérieur. L'intérieur de la basilique était la preuve même que les chiffres permettaient d'approcher encore plus le divin. L'endroit était une ode aux chiffres et à l'ingéniosité humaine pour sa capacité à accomplir le céleste sur le monde matériel. Oui. On pouvait débattre sur les merveilles qui pouvaient se trouver encore plus à l'Ouest, il n'en était pas moins vrai que se trouvait à Port-de-Grâce l'un des cadeaux du Trycéphale à ce bas monde. Fruit de l'ingéniosité des hommes, de l'ardeur travailleuse de ceux ci, du génie céleste des architectes ayant conçus ses plans, du savoir et de la sagesse de ceux ayant réalisés les équations nécessaires à la construction.... C'était véritablement un achèvement divin, mais de la main d'Homme. Il ne fallait pas l'oublier. Combien encore d'orientaux venaient à Port-de-Grâce et croyaient se trouver en présence d'une merveille de la création de la main même du Trycéphale, alors que tout l'ouvrage était fait d'Homme ? Bien trop. Et encore trop pour renier les indigènes éclairés pour leur exposer la vérité.
Et face aux portes à lourd battant de cette merveille, à l'autre extrémité, en ligne droite, en face donc, se trouvaient les jardins et le palais, à sa façade impressionnante et son intérieur qui ne devait pas être moindre à une époque aujourd'hui révolue. Certes, l'endroit tombait aujourd'hui en ruines par endroits, par manque d'entretien, laissant ainsi certaines parties condamnées pour en garder d'autres en bon état, mais la vie passée des gloires d'antan était encore assez aisée à deviner par l'ampleur des choses....
Autre port du lieu, au Sud celui ci, avait été construit ultérieurement, en rasant quelques pâtés de maisons. Bien que sujet à l'ensablement, il avait au moins l'avantage de désengorger les ports du Nord, facilitant ainsi l'accès à l'esplanade du forum. D'ailleurs, une partie de celui ci était protégée par un rempart maritime, vieux projet jamais réellement terminé, mais qui avait son utilité pour protéger partiellement les navires à quais, de toute attaque en provenance de la mer.

Par la terre, la ville était protégée par un double rempart et dizaines de tours larges, assez pour y faire tenir des onagres qui menacaient tout assaillant assez courageux ou fou pour avancer ses engins de siège. Et au pied dudit rempart un large fossé remplit d'eau par la mer. Les marées étaient le seul moyen pour l'ennemi d'avoir accès au rempart sans se noyer ou passer par des ponts exposés.... Et ce n'était que dans une certaine mesure, ceux ci ayant été correctement creusés et pavés.
L'un des rares points faibles de la ville et était son accès à l'eau. Certainement, il y avait d'antique citernes datant de la construction du lieu, ainsi que quelques rares fontaines.... Mais l'essentiel provenait de l’aqueduc. Dans sa fuite, l'armée de l'émir avait néanmoins prit le soin d'en détruire une partie. Port-de-Grâce payait encore le prix des actes de ces fanatiques, puisque l'approvisionnement était souvent interrompu plusieurs fois dans l'année. Les réparations prenaient du temps. Mais tout ceci était difficile à percevoir depuis le bastingage d'un bateau. Par contre, on voyait très clairement les remparts côté mer, qui protégeaient le côté de toute tentative de débarquement intempestif. Pas bien hauts, ils étaient néanmoins bien placés et construits, ainsi que protégés par des brises lames.....
Puis ce qui allait lui manquer aussi, était cet aspect lumineux des choses. Les toits blanchis à la chaux et ces briques colorées.... C'était un spectacle bien différent que l'on avait en Wisimanie. Et certainement absent en Occident, chez ces barbares semi arriérés.... Et dire qu'il allait chez eux. Mais bon. Il faisait cela pour sa famille et son prince. Que l'on ne s'imposait pas lorsque l'on servait !
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeSam 18 Avr - 21:23
Les navires disposés en file, les plus rapides derrière, les plus lourds en avant afin que le groupe reste plus ou moins soudé, les plus rapides s'adaptant aux plus lents, et pouvant ainsi remonter la file si un danger se présentait en tête. Leur temps de réaction, plus rapide que les autres navires, permettait de changer la formation selon les circonstances. Ainsi les capitaines des vaisseaux avaient été prévenus des divers manœuvres à adopter en cas de nécessité.
Car après tout, on était jamais trop prudents. Les eaux regorgeaient des ces coques de noix valentines, ainsi que de chasseurs barbaresques à l'affut, prêt à sauter sur toute proie pouvant tomber aisément entre leurs griffes. Ces maudits rapaces et leurs galères, si présentés en nombre, pouvaient être un danger pour leur petite flotte. Mais quelles étaient ces chances ? Bien petites en effet. Surtout avec la perte de leurs ports habituels, repris par les croisés, les réseaux de chasse de ceux ci avaient été mis à mal. Il y avait, éventuellement, l'émirat d'Alandar, puissance septentrionale, mais relativement enclavée, son accès à la mer étant ceint de la Wisimanie et la Cirilie et compris dans la anse où se jetait la plaine du Réhan.
Mais il fallait plus craindre la piraterie issue des états nouvellement conquis, la relative emprise sur ces conquêtes étant encore instalbe..... Mais trêves de billevesée ! Ils étaient en mer, les cieux étaient en leur faveur, le vent en poupe et les courants, biens connus de la région, les poussaient vers Arcopole. Cette escadre en cabotage avait déjà dépassée les côtes de la Coradine pour être dans ladite anse précedement citée, moment le plus dangereux non pas du voyage, mais de cette partie de celui ci. Eh oui, Dimitrios n'était pas dupe. Sa méconnaissance relative des droits, taxes et douanes de l'isthme, ainsi que des conditions de navigations dans la Mer du Nord et sa sécurité.... Bref. Il s'était préparé autant que possible, mais bon, il n'y avait pas beaucoup de marchands issus de la mer du Nord, ou mieux encore, au delà du détroit d'Hagin. Il avait bien des cartes, mais mieux valait encore se renseigner dans les tavernes du port d'Archopole. Après tout, il avait des lettres de Basile à remettre au triarque.

Mais voilà que la vigie lui signalait quelque chose au lointain..... Autre chose que les petits esquifs de pêcheurs des derniers jours ? C'est qu'ils en avaient eu sur le chemin de ceux ci. De nombreuse occasions pour les gardes embarqués de se familiariser avec la reconnaissance des navires croisés. Une galère n'avait après tout pas la même silhouette qu'une cogue ou une barque de pêche.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 24 Avr - 1:12
Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui se passait, ni que la vigie ne puisse en dire davantage, l'accident se produisit. L'oeil attentif à tout esquif à l'horizon, l'homme chargé de la reconnaissance maritime n'avait guère prêté attention aux environs plus directs du navire, expliquant ainsi que d'immenses béliers chargés d'eau et de sel ne vienne heurter les navires, la coque encaissant comme elle pouvait, mais sans faire de miracles pour autant.
Alors sur le château arrière, à observer les manœuvres de la journée, aux côtés du capitaine, Kydonis avait été propulsé au sol par la surprise, la tête non loin du bastingage.
Rampant vers le côté d'où avait semblé venir le choc, il vit.... Du bois. Du gros bois. Du genre de bois que l'on trouve non pas en mer mais plutôt dans les terres.
Le navire avait été heurté par un arbre, ou ce qui semblait l'être.

Se relevant, toujours un peu choqué, il hurla aux hommes de s'emparer de gaffes pour repousser le tronc, tandis qu'il s'assurait qu'on passait le mot aux autres navires le plus vite possible, malgré la distance.

A la question "que foutait un arbre au milieu de la mer, et y'en avait il d'autres", une autre, bien plus pressante, lui hantait l'esprit : y'avait il eu une faille dans la coque ?

Katepánō ! La coque ! On doit inspecter la cale !

Sans attendre le relaiemment de l'ordre, le ponantique laissa l'officier de bord prendre en charge la situation sur le pont tandis que lui même fonça, les jambes encore un peu tremblantes, dans le ventre du navire.
Il était extrêmement inquiet pour l'état de la coque. Certes, celle ci était solide, faite de bon et solide chêne, et cirée.... Mais tout de même ! Qu'une voie d'eau s'ouvre et s'en était fini, non seulement le navire pouvant couler, avec toutes les marchandises et hommes à bord, mais en plus on ne pourrait rien récupérer. Et qu'une brèche apparaisse dans le bois, même encore assez petite pour que l'on bouche celle ci et vide du poison de mer qu'était cette eau salée dans la cale, une partie des biens risquaient d'être gâtés par le contact avec l'eau iodée. Qui avait dit qu'un peu de sel ne ferait pas de mal aux épices orientales ? A l'encens ? Un fou certainement ! Il était des produits que l'on exposait pas stupidement aux éléments à moins d'avoir de l'argent à perdre. Et il n'avait pas d'argent à perdre. Les biens n'étaient pas les siens. Uniquement l'argent qu'il en retirait. Et une partie seulement, le reste allant aux partenaires ayant mis en communs leurs finances dans ce projet, à Basile, qui allait bien entendu toucher un dividende pour son aide, mais il y avait également les taxes portuaires, de douanes, les vivres pour les équipages, les salaires de ceux ci.... Sans compter les écluses. On lui avait dit qu'il y avait des écluses, à un moment dans l'isthme. C'allait certainement leur faire perdre du temps que ça....

Évoluant à travers les caisses de marchandises et rouleaux de soieries, ces balles de textiles encombrantes, que l'on était obligé d'espacer au lieu de les stocker méthodiquement en les serrant les unes contre les autres comme pour les épices, car risquant de moisir si l'on ne prenait soin de les laisser "respirer", l'armateur inspecta les minces cloisons de bois, séparant l'eau salée de l'espace sec et protégé de la cale.... Et les dieux soient loués, il ne semblait y avoir de casse. Bien entendu, n'étant expert en construction navale ou même en bois, il aurait à attendre l'avis de l'inspection du charpentier de marine embarqué. Un homme pour quatre navires. Il allait falloir jongler avec lui si d'autres esquifs avaient été heurtés par les troncs.

Déjà des cris en haut lui indiquaient que d'autres troncs avaient été repérés en provenance de l'Ouest, repoussés à coups de gaffes par les marins....
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeDim 26 Avr - 22:51
L'incident était passé, et il apparaissait que des réparations de fortunes suffiraient. On mettrait les navires sur une plage, éventuellement, pour changer quelques planches, mais rien de bien urgent, plus de peur que de mal.

En y réfléchissant, Kydonis se fit la réflexion qu'il aurait pu prévenir les vigies de pareilles occurrences. Après tout, ce genre de choses n'était guère rare vu leur position. Après tout, on était en cette période de la saison où les orages des montagnes faisaient s'écouler quantité de terre dans les rivières, charriées ensuite de l'estuaire jusqu'à la mer où les choses prises par les flots s'en allaient hanter les eaux. Déjà par le passé il y en avait eu, que des troncs arrachés loin dans les terres s'en venir percuter des navires au loin, parfois même jusque vers Adelborne.... Un danger assez faible pour la navigation, pourvu que vous sachiez à quoi vous attendre.
Visiblement une partie des équipages n'était pas du tout familière à la navigation dans la région, ou à tout le moins en cette période.
Il est vrai que les navires s'en allant vers l'isthme partaient à une autre saison, des vents plus favorables leur permettant de gagner du temps si faisant voile durant la bonne saison.... Hors, s'il voulait naviguer jusque là Cahogne, et sur ce point il s'était fermement informé, il ne pouvait attendre des vents favorables lui faisant gagner plusieurs jours. Non. Il devait prendre ceux qui soufflaient aujourd'hui, et dans le laps de temps qui lui serait imparti, il aurait l'avantage d'être à bon port avant que la mer du Nord ne soit emplie de ces grosses îles blanches, issues des délires enfiévrés de poètes crédules, mais, bien que créations fantasques, assez solides pour vous couler une cogue. Certes oui, Kydonis connaissait la glace, celle ci étant parfois ramenée à Port de Grâce depuis le Thalès, mais de là à croire que de vastes étendues de mer pouvaient se transformer en archipel glacé.... N'eussent été les témoignage, durant la croisade, de mercenaires et cahons, il eut balayé de la main ces informations, les trouvant par trop incroyables pour être vraies.
Quoiqu'il en soit, mirages issus d'esprit arriérés ou non, il avait prit la décision d'accorder quelque croyance en ces dires, et de ne s'engager en mer du Nord qu'à la bonne période. Dans le doute.

Puis comme les dates lui permettait, à lui et sa flottille, de s'engager dans le détroit d'Hagen avant les tempêtes de saison....

Mais pour l'heure, il restait à mener à bon port leur expédition par delà Abeldorne puis, à mis chemin de Castelford, lorsque les Tartrasses se mettaient en pointe, aller plein Est-Nort Est. Avec la dérivation due aux courants marins depuis Luxton, leur convoi devrait arriver vers les côtes de Calave, non loin de Calavène, où ils relâcheraient une semaine, voir deux, si cela lui prenait plus de temps que prévu pour accomplir sa tâche d'émissaire...

C'allait prendre du temps que tout ça... Du temps qu'il escomptait bien mettre à profit pour tenir le journal de bord à jour, afin que, s'il venait à trépasser, peu importe la cause ou le moment, l'on puisse tirer des enseignements sur son itinéraires maritime et les dangers et opportunités de celui ci. Puis également entamer la lecture de cet ouvrage, qu'il avait acquis lors de la campagne. Ce.... "strategikon", rédigé en vieille langue d'Empire.

Kydonis débute la lecture du Strategikon.

Attribut d'érudition de Kydonis: 55
Nombre aléatoire (1,100) :
11
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeDim 26 Avr - 23:41
L'ouvrage, sauvé des flammes destructrices de la rage de quelques portes croix et autre engeance malfaisante ne désirant que la la destruction de trésors d'érudition étrangère à leur barbare société, était tombé entre les mains de l'intendant militaire - contre une modique somme bien entendu - et ce dernier n'avait guère l'intention de laisser filer ce livre dont il n'avait pu avoir, jusqu'à présent, qu'un rapide aperçu.
Il espérait sincèrement que l'intérieur de celui ci allait se révéler tout aussi intéressant que les premières pages qu'il n'avait pu que feuilleter à la va-vite.
Faisant usage de ses connaissances remontant à des années de cela, il n'eut aucun mal à reconnaître l'alphabet d'usage dans lequel les lettres étaient couchées sur le parchemin. Celui ci, âgé car n'ayant plus sa teinte blanche caractéristique aux ouvrages jeunes et moins jeunes, devait remonter à une lointaine époque, sans doute antérieure à la fondation de Port-de-Grace. Ouvrant avec soin le livre, Kydonis se mis à déchiffrer le long préambule des premières pages.
Loin d'être écrit en ponantique, le texte, bien que comprenant des mots contemporains avec lesquels l'intendant était familier, n'avait pas la structure gramaticale, ni les tournures avec lesquelles il était familier. Mais c'était déchiffrable. Par déduction, et en faisant triturer ses neurones pour en faire ressortir des connaissances datant d'il y a plus de dix ans, il entama avec réussite la lente lecture du texte.
De ce qu'il comprenait péniblement de cette partie du manuscrit, celui ci semblait être un modeste manuel élémentaire offrant conseils à ceux servant la puissance de l'Empire.
Première question, de quel empire parlait on ici ? Des sanlars ? Peu probable. Si c'était le cas, l'ouvrage serait rédigé dans leur langue, or les caractères si particuliers de cet alphabet étaient absents du livre.
Alors parlait on de l'actuel Empire ? Mais si c'était le cas, pourquoi user de tournures de phrases si "classiques" ? Tellement anciennes qu'on ne les retrouvait que dans les prêches du patriarche de Port-de-Grâce, et seulement en certaines -rares - occasions.
La réponse la plus probable était que l'on parlait ici, soit de l'Ancien Empire, d'où descendait - ou prétendait descendre - sa famille et leur lointain ancêtre le Patrice Dimitrios.
Ou alors c'était un "Empire" dans le texte, qui n'avait de celui ci que le nom. Quelque chose à garder en tête. Après tout, peut être que la suite n'était que comtes de fées et balivernes issues de l'esprit de quelques poètes anciens ou de nobles péteux désireux de flatter leur propre ego. Un jugement à nuancer car l'ego préfère les dépenses somptuaires à la rédaction de livres, longue et coûteuse. Passons.

La forme usée au début du livre était, plus ou moins, quelque chose tel que "laissez la parole et l'acte être guidées par la sainte trinité, le ferme espoir et assurance de l'assistance divine qui dirige les entreprises importantes et justes vers une direction favorable". Ça donnait la couleur. L'auteur devait être un fanatique, ou alors le style de son époque se prêtait admirablement bien à ce genre de préambule.
Suivait alors des incantations au tricéphale, l'appel du devoir par l'auteur pour justifier l''écriture de l'ouvrage et l'intercession du seigneur pour que celui ci parvienne aux mains d'être capables et bla bla bla.
Là où cela devenait intéressant, était que l'auteur déclarait que la négligence de l'état des armées de son temps, au point que l'on blâme soldats et généraux pour les choses les plus évidentes, sans que ceux ci n'en aient connaissance.
Puis, encore plus intéressant, l'auteur semblait réduire son apport aux lecteurs, en décrivant son expérience sur le sujet comme "limitée", et de ce fait être simple, succin, préférer le pratique aux beaux mots, sans pour autant s'attaquer aux "anciens", car n'exprimant ici que les "bases".
C'était prendre beaucoup de précautions et faire preuve d'humilité... Et ça continuait comme ça pendant un bon moment ! Et toujours en en appelant au Tricéphale, ses saints et autres, bénis soient ils.
Puis dans un paragraphe suivant directement l'introduction, l'auteur se mettait à énumérer les qualités du général, insistant sur la modestie de ses atours, sa nourriture.... Bref, éviter l'ostentatoire. Quelque chose que, se remémorait Kydonis, Basile avait très bien réussi des mois durant lors du siège de Port-de-Grâce.
Puis d'emboiter sur "l'entraînement individuel du soldat".

Kydonis Dimitrios n'était toujours pas avancé sur l'époque à laquelle l'ouvrage avait été rédigé, ni sur l'auteur.... Mais au moins, après plusieurs heures à déchiffrer et traduire encore et encore jusqu'à ce que ce qu'il lisait ait du sens, il avait l'impression que ce qu'il touchait de ses mains valait le coup. Mais le soleil se couchait déjà, et il devait abandonner la lecture, fatigué par l'effort intellectuel fourni au cours des dernières heures, en plus du stress de la journée et de la nécessité pour lui de manger quelque chose avant de dormir.
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 29 Avr - 0:27
Une semaine après l'incident du aux pluies et orages dans les Tartrasses, la flottille de commerce de Coradine avait fait voile vers le "Grande large", c'est à dire avait cessée son cabotage pour aller vers l'Est, en direction de la Calave.
Une partie du voyage assez stressante pour lui, habité à la navigation de cabotage et non en haute mer, tant redoutée et si peu recommandée pour les non initiés.... Le Tricéphale soit loué, nul incident à déplorer, bien qu'il ait eu à accentuer les exercices de manœuvres à bord pour garder les hommes embarqués occupés et fatigués, au lieu de les laisser à se morfondre inutilement et stresser alors que les côtes disparaissaient de leur vue. Car c'est bien connu, un homme qui est trop fatigué pour penser ne se met pas à faire naître des élucubrations sur sa fin prochaine, trop épuisé qu'il est pour se livrer à ce genre d'exercice mental. Ça permettait de garder le contrôle et d’aguerrir tout autant ces troupes aux subtilités de la manœuvre navale, et du combat sur pont, qui n'était pas le même que sur terre.
Mais cela signifiait également que Kydonis avait moins de temps et d'énergie à consacrer au livre. Ce qui était dommage, tant sa lecture était passionnante.

Mais voilà qu'au quatrième jour passé au large, la vigie signalait la présence de volatiles dans les cieux. Donc de terre non loin. Une aubaine ! On allait enfin cesser de se morfondre et s'épuiser sous le soleil brûlant de la saison.
Ordres donnés, on redoubla d'ardeur à la manœuvre pour rapidement retrouver de la côte en vue. Ils étaient arrivés sur les côtes de la Calave.
Restait maintenant à mettre les voiles dans le bon sens, c'est à dire vers Calavène. Or, vers où devait on aller ? Nord ? Ou bien Sud ? Kydonis et son capitaine était d'accord pour supposer que la dérivation dut aux courants ait pu les emmener bien au Sud de la ville-port, mais il fallait plus que ça pour prendre une décision. Car on risquait de perdre des jours si on avait à faire demi-tour en cas d'erreur.

La solution à ce dilemme fut néanmoins rapidement résolue puisque l'on convenu d'aborder la première barque de pêche trouvée pour en interroger les occupants.

La première difficulté fut de mettre la main sur ceux ci. Or, les bougres croyaient, devant pareille "armada", avoir à faire à des navires de guerre s'en allant razzier les villages côtiers et emmener en esclavage tout homme saisit. C'était quelque chose de surprenant. La piraterie barbaresque était elle également au soucis en ces rivages ? Inquiétant. Après tout, on était pas si loin de la capitale de ce qui se prétendait être le successeur de l'Ancien Empire. Le souverain de ces terres était il incapable de faire face à des raids pirates ? Alors qu'il comptait comme vassaux des hommes de la trempe de Eudis le Cahon ?

Ces questions intrigantes en tête, le Dimitrios, de même que la flotte mirent voile vers le septentrion. Il y avait à faire à Calavène, pourvu que l'on passe, selon les indications obtenues chez les pêcheurs, avec difficulté au vu de la barrière linguistique - seconde difficulté - qui existait entre eux et lui, passer donc un cap, pour entrer dans une péninsule où coulait un fleuve aisément visible.
Un cap, ils passèrent en effet, pour déboucher sur une péninsule et ce qu'il vit, alors que le soleil était au midi.... Était légèrement décevant.

Là où il s'était attendu à une cité aux restes majestueux, digne de l'antiquité tardive....Eh bien ce qu'on pouvait dire, au moins depuis la mer, c'est que l'on était loin du compte. Styr, ou même Port-de-Grâce, avait mieux vieillie que ça !
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 29 Avr - 15:02
La ville de Calavène, dans les récits antiques qu'il avait pu avoir à sa disposition au temps de ses études, décrivait une cité ordonnée centre commercial et culturel de la Calave, dotée de monuments de marbre, de statues, de tours et odes à la gloire de l'Empire.....

La réalité ne pouvait être plus différente. Certes, le port était, ou au moins semblait, bien ordonné, les jetées se jetant profondément dans le port, permettant aux navires tels que les caraques d'accoster sans difficulté et c'était tout. La façade maritime, elle, était bordée d'atroces maisons à colombages, si promptes au déclenchement d'incendies. Et ces rues.... Qu'était il devenu de ces rues immenses si typiques des cités antiques sur lesquelles on avait prit exemple lors de la fondation de Port-de-Grâce ? Rien de cela ici, une multitude de ruelles s'enfonçant dans un cloaque puant jusqu'à nul ne savait quel décharge. On voyait bien au loin des clochers et toits d'églises.... Mais où était le théâtre, présent dans les anciens récits ? A part un lointain aqueduc en provenance des montagnes, il ne voyait rien de tout cela. L'organisation urbaine laissait clairement à désirer. Là où devraient se dresser sur de larges rues ouvertes des bâtiments publics, il ne trouvait que de simples entrepôts, des tavernes et des bordels. Rien de tout cela à Port-de-Grâce où l'activité avait été soigneusement compartimentée. Au commerce les docks, avec ses entrepôts massifs, les chantiers navals, auberges soigneusement tenues pour les voyageurs, et un quartier plus en profondeur dans la ville, réservé à ces activités mauvaises pour les mœurs publiques. Ici tout était mélangé dans la pire des cacophonies. Pis encore, les demeures des riches bourgeois locaux ne cachaient leur opulence derrière d'austères façades, comme il était de bon goût de le faire, mais affichaient ouvertement celle ci.
Et, comme l'appris à ses dépends Kydonis, une fois les navires faisant relâche dans la baie, congé étant donné aux hommes d'équipage par quart - une part d'entre eux résidant toujours à bord ne serait ce que pour assurer la sécurité des biens et esquifs - , il était aisé de se perdre dans ce dédale si l'on prenait une mauvaise direction, de tomber dans un labyrinthe de ruelles sinueuses, de maisons côte à côte, de taudis en ruines, de tavernes et de maisons closes où régnaient une promiscuité pire encore que dans celles du port ; tous se bousculant pour le peu d'espace disponible intra muros, et où régnaient les pauvres, les brigands et autres coupeurs de bourses, si ce n'était de gorges.

Alors certes, Kydonis Dimitrios savait l'existence de ce genre d'endroits, mais même aux pires heures de son histoire Port-de-Grâce avait elle prit meilleur soin des délaissés et parias de la société que ces lieux. Oui, il existait des bidons villes. Oui, il existait des bordels. Mais il y avait des lois qui assuraient un niveau d'hygiène décent, et l'on ne laissait de cadavre pourrir à même la rue pour être mangés par les chiens comme ici.
Et par le Tricéphale ! Où étaient donc les bains publics !? Une heure entière passée à la capitainerie du port pour expliquer que non, ses navires n'allaient user des docks - et qu'il n'avait donc à s'acquitter de la taxe les concernant, sauf pour la barque l'ayant amené en ces lieux - mais juste la rade, y mettant l'ancre pour plusieurs jours, une heure passée à la capitainerie, à aussi expliquer qu'il était porteur de missives à destination de l'Imperator Imperii de la part de son Prince, Basile de Coradine, à montrer, patiemment, ses sceaux, son décret de patrice, et le brevet de Silentiaire qui lui avait été remis par le maître des offices de Coradine pour attester de son identité et sa mission de messager aux dignitatum huius mundi à qui il avait été chargé de remettre la correspondance de son prince.

Une bonne heure donc, pour s’acquitter des taxes de port à la capitainerie, pour ensuite se voir invité d'aller présenter ses respects au seigneur-gouverneur de la cité, le marquis de Starhemberg, un fonctionnaire de la capitainerie ayant prévenu ce dernier de l'arrivée d'un "émissaire" de Coradine... Une erreur certainement non intentionnelle, mais, de la part de semi-barbares, à quoi pouvait on bien s'attendre ? Néanmoins, son rang l'obligeais à faire remarquer à son interlocuteur que non, il n'était pas "émissaire", mais Silentiaire, ce qui n'était pas la même chose dans les ordres de la cour.

Et c'est donc là, en ce début de soirée, escorté de trois hommes d'armes des navires et le capitaine de la caraque, qu'il s'aventura dans les ruelles de Calavène, vers "la place de l'église", qu'on lui avait dit.
A seulement un quart d'heure de la capitainerie qu'on lui avait dit. Mon œil. Il avait mi le double, s'engageant parfois dans des ruelles peu engageantes, perdu qu'il était dans les dédales évoqués plus haut. Le Tricéphale soit loué, leur équipée, débarquée, n'était guère richement vêtue, seul Kydonis sortant du lot par sa tenue protocolaire que les circonstances l'obligeaient à porter, et tous étaient ostensiblement armés, ce qui avait suffit, globalement, à ne pas se faire détrousser par les hommes patibulaires croisés sur le chemin à cette heure tardive.
Et, quand enfin ils parvinrent à ladite place de l'église, eh bien.... C'était déjà légèrement moins décevant que ce qui avait précédé. En effet, il y avait une gran' place, pavée et avec une patrouille qui taillait le bout de gras à des gardes se tenant devant une grande maison qui, comme d'autres, était dépourvue de fenêtres au rez de chaussez, mais avait quelque chose de supérieur, par rapport aux autres masures rencontrées auparavant. Déjà il y avait des fenêtres de verre, signe de richesse et savoir faire certain. Puis le toit était en tuiles. Sans parler des portes par où l'on entrait, larges et grandes.

Assurément, le maître des lieux cherchait à se différencier de la plèbe miséreuse. Et en cela, il parvenait très bien à paraître moins sale que ses concitoyens. Restait à se signaler à ces braves garçons qui gardaient les lieux.


Se dirigeant d'un pas décidé à travers la place vers ces hommes en armes, Kydonis Dimitrios salua ceux ci, bras levés au ciel orangé de cette fin de journée.


Holla Hétaires ! Je suis ici le magister Kydonis Dimistrios, patrice Dimitrios, silentiaire de Basile de Coradine. Votre maître, le dukas Starhemberg m'a invité en cette soirée. Lui passerez vous mot de ma venue ?


Un premier lieu interloqués par ce drôle s'exprimant avec un accent à couper le couteau, les vigiles hésitèrent un moment, avant que le patrice ne s’introduise à nouveau auprès de ces gens, qui semblèrent, cette fois ci, comprendre à qui ils avaient affaire, comme celui qui ordonna à ces coreligionnaires de se ranger avant d'aller toquer à la porte pour que l'on ouvre celle ci au silentiaire invité.
Visiblement on n'avait guère ici de servants doués dans l'accueil de dignitaires. A moins que ce ne soit lui même en faute, pour ne pas être doté d'une grande suite comme il conviendrait à un émissaire de Coradine ? Il n'était que Silentiaire après tout. Il ne fallait pas s'attendre à beaucoup, songea-t-il avec peine en regardant son triste équipage : lui même, trois hommes d'armes et un capitaine.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeJeu 7 Mai - 0:38
Non. L'erreur était sienne en fait. Habitué à s'exprimer en sa langue natale, il avait oublié qu'en ces terres sauvages et dominées par des semi-civilisés descendants d'envahisseurs barbares, sang mêlés qu'ils étaient, il fallait s'exprimer en landique pour avoir une chance de se faire comprendre. Normal puisque les jours précédents il n'avait fait que s'exprimer avec celle ci, et avait encore du mal à se remettre dans le bain, des jours passés à parler uniquement en ce que les orientaux appelaient le "ponantique", une langue à l'histoire bien plus profonde que ce que ne laissait le percevoir l'ignorance bâtarde de ceux qui peuplaient aujourd'hui les terres de l'Ancien Empire. Mais il ne pouvait trop leur en vouloir. Ils étaient également victimes, ne pouvant, arriérés qu'ils étaient, être au fait de la glorieuse histoire de la Coradine....

Non. Le "ponantique, comme ils disaient, était une langue issue de la croisée de diverses cultures. D'une part, des conquérants impériaux qui, dans les temps antiques où l'Empire était un et universel, peuplaient cet avant poste de la civilisation qu'était le territoire actuel de la Coradine. A côté de cette origine noble se trouvait le dialecte des locaux, intégrés sous le joug de ces étrangers, pour, au fil du temps, former une culture légèrement "à part", de la métropole, mais qui se reconnaissait une appartenance aux deux côtés. Puis il y avait eu, indubitablement, les influences des sanlars, envahisseurs, pilleurs, conquérants et conquis au fur et à mesure que l'instabilité en ponantique s'accroissant. Avec l'effondrement de l'Antique Empire, envahi par les hordes d'étrangers orientaux, et l'abdication du dernier empereur, ou du moins du dernier homme pouvant prétendre au divin trône, le potentat de ponantique coupa définitivement ses liens avec l'Empire, réclamant pour lui même le legs de celui ci et prétendant le rétablir.

Cela avait donné un âge sombre pour la région. Pendant un temps, les choses allèrent, les légions impériales et leurs auxiliaires continuèrent à assurer la sécurité des frontières, les tributaires à honorer leurs liens de clientèle avec l'ancien gouverneur devenu "Empereur".... Un siècle plus tard, les légions avaient disparues, ce qui avait été une principauté prospère avait été fragmenté en une multitude de petits domaines chacun dominé par son despote, tous se disputant sans arrêt la domination des terres. C'était la période des despotats combattants. Une époque riche en conflits et, paradoxalement, de forte création culturelle, les princes cherchant chacun à se faire supérieur à leurs rivaux par le biais des arts pour légitimer leur règne. On en trouvait encore de nombreuses traces à Styr et dans le Thalès. Moult comtes et fables encore racontées en Ponantiques provenaient d'évènements remontant à cette période.
Avec la destruction de toute autorité centrale, de nouvelles solutions durent être trouvées pour défendre les terres, les légions étant trop coûteuses et dangereuses. C'est ainsi que le système de milices, survivant sur les frontières les plus exposées, explosa pour devenir la principale force militaire de Ponantique. Et avec succès puisqu'elle défendit correctement la terre contre les incursions sanlars, au moins au début, lorsque ceux ci n'étaient que des bandits non unifiés. Plus tard, même sous le règne des plus grands souverains locaux, les entreprises de reconquêtes ne furent que minimes, les succès étant surtout défensifs, au moins jusqu'à l'arrivée des croisés..... Qui mirent fin à ce système. Le Thema.

Et donc il s'était exprimé en "ponantique" aux gardes, au lieu du landique, dialecte oriental plus ou moins palabré en occident, et maîtrisé si vous deviez officier à la cour de Basile. Ou vous traîner la carcasse de croisés puants et ignorants des us et coutumes et de la géographie de la Ponantique. Par le Tricéphale, qu'est ce qu'il en avait vu des bêtises de la part de ces derniers....


Cessant de se remémorer les saloperies que ces barbares avaient pu commettre en guerre, Kydonis suivi un serviteur qui le menait, lui et son capitaine, à travers la résidence de son hôte.
Celle ci était.... Bien loin de ce à quoi il s'attendait. C'était certes un manoir, mais la  décoration intérieure laissait à désirer. Directement il fut conduit dans une grande salle où se trouvait l’hôte des lieux et quelques autres personnes, sans doute les membres de sa maisonnée, ajoutés de quelques notables peut être. En tout cas, si ceci était la demeure du gouverneur, alors celui ci devait être de piètre qualité au vu du decorum autochtone. Des murs de pierre, certes lisse, recouverts de tapisseries, quelques têtes d'animaux empaillés... Mais rien de plus. Pas de tapis au sol. Juste de la paille. Et pas de table. Curieux. Mangeait on debout chez ces gens ? Il ne se souvenait de pareille chose venant du dukas Evdis ou ses compagnons, que ce soit en campagne ou autre...

Conduit auprès du maître des lieux par l'Admêsionalios, le patrice s'inclina légèrement, tandis que le capitaine à ses côtés faisait de même, bien que plus appuyé, son rang étant inférieur à celui du Dimitrios.
Passé ce moment, le silentiaire passa aux répliques d'usage qui avaient lieu en toute bonne société, après avoir enlevé son chapeau, gage de respect envers le maître des lieux.


Le Tricéphale soit sur vous, timiménos protonōbelissimos. Je suis Kydonis Dimitrios, patrice de Coradine et Silentiaire de son altesse Basile. Comment allez vous ? Comment se porte votre timiménos épouse ? Comment se porte votre descendance ? Comment se porte le protopatriárchis de Calavène ?

Voilà pour l'introduction. Maintenant venaient les réponses de l'hôte à cette entrée en matière sans faute selon le protocole.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeJeu 7 Mai - 14:51
Un peu interloqué par la succession de questions formulées par le Dimitrios, l'hôte, un homme vêtu d'une longue chemise aux manches très étroites et qui collait au buste avant de s’évaser à partir des hanches, avec par-dessus un long surcot sans manches bordé de fourrure, aux couleurs de jaune et de rouge, prit un moment avant de répondre aux interrogations du coradin.

Err.... Le Tricéphale soit sur vous.... Patrice. Loué soit Il, je me porte bien, de même que mon épouse ma femme. Quand à mon engeance, celle ci est bien parmi nous, bien portante. Pour monseigneur l'évêque, je ne peux vous dire, celui ci est en route vers Archopole, où il a été appelé. Aux dernières nouvelles, il se portait bien malgré son âge vénérable. Mais j'espère que vous avez fait un voyage agréable jusqu'ici. Et que nous vaut votre présence en ces jours heureux ? Les païens menacent ils à nouveau la ponantique ?

Jaugeant l'homme qui lui faisait face, peut être entre deux âges, le maître de l'expédition se fit la réflexion que les confidences faites en ces lieux pourraient servir sa mission. Voir même se révéler utile pour la suite, que ce fut par les informations glanées tout aussi bien que pour les bruits qu'il pourrait faire naître....

Rien de cela, dukas Starhemberg. Les mécréants se gardent de tout acte pouvant susciter l'ire des princes d'Outre Mer. Ils sont plus occupés à écher leurs plaies, ou à aiguiser leurs armes. C'est que le dukas Evdis a magnifiquement sut se jouer d'eux, les sanlars étant aujourd'hui en guerre civile. Non. La réelle raison de ma venue en votre.... antique cité de Calavène, est que je doit remettre des lettres à l'Empereur. Mon souverain, Basile portecroix, est plus qu'heureux de l'aide que ses fidèles vassaux lui ont prêté pour reprendre les terres d'Empire et consolider celles ci. Tout particulièrement les preux de Cahogne.

Vous m'en voyez fort aise, patrice. Après une hésitation, l'hôte se reprit. Mais dites m'en plus, pourrez vous nous narrer quelques uns des exploits guerriers dont les portes croix et la croisade ont honorés le tricéphale ?

Ce serait intéressant... Mais que diriez vous plutôt d'entendre le déroulement du siège de Port-de-Grâce ? Ce qui précéda la croisade ? Ces évènement sont tout aussi dignes d'une geste que la croisade en elle même.

Agréant à la proposition de l'étranger, l'hôte le prit ensuite par le bras pour lui présenter les autres convives des lieux. La dame de la maisonnée sa femme, une personne au teint étrangement pale, ainsi que ses enfants. Plus loin venait le prévôt de la cité, le chef d'une des guildes, et le remplaçant de l'évêque? D'autres personnes étaient également présentes, divers notables de la cité, mais sans plus.

Lorsque vint le moment de se mettre à table, Kydonis Dimitrios se vit accorder l'honneur d'être invité à la table du maître des lieux, à quelques places seulement de celui ci, n'étant séparé que par le religieux, un fils et un homme qu'on lui avait présenté comme étant un noble de passage, lui aussi en route vers Augusta. A ce sujet, on avait agréé de prêter un petit brick sur lequel il pourrait aller à Augusta, en même temps que ce.... "Münchhausen" ?


Un couteau et une coupe en fer à sa droite, une écuelle d'étain en face de lui, les convives à la table du maître avaient la vue sur le reste de la salle avec les tables des serviteurs où ceux ci mangeaient, assis sur des bancs. Début du repas oblige, Kydonis se lava les mains, à la sonnerie du cor, dans un petit bol d'eau qui lui avait été déposé dans l'écuelle, le tout suivi de la bénédicité, donné celle ci par l'ecclésiaste. Une fois faites, les premiers plats arrivèrent de la cuisine, couverts. Du chapon aux herbes, suivi de pois et soupes au vin.
Faisan attention à ce que mangeait le maître des lieux, le ponantique fut horrifié de voir les quantité que celui ci engouffrait ! Celui ci mangeait à pleine mains, sans sembler se soucier de ce qu'il s'en mettait sur sa serviette. Malgré des années de campagne, des privations endurées... Rarement Kydonis ne s'était permis un tel comportement à table. C'eut été peu digne de lui. Où étaient les manières à table ? Etait il véritablement en compagnie de la noblesse qui se prétendait héritière de l'Antique Empire !? Qu'était ce là ? Même la plus basse populace savait faire preuve de plus de retenue que le maître !

A moitié dégoûté, Kydonis prit son temps pour manger, étant chiche avec la nourriture. Il était en compagnie de semi sauvages ? Eh bien soit. Hors de question de se mettre à leur niveau. Ce serait bien trop dégradant. Il se contenterait de les hisser au sien. Par l'exemple. Ainsi offrit il les meilleurs bouchées à ses voisins, et fit grande attention à toujours se tenir droit, en équilibre stable, toujours un sourire au visage, chassant les pensées méprisantes à l'égard des invités ou tout ce qui pouvait le faire replonger dans une certaine forme de condescendance envers ces gens. Après tout, il avait été invité. A lui de faire honneur au maître des lieux et sa cuisine qui, bien que grossière, pleine de pain et de beurre, sans galettes, n'en était pas moins correcte pour le palais.
Même si ça ne l'empêchait pas de grimacer légèrement à chaque fois qu'un convive écarquillait les yeux en buvant, s'abstenant de médire ceux ci, souriant discrètement aux pauvres plaisanteries qu'on lui faisait, se contentant de silences glacés aux obscénités et, preuve absolue du grand contrôle qu'il avait de lui même, le ponantique faisait de son mieux pour ne pas remarquer les maladresses commises à table, là où d'autres pauvres sires en riaient.
Terminant son aile de chapon finement coupée par lui même, le silentiaire jeta celle ci derrière lui, aux chiens et chats qui passaient entre les jambes des convives qui cherchèrent à s'en emparer aussitôt, se disputant le morceau pour finalement accorder celui ci à un gros chat borgne.

Les galettes n'étaient peut être pas de mise en ces lieux, mais au moins leur "pain" était utile pour écurer son écuelle de la sauce et des morceaux de viande, lui évitant de se salir les doigts et de devoir à nouveau les laver dans le bol.

Vint ensuite le second service : un rôti en gelée avec de la crème sucrée. Pas mauvais. Ca lui rappelait... Oh non. Il ne voulait surtout pas se rappeler de ça. Surtout pas. Pa maintenant.
Avec grand effort, le patrice se reteint de faire remonter ces douloureux souvenirs à la surface, préférant se perdre dans l'observation de la salle, des tables où mangeaient les serviteurs, où son capitaine régalait quelques valets d'histoires et autres fariboles de son cru. Un verre de vin en bouche, il parvint enfin à se détendre à nouveau, pour alors apercevoir l'arrivée de la troisième et dernière assiette : un pâté de chapons avec une sauce à la sauge, froide, et des écrevisses. Un étrange mélange mais pourquoi pas.


Après cela, Kydonis vit arriver encore plus à manger. Des tourtes. Des tourtes... Au pigeon semblait il. Vivement que l'on arrive à la fin du repas. Ses voisins commençaient à le fatiguer avec leurs histoires ennuyeuses et sans intérêt. Qu'en avait il à faire que des potins mondains concernant la cité ? Il n'en avait aucun intérêt.
Mais voilà que le dessert venait le soulager de l'énervement qu'il commençait à ressentir. Vins chauds, accompagnés de fromage, eux même suivis de dragées et fruits recouverts de miel. Miam. Enfin quelque chose qui lui remémorait ce que l'on pouvait bien déguster à la maison.


Après la dégustation finale, repus, Kydonis se lava une dernière fois les mains puis, sur l'invitation de son hôte, suivi celui ci et quelques invités choisis par lui même, escortés par des serviteurs, dans une salle adjacente alors que le reste des hommes présents dans la salle à manger rangeaient celle ci, les tables et bancs poussés sur les côtés afin de faire de la place pour créer une sorte d'arène où l'on écouterait les fabliaux proposés à cette occasion. Dont le récit de Kydonis.
Mais en attendant, il avait tout le loisir de souffler un bon coup, la digestion du repas étant quand même assez lourde. Ce fut à cette occasion que sa patience se vit récompensée. Là, il eut l'oreille assez fine et la langue assez douce pour enfin obtenir des informations utiles, pertinentes ou intéressantes pour sa mission.

Ainsi donc l'Empereur actuel était en froid, voir hostile, aux républiques de valentine. Une procédure judiciaire avait été lancée au sénat impérial par le dukas Evdis de Cahogne ? Les rumeurs d'un conflit lointain dans ce qui était nommé le Valais se faisaient de plus en plus insistantes. Une sombre histoire de dettes qui aurait mal tournée de ce qu'il en comprenait par les brèves explications données. Encore plus intéressant, il semblait que les rumeurs de la convocation d'un concile à Archopole par le triarque se faisaient de plus en plus fortes, la question des "déviants" se faisant de plus en plus forte. Quels étaient ces déviants par contre ? Cela, il n'en avait aucune idée. Il avait cru comprendre que l'Eglise était divisée en deux mouvements en Orient, sans pour autant comprendre les ramifications et doctrines professées par ces curieux groupes. Et lorsqu'interrogé sur le sujet, il n'avait pu qu'avouer son ignorance sur cette question, préférant se faire une idée dessus qu'une fois en pleine connaissance du pourquoi du comment.
Comment ? On lui demandait comment ces questions étaient vues en Occident ?

Eh bien.... En toute honnêteté, ceci est la première fois que j'entends parler de cela. Les judicaliens et... Comment dites vous ? Cet autre groupe, en plus de celui nouvellement apparu... Nous n'avons pas ça en Orient.

Au regard étonné de ses interlocuteurs, il s'obligea à préciser sa pensée.

La Ponantique a une longue histoire, très particulière de celle qui est la votre en Occident. Là où les barbares ont déferlés sur l'Ancien Empire, la province de ce qui était la Ponantique est demeurée libre des déprédations qui mirent à bas l'Empire. Oui certes il y eu guerres civiles et raids sanlars, mais dans l'ensemble, le territoire du gouvernorat de Coradine sut rester solide et ne connu les déprédations dans la même échelle qu'en Orient. Aussi, lors de la chute d'Archopole, l'Eglise de Ponantique vécu dans une période d'incertitude. Elle reconnaissait l'existence d'un triarque, bien que celui ci était inconnu, étant donné l'instabilité politique de l'époque. Et c'était en ce temps où la prééminence de celui ci n'était encore guère solidement établie sur les autres patriarches. Sans compter le commerce qui s'était effondré. Avec le temps, le culte du triarque en Ponantique s'est considéré comme autonome vis à vis d'Archopole sur de nombreuses questions, et a ignoré les résultats de certains conciles, maintenant la structure de l'Eglise sur sa forme antique, à savoir avec l'Empereur à sa tête, en l’occurrence quiconque se prétendait comme tel et avait le pouvoir d'imposer sa décision à l'époque. C'était la période des printemps et automnes, ou temps des despotats combattants. Ce n'est qu'à l'arrivée des croisés et la fondation de Port-de-Grâce que les patriarches de Ponantique ont renoués avec leurs "frères disparus" d'Occident. Et cela fait plus d'un siècle qu'eux et les souverains de Ponantique négocient avec le Saint Siège sur de nombreuses questions tant théologiques que politiques pour réunir les deux Eglises. Beaucoup a été fait, et sans doute que la dernière croisade a pu aider à accélérer le processus. Peut être même que les rumeurs d'un Concile seraient une occasion d'acter définitivement la Réunion de celle ci ?

Tout bas dans son esprit, Kydonis Dimitrios savait qu'il ne pouvait se tromper lui même. La violence des portes croix et leurs sbires avaient effrayé plus d'un croyant. Leur fanatisme et leur propension à faire couler le sang avaient rebutés plus d'un clerc. Assurément on était reconnaissant aux occidentaux d'avoir prêté main forte à rétablir l'Empire dans ses justes frontières en Ponantique... Mais cela ne voulait pas dire que l'on avait oublié les ravages et destructions qu'ils avaient provoqués, ni les morts, ni les massacres. Combien de bons tryphasistes étaient tombés sous le fil de l'épée de ces barbares ignorants, avides de sang et de richesse ? Combien d'innocents et d'âmes convertibles auraient pu être sauvés, n'eusse Basile pu imposer à ces "alliés" sa gouvernance et direction en campagne ? Et cette idée que les crimes commis étaient pardonnés par le Tricéphale... Oui. Le dukas Evdis était certainement un homme capable, digne d'éloges, au vu de ses actes et de sa retenue, mais lui même avait un temps cru en la justesse de ces crimes. Que l'on ne se méprenne pas. Il ne lui jetait pas la pierre. Le passé était le passé. Et c'était justement ce passé qui posait problème. L'Occident avait vu la sauvagerie de l'Orient. Sa barbarie, qui n'avait que peu à envier à celle des pires sanlars. Et c'était tout. Et l'on ignorait s'il y avait autre chose à voir. Et on lui parlait maintenant de factions qui s'entredéchiraient dans l'Eglise ? Le Tricéphale les aient en pitié....

Mais vous me parliez des judicaliens et autres factions. Je crois me souvenir qu'il existait des personnages comme cela à la cour de Basile.... Néanmoins, ceux ci sont surtout des originaux, ou perçus comme tels. Le peuple de Coradine prie le Tricéphale pour que leurs fils et filles puissent mener de bonne vies, que leurs âmes aillent s'en aillent le rejoindre. Ces factions dont vous me parlez, elles ont peut être existées lors de la fondation de Port-de-Grâce, mais nous n'y avons jamais prêtés attention. L'homme du commun comme le Patriciat ne connaît que l'Eglise indivise et ses patriarcats, établis dans l'Antique Empire, dans l'exacte conformité des enseignements par le tricéphale des origines et des Pères de l'Eglise. Ses serviteurs la considèrent comme seul tryphasisme, l'Eglise de plénitude. C'est un constat. Pas un jugement. On en revient aux tractations complexes mentionnées précédemment.


Kydonis explique les particularités du culte du tryphasiste en Occident.

Attribut d'érudition+diplomatie/2 de Kydonis: (40+55)/2 = 47
Nombre aléatoire (1,100) :
18


Je vois... Visiblement l'hôte était très peu enthousiaste à continuer sur le sujet, mal à l'aise pour quelque raison inconnue du Dimitrios pour qui tout cela était quelque chose des plus communs.
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 8 Mai - 0:05
Surprenamment, Kydonis Dimitrios ne fut pas lynché sur place avant d'être jeté dans une cellule dans l'attente d'un procès expéditif pour hérésie, les quelques convives intéressés par la discussion se contentant d'afficher des mines étonnées, voir curieuses, mais pas de franche hostilité. Par la suite, le ponantique, répondant à diverses questions, décrivit par le menu la construction et l'organisation des églises occidentales, la manière dont les messes étaient effectuées, les costumes religieux, chants et l'organisation du clergé, qui différait de celle en Orient.

Puis un serviteur vint les chercher pour leur annoncer qu'enfin les préparations étaient effectuées, la soirée pouvant continuer avec son rythme de fabliaux et divers jeux orientaux.

De retour dans la salle où le repas avait eu lieu, Kydonis se jeta dans "l'arène" afin de débuter son récit. La préquelle de la croisade.

Armé d'un tabouret, le ponantique fit un tour sur lui même pour observer ses alentours. Serviteurs et invités le cernait, en cercle, assis ou debout selon que le leur permettait leur rang.
Pendant quelques secondes, l'occidental se retint de lancer tout son mot, profitant en effet du silence qui s'était installé, uniquement rompu par des bruits dans le lointain. On se demandait pourquoi il gardait le silence. Pourquoi il ne commençait pas.
Il faisait exprès. Le silence était le pouvoir et les mots étaient d'or. Pour marquer son auditoire, en affaires comme ailleurs, il fallait savoir utiliser les deux en proportion.

Claquant soudainement le sol de son pied, le patrice commença son récit.

En l'an 1292 de l'Écriture, les belliqueux sanlars formèrent une alliance ! Ces conquérants avides de gloire et de richesse, sous la bannière du sultanat Munshaqquins, partirent en guerre. Leur but ? Les bastions croisés. Ces noix solides qui s'accrochaient à une terre battu sèche, négligée du trycéphale et de l'Eglise, où seuls des hommes ardus avaient la force de se lever pour la défendre. Prenant excuse la destruction de lieux Saints de leur religion païenne et les conversions forcées de leurs coreligionnaires en Eurypont, cette alliance de méchants prirent les armes. Ils réunirent une armée grande comme jamais. Une ne voyait la taille de celle ci, toute impressionnante qu'elle était, soulevant une colonne de poussière sur son passage, allant jusqu'à enfumer le tricéphale dans sa demeure.
Ne pouvant faire face seul à la menace, le souverain d'alors demanda aide et renforts à ses voisins. Le père de mon maître, Basile IV de Sainte Croix, était de ceux là. L'armée sainte, forte de quelques 15000 hommes, renforcée de mercenaires et traîtres sanlars, décida d'affronter l'ennemi sur les rives de la Chahine, escomptant profiter du gué pour se jouer de l'ennemi, le détruisant morceau par morceau.... En vain !
cria-t-il à l'assemblée tout en claquant à nouveau du pied.
Les sanlars nous avaient prit de vitesse, les délibérations entre alliés ayant prit trop de temps, et encore plus pour réunir les ost, de vieilles rancœurs faisant aisément surface en ces temps difficiles.
A l'annonce de la venue de l'ennemi, le duc Cirilie déclara la cause perdue et que le combat serait vain. Ce chien et ses hommes prirent donc la fuite, soit disant pour protéger leurs terres, en vérité piller dans leur fuite et se rendre au premier émirat venu, espérant l'acheter par des douceurs et richesse. Jamais un nom ne fut aussi maudit que ce jour là.
Ne restait plus que les princes de Coradine et d'Eurypont. De braves hommes courageux. Des preux. Mais surtout des preux diminués d'un tier de leurs forces.
Ne pouvant affronter un ennemi aussi puissant en terrain ouvert, ils décidèrent de se replier sur Marameth, lentement, attirant l'ennemi sur eux, détruisant la campagne dans leur recul pour y affamer l'ennemi.
Jusqu'à ce qu'ils arrivent sous les murs de Marameth, entama-t-il d'un ton sombre, funeste. Là, l'armée croisée campa deux jours, avant que l'ennemi ne se montre. Pas moins diminué, mais au contraire enhardi comme jamais à tremper ses épées dans le sang des vrais.
Le combat qui se livra fut rude et sans merci. Hélas, à la fin de la journée, le sol était jonché de cadavres et d'agonisants. La victoire était aux sanlars. Sans opposition, ceux ci entrèrent dans Marameth, pillèrent les églises, firent esclaves les tryphasistes, ne relâchant que ceux pouvant payer leur rançon, et s'en allèrent. De là, l'alliance des sanlars se dissous, les émirs et le sultan attaquant et conquérant sans peine les terres d'Empire. Certaines même leurs ouvrirent leurs portes, pour éviter les massacres et rançons.
Lorsque l'émir de Tésiphane entra en Coradine, il n'avait pour s'opposer à lui que quelques milices hâtivement levées par le Despote Basile, qui avait apprit le mois passé la mort de son père et ses frères, au combat. Plutôt qu'être capturés, ceux ci s'étaient débarrassés de tout insigne, et furent égorgés comme de simples combattants, blessés qu'ils étaient. Ces milices furent tout aussi vite détruites, le combat étant trop inégal. Cité après cité, toutes tombèrent entre les mains des païens. En moins d'une demi année, la Coradine était réduite à Port-de-Grâce et sa campagne environnante, elle même menacée par un flot incessant de pillards.
Pensant que le Trycéphale l'avait abandonné, Basile entreprit les deux seules choses qu'il pouvait : demander de l'aide à son suzerain l'Empereur, maître d'Augusta, et se préparer au siège. Mais le Trycéphale ne nous avait pas abandonné. Ce même jour, une nuée d'oiseaux obscurcit complètement le ciel. Un signe divin, assurément, qui exigeait que l'on se résolve à rester debout pour résister aux méchants. Ceux ci allaient rencontrer leur destin, et il n'allait être plaisant, le siège de Port-de-Grâce qui se devait être une affaire réglée, allait se révéler être un solide bastion de foi et de courage.


Sur la mention de cet épisode des préparatifs de Basile, Kydonis s'épandit également l'édit que Basile avait fait passer. Oui, celui là même où il avait exigé que des offrandes soient faites au tricéphale. D'où l'arrivée d'oiseaux. Passant cependant sous silence le fait que les offrandes en campagnes n'avaient été communiquées en ville. D'où l'apparition de masses d'oiseaux aux alentours de Port de Grâce et la forte impression faite en ville à la vue de ceux ci....

Ainsi, lorsque les sanlars arrivèrent aux portes de Port-de-Grâce, ils trouvèrent une cité dédiée à sa défense, aux greniers pleins et un peuple au cœur pur. Enervé qu'on lui résiste, le général ennemi, désireux d'obtenir un triomphe rapide, estima que cette résistance pouvait être aisément écrasée au moyen d'un stratagème ignoble. Il fit couper le nez aux prisonniers qu'il avait, et les obligea à attaquer les remparts. Ces hommes bravèrent des volées de flèches et carreaux, tandis que derrière eux, les méchants étaient prêts à tuer tout homme essayant de fuir ou résister.
A la vue de ce triste spectacle, les défenseurs de la ville, dont votre serviteur, furent plongés d'horreur en voyant ce triste sort qui les attendaient s'ils venaient à faiblir.


Pas un mot non plus sur les rumeurs que Basile avait fait courir dans les rangs ennemis peu avant le siège....

Enragés et horrifiés à la vue de cela, nous fumes encore plus déterminés à combattre et vendre chèrement notre peau, bien qu'après plusieurs jours d'assauts furieux, nous soyammes épuisés. Et malgré des rations en diminution, des agitateurs ayant incendiés une partie des greniers, et des pirates barbaresques interceptant nos pêcheurs au large, vous ne trouviez un homme ou une femme se plaignant.
Nous résistâmes férocement. Chaque nuit, des cavaliers attaquaient les camps ennemis, incendiant les tentes, faisant fuir les bêtes et s'emparant de toute nourriture possible.

Enragé par cette résistance encore plus enhardie, le général ennemi commit l'irréparable. Il désacralisa les cimetières alentours. Impuissants, nous vîmes les tombes de nos ancêtres être violées, leurs corps jetés aux bêtes, tandis que les restes étaient livrés aux flammes...


Là aussi, Basile avait joué de sa carte... Mais nul n'était obligé de le savoir. Et le Tricéphale et les ancêtres comprenaient surement la nécessité de pareille action....

Pleurant devant ce triste spectacle, les défenseurs de Port-de-Grâce maudirent davantage leurs ennemis du fond de leur coeur. Après cinq mois de siège, Basile ordonna à la garnison et aux volontaires de se reposer, pour mettre à leur place les femmes, les enfants et les vieillards.
A cela, l'ennemi nous crut à court d'hommes et de nourriture... Ce qui était presque vrai. Mais pas tout à fait, fit Kydonis en essayant de sourire à la mention de ces souvenirs horribles, se remémorant ses mains baignant dans le sang d'hommes et de femmes qu'il essayait de sauver des blessures obtenues sur les remparts....
Pensant qu'un dernier assaut suffirait à nous emporter, l'ennemi était déjà en train de célébrer sa victoire. C'est là que Basile envoya un émissaire pour négocier la reddition de la ville.


Au regard étonné de ses auditeurs, horrifiés pour certains, passionnés par l'horreur de ce récit pour d'autres, Kydonis se permit un autre sourire, réel celui ci. Celui d'un chat jouant avec sa sourie.

Après des mois de siège et de campagne, les troupes ennemies, à l'approche de l'émissaire, crièrent de joie à l'idée de pouvoir retourner dans leurs terres et leurs amours. L'émissaire, offrant la pleine reddition de la ville, demanda juste que quelques jours leurs soient accordés avant l'ouverture des portes, afin de convaincre un groupe d'irréductibles de la garnison qui étaient déterminés à combattre jusqu'à la mort... La vérité étant que ceux ci étaient toute la garnison et les conscrits ah ! ah ! ah !
Au quatrième jour, Basile ordonna que tous les combattants soient rassasiés. Double portion pour chacun. Un peu moins d'un millier de taureaux furent réunis pour mettre en œuvre le plan final de Basile. Il ordonna qu'à leurs cornes soient attachées lances et pieux. A leurs queues, des fagots trempés d'huile furent attachés. Des mines furent creusés sous les remparts, secrètement. On fit sortir le bétail la nuit venue.... Et mit feu aux fagots. Imaginez donc les ravages, provoqués par des centaines de taureaux effrayés, hurlant dans la nuit, le feu derrière eux, suivi du reste par quelques 5000 hommes déterminés à tuer. L'ennemi croyait combattre les mythiques minotaures des légendes, ces monstres géants, mi homme mi taureau, qui mangeaient des humains et maniaient d'immenses haches. Le camp en feu, des sanlars, leurs mercenaires et les traîtres tryphasistes parmi eux, effrayés, nus, furent passés au fil de l'épée par des hommes dont la rage et la haine avaient atteintes des sommets. Le général adverse fut l'un parmi les nombreux hommes à périr cette nuit ci. Et au chaos ambiant, les bruits des tambours et vaisselles battues par les femmes et enfants sur les remparts achevèrent de mettre en déroute l'ennemi terrifié, pensant être attaqué par des monstres et dizaines de milliers d'hommes. Ce fut une déroute totale. Complète. Rentré victorieux, Basile établit des plans pour la reconquête de la Coradine, envoyant héraut et agitateurs dans les campagnes pour se faire soulever le peuple contre l'occupant.... Las. Nous étions dans l'ignorance de ce qu'il advenait à l'extérieur. Nous pensions avoir défaits l'ennemi. En un sens, c'était vrai. Mais également faux. Nous avions défaits l'émirat de Tésiphane.
Or, le prince de l'émirat d'Alandar, après des mois de patience, imaginait que son rival s'était enfin emparé de Port-de-Grâce, et avait mis son armée en marche de la cité, dans l'intention d'écraser l'armée de Tésiphane affaiblie par des mois de siège, cueillant le fruit mur qu'était la ville après sa conquête. Il fut déçut en constatant que celle ci tenait toujours. Mais bon gré mal gré, il en mit le siège. Trois jours après sa victoire, Basile se retrouvait avec un autre siège. Le moral dans les rues comme sur les remparts était au plus bas. Tant de sacrifices, tant de fatigue.... Pour au final rien. La mer était libre, permettant aux pêcheurs d'approvisionner la ville.... Mais si cela donnait du baume au corps, c'était inutile pour le cœur, et bientôt le bruit se fit en ville que la domination de la Tésiphane ne serait pas si mauvaise. Que le tricéphale nous ayant abandonnés, de même que l'Empire dont nous étions sans nouvelles, nous ayant trahis, la reddition était une solution honorable. L'émir n'avait il pas promit que la ville serait épargnée du pillage ? Que la foi de ses habitants respectée ? C'est avec gran peine que Basile parvint à garder le contrôle de sa cité. Eussent les croisés arrivés un jour plus tard, et la ville aurait été aux sanlars, des hommes et des femmes désespérés ayant attaqués les portes pour les ouvrir de l'intérieur.... Nous revenions de loin. Les artifices, ruses et la dévotion de notre souverain Basile avaient payés. Nous avions été entendus dans nos prières par le tricéphale et l'Empereur, celui ci nous ayant envoyé le plus fort et fidèle de ses vassaux, le dukas Evdis de Cahogne ! De là débuta la reconquête et la reconstruction, mais c'est un autre récit, qui ne sera pas pour ce soir.


Effectuant un révérence à l'assemblée, il reçut un tonnerre d'applaudissement de la part des personne présentes pendant une longue minute, avant qu'il ne traverse la foule pour se servir un bol d'eau, plein de sueur qu'il était, puis de prendre l'air. Il était épuisé.


Après un moment, son capitaine vint le trouver.

Vous ne leur avez pas tout dits, patrice.

Et ils n'ont pas à le savoir. Basile est le despote parfait, le dukas Evdis est un héros de geste, et les choses doivent rester ainsi. Il en va de notre expédition. Vous savez ce qui est en jeu.

Vrai. Si on leur balançait la vérité crue, ces oies prendraient peur.

Et on ne le fera pas.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 20 Mai - 0:13
Ayant passé la nuit à la résidence de son hôte, Kydonis pu bénéficier d'un excellent sommeil, et ce ne fut qu'au petit matin, en compagnie du baron de Münchhausen qu'il quitta la cité - non sans avoir auparavant offert à son hôte une étoffe de soie pour madame sa femme - en direction d'Augusta, sur une barque et son capitaine avec qui on s'était arrangé. Les passagers distrayaient les marins d'histoire et en échange ceux ci leurs faisaient la navigation jusqu'à la capitale impériale. Un échange équitable.

La barque, pleine de tonneaux de gros thons, était d'une conception étrange et inquiétante. Déjà le tirant d'eau ! Pas plus d'un bras ! C'était dangereusement faible. Ensuite il y avait deux voiles ponantiques en lin, en oreilles. Puis le fond était plat également.... Mais au moins les marins savaient ils, ou du moins semblaient ils, savoir ce qu'il fallait faire pour maintenir cette barcasse à flot jusqu'à destination. Une bien grosse barcasse, large de huit bras et longues d'une vingtaine de bras.
Ainsi le baron conta-t-il quelques unes de ses anecdotes. Affabulateur hors pair, des mauvaises langues auraient dites fou, celui ci égaya les marins de celles ci. Dans l'une d'entre elles, il prétendit même avoir été envoyé sur la lune, après que des kichiques l'aient mis sur une catapulte pour le lancer vers celle ci. Un affabulateur hors pair certainement. Au moins ses fabliaux sur la Wisimanie étaient ils assez détaillés pour que le ponantique puisse avoir la certitude que, derrière ces affabulations, se trouvait une certaine réalité. L'homme avait en effet été en Wisimanie. Peut être même avait il également prisonnier des kichiques, quand bien même ceux ci avaient une bien sinistre réputation...
Lorsque, fatigué, le baron céda la place au coradin, celui ci entama le récit d'un des derniers légats de Ponantique, se revendiquant, avec un soupçon de légitimité, de l'antique Empire. Un homme doué d'une grande intelligence, qu'il pu mettre à profit pour ruiner les ambitions de ses ennemis. C'était cette histoire, cette geste, qu'il s'apprêtait à raconter aux quelques hommes à bord.....
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeJeu 21 Mai - 12:42
En ce temps lointain et maudit, où le dernier bastion de l'Empire Antique s'étendait en Ponantique, alors que les hordes barbares avaient déposées le dernier Empereur, qu'ils pillaient et festoyaient sur les ruines d'Augusta et Archopole, l'Empire survivait. Il survivait en Ponantique. L'antique esprit de noblesse qui animait cette race fière de conquérants, vivait encore là bas, bien qu'il ne restait à sa flamme que si peu de temps avant qu'elle ne s'éteigne.
A Marameth, bastion le plus avancé de cet Empire sur le déclin, se trouvait le légat impérial Flamininius Marcus Heraclius. En ces temps de malheurs, où l'antique province de Ponantique était déchirée par les guerres entre princes rivaux, ayant abandonnés l'idéal universel de l'Empire, lui seul se maintenait debout, contre les hordes de païens aux frontières, tout en gardant protégé le peuple, conformément au serment qu'il lui avait prêté. Marameth était armée et fertile, mais elle faisait figure d'arrière pays barbare. Un lieu de conquête donc, pour les divers princes cherchant à s'imposer à leurs ennemis par le prestige de la conquête. Fous qu'ils étaient. Ainsi le tyran Octavius de Médesse, ayant déjà écrasé Styr, détruit les légions et pacifié le Thalès, prit la décision d'envoyer son armée détruire Marameth, cible aisée car faible, pauvre, mais pouvant menacer ses arrières lors de sa prochaine campagne contre les princes du Sud. Ainsi, lorsque le prince de Marameth décéda de vieillesse, Flamininius Marcus Heraclius prenant sa place, le tyran estima qu'il était temps d'agir et envoya ses troupes contre lui.
Contre cette invasion, le légat de Marameth usa d'une ruse bien originale. Avec son armée se trouvaient nombre de condamnés à mort, pour divers crimes. On y retrouvait des voleurs, des meurtriers, des brigands et toute sorte de racaille misérable et méprisable. A ceux là, il leur offrit la chose suivante : prendre soin de leurs êtres aimés en leur lieu et place, s'ils mourraient en bataille. Leurs enfants, femmes, mères... Tous seraient protégés jusqu'à la fin de leurs jours par le prince s'ils mourraient. C'était, en ces temps durs, bien plus qu'il ne fallait pour obtenir la loyauté de ces hommes.

Ainsi, au petit matin de la bataille opposant les troupes de Marameth et du tyran Octavius, se présentèrent ces hommes à travers le brouillard. Alors que les troupes ennemies s'agitaient, en préparation d'une charge, un groupe de condamnés hurla, d'une seule voix, que eux, hommes de Marameth, ne craignaient pas la mort ou les armées du tyran. Et qu'ils allaient payer de leurs crimes par la mort.
Interloqués par ces drôles, les troupes de Médesse hésitèrent. Elles hésitèrent encore plus lorsque ces hommes, d'un seul mouvement, mirent fin à leurs jours de leurs lames.


Aux regards horrifiés des marins, et même du baron, Kydonis sut qu'il avait obtenu l'attention de son auditoire.

Les troupes de Médesse avaient ce même regard que le votre messieurs, fit il avec un sinistre sourire. Un autre groupe se présenta aux troupes, annonçant qu'en raison de leur désobéissance aux lois de Marameth, ils allaient mettre fin à leurs jours sans hésitation. Et ils le firent. Et il y en eut d'autres à agir de même, horrifiant davantage les pauvres âmes qui contemplaient ce sinistre œuvre, les jambes tremblant de peur devant ce qui leur semblait folie. Encore et encore. Les troupes ennemies étaient abasourdies, oubliant même la raison pour laquelle elles étaient là.
Un autre groupe, encore, se présenta à l'ennemi. Le commandant adverse senti que quelque chose de louche se passait, mais fut trop lent à réagir. Ce groupe là, annonça que pour avoir violés les lois de Marameth, ils allaient charger et combattre jusqu'à la mort. Et ils chargèrent et combattirent comme des fous les troupes effrayées et surprises de Médesse. Complètement prises par surprise, les unités ennemies souffrirent de nombreuses pertes. Et tandis qu'elles avaient été occupées par les multiples groupes de condamnés à mort, les troupes de Marameth avaient été secrètement, dans la plus grande discrétion, été bougées aux flancs droits et gauches de l'ennemi. Ce ne fut que par la présence d'esprit d'un de leurs commandants, et le sacrifice d'une part de leurs troupes, que les généraux et le prince de Médesse purent s'enfuir, non sans que ce dernier n'ait été blessé dans la fuite. Une blessure qui s'infecta et mit fin à ses jours sept jours plus tard.
Avec chacun de ses fils aiguisant ses armes, réunissant ses hommes de main pour le conflit qui éclaterait à la succession, nul n'était plus occupé à la guerre contre Marameth.
Sur les conseils d'un de ses généraux, le prince mourant désigna son fils le plus âgé pour lui succéder. Il était honnête, mais peu capable pour gouverner le royaume. Ils ferait des erreurs, mais au moins le désigner éviterait une guerre civile. Ce général parti informer les princes dans des termes laissant peu de place au doute des volontés de son suzerain et les força tous à jurer fidélité au nouveau prince.
Sur son lit de mort, le tyran fit jurer à son fils de détruire Marameth et Flamininius Marcus Heraclius, et d'écouter le général qui lui avait sécurisé le trône, un homme qui l'avait bien servit sa vie durant. Puis il mourut, et l'armée s'en retourna dans ses terres, laissant Marameth intacte et victorieuse. Ce conseiller fut nommé à un poste prestigieux, au lieu de n'être qu'un simple serviteur d'Etat. Le nouveau despote, pour ne pas oublier la promesse faite à son père, fit confectionner un lit spécial pour lui même. Inconfortable, il ne deviendrait pas, dans celui ci, complaisant. Et dans ses premières années de monarque, il fut exemplaire, plus de troupes étant entraînées, de manière régulière.
Voyant cela, cet ennemi qui se renforçait, Flamininius Marcus Heraclius leva ses armées, pour attaquer préventivement et espérer sauver son Etat. Néanmoins, Médesse n'était pas restée les bras croisés durant ces années, et des tours d'alertes signalèrent rapidement l'avancée ennemie. Envoyant immédiatement ses troupes d'élite contre l'ennemi, le despote de Médesse obtint une victoire rapide, les formations ennemis s'écroulant face aux soldats bien entraînés de son Etat. Continuant à avancer sur les pas des fuyards, l'armée de Médesse poursuivit ceux ci jusqu'à les encercler.
Convaincu que la mort était sur eux, Flamininius Marcus Heraclius envoya un émissaire au nouveau despote pour négocier leur reddition. Pour assurer le futur de Marameth, Heraclius était prêt à toutes les renonciations, même à devenir l'esclave du despote pourvu que cela sauve son Etat et son peuple. Tenté, le jeune souverain était prêt à accepter cette délicieuse offre.... Lorsque son conseiller, à qui il devait le trône, l'admonesta lourdement, lui faisant remarquer qu'il tenait Marameth dans le creux de sa main, il mit fin aux négociations. Herclius, prêt à combattre jusqu'à la fin, fut néanmoins conseillé par l'un de ses hommes de confiance. Celui ci l'informait que l'un des proches du despote, était aisément.... agréable, pourvu qu'on lui offre quelques... "cadeaux matériels". Si vous voyez ce que je veux dire. Partant immédiatement le rencontrer, ce conseiller vint voir cet homme de peu de valeur, lui demandant d'arranger une paix qui garantisse le futur de Marameth. En gage de gratitude, l'envoyé de Marameth était disposé à lui laisser quelques cadeaux apportés avec lui. Et d'autres dans le futur si la paix était signée. Dans le cas contraire, Héraclius était prêt à combattre jusqu'à la mort et brûler son trésor.....

L'insecte méprisable conseilla son despote de montrer de la pitié pour les faibles et pitoyables de ce bas monde, car c'était ainsi que l'on reconnaissait les grands hommes. Il devait montrer de la pitié et de la puissance pour espérer régner sur toute la Ponantique et, de là, rétablir l'Empire antique. Et en faisant de l'ennemi de son père un esclave, il faisait montre de puissance, tout autant que de pitié en le laissant vivre. Rapidement séduit à cette idée, le despote de Médesse fit partir son armée de Marameth.
Héraclius fut réduit au rôle de simple garçon d'écurie, acceptant humblement cet ordre, se rappelant combien d'autres avaient soufferts avant lui, essayant de prendre tout cela avec philosophie.
Après des années de dur labeur, Héraclius fut renvoyé à Marameth en échange de l'un de ses conseillers qui jouerait le rôle d'hotage. Inutile de dire que ce fut possible grâce à l'extrême avarice et la faiblesse d'âme du même conseiller qui avait convaincu son roi de faire d'Héraclius un esclave.

Retournant à Marameth, Héraclius travailla aux champs, comme un simple paysan, pour aider à reconstruire le pays, gagnant au passage le respect des communs. Il banni le luxe et goûta chaque jour un morceau de foi cuit, pour se souvenir du goût de l'humiliation qu'il avait goutée en tant qu'esclave. Deux ans plus tard, son conseiller fut relâché, également grâce à la corruption du même homme.
Le despote de Médesse, lui, entama une nouvelle guerre contre Philpollion et, malgré les conseils insistants de son général, ne prit pas la peine de réduire en cendre Marameth une nouvelle fois.....
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 22 Mai - 13:37
Pendant que le ponantique s'exprimait, le navire avait quitté ces terres fertiles et ensemencées qu'était la campagne de Calavène, ses canaux et ses moulins qui meublaient le paysage, pour engager l'embarcation sur un cours de la Calave bordé ici non pas de vastes champs de blés mais de vergers s'agrippant sur une terre moins plates et certainement moins fertile, les oliviers et autres arbres étant fortement espacés pour optimiser leur rendement et consommation d'eau. Les hauts plateaux désertiques que l'on pouvait observer au loin rappelant à Kydonis certaines parties du Thalès, bien qu'en miniature. Quelques bourgades s'accrochaient à cette terre assez pauvre, qui dissimulait certainement du sable sous cette couche d'herbe parfois verte, souvent jaunie, alors que, compteur improvisé, le patrice continuait son récit au même rythme que l'on naviguait, lentement, paresseusement, avec de rares accélérations, à l'image de ces marins étant cette fois plus attentifs à la navigation du fait des courants qui changeaient par moment, des cotres et barges rencontrées et autres obstacles qu'il ne valait mieux pas percuter.

Après plusieurs bataille, le despote s'en retourna triomphalement à Médesse, à la tête de ses armées les généraux et souverains de Philpollion comme preuve de sa gloire. Mais la zizanie naissait à Médesse, entre le jeune souverain et son conseiller qui lui reprochait la non destruction de Marameth, les deux se mettant de plus en plus à se méfier de l'autre. Et alors que la discorde grandissait au sein de Médesse, Marameth voyait la principauté se reconstruire à un rythme remarquable, le peuple comme les hauts nés redoublant d'efforts pour reconstruire le pays, vivre frugalement et constituer d'immenses réserves de grains. Armes et armures étaient fabriquées et stockées en prévision d'une guerre avec Médesse. Patient, Héraclius attendit des années, se montrant doux avec le despote afin de garder sa confiance, tout en contactant secrètement les ennemis de Médesse que les conquêtes du despote avaient énervées et inquiétées.
S'engageant dans de plus en plus de conflits, Médesse vit ses troupes se fatiguer, au contraire de l'ambition dévorante du despote d'unifier les régions et de se proclamer empereur.
Les années passées, Héraclius voulut savoir si le despote était toujours inquiet de Marameth ou s'il détenait encore sa confiance. Ainsi, il envoya une ambassade à Médesse pour demander du grain, prétextant une famine et des milliers de morts. Si la demande était rejetée, alors le despote se méfiait. Si elle était acceptée, alors, au contraire, la confiance du despote envers Marameth était acquise. Et elle l'était.
Ce fut l'occasion d'une nouvelle rixe entre le souverain et son conseiller-général. Ses ambitions tournées vers la gloire et la conquête, délaissant les fondations solides nécessaires à l'hégémonie à laquelle il aspirait, le despote envoya par ailleurs son son conseiller en ambassade exiger de la principauté de Qassem des concessions territoriales de celle ci. Bien que certain que celle ci allait échouer, l'homme prit avec lui son fils et le fit adopter au sein d'une famille, convaincu que l'avenir de Médesse était voué à la destruction.
A la cour de Médesse en revanche, on interpréta l'action de l'homme comme une trahison, étant de mèche avec Qassem. Les conseillers corrompus par Marameth attisèrent encore plus cette haine, corrompus dans ce but pour se débarrasser d'un homme capable et redouté. Et alors même qu'il était de retour à la cour de son suzerain, le despote lui fit envoyer une épée. En ce temps là, cela signifiait l'ordre de mettre fin à ses jours pour sauver son honneur. Emplit de rage, l'homme, trompé malgré ses années de bons et loyaux services, ordonna à un serviteur d'aller rapporter ses exactes paroles à son roi.

Dis lui bien ceci ! C'est par mes efforts qu'il est tant despote qu'à la tête d'un puissant Etat ! Quand il n'était encore qu'un prince, il est même allé à m'offrir la moitié du royaume en récompense pour ma loyauté et j'ai refusé ! Et aujourd'hui il est tellement aveuglé par d'absurdes rumeurs convoyées par les jaloux qu'il ordonne ma mort ! Qu'il voit donc ce qu'il peut faire sans moi !!! Toi ! dit il en pointant un autre serviteur. Plante un arbre au-dessus de ma tombe afin que lorsque le despote meure, il en tire un cercueil ! Et que l'on arrache mes yeux pour les mettre au-dessus des remparts de Médesse afin que je puisse contempler sa destruction par Marameth ! Fais bien attention à convoyer chacun de mes mots au despote !

Accablé et terriblement mal à l'aise, le serviteur agréa, et ce fut sur cette note que le conseiller mit fin à ses jours.

Éclatant de rage devant les paroles que les serviteurs lui rapportèrent, le despote laissa s'exprimer sa colère. Ainsi ordonna-t-il que l'on retire le corps de la tombe, qu'on le jette dans un sac de peau de cheval et qu'on le jette dans le Réhan.


C'est ainsi, finit Kydonis, que la principauté de Médesse prit le chemin de la ruine. La prophétie du conseiller allait se révéler véritable des années plus tard, l'Etat tombant à la ruine en ayant ignoré les conseils d'un homme dévoué et loyal jusqu'au bout. Mais c'est une autre histoire, où la ruse et la persévérance du souverain Héraclès éclatèrent au grand jour, plus encor'....


Kydonis raconte une histoire à un autre public culturel que le sien en traduisant comme il peut en landique.

Attribut d'érudition+diplomatie/2 de Kydonis: (40+55)/2 = 47
Nombre aléatoire (1,100) :
17
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeJeu 28 Mai - 10:59
A la fin de cette histoire, le ponantique observa que les environs avaient changés de manière notoire, les hauts plateaux étant à présent remplacés par des collines vallonnées puis une plaine herbeuse peuplée de nombreux bovins et ovins, bientôt suivis de vastes étendues cultivées. Là voyait il de grands champs de blés, ici de vastes potagers, là bas d'immenses vergers..... Et était-ce un système de canaux qu'il observait par endroits ? Observant avec attention la structure, le Dimitrios essaya de deviner les tenants et aboutissants du système qu'il croyait deviner au lointain. Déjà il y avait des puits en certains points non loin de la rive. En remontant, il observait désormais les canaux. D'ailleurs le fleuve était, par endroits, pompé par d'autres canaux, bien plus grands ceux ci. Ensuite, vers les hauteurs, il observait des espèces de dômes, d'où le reflet de l'eau des canaux était réfléchie par les rayons du soleil.... Où avait il déjà vu pareil objets ? Réfléchis Kydonis, réfléchis...


Tout à ses réflexions, le patrice fut ininterrompu par son compagnon de voyage, qui s'amusait légèrement de ce qu'il prenait pour de l'ignorance. Ainsi ces étranges constructions au loin étaient l’œuvre du génie de l'actuel empereur, des puits d'aérations qui donnaient sur des canaux souterrains, alimentant en eau les canaux plus bas.... C'est là que Kydonis réalisa où il avait observé pareilles constructions. En Ponantique. Dans la vallée de Médesse. L'eau des montagnes était drainée pour alimenter en eau la vaste, bien trop vaste, plaine du Réhan, permettant à la Cirilie ses impressionnantes réserves de grain. Une construction, un système, qui tirait ses origines tant dans la tradition d'arpenteurs impériaux que des nomades du désert.... Qui utilisaient pareil système pour permettre la survie de leurs immenses cités désertiques, autrement insoutenables même en important la nourriture journalière nécessaire, peu importe leur richesse... Et apparemment ce système était étendu petit à petit dans toute la Calave.... Chiens d'Orientaux, fallait il donc que ces misérables apprennent à imiter l'architecture bien supérieure de l'Occident, qu'ils leur volent en plus de leur richesse leur savoir.... Oui. Kydonis éprouvait, mêlée à un certain orgueil blessé, de la jalousie. Jalousie bien vite remplacée par une certaine forme de respect. Cet """Empereur""" avait beau être le descendant de barbares ayant mis à sac l'Antique Empire, il semblait au moins digne de respect, au regard de ses accomplissements, de son respect vis à vis du legs impérial. Et puis si cela se trouvait, il n'était même pas à l’origine même de pareil système, s'étant au contraire contenté d'emmener dans ses bagages de croisade quelques ingénieurs et hommes de science de Ponantique pour reproduire les merveilles d'architecture et de mathématiques que la Sainte Terre d'Empire abritait. Oui. C'était certainement ça. Mêlé d'un peu sagesse.


Puis venait Augusta en elle même. Et Kydonis en eut pour son argent cette fois ci. Les hauts remparts de la ville basse n'avaient rien à envier à Port-de-Grâce, de même que son réseau de tours, celles ci n'étant d'ailleurs pas carrées mais rondes....

Le reste du temps jusqu'à l'accès aux quais s'écoula avec un échange entre Kydonis et le baron, celui ci faisant connaissance avec ce dernier, décidant de rester encore un moment avec cet étrange personnage, en provenance de la Cisebbine. Étrange car ses histoires à dormir debout revêtaient un fond de vérité que le fond de philosophie antique de Kydonis ne pouvait complètement jeter aux orties.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeDim 31 Mai - 19:54
Lorsqu'enfin débarqués sur les quais d'Augusta, emplis de marchandises diverses, les passagers purent enfin se dégourdir les jambes, alors que le soleil se couchait sur la cité impériale. Vu l'heure, il valait mieux se trouver une auberge au plus tôt, de préférence sûre, pour se rendre au palais le lendemain et obtenir une place à l'une des audiences avec le rigas imperii. Ou alors valait il mieux se manifester immédiatement pour permettre au protocole indigène de s'adapter à la venue de ce nouveau pétitionnaire qu'il était ? S'adressant à son compagnon de voyage, le baron de Münchhausen, il s'enquit des conseils que celui ci pourrait lui procurer concernant sa présente situation. Après tout, celui ci était certainement plus au fait des pratiques consulaires que lui même. On ne pouvait s'attendre au même degré d'élaboration diplomatique en Coradine qu'en Orient....
A sa grande surprise néanmoins, il apprit qu'il n'avait, en fait, qu'à se présenter au palais impérial, vestige antique réparé, modifié, revisité encore et encore, y montrer ses lettres, preuves de son rang et raisons de sa visite, pour qu'un horaire soit dégagé. Hélas, néanmoins, il n'aurait d'audience avec l'Empereur. Celui ci était tellement occupé que l'on se répandait en bruits sur sa capacité à travailler jour et nuit sans dormir. Un bourreau de travail donc. Non. Kydonis n'aurait que le loisir de pratiquer les salutations d'usage, remettre ses lettres, et être confié à un conseiller ou secrétaire de sa majesté impériale qui, le cas échéant, ferait remonter l'information si celle ci s'avérait assez importante pour être attirée à l'attention de l'Empereur.
Ce qu'il firent, déambulant dans les allées et venues d'Augusta, ville qui elle, en revanche, était aisée à comprendre, reprenant dans son arrangement des schémas similaire à ceux de Port-de-Grâce, elle même cité s'étant construite et organisée selon un plan bien précis, conçu par ce que les plus grands érudits de Ponantique avaient mis au point, se référant aux cartes des cités de l'Antique Empire, dans un style qui, s'il ne pouvait certainement pas dépasser la gloire et le prestige des ancêtres, n'avait en tout cas pas à avoir honte d'eux. Oui. Port-de-Grâce n'était pas Augusta. Mais La ville n'avait pas non plus été défigurée par des barbares, des pillages - quoiqu'il y eut bien cette fois ci où les valentins firent une razzia dans le quartier des diamantaires.... - pas plus que les déprédations d'animaux en provenance de l'Orient, se livrant aux pires saloperies possibles lors d'une parodie de triomphe durant la prise de la ville et la déposition humiliante du dernier Vrai Empereur, pouvant se réclamer de quelque légitimité Antique en plus de la détention de la ville-capitale, centre de la civilisation humaine.
Car c'était ce qu'Augusta était. Le centre d'un Empire, de la race des conquérants, réduite au rang de catin de barbares, jouet de leur fruit, martyrisée, incendiée.... Et sans doute libérée. Un jour. Peut être. Une renovatio imperii....

Le groupe fit donc son petit bonhomme de chemin jusqu'à un quartier, où l'ambiance affairée, agitée, des docks, fut remplacée par une autre, plus feutrée. Larges rues, bien que pas aussi bien entretenue que dans ce modèle d'urbanisme qu'était Port-de-Grâce, larges rues donc, balcons, mais également façades de marbre blanc, trop souvent dépareillées la faute à des faquins et un mauvais entretien, pas assez régulier, mais encore assez courant pour donner du prestige au lieu. Des gardes en costumes aux entrées, refoulant tout ce qui serait trop crade ou n'ayant rien à faire là... Qui manquèrent d'ailleurs de refouler Kydonis et son escorte, qui, devant pareil traitement, manquèrent de provoquer un esclandre avant que le baron, par quelques mots, appuyés des certificats en possession du ponantique qui sorti ceux ci de sa veste pour les leur montrer, ne leur fasse ouvrir le passage et qu'un scribe à l'entrée des lieux ne note leur demande d'audience pour le lendemain.

Et ce fut tout.

On s'en fit donc dans une auberge de la connaissance du baron, tandis que les compagnons du Dimitrios obtenaient quelques paillasses et lui même un lit. Un lit où, proche de lui, se trouvait un coffre de voyage où le ponantique avait prit soin de garder sa clé. Se trouvaient dedans les présents à destination du monarque.

Quand au lendemain, après quelques morceaux de pain arrosés d'huile d'olive, Kydonis s'enquit auprès du baron de quelques bains où se décrasser du voyage afin d'être présentables en la présence du magistros imperii, il eut la désagréable surprise d'apprendre que pareils lieux n'existaient pas. En effet, ils n'avaient pas résisté à l'épreuve du temps. Il tombait des nues. Lui qui pensait pouvoir se présenter décemment, et on lui apprenait qu'il n'avait d'autre choix que d'être tout crotté ? Ô sinistre et cruel maître, qu'avait il donc commis pour que le Trycéphale le punisse ainsi ? Oh. Il le savait très bien. La question était purement rhétorique, contrairement à son angoisse qui elle, perçait le plafond. On ne pouvait décemment se présenter à un autre souverain, fut il un barbare d'Orient, alors que sa propre tenue ne rendait honneur au porteur. C'était appeler le désastre à s'abattre sur soit.
Mais loué soit le tout puissant, celui ci, dans sa grâce, avait accordé aux habitants d'Augusta le baquet. Un grand bol en bois dans lequel de l'eau chaude était versée et où l'on se nettoyait, voir se faisait nettoyer par, et il n'était pas certain du terme employé, des "lessiveuses" ? Il fallait croire que son landique était encore perfectible. Passons.


Les "lessiveuses" s'avérèrent être des femmes de petite vertu. Mais au moins le bain était il décent. Assez pour que le lavage ne lui fasse honte une fois présent devant le monarque. Après celui ci, vêtu de ses atours de cour, qui le firent jurer vis à vis du baron et, de manière générale, tout ce qui se croisait dans les rues d'Augusta, le port de la tunique ne semblant être en cours en Orient, on se présenta au palais, où un secrétaire expliqua au Dimitrios qu'il n'aurait le temps que de s'exprimer et remettre ses courriers au mandator en charge, qui les remettrait à l'empereur. Quand aux deux compagnons de Kydonis, se aides, depuis Calavène, portant le coffre contenant les présents à l'Empereur, ceux ci eurent à subir une fouille de la part de gardes, et eurent à se tenir loin derrière le Dimitrios lorsque celui ci, enfin convoqué par un héraut en après midi, entra dans la salle du trône, et, le plus brièvement possible, après s'être incliné, fit sa plaidoirie.

Sébastaukrator porphyrogenitos empsychos philotryphasistos Cornelio Duarte, pâtor des Calaves, archdux Ostromagne, Midà Crissonie et Octomanie doukas, Feldheim et Luria magistros, l'esclave de Sa volonté, le Patrice Silentiaire Kydonis Dimitrios, te transmet les salutations du Prōtonōbelissimohypertatos Basile IV de Saint-Croix, Exarque de Ponantique, Archonte de Coradine, Protoproèdre de Port-de-Grâce, Styr, Philapolion, Stratègicos du Thalès. Le nobilissime despote Sébastohypertatos de Coradine, par le présent décret, te porte toute l'affection de l'Occident, à toi et tes princes, et le plus loyal d'entre tous, le dukas Eudes des Cahons, pour l'aide inestimable apportée contre le péril Sanlar. En gage de respect pour ta bonté et ta beauté, triomphateur, la Coradine t'offre ces modestes présents qui, bien que ne pouvant souffrir des fastes dont tu jouis déjà, témoignent de la gratitude de l'Occident à l'égard de ta majesté si bien servie par ses vassaux.


Et ce fut tout. Sur ces mots, le coffre fut amené, ouvert, saisi ensuite par des serviteurs du palais, tandis que le mandator s'emparait du décret de Basile à destination de l'Empereur. Enfin décret.... C'était ainsi que l'on nommait les actes du prince en Ponantique, encore une survivance antique, destinée à appuyer la légitimité du souverain et son droit à réclamer le legs antique, pourvu qu'un jour il en ait la puissance. Et ceux destinés à des souverains étrangers, malgré la relative richesse, d'autres diraient pauvreté, de la Coradine, étaient "peints", à l'aide d'un pinceau et d'encre, sur un rouleau de soie pourpre, à laquelle étaient accrochés des sceaux de plomb blanc, pied de nez fait à ceux recevant ceux ci en Orient. Même si fut un temps ils étaient fait d'or... La Coradine était néanmoins l'une des rares puissances à pouvoir se vanter d'avoir pareils sceaux, au lieu de la cire habituellement d'usage. Là encore, survivance impériale....

Mais passons sur cela et les subtilités de l'héraldique, il y avait d'autres choses à jour. Plus importantes - quoique ? - que les jeux de prestige joués entre grand princes et autres de ce monde....
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeDim 7 Juin - 0:54
Eh oui. Durant la journée précédente ainsi que l'attente de l'audience, Kydonis Dimitrios avait pu glaner toutes sortes de renseignements divers auprès du baron, notamment les détails protocolaires en cour sur place. Et fallait bien l'avouer, malgré sans sang mêlé, l'actuel empereur semblait être bien plus Calave que Gallien, le sang supérieur de cette race ayant éliminé au moins une partie de la souillure barbare des envahisseurs orientaux. Ainsi les manières de cour étaient elles décentes. Correctes. Sophistiquées diraient même certains esprits simples. Un peu trop, mais pas non plus très loin de la vérité. Rien de bien difficile à intégrer pour le ponantique néanmoins, bien au fait des manières de la Coradine et des protocoles divers ayant lieu dans les émirats sanlars. Cela avait fait partie de son éducation après tout. Ainsi que des diverses choses apprises au cour des voyages vers la cité-Etat d'Iskirun, plaque tournant du commerce vers le lointain occident.

Ainsi, parmi les diverses informations glanées, outre les manières de cours et l'étiquette, les revendications poussées par le pouvoir impérial concernant sa domination sur la Valentine n'avaient pas été abandonnées, malgré les échecs militaires et diplomatiques dans la région. Par ailleurs, l'empereur, bien que sacré par son accession au trône en elle même, cherchait à renouer avec la tradition antique où le Sébastaukrator universel était couronné par un patriarche. Une pratique qu'il souhaitait remettre au goût du jour en favorisant ici le patriarche d'Archopole, bien que la raison lui échappasse quelque peu. Après tout, un patriarche n'en valait il pas un autre ? Quoiqu'il y avait cette histoire de prééminence dont on lui avait touché mot précédemment... Tssk.

Ah. Et concernant la Cahogne, il semblait que le dukas de celle ci, non content d'avoir des ennuis dans le Valais pour une sombre affaire d'héritage, avait envoyé au sénat impérial, vénérable insitution qu'il était, bien qu'il douta du pouvoir effectif encore détenu par cette assemblée en ce jour où l'Empire Universel était plus une prétention rhétorique qu'une réalité, ainsi donc devant cette vénérable assemblée dépourvue du lustre et de la puissance de son antique ancêtre, le dukas de Cahogne avait envoyé une plainte pour dénoncer les agissements de certains de ses vassaux....
C'était inquiétant, puisque si le nobilissime devait en passer par là, cela signifiait deux choses. Soit qu'il était trop faible pour faire rentrer dans le rang de lui même ses hommes liges, personnellement, ou bien collectivement, faute à quelques coteries aristocratiques peut être, soit qu'il était un naïf.... Non. C'était impossible. L'homme qu'il avait pu observer en croisade, voir côtoyer brièvement lors des conseils d’États majors, n'était pas un naïf, loin de là. Peut être que cette plainte était là pour la forme ? Oui. Il y avait certainement un motif caché derrière elle, plus qu'un simple espoir d'obtenir un appui du sénat. L'affaire devait être plus complexe que ce dont il en avait saisit par les bruits et rumeurs obtenues avec peu d'efforts. Pas de raison de s'en faire plus que ça.

Mais bref. Là, il avait été attiré par un serviteur pour l'informer que l'un des logothètes du grand maître des offices allait le recevoir.

Un homme banal, en robe noire. Un peu plus âgé que le ponantique. Celui ci l'avait reçu dans un bureau situé dans une aile du palais.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 10 Juin - 23:57
Une fois les présentations d'usage effectuées, le logothèque et le ponantique purent entamer les choses sérieuses. Là, l'occidental exprima les raisons de sa présence en Calave, de même que les ambitions de son maître, le bien aimé Basile de Coradine.

La dernière croisade a sauvée la Coradine. Mais elle n'a rien résolu. L'Etat est ruiné, la terre dévastée et les ateliers et champs désertés. Pis encore, la nécessité à poussée mon prince, et ses prédécesseurs, à lourdement s'engager auprès des valentins. Ils tiennent la bourse. Ils ont ruinés les maisons marchandes. Tout le commerce avec l'Orient passe par eux. Et ils imposent de vils prix. Jusqu'à peu, c'était encore tolérable. Puis il y eut le siège de Port-de-Grâce. Là où les valentins s'étaient engagés à assurer la sécurité des mers contre les sanlars, ils ont laissés leurs barbaresques écumer les flots. Ils ont négociés avec les païens pour obtenir d'autres concessions avantageuses. En un mot comme en cent, ils ont trahis. Et c'est pour cela que je suis ici. Mon prince désir le concours de l'Empereur.

Messire Kydonis.... Votre cause est entendue, et l'Orient tout entier soutient de tout cœur nos frères d'Occident.... Néanmoins vous réalisez que la Valentine rejette le juste joug de notre empereur ? En cela nous ne pouvons intercéder en votre faveur, ni effacer les dettes de...

Je vous en prie, logothèque. Je ne suis pas ici pour mendier auprès de la cassette impériale. Nous ne sommes pas la Cirilie. La Coradine n'est pas aussi éhontée. Non. Nous sommes ici pour obtenir la bénédiction de l'Empereur. La croisade a sauvée la Coradine des sanlars. Si Basile m'envoie en ces lieux, c'est pour la tirer des griffes valentines. En brisant leur monopole sur le commerce occidental. Sa grâce Basile de Coradine a encouragé la création d'une societas que je représente, réunissant les intérêts de la cour de Port-de-Grâce. Celle ci cherche à établir une route commerciale vers la Cahogne, afin d'écouler une part du commerce occidental dans la mer Adrianique. Cela permettrait de remettre en cause le monopole valentin, dans une zone où ceux ci sont peu implantés. Néanmoins, cela nécessiterait de passer par l'Isthme notamment. Nous sommes une principauté faible, appuyant une societas encore plus faible. Les taxes portuaires et de passage nous feraient d'immenses difficultés, au moins à la création de cette route. Aussi requérons-nous l'appui de l'Empereur. Nous demandons à ce que nous soit accordé une exemption fiscale sur le fret de notre societas. Pour mettre à mal l'injuste exploitation valentine de l'Occident, et doter la Ponantique de richesses suffisantes pour ne plus dépendre de l'aide orientale à chaque raid sanlar.  C'est sur cela que nous demandons l'appui, à défaut, le soutien, de la cour impériale d'Augusta.

Voilà. L'essentiel était dit. A voir désormais s'il avait correctement éclairé son interlocuteur sur le sujet, au point que celui ci prenne le temps d'approfondir la discussion afin que les deux parties parviennent à quelque accord....

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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeLun 29 Juin - 12:26
D'un air entendu, le logothèque sourit au ponant, assurant à celui ci qu'il ferait de son possible pour apporter l'attention méritée à sa pétition de la part de qui de droit, toujours en lui assurant que, ô grand Tricéphale, jamais ô grand jamais la Calave ne s'engagerait à reprendre les hostilités de quelque manière que ce soit contre les valentines, celles ci étant des puissances amies avec lesquelles ont entretenait d'excellentes relations d'amitié et d'affaires.... Et de l'interroger, une dernière fois, avant qu'il ne quitte son bureau, sur les raisons qui poussèrent le Dimitrios à chercher fortune vers le septentrion, plutôt que dans les réseaux biens établis du grand Sud, à l'importante clientèle, et d'autant plus fortunée.

C'est fort simple, estimé dignitaire. Cela a déjà été fait. Et à chaque fois, échoué. "Piraterie", répondit il en insistant sur les guillemets, corruption, chantage et, grâce à des stocks conséquents, effondrement soudain des prix, ruinant nos négociants. Les valentins ne nous laissent la moindre chance. Oui, je sais qu'ils ont des comptoirs au Nord du canal, mais leur puissance là bas est moindre. Leurs réseaux sont présents, mais ont moins de poids. Et les Daunes ont cessé la piraterie... De ce que j'ai cru comprendre. En jouant finement, nous devrions parvenir à tirer notre épingle du jeu.

L'affaire était entendue. Et elle se présentait bien. Kydonis aurait à passer une nuit en ville avant d'obtenir une réponse de la part du bureau du maître des offices. Mais bon. Il était confiant d'obtenir une réponse positive, bien que ne se faisant guère d'illusions sur ses chances de réussites. Après tout, l'Empire n'était plus qu'un cadavre, l'ombre de lui même. Ce que les autochtones appelaient un empire, lui, y voyait une pâle imitations du temps des printemps et automnes, ou despotats combattants, gelée, à moitié pacifiée, mais pouvant retomber dans la spirale incessante de violences qu'était celle de la période.... Oh, qu'on ne le méprenne pas, ce qu'il avait observé jusque là de la puissance dite "impériale" était bon à louer, mais il ne se méprenait pas. Ce sage souverain, pour toutes ses qualités, n'avait pour autorité sur ses vassaux qu'une simple puissance nominale, ne pouvant compter que sur son prestige et ses capacités propres, ne pouvant interférer avec ses liges qu'en tant que puissance extérieure plutôt que juge tout puissant. Un bien triste état, de fait.

Se baladant sous les arcades du palais impérial, observant les antiques motifs de ce que fut, en un temps bien loin, les motifs à la gloire d'un temps révolu, le Dimitrios remit la main sur le baron de Munchhaüssen. Le repérant également, celui le salua avant de s’enquérir de ses affaires.

Êtes vous parvenus à vos affaires ? lui demanda le ponant. Car c'était pour cela que l'homme était en Calave. Kydonis n'avait trop creusé la question, mais il savait le baron en affaires avec le palais, bien qu'il ignorait les détails. Ainsi le ponant apprit il que celui ci avait encore à faire pour le reste de la journée, et qu'il ne pourrai retrouver son camarade de voyage que dans la soirée, laissant là le Silentiaire seul pour la journée, celui ci ayant celle ci de libre.
Aussi décida-t-il passer le reste de son temps à errer dans le palais, à observer celui ci et son architecture. Car il y avait une partie de celui ci, observée du coin de l’œil, qui l'avait étonné.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeDim 5 Juil - 12:05
Oui. C'était bien ce qui lui semblait. Il était rapidement passé par là, n'accordant que peu d'attention à l'architecture, préférant observer les passants, leur façon de se vêtir, de porter et parler, afin de glaner quelques unes des manières des indigènes. Mais il n'avait marqué que peu d'intérêt à l'architecture. Et le Tricéphale soit loué, il s'était rattrapé ! Car autrement, il aurait pu passer à côté de ce petit joyau coloré au milieu de cette pierre moche et de peu de goût qu'était le reste du palais, comparé à cet endroit.
Cet endroit qui, dans un serrement de son cœur, lui rappela quelque peu la maison. Qu'il était curieux, d'être si loin de chez soit, et de retrouver une partie de ses repères ailleurs....

Sous les yeux heureux et curieux de Kydonis se trouvait un magnifique patio, fait d'une cour rectangulaire, entourée de galeries, tant à son niveau qu'à n étage, ceinte d'arches sanlars, polylobés, magnifiquement ouvragées reposant sur des colonnes doubles de marbre... Donnant à l'ensemble l'impression de ne reposer sur rien, comme par magie. Puis il y avait la cour à proprement parler, légèrement plus basse que les patios sur les côtés, peut être de quatre pieds, avec en son centre un bassin s'étendant d'un bout à l'autre du lieu, et bordé de plates bandes sur ses flancs.... Et le soleil qui illuminait le tout, donnant une belle lumière sur ce sol chauffé par son rayon divin, réfléchissant ces pierres roses.... Sans parler, également, de ce grand réseau d'arcs recti-curvilignes entrecroisés formant des losanges, qui décore les murs portés par les arches, ou bien ces belles fresques, à l'ombre cette fois ci, dépeignant des belles scènes de la vie quotidienne, au lieu des ouvrages portés à quelque gloire ou piété religieuse comme on pourrait s'y attendre chez les barbares frusques de l'Orient....

Sans faire attention, Kydonis Dimitrios observa les lieux avec davantage d'attention, sombrant petit à petit dans la contemplation, le remord de quitter sa terre si tôt, son cœur se serrant davantage à l'idée de devoir passer de longs mois loin de chez lui, des siens... Petit à petit, il sombrait dans un piège que son esprit se tendait à lui même.... Uniquement brisé par son esprit froid, méthodique, lui soufflant qu'au lieu de se lamenter sur sa condition, sa mission, il pouvait mettre à profit le temps qu'il avait à sa disposition pour retourner à la taverne et fureter en ville, à glaner information, nouvelles et récits des locaux.
Une distraction bienvenue à la froideur qui emparait son être à mesure qu'il philosophait sur sa triste condition et celle de sa terre adorée.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 15 Juil - 14:53
Retournant dans les rues animées de la ville-capitale, le ponant emprunta les rues bondées par l'activité, remplies d'orientaux occupés à leurs affaires ou de paysans des alentours de la cité, se rendant sur les étals des marchés pour écouler leurs produits, une ville de la taille d'Augusta, et sa population populeuse, quand bien même loin de sa grandeur passée, au temps où celle ci était le centre d'un Empire, et non pas la capitale d'une simple principauté aux ambitions impériales.

Passant du temps dans les salles de diverses tavernes, à y dépenser son argent avec parcimonie, le ponant pêchait les informations qui voulaient bien se donner la peine d'atteindre ses oreilles. Ainsi telle tablée de mercenaires se plaignaient de l'absence d'emplois particulièrement bien payants dans la région, étudiant la possibilité d'aller faire leurs armes dans l'Est. Ailleurs, quelques paysans buvaient de la bière, fait assez intéressant, dénotant soit de l'incompétence des collecteurs d'impôts à récolter leur dus, ou bien d'un niveau de prospérité local assez élevé pour que les travailleurs des champs puissent se permettre de dépenser de la monnaie sur des choses pareilles. D'ailleurs, l'idée même qu'ils aient de la monnaie... Certes, dans les environs de Port-de-Grâce et autres cités du ponant, les communautés villageoises avaient les moyens d'obtenir quelques liquidités et ainsi mieux s'acquitter des impôts, les collecteurs ayant pour devoir de favoriser cette dernière manière de payer les taxes plutôt que d'accepter les paiements en nature, quitte à faire souffrir au trésor de recettes d'une valeur inférieure, mais toujours abondant en monnaie commune, permettant au trésor d'être souvent assez bien remplit pour permettre aux états de survivre.... Mais en dehors des zones fermement tenues par le pouvoir, le troc n'était jamais une chose rare, la commune villageoise étant, dans l'idéal ponantique, autonome en tout point. Ce qui leur permettait de ne pas succomber rapidement aux rapines et autres déprédations si courantes qui ravageaient la terre.

Plus Kydonis laissait trainer ses oreilles, plus le sentiment que les terres aux alentours de la cité semblaient prospères et, mieux encore, en paix. Pas de bandits, peu de conflits, un empereur doté de serviteurs compétents, tenant en laisse la noblesse locale.... Si toute la région, tout le domaine de "l'empereur" était tenu aussi fermement, et que ses successeurs parvenaient à maintenir cet état de fait.... il y avait moyen que ces impotents satrapes orientaux parvinssent à établir leur domination sur les terres barbares et divisées, jusqu'à la garde, et rétablir une pâle imitation de ce qu'était l'Antique Empire, pour le rendre à ses légitimes propriétaires de Ponantique ?

En attendant il y avait également ces bruits sur un conflit dans le Valais, une région éloignée, arriérée, disputée par le Cahon, contre un genre de baron ? Sans doute quelques impotents féodaux se révoltant contre leur suzerain, barbares qu'ils étaient, incapables de tenir des serments prêtés...
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeJeu 16 Juil - 1:02
La nuit venant, Kydonis Dimitrios estima que la providence, ne pouvant être éternellement de son côté, il valait mieux rentrer à l'auberge où il avait établi ses quartiers, ainsi que ceux du baron.
Évoluant dans les rues gagnées petit à petit par l'obscurité, il finit par retrouver l'établissement alors que la lumière du jour terminait de laisser la place aux ténèbres de la nuit, l'astre solaire n'étant plus qu'une vague lueur orange dans le lointain, colorant les nuages de sa teinte.

Là, il retrouva ses hommes, mais également le baron de Münchhausen, celui ci ayant donc terminé ses affaires au palais impérial.
Se dirigeant vers sa table, le dignitaire s'enquit donc de la situation de son compagnon de voyage, pour apprendre que celui ci avait effectivement finit des affaires exigeant de sa présence en Calave, et pouvait s'en retourner sans soucis, s'il n'avait encore une petite chose à régler le lendemain au palais, où il en profiterait pour accompagner le ponant. La conversation dériva ensuite sur la région d'où provenait le baron, la ligue de Calave, avait il mentionné auparavant ?

La ligue de Calave, effectivement. Une lâche coalition de cités-Etat, baronnies, communautés paysannes et évêchés au sein même de l'empire, essayant d'imiter les républiques de Valentine pour ne pas être déclassées par celles ci... Avec un succès discutable. De là, on se mis à aborder les divers moyens que les fourbes orientaux surent utiliser pour dominer le commerce régional et contrôler celui ci contre toute concurrence, permettant aux deux interlocuteurs de se faire une meilleure idée des moyens déployés par les valentins en Ponantique comme en Orient pour broyer leurs partenaires et les faire leurs.
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 24 Juil - 12:40
Ainsi, non contents de recourir à des méthodes bien peu honorables, ces chiens de Valentine faisaient usage de techniques de production qui faisaient alors défaut à Port-de-Grâce.
Kydonis se souvenait d'une fois où son père avait évoqué la razzia sur le quartier des diamantaires, du temps de son grand père, quand des marchands de valentine avaient embarqués de force les artisans, vers des cieux inconnus.... En vérité, ceux ci n'avait pas été mis à mort ou vendus comme esclaves. Juste parqués dans un quartier de Ponte, et interdits d'en quitter les murs. Enlevés, vendus, selon les vils persifleurs d'Orient, ceux là étaient condamnés à y travailler, et c'étaient leurs descendants qui poursuivaient leur travail là bas, continuaient à travailler les pierres précieuses extraites des mines du Thalès, vendues aux orientaux, taillées à Ponte, et revendues de par les mers.... C'était l'une des raisons pour lesquelles les valentines écrasaient le duché de Calavène par leur richesse. La valeur ajoutée de leurs marchandises et production était la même qui faisait défaut à Basile. Et ce n'était pas le seul exemple, hélas, d'industries détruites par les sacripants d'Orient. Ainsi la manufacture d'étain, fruit du travail et du génie des artisans et érudits ayant contribué à la fondation de Port-de-Grâce et son brillant héritage artisanal, avait été réduite en ruine au cours d'un accident, ayant livré aux flammes une partie du quartier environnant. Les réparations ne purent jamais être complètes, à ce moment là la main d’œuvre qualifiée pour ce genre de tâche ayant été achetée par les valentins, encore eux. De même pour les superbes ateliers de teinturiers, fabricants de verres ou bijoutiers. C'était heureux que l'on ait encore un certain marché de la soie, ayant encore un certain succès, et que les plantations d'oliviers de part et d'autre du territoire contrôlé par  le duché existent encore, et n'eussent pu être transférés, volés, achetés, par ces criminels déguisés en honnêtes hommes..... On devrait les pendre à des crocs de bouchers, ces sales chiens !

Mais non, les républiques valentines s'en sortaient extrêmement bien, et pas uniquement grâce à leurs méthodes plus que déloyales, leur fourberie, leur usage répandu de la corruption d'artisans et leur.... habilité décente, dans la construction de navires.....
Il y avait aussi, lui apprit le baron, d'autres facteurs à prendre en compte, que l'on voyait être mis en place, bon gré mal gré, avec plus ou moins de succès et de talent, des méthodes et manières de faire.
Ainsi les artisans avaient ils moyens de contourner certaines des restrictions posées par les guildes et leurs règlements rigides, notamment en installant leurs ateliers hors des remparts, permettant d'organiser la production de textiles et matériaux forgés, et de les raffiner chez eux ou dans lesdits ateliers.
Il y avait également le pouvoir des podestats. Ces dirigeants des cités rendaient des comptes à des assemblées locales, unifiées dans les grandes villes, et composées de pairs. Souvent des marchands et les évêques de la région. Par ce moyen, ces groupes dominaient la société, et défendaient férocement leur intérêt commun, souvent en conflit avec la petite noblesse héréditaire, dont les intérêts locaux étaient en conflit avec ceux de cette classe marchande sans une once de piété. Ainsi une classe d'administrateurs lettrés avait petit à petit émergée au sein même des grandes cités, voyageant en campagne et, édictant les volontés du podestat et des assemblées, mettait en œuvre leurs desiderata en ces affaires que sont la justice, l'administration des terres et la taxation. Une manière outrageuse, selon son interlocuteur, de contourner les tenants légitimes des terres et leurs d'autant plus légitime droit de gérer leurs affaires privées, de manière privée, plutôt que de devoir passer par un groupe lettrés corrompus passant leur temps à se chamailler entre eux.
D'un autre côté, les grandes propriétés foncières, fleuron d'agriculture aux alentours des grands ports et fleuves de Valentine, et leurs hordes de paysans équipés de faux.... Un outil connu depuis longtemps de par l'Ancien Empire, mais néanmoins réservé aux travailleurs les plus riches, eux seuls pouvant se permettre l'obtention de pareil outil, si cher mais si utile....
Après il y avait également les foires, locales et régionales, qui animaient les républiques, encouragées et encadrées par lesdits lettrés corrompus et chamailleurs.... Qui ne perdaient leur temps pour taxer tout ce qui bougeait.
Plus prosaïquement, il y avait également l'usage des lettre de crédit, très pratiques pour les commerçants valentins, étant donné les risques encourus par les marchands pratiquant le commerce au long cour, par-de-là les mers.... Le rendant encore plus profitable. Sans compter un réseau de chantiers navals, dépendant des assemblées des cités, organisés par celles ci, entretenus par celles ci et se conformant à des exigences arbitraires, néanmoins nécessaires. Du peu que lui décrivait le baron sur pareilles infrastructures, ça ressemblait fort aux chantiers navals de Coradine, ceux là même dont on disait qu'en une journée on pouvait en faire sortir une trirème, mais aujourd'hui à l'abandon, négligés, faute de liquidités.
Par ces installations, l'on était jamais à court de navires et péniches dans les républiques pour le transport de biens le long de la côte, accroissant encore davantage la richesse des lieux.... Une histoire de monnaie qui flottait, circulait, plutôt que de rester dans un même endroit.... Loué soit le Tricéphale, il était né dans une famille à la dignité élevée, mais cela ne l'avait empêché, loin de là, de faire ses armes en tant que marchands, chirurgien, logisticien de la tagmata de Basile puis avait été en charge des douanes de port-de-Grâce. Par son expérience, il parvenait à visualiser, à schématiser, simplifier les propos complexes que lui servait son interlocuteur sur les mérites de la circulation monétaires et des biens à travers les territoires, permettant à ceux ci de s'enrichir, plutôt que de laisser la richesse au sein d'un même endroit, stagner et pourrir. C'étaient ses propos, mais le ponant devinait derrière ceux ci une pensée plus complexe qu'il ne l'aurait cru possible de la part d'un barbare oriental... Et le pire, c'est que ce qu'il lui disait correspondait à son expérience personnelle. Diable.
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeMer 29 Juil - 0:49
Ces histoires de coopérations entre marchands, de mises en communs de fonds, sous le contrôle de maisonnées et guildes, ces "banques", les services qui y étaient liés, conjuguée aux chantiers navals et manufactures construites et entretenues à grands frais par les cités de Valentine, auxquelles étaient ajoutées le savoir faire d'artisans enlevés, réduit en servitude, volés, achetés, à grands frais hors de la péninsule, voilà quelle était la raison du grand succès initial des républiques, et la source de leur très grande richesse, assez importante pour permettre à celles ci de se doter de compagnies de mercenaires en quantités telles qu'elle pouvaient se permettre de lutter à armes égales contre les grands seigneurs du Nord, et même l'Empereur en personne.

Par ailleurs, et cela, Kydonis le savait par son expérience personnelle et l'observation des raisons des échecs des marchands ponants essayant de rétablir et dominer le commerce vers l'Orient, les républiques parvenaient à écraser sous leur botte toute concurrence dans la mer cardinale. Comment ? En réalisant des stocks. Leur aisance financière leur permettait d'acheter à prix fort et revendre à perte des marchandises, encore plus aisément grâce à des stocks, sous bonne garde dans les républiques. Une mesure couteuse, mais permettant de noyer les points de vente sous des marchandises à faible coût pour ruiner des concurrents venant les embêter sur leurs plates bandes.
En clair ? Ruiner l'ennemi avec une masse monétaire et de biens supérieure à celle de l'ennemi, tout en usant des moyens détournés, accidents, vols, corruption, chantage et piraterie contre les navires de Ponantique.

Telle était la raison du succès, selon Kydonis, des républiques de Valentine. La convoitise, l'appât du gain, la trahison et le moyen de détruire toute concurrence pour ainsi profiter d'une situation de monopole, les enrichissant grâce à des prix élevés, dégageant des marges toutes aussi grandes, mais que nul ne pouvait contrer.

De bien mauvais tryphasistes quoi. Surtout qu'ils se livraient à la traite d'être humains. Oh. Certes. Pas de tryphasistes, pas toujours.... Mais tout de même. Il les avait saisis, leur journaux de bords. Leurs registres. Et, comme tout ouvrage, il les avait décortiqués jusqu'à l'os, à la recherche d'irrégularités, pour mettre les doigts sur leurs embrouilles, ces sales petits escrocs cherchant en plus, malgré leur richesse, à doubler les douanes de Port-de-Grâce.
Et qu'avait il apprit, en consultant ces journaux de bords ? Ces registres ? Eh bien que ces sacs à purins importaient du "bois de Vulgarie", depuis l'estuaire de la Yurga ou sur les contreforts de la Cordillère Orientale, acheté auprès de marchands ou contacts locaux, pour le charger à bord de leurs navires vers l'Alterinde Albine, voir, pour les plus entreprenants, les pires d'entres eux, les plus méprisants, jusqu'à Cafour, Darkthar et Merrûn, pour revendre cette marchandise là au sultanat Munshaqqins....

Oh. Au fait. Par "bois de Vulgarie", il faut entendre "esclaves de Vulgarie". Oui. La traite d'êtres humains. Un commerce pas forcément interdit par les commandements du Tricéphale, vous répondrat-on.... Juste très mal vu. Et interdit concernant les croyants. En l'ocurance, pas grave puisque ça ne concerne que de sales païens n'est ce pas ? Un commerce avec des hérétiques, qui renforce et enrichit les braves et pieux croyants de Valentine....
Ah ! Les vils chiens ! Puissent leurs dents se gâter et leurs cheveux se décoller ! Ces sales menteurs ! Ces méchants ! Ces connards d'hérétiques ! Il n'avait de mots assez forts à l'adresse de cette sale raclure de fond d'égouts qu'était l'ensemble des négociants s'adonnant à cette pratique honnie. Car ce qu'ils ne disaient pas, ces traîtres et parjures au Tricéphale, c'est que ces esclaves.... D'une, tous n'étaient pas forcément des païens. Eh. Comment le savait il ? Il y reviendrait plus tard. Non. Le plus gros problème que créait ce trafic, c'est certes il prenait aux sanlars de l'or.... Mais il les renforçait ! C'était faire fit de leurs traditions martiales ! De l'emploi d'esclaves dans leurs rangs ! Les terribles cavaliers qui écrasèrent les armées coalisées à Marameth.... C'étaient eux par le Très Puissant !
Kydonis Dimitrios
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MessageSujet: Re: Vers l'Orient Septentrionnal Vers l'Orient Septentrionnal Icon_minitimeVen 31 Juil - 19:44
Eh oui. Ces chiens de valentins renforçaient les ennemis des États d'Occident par leur commerce impie avec les païens. Non pas que commercer avec eux soit mal non non non. Mais il y avait des limites à fixer. On ne pouvait tout permettre. Et surtout pas d'autoriser des pirates et contrebandiers orientaux d'aller écouler la vente d'hommes et de garçons orientaux dans le sultanat Munshaqqins. Des esclaves que l'on était même pas certain d'être des païens. Après tout, pour ce qu'on en savait, il pouvait certainement bien y avoir de bons tryphasistes dans le lot, cette peste qu'était les négociants valentins, toujours prêts à faire des profits, quitte à vendre leur propre sang, n'ayant certainement que peu de cas à l'égard de leurs coreligionnaires.
Mais presque aussi pis que le statut de ces âmes vouées à la servitude éternelle, il y avait les enfants arrachés à leur famille, embarqués sur les navires des valentins, pour être amenés aux marchés munshaqqins pour y être exposés comme de vulgaire morceaux de viande et vendus aux plus offrants. Et le pire restait à venir....

Certains étaient achetés par les sultans et émirs à grands prix.... Non pas pour satisfaire de bas désirs et autres lâches instincts.... Mais au contraire donner à ceux ci un strict entraînement dans leurs maisonnées. Se substituant à leurs pères, ces puissants seigneurs devenaient les nouvelles figures paternelles de ces esclaves achetés à grands prix, les éduquant dans les mystères du panthéon sanlar, la littérature voir même les arts, tout en leur apprenant les moult aspects de l'escrime à cheval, transformant ces étrangers en redoutables combattants, absolument loyaux à leur maisonnée, celle de leur maître et, une fois émancipés, demeurant à son service jusqu'à leur mort, servant le père et ses successeurs.
Kydonis savait que chaque émir sanlar pouvait avoir au moins une centaine de ces guerriers, et le dernier sultan Munshaqqins, avant que sa puissance ne soit brisée et ses armées renvoyées par-delà le Réhan, avait lui même, au soleil de sa gloire, quatre milliers de ces esclaves personnels, ainsi que les recrues nécessaires pour pallier au pertes.
C'était une puissance à réellement redouter sur le champ de bataille. Une puissante armée que celle de ces esclaves guerriers prêts à mourir pour un maître qu'ils considèrent comme un père. Une armée d'autant plus à craindre que leurs généraux, sultans et émirs, avaient les moyens de les acheter, les éduquer, les entraîner, les équiper, mais aussi les remplacer, lorsque ceux ci mouraient lors des épidémies courantes qui avaient lieu dans la vallée de la Daktaride, les miasmes se développant allégrement à chaque été, prélevant un lourd tribu dans les rangs de ces esclaves soldats d'origine étrangère, en provenance de contrées plus froides, moins adaptées aux chaleurs estivales du sultanat.

C'était ce genre d'arme, que les valentins créaient en poursuivant leur petit commerce avec les sanlars. Le même genre d'arme qui avait écrasée les armées des Etats d'Outremer. Infligée tant de pertes et difficultés aux armées croisées.
Une rancune de plus que Kydonis avait à l'égard de ces porcs d'Occidentaux....

Ils continuèrent à discuter jusque tard dans la nuit à l'auberge, avant de finalement se laisser tomber dans le sommeil, l'heure tournant et chacun d'eux ayant à faire le lendemain.
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