Je tord mes lèvres. Ronge mon frein. J’exulte, intérieurement – c’est la rage Cahonne qui s’empare de moi. Mon sang bout. Je cracherais des flammes si je le pouvais.
Mais Jean a raison – Je suis moins colérique que mes frères ou le reste de notre famille. Ce qui compte c’est ce que je peux gagner maintenant.
Alors je tape contre le bras de la chaise et rigole, honnête :
« Très bien ! Je vais vite rattraper Salignac, m’excuser en rigolant, et lui dire que j’accepte. Que Clotilde deviendra ma vassale et qu’elle pourra donner le Porez à son fils aîné. Ou sa fille. »
Je bondit hors de la chaise et me prépare à rattraper le bouteiller.
« Ensuite, je reviendrai, et on pourra tenter de faire un peu connaissance, non ? »
Je course Salignac vers les escaliers. Lorsque je descend, il se tient juste devant la porte de la salle d'apparat, à lancer quelques mots rapides avec Domice d'Aigues. Je le hèle à distance :
« Messeigneurs ! Attendez un instant ! »
J'affiche un grand sourire, comme toujours. Bordel je suis fort pour sourire, alors même que je voudrais demander à mes Housecarles d'étriper ce sale enfoiré de vieux noble sur place.
« Mon orgueil est de mauvais conseil. Vous avez raison, j'ai passé trop de temps en Ponantique - c'était plus simple de négocier avec des émirs. Mais je souhaite sincèrement devenir l'ami de votre sire.
J'accepte. Tout. Clotilde deviendra ma vassale. Son fils aîné héritera. Respectons les coutumes. C'est ce qui sera le mieux dans le temps, pour nos deux patries. »