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Armarius
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MessageSujet: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeJeu 16 Fév - 11:07
Le murmure des oiseaux

Le murmure des oiseaux Main-qimg-9daca9c78a4f66e110e16d9c805f8d8f-lq
Suite aux révélations du chambellan Odilon le Chétif, Eudes avait décidé de rencontrer Cécil de Saint-Saëns. Ce n'était pas une entrevue officielle avec tout le cérémonial et les manières, mais une discussion informelle entre maître Corvus et maître Aves, les avatars anonymes du duc et du baron.
Eudes avait fait le chemin de Noyer-le-Grand dans son costume de pseudo-marchand pour rejoindre une petite auberge relais établie sur la route de Soulans à Villebonne, non loin du village de Montravel situé entre le bois de Vaire et le fleuve de la Bréa. Nous étions ici sur les terres du baron Guillaume IX des Murets comme le rappelait au loin à celui qui levait les yeux sur l'horizon la puissante forteresse de Noirfaucon dont les tours sombres se détachaient d'un ciel bleu azur.
Le duc était accompagné de quelques housecarles dissimulés et de son fidèle chambellan.

« Méfiez-vous de Saint-Saëns monseigneur, peut être se doute t-il de quelque chose. Il est rusé, s'il se sent menacé il ne se laissera sûrement pas faire. »

L'auberge, un peu à l'écart du village qui n'était rien de plus qu'un hameau de quelques maisons avec une chapelle, était occupée par quelques voyageurs de passage venus se restaurer. Une écurie était accolée au bâtiment principale où ceux munis d'un sauf-conduit ducal pouvaient emprunter gratuitement des chevaux frais. Eudes y déposa le sien sans que le garçon de ferme qui prit la bride du cheval ducal ne se doute qu'il venait de croiser le maître du pays dans lequel il vivait.
L'intérieur du relais était d'une grande simplicité, sombre avec peu d'ouverture et éclairait par quelques bougies. Un endroit parfait pour une rencontre discrète.
Eudes repéra une grande silhouette sombre dans le fond : maître Aves.
Lui aussi était venu en simple voyageur, sans faste ni richesse, ne tenant à la main qu'un chapelet de bois qu'il s'empressa de ranger lorsqu'il aperçu son suzerain qu'il ne reconnu pas tout de suite.

« Maître Corvus ? Avez-vous fait bonne route ? »

Cécil était parfaitement dans son rôle. Dans ses manières, sa façon de bouger et de parler, Eudes ne reconnaissait pas son vassal. Il était un autre homme. Son ton était tout différent de celui qu'il employait lorsqu'il était au conseil, là il semblait s'adresser à son semblable, non à son suzerain.
A peine assis à la table que la tenancière vint prendre les commandes.

« Alors qu'est ce qu'ils vont prendre les deux messieurs ? Bière ou vin ? Et pour le repas nous avons du cochon aujourd'hui. »

Vivant à la frontière entre le Pays-Plat et les Landes, son landique était empreint de quelques accents du Nord.

échec du jet d'observation
Autour d'eux se trouvaient plusieurs clients. Certains mangeaient, d'autres jouaient aux cartes. Mais combien étaient à la solde du baron ? Avait-il infiltré la place en y plaçant ses pantins près à surgir pour défendre leur patron ? Tous avaient l'air de simples vilains, lesquels portaient une cotte de mailles sous leurs guenilles ? La tenancière elle-même était une agent double ? Allait-elle empoisonner la nourriture du duc ?

« Je vais prendre un simple verre de vin. Et vous Corvus ? »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 19 Fév - 18:18
Depuis mon retour de la croisade, il y a un plaisir simple que j’avais oublié — celui de courir le pays à cheval. Non pas que l’équitation soit rare pour les grands princes, mais il est compliqué pour un duc d’aller chasser ou se promener sans être entouré de toute sa suite de clercs, d’huissiers et de courtisans qui s’approchent de lui pour le garder et lui obéir. Le duc et le duché sont une seule et même personne, comme je ne cesse de le découvrir chaque jour depuis que je suis rentré dans ma terre natale.
Il est facile de se sentir étouffer, à force de voir des hommes partout. Surtout lorsqu’on n’y a pas été préparé. Je n’aurais jamais dû être duc — c’est un triste destin qui m’a amené à devenir un prince de l’Empire, et je ne suis que le second fils, le choix par défaut. Je n’ai ni eu l’éducation et la préparation de mon aîné, ni les faveurs et les cadeaux de mon cadet, Lothaire. Pendant longtemps, ma vie n’a été que ça : mes frasques et mes aventures personnelles, les tournois et la poésie. Puis je suis parti guerroyer bien loin de là, et je suis devenu un homme dans un pays en guerre, et je n’ai plus jamais été le même.

Le déguisement de maître Corvus, je ne l’ai pas inventé récemment. Lorsque j’étais jeune, il arrivait souvent que je quitte le palais habillé comme un simple bourgeois, avec mes frères, ainsi que Toussaint et Raymond. Nous buvions dans les tavernes, et on chahutait avec les gamins du collège des Landes. L’habit fait le moine, et il est formidable comment il est aisé de changer de nature alors qu’on change son surcot, comme si le textile était une seconde peau — ça et la manière, les mimiques, même l’accent. Quand j’habite maître Corvus, je cesse de parler en beau landais de cour, et je sors des expressions et un ton plus rustre de platois, comme mon père avait l’habitude de parler dans un cadre plus intime. Nous les Bohains sommes aussi crottés que les Tancarvelles, mais on sait tromper notre monde, et se faire passer pour ce que nous ne sommes pas vraiment.


Il a fallu préparer mon départ de Noyer-le-Grand. Il est dur pour un duc de s’absenter soudainement, son corps ne lui appartient pas vraiment — j’ai dû prétendre vouloir aller rendre visite à un monastère, comme un pieux croyant, afin d’expliquer mon refus d’être très entouré. Comment m’en vouloir ? J’ai beaucoup à me faire pardonner de cette courte campagne militaire, surtout les massacres d’Eustache Tancarvelles qui m’ont profondément dégoûté.
J’ai donné mes ordres au connétable Charles d’Annequin : repeupler toutes les garnisons avec nos soldats, saper les passages qui nous avaient servi à conquérir la forteresse de Claujacques, et demeurer sur la défensive. Les prisonniers que nous avons faits ? Mon accord avec le Maurannais Malestoit demeure : en échange de parler avec ses troupes, de leur assurer de son erreur dont il prenait l’entière responsabilité, je permettrais à ses soldats de partir avec un sauf-conduit, sous la garde de prévôts, jusqu’au pays Mauranne. Bien qu’ils ne soient pas tous Maurannais, ils pourraient se réformer là-bas, et peut-être redevenir des mercenaires loyaux, s’ils retombaient sur le lieutenant que j’ai épargné…
Peut-être eut-il été plus simple de tous les tuer, mais je craindrais alors d’à nouveau faire affaire avec d’autres mercenaires.
Du reste, la campagne du Vaujour était maintenant quasiment achevée, et il ne me restait plus qu’à négocier avec Landebroc pour enfin trouver une sortie diplomatique à toute cette guerre. Mais ça, il y aura le temps d’organiser, plus tard.



Ce ne sont pas beaucoup de cavaliers qui m’accompagnent alors que je prends mon habit de maître Corvus : un chariot avec des vivres, pour faire croire à de la marchandise, et une petite dizaine de housecarles habillés comme des bûcherons. Ils font affreusement peu discret : ce ne sont pas tous les marchands qui sont escortés par de grands gaillards de six pieds de haut aux chevelures blondes nattées. Ce n’est pas tant pour leur subtilité que je fais appel à eux, c’est certain. Les housecarles ont loyalement servi mon père, et ils m’ont également bien suivi en croisade. Certains d’entre eux étaient présents avec moi en Ponantique, où ils gardaient ma tente lorsque je dormais, et mon corps quand je m’approchais d’une bataille. Les chevaliers n’aiment pas mes housecarles, ils les ont toujours jalousés, mais je me sens toujours en grande sécurité lorsque je marche à leurs côtés ; ils ne peuvent pas être achetés, ils ont une loyauté personnelle envers ma famille, et je les couvre de faveurs dès que possible. À part eux et Odilon, personne n’est avec moi — c’est un de ces instants où j’aime prendre les choses moi-même en main, car l’on est rarement mieux servi que par soi-même. En une soirée, j’avais déjà réussi à remettre toute la Pègre de Soulans dans ma poche, je me demande si je vais devoir gérer tout le duché à cette manière…



Nous nous approchons du relai où Odilon a organisé le rendez-vous. Une petite auberge sans trop d’intérêt, petite et tassée, sans étage, sur le bord d’une route assez fréquentée. Odilon me dit de faire attention, ce à quoi je lève un sourcil.

« Cécil est très rusé, c’est vrai. »


Je tourne l’encolure de mon cheval, un peu fatigué par la marche. Je trouve Baldur, l’un de mes Norges, qui observe distraitement le grand château bien immense qui marque les terres du domaine des Murets.

« Connais-tu l’emblème des Saint-Saëns ?
– Je ne crois pas, votre grâce.
– C’est une rose rouge unique. Quand nous irons à l’écurie, essaye de trouver les effets du sire Cécil, et essaye discrètement saboter sa selle — s’il doit s’échapper en toute hâte, il n’ira pas bien loin. »


Je pointe du doigt la charrette qui nous accompagne.

« Celle-ci va se séparer de nous et attendre un peu plus loin sur la route vers Malicorne, au cas où des intrus arriveraient. Inutile de tous nous presser dans cette auberge — seuls deux housecarles m’accompagneront, les autres attendront tapis autour du bâtiment.
Odilon, tu entreras juste après moi avec eux deux, et te fera passer pour un simple client. Je compte sur tes yeux et sur tes oreilles, afin de prévenir s’il y a un danger. Si tu souhaites que je quitte tout de suite l’auberge, car tu as vu quelque chose de dangereux, tu n’auras qu’à chanter une chanson Platoise — et si au contraire, tu penses que nous devons nous passer à l’action et prendre Cécil, tu chanteras une chanson Landaise. »


Je lui fais un petit sourire entendu. Il y a quand même planification plus élaborée, mais inutile d’en faire trop. Je vais probablement juste discuter avec Cécil, obtenir quelques informations, puis rentrer à Noyer.



Quelques instants plus tard, et me voilà débarrassé de mon cheval, et à l’intérieur de l’auberge. Il y fait sombre, et très frais, ce qui n’est pas pour me déplaire vu la saison — aujourd’hui est un jour très chaud. Je me retrouve à me balader un peu hagard, à chercher Cécil du regard au milieu de cette taverne.
Sous mon manteau, je sens une dague longue accrochée à ma jambe. Je porte une simple cotte de maille sous mes vêtements, une précaution fort utile quand on se déplace dans la campagne, surtout quand on est duc de Cahogne et que notre pays est en guerre.

C’est plus Cécil qui me reconnaît que l’inverse, malheureusement. Il hausse la voix et lève la main, se faisait clairement découvrit — lui est dans son élément, son travail doit l’inviter à la discrétion et au subterfuge. Je joue mon rôle et vint m’approcher de lui. Et alors qu’il fait preuve d’une grande familiarité, je la lui rends.

« Salut, Aves. La dernière journée a été plaisante, au moins. Et vous donc ? »

Je m’affale sur la chaise devant lui, et me décoiffe en retirant un simple bonnet de feutre que je pose sur la table. Et tandis que la tenancière arrive et que Cécil passe commande, je l’interromps aussitôt avec un rire.

« Je vous en prie ! Amène donc un pichet, ma sœur, il est pour moi. »

Je ne suis pas paranoïaque, mais un vieux réflexe de croisé m’interdit à boire seul. Plus facile de ne pas être empoisonné si on a le même alcool — à moins que le poison ne soit directement dans le fond du verre. C’est qu’ils sont ingénieux, les haschischins…
Je fais le malin, j’agis de façon détendue, avec un grand sourire. C’est du théâtre. En réalité, je ne suis pas du tout dans mon élément. Cécil lui n’a pas besoin de feindre quoi que ce soit — je sais ce que je risque, à jouer ainsi près de lui.

« Sacré pays, le Valais, j’en ai à vous raconter, je sais même pas par quoi commencer…
Mais c’est sûrement plus facile pour vous, alors dites : comment va Soulans ? J’ai entendu dire que le prévôt des marchands avait rejoint le conseil ducal ! Depuis quand Delphin fait ami-ami avec le duc ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 19 Fév - 19:59
Obéissant à son patron, Baldur, connu comme le champion de l'arène du Valet Noir, partit pour les écuries à la recherche du cheval du baron de Saint-Saëns. Mais celui-ci ne voyageant pas avec sa livrée, le housecarle ne vit aucune rose de gueule sur fond d'argent. Toutefois, contrairement à ce que pouvait penser bon nombre de la noblesse de Cahogne, les Norges n'étant pas des imbéciles, Baldur interrogea le garçon de ferme. Avec une rapide description du sire de Saint-Saëns et quelques deniers pour lui délier la langue, on lui désigna la monture de celui qui se faisait appeler maître Aves et le Norge put remplir sa mission.

Il était impressionnant de voir Cécil de Saint-Saëns jouer la comédie. Lui qui était si discret lors des Conseils semblait ici être un autre homme. Il affichait un large sourire que peu auraient pu déceler comme factice.

« Je vois que vos affaires se portent bien Corvus, mais le prochain pichet sera le mien ! »

La tenancière apporta un pichet et deux verres que maître Corvus servit avant de trinquer avec le baron.
réussite du jet de vigilance
Eudes put constater que Saint-Saëns buvait réellement son verre, écartant l'idée que le vin puisse être empoissonné... à moins qu'un homme comme Cécil ne soit immunisé contre ses poisons ? Mais le liquide, bien qu'il s'agissait d'une horrible piquette, semblait tout à fait normal.

« C'est en effet une bien étrange alliance que de voir ce Jacques Delphin à la cour, mais que voulez-vous, notre duc croit pouvoir arranger les vieilles querelles qui l'opposent à sa capitale. En tout cas, j'ai entendu dire que le prévôt était ravi de cette reconnaissance. »

Pendant que Saint-Saëns parlait, Odilon entra et s'installa à une table un peu plus loin dans un coin où il pouvait aisément observer le duc discuter avec son maître espion.

« J'ai eu vent des nouvelles du Vaujour. A ce qu'il paraît le duc aurait reprit les places fortes et capturés cet odieux capitaine qui rançonnait le pays depuis deux ans. Une bonne chose, assurément. »

Maître Aves reprit une gorgée, il ne faisait aucun doute qu'il buvait réellement. Puis il prit un air plus sérieux.

« Mais vous savez, mes affaires m'occupent beaucoup, je suppose que les votre aussi, alors pourquoi ce rendez-vous Corvus ? J'imagine que vous ne voulez pas simplement me parler du pays ? »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 26 Fév - 17:59
Cécil est un excellent comédien. Mais moi aussi, je peux parfois tromper mon monde. Alors que nous discutons tous les deux par sous-entendus, comme deux marchands de draps, je hoche gaiement de la tête aux quelques nouvelles que l’on me donne de Soulans.
Mais lorsque vient mon tour de parler, mon sourire se dissipe, je fronce un peu des sourcils, et voilà que je prends une mine plus préoccupée.

« C’est justement le Vaujour qui me fait venir ici, Aves. Ce que vous entendez à Soulans est vrai, j’ai suivi l’armée du duc en la ravitaillant — cela m’a permis de me faire un joli pactole, au passage, mais soit — et oui, sa seigneurie Eudes est parvenu à réoccuper toutes les forteresses que son père avait laissé aux Maurannes.
Ce que l’on admettra pas à la cour ducale, c’est que ce n’est pas du tout le courage des chevaliers Landais qui a triomphé. Plutôt la diplomatie et la trahison. Apparemment, les mercenaires Maurannais étaient très divisés entre eux, beaucoup ne se sont insurgés que parce qu’ils s’imaginaient une trahison interne, et l’un des grands seigneurs du bâtard du Valais lui-même s’est retourné pour offrir un château à notre duc. »


J’attrape le verre qu’on m’a servi, l’amène près de mes lèvres, et fait mine de le boire — je le repose en fait très rapidement sans avoir absorbé de liquide, distraitement, et renchaîne tout de suite pour détourner son attention.

« Cela me fait craindre pour la sécurité de votre frère, qui a été enlevé par des brigands dans la région… J’ai envoyé discrètement des sbires dans le Valais pour retrouver sa trace, mais ils ne sont pas encore revenus pour m’offrir une piste.
Je me demandais si vous aviez vous-mêmes trouvé quelque chose à Soulans, là-dessus. Je commence à suspecter que son enlèvement n’était pas juste le fait de quelques avides criminels, mais peut-être l’un de vos concurrents qui souhaite vous nuire… »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeLun 27 Fév - 20:19
« Je crois que le courage des chevaliers Landais n'a jamais triomphé de rien, mais leur bêtise a souvent faire perdre beaucoup au pays. »

Saint-Saëns était Platois d'origine et n'en manquait pas une pour tacler ses cousins du Sud.

« J'ai entendu dire que le Haut-Sénéchal du Valais avait rejoint le duc. J'espère que notre bon suzerain sait ce qu'il fait, les valaisans sont perfides, à sa place je ne ferais pas aveuglément confiance à un opportuniste. Si j'avais un conseil à lui donner, c'est de garder son nouvel allié sous surveillance et de beaucoup s'en méfier. »

réussite du jet de duperie
Saint-Saëns reprit une gorgée en même temps que Eudes, ne remarquant pas que celui-ci n'avait fait que tremper ses lèvres.

« Depuis quand vous préoccupez-vous de mon frère Corvus ? Vous comptez m'aider à le faire libérer ? Vous n'avez jusque là montrer aucun intérêt pour lui et son enlèvement ne vous a semble t-il jamais inquiété plus que cela.
J'ai moi même déployé mon réseau et je sais où il se trouve. Je n'ai pas attendu qu'on m'apporte l'information, je préfère agir par moi-même.
Mais qui selon vous pourrez bien vouloir me nuire Corvus ?
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 5 Mar - 16:47
La pique sur les chevaliers Landais me fait caqueter d’un semi-rire jaune. Je suis un chevalier Landais, et pourtant mes ancêtres sont Platois — j’ai toujours trouvé cette rivalité entre ces deux nations parfaitement puérile, mais ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent se vanter d’être des chimères métissées de deux pays.
Idéalement, dans un futur idéal, nous le serons tous, mais ce n’est pas le genre de chose qu’il faut crier à voix haute…

Au ton très accusateur de Cécil, je réponds avec une sorte de pédantisme assumé.

« Vous avez raison, Aves, l’enlèvement de votre frère ne m'empêche pas de dormir la nuit, surtout qu’entre nous, il s’est un peu fait avoir tout seul.
Ce qui compte à mes yeux par contre, c’est notre bonne relation entre vous et moi, pour ça que je me fais chier à le chercher — et puis, s’attaquer à un marchand de notre hanse, c’est s’attaquer à nous tous ensemble, c’est une question de principe que de tout faire pour le libérer, pas vrai ?


J’admets ne pas du tout être satisfait de la réponse du maître-espion : ça pue la trahison. A-t-il négocié en secret la Marie afin de récupérer son chien de Rodrigue ? Pour l’heure, je joue à l’idiot.

« Figurez-vous que j’ai pu parler au brigand qui a encagé votre frère, d’homme-à-homme ! Selon lui, s’il a trahi son contrat malgré le métal qu’on lui payait, c’est parce qu’un gars de notre hanse est venu lui souffler des choses à son oreille : il pensait que nous allions le trahir et a joué son coup d’avance, en espérant filer. Suspect, pas vrai ? Y a un rat parmi nous. Enfin, on est tous des rats, mais un un peu plus néfaste que les autres…
Enfin comme vous dites, les Valaisiens sont perfides, ils semblent très forts pour s’entre-égorger et ruiner leurs plans entre eux, je suis certain que notre bon duc pense pareil… Encore qu’il a pas la patience pour ça, il a fait quelques horreurs dans un château, j’ai entendu des rumeurs. »


Je m’enfonce dans ma chaise, et croise les bras.

« Mais hé, c’est une excellente nouvelle si vous avez pu retrouver votre frère. Encore que vous auriez pu venir me voir. Il s’est fait prendre en accomplissant une mission pour moi, ça serait logique donc que ce soit moi qui assume sa rançon et sa libération, non ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 5 Mar - 17:53
« Un rat vous dite ? Ou plutôt un renard ? »

Saint-Saëns resta pensif un instant.

« Il suffit de ce petit jeu Corvus. Vous savez que je possède Marie. Comment ? Je l'ignore, mais vous êtes bien informé. Jamais vous n'auriez organisé ce petit rendez-vous autrement.
Oui, la fille est bien vivante. Je la garde actuellement enfermée dans mon hôtel.
 »

Saint-Saëns reprit une gorgée de vin. Il restait impassible malgré les révélations qui le compromettaient.

« Vous n'aviez jusque là jamais montré beaucoup d'entrain à libérer mon jeune frère, et j'ai bien cru que vous vouliez le laisser mourir. J'ai donc voulu échanger la fille contre sa vie.
Certes, il a fait des erreurs et ce n'est pas le meilleur homme de Cahogne, mais il est mon frère.
 »

Le baron eu un sourire sincère.

« Bravo Corvus. Je ne vous sous-estimerai plus. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeMar 7 Mar - 11:45
Aux révélations pourtant attendues de Cécil, une intense colère me traverse. Sous la table, je serre mon poing si fort que le cuir de mon gant se craquelle, et je dois prendre sur moi pour ne pas me soulever afin d’attraper le maître-espion par le col — c’est le souci de notre étrange contexte de familiarité.

Mais à quoi bon ? Bastonner un de mes puissants vassaux comme le dernier des truands ne serait pas plus avantageux dans ma position. Surtout qu’il a toujours Marie dans son hôtel…

Alors, je souffle vite du nez pour me calmer, et mon visage dissipe tout sourire ou semi-amusement feint.

« Et moi je vous ai sur-estimé, Aves. Vous auriez pu me ramener la nonne, prétendre l’avoir libérée vous-même avec subtilité et discrétion, et vous auriez eu tous mes bienfaits. Vous auriez été le véritable héros de toutes ces affaires, dépassant ainsi les accomplissements du manchot ou du poliorcète-en-chef ; n’importe quoi que vous exigiez, je vous l’aurais donné.
Et vous avez cherché à agir dans mon dos ? Tout ça pour votre frère ? »


Je fais la moue, et hoche la tête de gauche à droite. Au lieu d’avoir l’air en colère, je fais mine d’être déçu, voire blessé.

« J'admire votre loyauté envers votre famille. Mais Aves, je ne vous ai pas nommé mandataire de mes affaires juste pour faire chier le cureton. Enfin, si, un peu quand même… Mais de tous les marchands de la hanse, vous êtes celui qui a le moins fait du tort à mon prédécesseur, et je souhaite votre amitié. Vous êtes efficace et subtil, et même si je serai toujours méfiant de vous, c’est un gage de votre qualité — mais chercher ainsi à me diminuer, c’est grave, très grave.
D’autant plus que je veux que vous sachiez une chose sur moi, Aves : Mes amis et mes ennemis, je les repaye toujours en entier. Votre frère, je n’aurai jamais froid aux yeux de l’envoyer risquer l’enlèvement, ou la mort pour moi — mais j’assumerai toujours le coût de son sacrifice, comme pour toute personne qui me sert dignement. Il a été capturé en risquant sa peau pour moi ? Ses charges et ses biens, je les protège, et sa rançon, je l’assume. Comment pourrais-je être bien servi par mes partenaires si je ne faisais pas ça ?
Vous voyez, ce n’est pas tant que vous m’ayez sous-estimé qui m’embête, que la manière avec laquelle vous avez manqué autant de respect à ma fonction et à mon œuvre. »


Je marque une petite pause, et je hoche de la tête.

« Je vous comprends. Je débarque de nulle part après des années d’absence, je prends la suite d’un homme qui, admettons-le, était peu doué pour ces choses-là… Je peux comprendre votre manière d’agir.
Sachez que le succès de mes affaires se répercutera toujours sur ceux qui m’ont bien servi. Vous avez bien plus à gagner à vous fier à moi qu’à risquer mon opposition, surtout pour le gain que vous espériez. »


Un sourire réapparaît sur mon visage.

« Maintenant, votre frère : est-il en bonne santé ? Le bâtard ne lui a pas fait de mal, j’espère ? Je suis sérieux quand je vous dis qu’une attaque contre l’un d’entre nous c’est une attaque contre nous tous. »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeSam 11 Mar - 11:31
Saint-Saëns écouta sereinement son suzerain déblatérer en sirotant son vin.
Puis il posa son verre, marqua une pause et reprit calmement :

« Cette fois c'est vous qui vous surestimez maître Corvus. Je crois que vous ne comprenez pas que votre position au sein de notre hanse n'est pas aussi assurée que vous ne le pensez, et je pense que vous avez bien plus besoin de mon soutien que je n'ai besoin du votre.
Votre père n'était pas peu doué pour les affaires, il manquait simplement de soutien. D'où le conflit entre lui et votre oncle qui nous a divisé. Mais si vous voulez que vos affaires aient du succès, il va falloir bien s'entourer, et pour cela il faudra éviter de "faire chier le cureton" comme vous dite.
Il est vrai que votre retour a été accueilli avec méfiance. Nous vous prenions pour un arriviste, un séduisant bonimenteur plus doué avec sa langue que son épée. Mais vous êtes plus malin, le voyage en outremer vous a endurci. Finalement, vous avez un peu de votre frère en vous. Que Celui-qui-est-Trois prenne soin de son âme.
Sachez en tout cas que je ne vous suis pas hostile et que je cherche à travailler avec vous en bonne entente. Je n'ai pas voulu vous faire confiance pour la libération de mon frère. Si vous m'assurez du contraire alors je le regrette.
Mais si je l'échange contre la fille je suis assuré de son retour sans dépenser un sous. Vous avez un meilleur plan en tête à me proposer ?
 »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeSam 18 Mar - 11:23
La suffisance de Cécil est agaçante, mais inutile de s’opposer à lui trop durement. Suite à sa répartie, je me contente d’un simple :

« Vous avez absolument raison : j’ai besoin d’alliés. Sauf que j’ai le luxe de pouvoir choisir qui je veux comme alliés. »

Saint-Saëns et les autres, ils sont des barons — ils pensent que nous sommes encore à l’époque où ils faisaient et défaisaient les ducs. Mais mes ancêtres ont changé la donne depuis longtemps. Il y a d’autres pouvoirs qu’eux, maintenant. Le duc est en pleine majesté, on ne se débarrasse pas de lui comme on se débarrasse d’un seigneur.
Pourquoi en veux-je autant à mon père ? Il était un bon administrateur, un bon diplomate, il était aimé de tous, on ne fait que sa panégyrie partout où je vais.
Mais il a ruiné la majesté ducale. Un duc ne devrait jamais être prisonnier de sa propre ville, ou régenté à l’âge adulte. Il me force à traiter comme un intrigant, alors que tous les hauts-seigneurs de Cahogne devraient courber l’échine comme des valets devant moi.

« Je ne me sers pas moi-même, Aves. Je sers la Hanse toute entière. Qu’importe notre entente entre vous et moi, votre frère, je le ferai libérer. Je le répète une nouvelle fois : Quelqu’un qui subit un tort sous mon service, je corrige ce tort. S’il faut payer pour votre frère, je paye pour lui. S’il faut négocier quoi que ce soit, je négocie pour lui. Et c’est bien normal — c’est en agissant ainsi que l’on est bien servi.
Mais la nonne, ce qui dépend d’elle est très supérieur à votre frère, et très supérieur à moi-même d’ailleurs : il y a tout le futur de la hanse chez nos voisins qui peut dépendre d’elle, surtout alors que je m’apprête à négocier avec son bâtard de frère. Vous me comprenez ?
Maintenant, si vous me dites que tout ça, c’était qu’une question d’argent, vous me décevez. Si en revanche, vous craigniez pour la vie de votre frère, si on lui a fait du mal, si on l’a menacé, là ça change tout — et donc, puisque vous savez où il est retenu, que pouvez-vous me dire de plus ? »
Armarius
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 19 Mar - 19:55
« Tout est une question d'argent maître Corvus. Ne me faite pas croire que vous considérez l'honneur, la droiture ou la piété. On respecte le riche et on méprise le pauvre, surtout dans notre caste. »

Saint-Saëns reprit une gorgée de vin avec un petit sourire au lèvre. Puis il reposa son verre vide et continua avec un air plus sérieux.

« Mon frère est actuellement à Médrival auprès de notre concurrent. Il est traité à la hauteur de son rang. En vérité, ce n'est pas cela qui m'inquiète. Je... connais mon frère. Ce dont j'ai peur ce qu'il nous cause du tort... à vous et surtout à moi. Plus longtemps il restera emprisonné et plus il représentera un danger pour notre entreprise au Valais.
Figurez vous que moi aussi je travaille pour la hanse.
 »

Saint-Saëns réfléchit un instant, puis reprit.

« Très bien. La dame est mon otage, si vous la voulez, je vous la revends, et cet argent me servira à payer la rançon de mon frère. Disons.... 30 000 livres ? C'est peu cher payé pour ce qu'elle représente pour vous. »
Eudes II de Cahogne
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeMer 5 Avr - 18:47
Je hoche de la tête aux différents propos de Cécil. Il me faut malgré tout beaucoup de maîtrise personnelle pour ne pas me mettre en colère — j’ai le sang chaud, et d’ailleurs je suis déjà en train de grincer les dents. Mais c’est avec une voix que j’essaye de rendre nonchalante que je réponds à ses propositions.

« Bien sûr que tout est argent, il n’y a que les riches qui font croire que ce n’est pas utile. Ce que je trouve décevant, c’est de mettre tant en jeu rien que pour de la monnaie… »


Trop bourgeois, dira-t-on. Je ne suis pas obsédé par l’ethos chevaleresque, mais le futur de notre caste n’est pas de s’avilir comme des marchands. On se fera remplacer par eux, ce n’est pas pareil.
Mais je fais un grand sourire à Cécil, tandis que je reprends.

« Vous savez quoi ? Le prix est en effet équitable, au vu de ce que vous m’offrez. Mais n’utilisez pas cette somme pour libérer votre frère — je vous l’ai dit et je le répète une troisième fois, j’achèterai la liberté de votre frère. Je n’ai en revanche qu’une seule chose à rajouter dans le marché. »

Petite pause pour marquer l’effet.

« Votre démission.
Parce que ne vous méprenez pas : trente mille livres, je vous les aurais donnés avec le sourire si vous étiez venu m’amener la fille vous-même, si vous ne m’aviez pas forcé à engager mes propres agents pour surveiller mes surveillants. Et surtout que, maintenant que je vous ai découvert, vous vous empressez de chercher à marchander… Comment puis-je vous garder à mon service, et à nouveau vous faire confiance ? C’est un poste immense que vous avez, je ne peux pas garder quelqu’un qui joue contre moi à cette place.
Alors, trente mille livres pour la nonne qui vous reviennent directement, le prix de votre frère à mes frais… Et le retrait de votre charge, avec toutes les archives et les mandataires qui me reviennent. Je suis ouvert à la négociation. »
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeSam 8 Avr - 11:03
Saint-Saëns révéla sa surprise en levant un sourcil.

« Ma démission ? Mais de quel poste ?
Si vous parlez de mon poste de régent du kontor, mon bon maître Corvus, je vous l'offre de suite. Vous pourriez y nommer le cureton, c'est sa place naturelle. Et si vous faite référence à mon titre de consulaire, je vous le remet aussi si vous le voulez. Mais si vous faite allusion à autre chose, je vais avoir du mal à démissionner d'un poste que je n'occupe pas.
 » répondit-il avec un large sourire.

« Mais je vous préviens d'une chose : je suis certainement votre seul allié au conseil de la hanse, ce serait une grave erreur de votre part que de vous passer de mes services, surtout pour une raison si dérisoire. Voyez-vous maître Corvus, vous prenez mon omission pour une trahison, mais je pense que cette affaire résulte avant tout d'un manque de confiance mutuel. J'en prends la responsabilité, j'aurai dû vous croire capable de sauver mon frère. A l'avenir je le saurai et vous avez désormais ma pleine confiance. Mais si vous m'obligez à quitter le conseil, vous ne pourrez pas profiter de cette amitié. »

« Mais j'insiste, laissez moi racheter mon frère moi-même. Son comportement est un grand déshonneur pour moi et ma famille, je voudrais corriger cette honte personnellement, je ne veux pas qu'il vous en coûte plus. Rodrigue a toujours été un poids pour nous... »
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 23 Avr - 21:21
« J’en prends la responsabilité. »

Je peux pas m’empêcher de répéter la phrase de Cécil dans un écho, en même temps que je lâche un minuscule pouffement de rire, plus incrédule qu’amusé.

« Prendre la responsabilité de quoi que ce soit, ça implique pas de juste le dire à voix haute. Prendre la responsabilité d’une action, c’est bien en assumer les frais. Autrement c’est que de la politique, et nous ne sommes pas en Valentine. »

Néanmoins, Cécil a raison — j’ai déjà bien trop de gens que je vise dans mon conseil, inutile de me défaire de Saint-Saëns, surtout après l’avoir chopé la main dans la boîte à gâteaux ; mieux vaut un traître redevable qu’un allié à la loyauté incertaine.
Je me redresse donc, et baisse un peu plus d’un ton, alors que je rebondis sur un autre de ses propos.

« C’était mon ordre d’envoyer votre frangin négocier avec le capitaine des brigands, et je connaissais bien sa réputation — ce serait idiot de ma part de vous en vouloir pour ses actes.
À moins que ce soit d’autre chose dont vous vous méfiez… Qu’est-ce que votre frangin peut bien faire contre nous, à la cour du bâtard ? »

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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeLun 8 Jan - 1:02
« Mon frère connaît quelques secrets. J'ai pu l'utiliser comme agent à plusieurs reprises... je me demande s'il n'a pas révélé la couverture de notre espionne chez le capitaine. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse du Goupil pour autant, celui-là est un homme malin alors que mon frère... enfin vous voyez.
Mieux vaut pour nous de le faire sortir rapidement, avant qu'il ne plonge toujours plus dans la félonie et qu'il me plonge dans la honte avec ma famille toute entière.
 »

Cécil déposa son verre. Il l'avait terminé.

« Maître Corvus, vous m'avez montré aujourd'hui hardiesse, une qualité que je respecte. Je rentre à Soulans ou je vous remettrais ma démission, libre à vous de l'accepter ou non. J'attendrais en mon hôtel vos agents qui viendront récupérer la fille, jusque là je la garderai pour vous.
En ce qui concerne mon frère, je vous laisse négocier sa libération.
 »

Le baron déguisé se leva. Il avait mal aux fesses, comme s'il était resté assis ici depuis plus de 8 mois.
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 28 Jan - 13:03
Ainsi, nous nous séparons en accord avec Cécil. Il demeure le gagnant de cet échange, puisqu’il va avoir droit à un bon pot-de-vin qui le soulagera énormément. Mais au moins, j’ai pu mettre les choses à plat avec lui, et, je l’espère, assuré que je n’étais pas le duc manipulable et sans ressources qu’était mon père…

« Voyagez en sécurité, maître Avès. Il est important pour mes affaires que vous demeuriez prospère. »

Je le dis avec sincérité. Qu’est-ce qu’un duc sans ses vassaux ? Mais il faut que les vassaux comprennent aussi qu’ils ne sont rien sans leur duc.

J’attends qu’il parte pour finir tranquillement mon verre. Discrètement, je fais un signe à Odilon, toujours tapis dans l’ombre — inutile de kidnapper sire Cécil. Nous n’aurons pas à procéder au plus grave.

Le maître des oiseaux ayant quitté cet établissement, mon chambellan s’approche de moi, ayant entendu toute notre conversation.

« Qu’en penses-tu ? »
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 28 Jan - 14:03
Odilon le Chétif se rapprocha de son maître.
- Je ne sais quoi penser monseigneur, dit le chambellan. Ces 30 000 livres vont encore un peu plus gréver le trésor, mais il me semble bien investi si nous pouvons mettre la main sur cette fille. Elle peut être la clef de la guerre.
Allez-vous accepter sa démission ? Si nous libérons son frère et que nous lui offrons l'argent contre son otage, nous pourrions bien nous l'allier. Et l'alliance d'un si puissant baron est toujours la bienvenue dans notre situation.
Comme il l'a dit, je ne pense pas que sire Rodrigue soit notre espion, à moins qu'il ne cache ses talents sous sa bêtise.

En sortant de la taverne, ils virent la troupe du sire de Saint-Saëns arrêtée un peu plus loin. Visiblement, l'un des siens avait eu un problème de selle et était tombé dans la boue. Heureusement que Cécil avait toujours la prudence de ne jamais prendre le même cheval pour voyager, sinon c'est lui qui se serait retrouvé tout crotté...
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MessageSujet: Re: Le murmure des oiseaux Le murmure des oiseaux Icon_minitimeDim 28 Jan - 14:27
Alors que nous nous levons tous les deux, je remets sur mon dos mon grand manteau et laisse un pourboire à la servante de la taverne. J’approuve les propos d’Odilon d’un hochement de tête.

« Récupérer les dossiers et le travail de Cécil serait un gros plus, mais oui, j’ai besoin d’un homme talentueux à mes côtés, surtout que les Saint-Saëns sont une grande famille. Je ne sais pas si j’accepterai sa démission, surtout s’il a enfin comprit notre future relation de travail…
En tout cas, cela coûte cher, mais j’espère que ce sera un investissement rentable. Avec la jeune fille à mes côtés, je pourrais bien récupérer la totalité du Valais comme allié. »


Alors que nous repartons, tout en selle avec les housecarles, nous doublons les hommes de maître Avès. Il est toujours tout droit sur son cheval, visiblement agacé du contretemps.

Quel malin, ce Cécil.
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