Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMar 21 Jan - 23:14
Le monastère du diable

Le monastère du diable 4163

Voilà 3 ans que Marie était enfermée dans ce couvent, un prieuré des Sabines perdu au fond de la forêt de Pouillard, loin de tout et surtout loin des intrigues, là où la fille d'Etienne V, héritière légitime du comté, ne pourrait nuire à personne.
L'endroit était lugubre, fait de grosses briques grises provenant des carrières du coin, sans aucune décoration autre que les bannières de l'ordre des moniales. On était loin du faste du palais de Médrival, résidence des comtes de Valais dans lequel Marie avait grandit. Ici la vie était dure, surtout en hiver lorsque le froid venait faire mourir les fleurs du jardin et geler l'eau des fontaines. A croire que son frère voulait la voir mourir d'une maladie quelconque attrapée dans les couloirs glacés de l'abbaye.

Si Marie avait été enfermée ici, c'était avant tout pour la loyauté des sœurs envers la maison comtale. Depuis sa fondation au siècle dernier, le monastère recevait des subventions des comtes ce qui garantissait sa survie, et le vidame qui assurait la sécurité des sœurs était un vassal du Valais.
Entièrement dépendantes de Robert, elles avaient accepté en secret d'accueillir et de garder sa jeune sœur en échange d'une belle rente qui améliorait leur vie quotidienne.
Marie n'était pas ici comme moniale, on ne lui avait pas demandé de prononcer ses vœux. Officiellement, elle était là comme invité. En vérité, il ne faisait aucun doute qu'elle était là comme prisonnière : sous étroite surveillance, elle était privée de toute liberté.
L'autre raison du choix de son lieu de résidence forcé était les épaisses murailles de l'abbaye qui clôturait le domaine.

N'étant pas sœur, Marie n'était pas assignée dans une cellule comme les autres, mais dans une chambre un peu plus grande à l'étage, avec quelques meubles et une cheminée. Le jour, elle était libre de ses mouvements dans le monastère, mais la nuit, une sœur passait mettre un coup de clef dans la grosse porte de bois qui fermait sa chambre. Le bruit métallique du trousseau et le son du mécanisme de la serrure berçaient ses soirs depuis trois ans.
Ici elle avait le strict minimum, juste de quoi s'habiller et se laver, à peine de quoi manger à sa faim, et parfois, lorsqu'il faisait vraiment trop froid, on daignait lui apporter un peu de bois pour allumer la cheminée. Marie n'était pas mal traitée, elle subissait simplement la vie modeste des moniales.

Mais aujourd'hui était un jour différent. Le matin à l'aube, là où les sœurs se levaient pour prier une première fois le Tricéphal, on vint lui apporter de beaux vêtements en lui sommant de bien se laver. Puis lorsque les cloches sonnèrent le midi, on lui apporta une riche assiette de viande et de pain. Ce n'est qu'après le repas que Jeanne de Pierreclou, la sœur principale, se décida à venir la voir. C'était une vieille femme terrifiante qui tenait l'abbaye d'une main de fer, une mégère acariâtre qui ne semblait vouer que haine et mépris pour Marie, certainement jalouse de sa jeunesse et de sa beauté. Elle lui annonça que son frère, le comte de Valais Robert, était en route pour la voir.

On ne laissa pas Marie sortir de la journée et ce n'est qu'aux vêpres que le comte se montra.
A travers les vitres crasseuses des fenêtres de sa chambre qui surplombaient la cour, Marie vit arriver plusieurs cavaliers en armures arborant le blason de la maison Landebroc, accompagnant un homme richement vêtu. La sœur supérieure accueillit Robert avec déférence, montrant beaucoup de respect à celui qui était son protecteur. Le comte était le seul homme devant lequel la méchante Jeanne s'effaçait.
Puis Marie entendit du mouvement dans l'escalier et des éclats de voix. Elle reconnue celle de son frère qui complimentait le domaine de son hôte. On tourna la clef dans la serrure de la grosse porte en bois et celle-ci s'ouvrit sur l'immense silhouette du comte.
Il était grand et robuste, portant un tortil d'argent qui entourait sa chevelure blonde. Sur ses larges épaules tombait une cape rouge et à sa ceinture ballottait une épée. Le voyage lui avait laissé une barbe mal taillée.
Le comte entra, faisant claquer ses lourdes bottes crottées sur le parquet. Son corps massif surpassait sa sœur de trois têtes.
Il ouvrit ses bras tel les ailes d'un griffon.

« Ma chère sœur ! Comme je suis heureux de te revoir. »

Feignait-il le bonheur des retrouvailles ou était-il sincère ? Robert avait toujours été un personnage difficile à cerner, déchiré entre la tendresse qu'un frère devait pour sa sœur et sa terrible ambition.
Il enlaça sa sœur comme un basilic entoure sa proie, plaquant son visage contre son torse. Il sentait le feu de bois, la sueur et le crottin. Son étreinte était comme un étau dont on ne pouvait s'extirper.
Puis il prit Marie par les épaules et la dévisagea. Depuis qu'elle était enfermée ici, le comte n'était venu la voir qu'une fois, et cela faisait presque deux ans.

« Comme tu as grandit. Tu es devenue une vraie femme à présent, belle et bien formée. »

Le comte relâcha son étreinte et ordonna qu'on referme la porte de la chambre derrière lui. Il voulait rester seul à seul avec sa sœur.

« Cet endroit n'a pas changé depuis ma dernière venue. Est ce qu'on te nourrit bien ? J'avais ordonné qu'on te donne du bois à l'hiver pour que tu n’aies pas trop froid. » dit-il en observant la cheminée d'où restaient encore quelques cendres de l'hiver dernier.
Il s'assit sur une chaise après avoir repousser sa cape. Le bois semblait vouloir craquer sous le poids du géant.

« Je suis désolé Marie, de te faire subir tout ça. Mais sache que c'est par amour, pour te protéger.
Les barons m'ont choisis et certains des plus zélés pourraient vouloir s'en prendre à toi. »


Dans sa gestuelle et dans sa voix, Robert tentait vainement d'imiter son père, mais il ne lui ressemblait en rien. Etienne V avait été un homme bon et pieu, un père gentil et attentionné, un comte juste et généreux. Robert n'était rien de tout ça.
Il soupira, simulant sa peine, puis reprit.

« Je ne vais te cacher plus longtemps l'objet de ma venue Marie... Je suis venu t'annoncer une triste nouvelle... je suis désolé de te l'apprendre. Ta mère est décédée la semaine dernière. »

Annemarie de Hohenhausen, sœur du comte de Roxemberg et épouse d'Etienne V de Valais, avait été une mère aimante. A la mort de son époux, Robert avait fait enfermé sa belle-mère dans un monastère à l'autre bout du pays, bien loin de celui de sa fille. Là, seule et abandonnée, Annemarie était morte dans l'indifférence sans jamais avoir pu revoir ses enfants...
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 0:46
Trois années qu'elle était ici. Trois années qu'elle était prisonnière des ambitions de son demi-frère et de la tyrannie de la sœur supérieure. une véritable sorcière à ses yeux. Trois années qu'on la privait du train de vie à laquelle sa vie l'avait autrefois habituée. Trois années que ça vie ne lui appartenait plus, qu'elle ne vivait que par 'la bonne grâce' de son frère.

Elle vivait dans une chambre, oui, mais qui ne faisait que la moitié de la taille de la chambre qu'elle avait quand elle vivait à Médrival, et qui était pourtant trois fois plus froide en hiver. À croire que son frère voulait qu'elle 'meurt tragiquement de maladie'! Tout cela parce qu'elle représentait, qu'il le veuille ou non, une menace pour son règne. Après tout, ce n'étaient pas tous les seigneurs du Valais qui supportaient les prétentions de Robert. Certains étaient encore loyaux à son père et, du coup, à elle. Elle rêvait parfois, la nuit, que certains travaillaient en secret pour la libérer, d'une façon ou d'une autre.

Au moins, il ne l'avait pas forcée à devenir moniale. Bien sur, elle croyait et aimait le Tricéphale. Mais pas autant qu'un moniale. Elle n'en avait tout simplement pas la vocation. Elle voulait autre chose que passer le reste de sa vie a prier dans un couvent. Elle jouissait d'une certaine liberté, au couvent, que les autres n'avaient pas. Le jour, on la laissait se balader, dans l'enceinte bien sur, et jouer dehors, ce qui lui permettait de se garder en forme. En secret, elle avait même réussit a se fabriquer une fronde, avec laquelle elle s'entraînait au moins une demi-heure par jour, visant des pierres qu'elle plaçait sur le poulailler. Sitôt son entraînement terminé, elle cachait la fronde et ses projectiles, des petites pierres, dans un trou qu'elle avait creusée près du mur sud.
Puis, aussitôt que le soleil commençait a descendre, l'une des moniales venait la voir et l'escortait à sa chambre, verrouillant la porte derrière elle, l'isolant pour le reste de la soirée, seule, a frissonner dans ses couvertures. Elle ne mangeait qu'une fois par jour, comme les moniales, un repas qui suffisait a peine, et qui n'avait jamais le goût des repas qu'elle mangeait jadis.
Puis, dès l'aube, le manège recommençait; une sœur venait déverrouiller la porte et lui disait qu'elle pouvait sortir et agir a sa guise. La plupart du temps, après un monologue de la sœur supérieure, qui semblait la mépriser. Marie devinait sans peine pourquoi. Elle n'avait qu'a se regarder dans un miroir pour comprendre que la supérieure, cette vieille sorcière, était jalouse d'elle.

Après tout, elle était jolie et jeune, elle. Âgée de quinze ans à peine, elle était de petite taille, peut-être un mètre cinquante-cinq. Mince, avec des hanches fines, elle avait des formes et courbes légères, loin de la beauté des 'séductrices' aux formes plantureuses. C'était une beauté naturelle, qui n'utilisait pas des artifices du maquillage, qui était de toute façon indisponible ici. Elle avait les cheveux bruns, noués en une tresse qui lui tombait sur la nuque, et de superbes yeux bleus.

Ce matin, ce fut la Sorcière en personne, cette peste de Jeanne de Pierreclou, qui vint lui ouvrir la porte de sa chambre. Un peu surprise, la jeune femme, qui ne portait alors qu'une simple et vieille robe brune, la regarda sans parler. Quand elle lui annonça la visite qui s'amenait, elle sourit (pour faire croire qu'elle était heureuse de la visite). Elle voulait que Jeanne rapporte a son frère qu'elle était sincèrement heureuse de le voir. Après tout, peut-être pourrait-il être persuader de la laisser retourner au palais, si il la croyait de son côté?

Elle se lava donc et mangea avec appétit, car elle n'avait pas souvent droit a autre chose que le pain et l'eau. Puis elle enfila les vêtements; des braies brunes foncées, des bottes de cuir souples, une chemise blanche à manche ample et une espèce de veste bleue avec des motifs dorés, sans manche, ainsi qu'une ceinture en tissu. Elle s'admira un instant dans le seul miroir qu'on lui avait permit de garder, un miroir qui était plutôt petit, mais bon.. il fallait faire avec les moyens du bord!

Elle resta assise près de sa fenêtre toute la journée, attendant l'arrivée de son frère. Et quand il arriva enfin, elle l'observa. Accompagné de plusieurs cavaliers en armures, son frère était vêtu richement, somptueusement. Comme le Comte qu'il prétendait être. Utilisant les ressources qui lui revenaient à elle, car elle était de noble lignage, de sang pure, et non pas le résultat d'une malheureuse aventure de son père avec une paysanne.

Aussitôt qu'elle le vit entrer dans le bâtiment, elle se leva pour se tenir, bien droite, au milieu de sa chambre. Et quand il ouvrit la porte, elle s'inclina respectueusement, dissimulant parfaitement son mépris envers lui. Puis elle lui sourit. Quand il écarta les bras, elle s'avança vers lui et posa la tête contre son torse, enroulant ses bras autour de sa taille, feignant l'affection.

"Mon frère!" dit-elle, stimulant le plaisir de le voir.

Il la serra trop fort, bien sur. Et il empestait le cheval et la sueur. Mais elle dissimula son dégoût et leva les yeux vers lui lorsqu'il la libéra de son étreinte. Il se lança aussitôt dans des banalités, demandant si elle était bien nourrit. Elle décida de jouer le jeu.

"J'aimerais pouvoir dire que oui, mon frère, mais je n'ai droit qu'au pain et à l'eau, et la sœur supérieure ne me donne du bois pour me chauffer que lors des nuits les plus glaciales. Autant dire qu'elle me laisse trembler de froid le gros de l'hiver."

C'était lancer une pierre dans la cour de la Sorcière, comme insinuer que cette dernière n'utilisait pas les fonds envoyer comme elle le devrait. Peut-être que son frère allait être fâché contre Jeanne, peut-être que les choses iraient mieux pour elle si cette dernière recevait un blâme publique. Après tout, en s'exprimant ainsi, elle faisait croire a son frère qu'elle avait confiance en lui pour sa sécurité et sa qualité de vie.

Quand il parla des barons les plus zélés qui pourraient être une menace pour elle, elle hocha doucement la tête. Bien sur, il disait cela juste pour ne pas porter le blâme de ses actions. Quel infâme personnage, vraiment! Mais encore une fois, elle dissimula sa haine.

"Je sais, mon frère, je sais. Mais j'aimerais tant pouvoir revoir le palais de mon enfance.. Je suis sure que je pourrais t'être utile, à la cour. Plus qu'ici, du moins. Me voir a tes côtés, cela pourrait calmer les plus.. turbulents des contestataires a ton pouvoir, non?"

Ces dernières paroles furent dites avec une innocence toute feinte.

Puis vint la nouvelle. Sa mère était morte. Ce fut comme s'il l'avait giflée. Elle sentit ses jambes faillirent, et elle tomba assise sur son lit. Sous le choc, elle ne dit rien pendant quelques minutes, essayant d'assimiler la nouvelle. Sa mère, sa mère adorée, était morte.. Plus jamais elle ne pourrait lui conter des histoires, le soir, avant de la border dans son lit. Plus jamais elle ne rirait de ses bêtises. Jamais elle ne pourrait voir sa fille reprendre le trône qui était le sien.

Les larmes aux yeux, ravalant sa rancœur, sa haine et son dégoût, elle hocha doucement la tête. Elle se remit debout et marcha vers son frère, se serrant contre lui pour sangloter, feignant ainsi d'avoir besoin de son réconfort. Et elle se jurait de le lui faire payer, un jour. Oh que oui, il paierait.

"Mon frère.." dit-elle entre deux sanglots. ".. tu es la seule famille qu'il me reste.. S'il-te-plaît, ne me laisse pas seule ici. Je veux vivre avec ma famille, et non pas isolée ici.. Je t'en supplie.."

Elle leva ses yeux bleus, plein d'innocence et de vulnérabilité, vers lui, espérant atteindre le peu d'humanité qu'il avait en lui. Tout pour sortir de ce trou à rats, qui l'empêchait d'ourdir sa revanche.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 1:55
Le géant saisit les frêles épaules de sa sœur entre ses grosses mains, usant de toute la délicatesse qu'il pouvait. Il la regarda dans les yeux.

« Ma sœur, soit forte. Et soit patiente. Le moment est mal choisi mais je te promets que bientôt tu pourras revenir avec moi au palais.
Je sais bien que la vie n'est pas facile avec les moniales, mais au moins ici tu es en sécurité. La guerre avec le duc va bientôt reprendre, il pourrait en avoir après toi. »


Marie l'avait apprit il y a quelques jours par les sœurs, Eudes II de Cahogne, l'ennemi de son frère, était de retour de croisade. Contre le père de celui-ci, Robert avait mené le Valais à la victoire, réussissant à repousser les attaques du duc, ce qui fit de lui un héros au yeux du peuple.
Car c'était là le plus tragique : Robert, aussi salaud qu'il soit, était aimé du menu peuple comme de la noblesse. L'hypocrite bâtard soignait son image de protecteur, de défenseur de la nation, et avait rallié autour de lui la plupart des grands barons du Valais, réussissant à soumettre par la force des choses les derniers supporters de sa sœur. A la cour de Médrival, il ne restait à Marie que peu de partisans, son frère avait presque réussi à la faire oublier.

« Je vais demander à sœur Jeanne qu'elle améliore ton repas et qu'elle te donne du bois. Je vais lui dire que tu n'es pas une nonne mais la sœur du comte de Valais, tu n'as pas à vivre comme elles. »


Robert sourit à sa jeune sœur. L'une de ses dents était fait d'or, provenant sûrement d'un des bijoux de sa belle-mère qu'il avait fait fondre.
D'un de ses gros doigts, il essuya la joue de Marie d'où coulait une larme.

« Ne pleure pas. J'aimerais tellement que tu puisses venir avec moi. Mais ta place est ici. »


Le comte repoussa sa sœur et se leva, projetant une ombre massive sur sa elle. Il fit mine de s'intéresser à quelques vieux livres usés sur une étagère, s'adressant à Marie sans la regarder.

« J'ai une autre nouvelle à t'annoncer. Je reviens de Douves où j'ai demandé la main de la fille du duc Gilles IV. J'épouse Julia bientôt. La maison de Sainte-Croix serait un puissant allié dans mon combat contre le duc de Cahogne.
J'aimerai recevoir ta bénédiction pour ce mariage. Je regrette que tu ne puisses assister à la cérémonie, mais je dois m'assurer avant tout de ta sécurité. »


Marie n'était pas bête, elle savait que les ducs de Basse-Julienne était les rivaux des comtes de Roxemberg, la famille de sa mère Annemarie. En s'alliant au duc Gilles IV, Robert s'associait aux ennemis de sa belle famille, ce qui ne pouvait que renforcer sa position sur le trône comtal. Ce mariage effaçait un peu plus le souvenir d'Etienne V. Donner sa bénédiction à une telle alliance c'était renier sa famille...
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 2:09
Quand il la saisit par les épaules, elle cru un instant qu'il avait démasqué sa supercherie et qu'il allait s'en prendre à elle. Mais non, heureusement. Il se montra même plutôt délicat, peut-être la croyait-il finalement? Elle l'espérait. Si elle devait sortir d'ici, elle devrait gagner sa confiance.

Mais non, elle ne pourrait pas sortir tout de suite. Selon ce que son frère disait, sa guerre allait reprendre avec la Cahogne. Marie avait entendue les rumeurs, bien sur. Sur ce Eudes II, fils guerrier du précédant Duc, un Croisé. Un grand guerrier, supposément, et un chef fort. Un allié pour elle? Peut-être. Si elle pouvait le rencontrer. Mais c'était impossible. Elle ne pouvait pas envoyer de message. Même son vieux confesseur n'était pas autorisé a venir la voir ici, car il était loyal à son père.

Ce Duc-ci n'était pas affaibli par l'âge. Le battre allait être autre chose que de battre son père. C'est là qu'on allait voir si Robert était vraiment aussi doué que le peuple le croyait. Qui sait, s'il subissait quelques défaites, peut-être le peuple la libérerait pour qu'elle prenne sa place, pour ramener la paix. Car la Cahogne était plus grande et puissante que le Valais, tous le savaient. Une guerre qui durerait trop longtemps finirait mal pour le Valais.

Il la tira de ses pensées quand il parla de soeur Jeanne. Elle leva donc les yeux vers lui et lui sourit timidement, puis hocha la tête doucement.

"Merci, mon frère." dit-elle.

Elle l'enlaça une fois de plus.

"Que le Tricéphal veille sur toi dans la guerre contre le Cahon, mon frère. Je ne veux pas perdre le dernier membre de ma famille."

Elle lui sourit, puis pencha la tête sur la gauche en entendant les nouvelles de son futur mariage. La Maison de Sainte-Croix? Ces.. sâles bâtards, fils de cochons et voleurs (c'est ainsi qu'elle avait un jour entendu son père les qualifiés). Lui demander sa bénédiction, c'était un coup bas. Il lui demandait de trahir sa famille. Mais.. son père comprendrait. Elle devait faire des sacrifices, pour avancer et un jour lui reprendre le Trône. Alors, elle punirait son frère et son épouse.

"Tu as ma bénédiction, mon frère." dit-elle après un court silence. "Mais n'y-a-t'il aucun moyen pour que je puisse au moins assister a cette cérémonie? Après tout, on ne se mari qu'une fois, dans la vie, et tu es mon seul frère. Je ne peux pas manquer un tel événement!"

Oui, elle renforcerait le pouvoir de Robert, d'une certaine façon. Mais si elle réussissait a être invitée au mariage, elle allait se montrer, et rappeler aux loyalistes qu'elle était toujours en vie, ce qui pourrait renforcer sa propre position.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 4:21
Le comte se retourna et sourit.

« Merci ma sœur. C'est important pour moi. »

Robert approcha, dominant Marie de toute sa taille. La jeune fille avait l'air d'une souris face à un auroch. A nouveau il la saisit par les épaules.

« Je suis désolé Marie, j'aimerais tellement que tu puisses venir, même secrètement. Mais je dois penser à ta sécurité avant tout. Une fois la guerre terminée et le pays stabilisé, tu pourras revenir vivre au palais. Mon mariage est une première étape vers la victoire et la paix. »

Le comte serra sa sœur dans ses bras. A nouveau il la plaqua contre lui, contre sa puanteur de chevalier. Elle pouvait sentir son coeur battre sous son torse. Finalement il en avait bien un.

« Je dois y aller. Je dois rassembler mes troupes, il ne faut pas que je perde de temps.
La prochaine fois que je viendrais te voir, je t’emmènerai avec moi, je te le promets.
 »

Puis il lâcha Marie et se dirigea vers la porte. On lui ouvrit et avant de quitter la pièce il se tourna une derrière fois vers sa sœur pour lui sourire d'un air triste.

« Au revoir Marie. »

Puis il quitta la pièce. Derrière lui la grosse porte de bois se referma et la serrure se tourna, laissant Marie à nouveau seule. Elle entendit son demi-frère redescendre dans la cour et la jeune fille se précipita vers les fenêtres.
La vitre de l'une d'elles était cassée, à l'angle en bas à droite il manquait un morceau de verre, ce qui laissait passer le froid l'hiver. Mais il avait le mérite de permettre d'entendre ce qu'il se disait dans la cour.
Rapidement, réapparu Robert suivit de la sœur principale. Ils rejoignirent les cavaliers restés en bas. Les voix étaient faibles, mais Marie pouvait distinguer clairement la conversation.

« Votre entrevue n'a pas duré longtemps mon seigneur, lui demanda l'un de ses compagnons.
- Non, je n'ai pas de temps à perdre avec ça. Elle me rappelle trop ma garce de belle-mère.
 »


Puis le comte se tourna vers la sœur principale.

« Vous lui avez donné du bois cet hiver ? Qu'est ce que je vous avez dit ?
- Mais monseigneur, l'hiver fût rude, nous mourrions tous de froid, je n'allais pas laisser cette enfant sans feu !
- "mourir de froid", là est toute l'idée justement. Peut être devrais-je faire couper tous les arbres du bois de Pouillard ?
- Non monseigneur, excusez moi.
 »


Le comte remonta sur son cheval, dominant la sœur principale de toute sa hauteur.

« Et vous lui donnez beaucoup trop à manger, j'ai l'impression qu'elle a prit du poids depuis ma dernière visite ! »

Après cette boutade, Robert se tourna vers ses compagnons et tous rirent de bon cœur.

« Ne vous inquiétez pas ma sœur, vous n'aurez bientôt plus à vous occuper de ce fardeau. J'ai ordonné au vidame de venir vous apporter de quoi payer votre rente, et cette année elle sera doublée.
- C'est trop d'honneur monseigneur, merci.
- Ne me remerciez pas, c'est simplement que ce sera la dernière. Le vidame s'occupera de ça en même temps.
 »


Espionnant la discussion, Marie sursauta lorsque l'on frappa à sa porte. C'était sœur Gabrielle. Ça ne pouvait être qu'elle car elle était la seule à frapper à la porte avant d'entrer.
Soeur Gabrielle était l'une des rares moniales à montrer un peu d'affection pour la jeune fille. Lorsqu'elle lui apportait son repas, elle lui mettait toujours un morceau de pain en plus.
Soeur Gabrielle était une femme bien portante, le visage joufflu et rouge, qui apparaissait toujours un peu débraillée.

« Bonjour ma petite, comment ce sont passées tes retrouvailles avec ton frère ? »
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 4:36
Il la remerciait en disant que c'était important pour elle. Il devait se moquer d'elle, il ne pouvait pas réellement croire ce qu'il disait. Pendant un instant, un bref instant, la jeune femme se dit que son frère n'était peut-être pas aussi mauvais qu'elle le pensait, que peut-être il avait raison, que le Valais avait besoin d'un homme à sa tête pour résister au Cahogne. Mais le sentiment d'affection qui naissait en elle fut aussitôt étouffé quand il lui dit qu'il ne pouvait pas l'amener avec elle, qu'elle devait encore rester ici. Qu'elle devrait attendre la fin de la guerre. Elle était assez intelligente pour savoir que cette guerre durerait des années encore. Elle serait morte bien avant la fin, se disait-elle.

Puis il la serra a nouveau contre elle, lui emplissant les narines de son odeur de purin et de sueur. Elle l'enlaça a son tour, essayant de penser a autre chose. Elle devait le haïr, et non pas avoir de la tendresse pour lui. Alors elle se concentra sur son odeur, qui la répugnait, pour essayer de raviver la braise de sa haine.

Quand il se sépara - enfin! - d'elle, elle hocha la tête.

"Que le Tricéphal vous garde, mon frère." dit-elle.

Aussitôt qu'elle l'entendit descendre les marches, elle couru a sa fenêtre, a son 'poste de guet', comme elle aimait l'appeler; ce coin d'ou elle pouvait entendre tout ce qui se disait dans la cour du couvent. Les paroles dures de son frère lui firent l'effet d'une douche froide. Oui, la haine revenait en elle, ravivée et plus forte que jamais. Ce bâtard, cet infâme fils de paysanne, osait vouloir la faire assassiner? Elle, sa propre sœur? Il était encore plus vil qu'elle ne l'avait pensée dans ses pires cauchemars. Et elle ne pouvait rien y faire, elle était coincée a cause de sœur Jeanne.

Elle sursauta quand on frappa à sa porte, devinant aussitôt que c'était soeur Gabrielle, la seule personne ici qu'elle aimait bien, et la seule qui se montrait gentille avec elle. Aussitôt qu'elle entra, la jeune fille couru se réfugier dans ses bras, les larmes coulant a nouveau sur ses joues (pour essayer d'ajouter de l'effet dramatique a ce qu'elle devait faire).

"Ma soeur!" dit-elle entre deux sanglots. "Il va me faire assassiner! Je l'ai entendu! DE mon poste de guet.." Gabrielle était la seule a savoir, car elle le lui avait dit, il y a près d'un an déjà. "..car il veut que je sois morte le plus tôt possible. Il a dit que le vidame allait m'assassiner lors de son prochain passage!"

Elle leva les yeux vers elle.

"Je dois m'enfuir, ma soeur, ou je vais mourir! Pitié, par le Tricéphal et tout ce qui est bon en ce monde, aidez-moi, je vous en supplie.."

Elle s'arrêta de pleurer, la regardant dans les yeux. Gabrielle était sa seule amie, alors elle ne devrait pas essayer de la manipuler.

"Vous le savez très bien, ma soeur. Il va me tuer. Il va me tuer, et doubler la rente pour que soeur Jeanne se taise, car il l'a dit a soeur Jeanne. Pitié, aidez-moi. Je dois fuir, et ce dès ce soir.."

Elle baissa la tête.

"Mon sort est entre vos mains, maintenant. Allez-vous m'aider? Ou accepterez-vous de participer a ce meurtre?"
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 5:04
Soeur Gabrielle sourit et répondit d'un air léger.

« Mais non ma petite, il ne va pas t'assassiner. Que racontes tu là ? C'est ton frère voyons, monsieur le comte ne ferait jamais quelque chose d'aussi ignoble. »

Mais le sourire rassurant de la sœur s'effaça devant les larmes et l'insistance de la jeune fille.

« Non c'est n'est pas possible, tu dois te faire des idées. Es tu sûr de bien avoir entendu ? »

Soeur Gabrielle semblait désemparée. Après tout, si, le comte était bien capable de ça. On avait déjà vu la noblesse faire pire. Des parricides, des fratricides, des massacres juste pour la possession des terres. Il est vrai que Marie était une épine dans le pied du comte.

« Je... je ne peux pas ma petite... je ne peux pas t'aider à fuir... qu'est ce que dirons les autres sœurs ? »

Soeur Gabrielle paniquait devant l'ultimatum de la jeune fille. Si elle ne faisait rien, elle serait coupable d'un meurtre.

« Je... je vais en parler à la sœur supérieure. Je suis sûr que sœur Jeanne ne laissera pas faire ça. Je vais lui en parler. Je suis sûr qu'elle viendra te rassurer. Tu as dû mal entendre... »

Gabrielle tenta de s'extirper de l'étreinte de Marie. La jeune fille s'accrochait à elle comme elle s'accrochait à la vie. La sœur semblait être son unique espoir. Difficilement, la moniale s'arracha des bras qui l'enlaçaient, puis elle se précipita de quitter la pièce en refermant derrière elle.
Enfermée dans sa chambre, seule avec ses larmes, Marie comprit qu'elle ne pouvait compter que sur elle même. Même sœur Gabrielle, qui était son amie, sa seule amie dans ce monastère du diable, ne pouvait rien pour elle.
La jeune fille observa autour d'elle, tentant de regarder d'un œil nouveau cette pièce qu'elle avait trop vu depuis 3 ans : son lit recouvert de paille, la petite table au milieu de la chambre, la chaise sur laquelle s'était assis Robert, la cheminée, l'étagère avec les quelques livres usées... puis les fenêtres crasseuses fermées par d'épais barreaux de fer. Il fallait trouver un moyen de sortir d'ici.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeMer 22 Jan - 19:08
La jeune fille se serrait contre la moniale avec toute la force du désespoir, espérant que celle-ci - sa seule amie ici - serait de son côté.

"Je l'ai entendue, ma soeur. Il l'a dit devant ses hommes et devant la soeur supérieure. Il n'a aucun respect pour le Tricéphal, il est prêt a commettre un fratricide tout simplement pour conserver le pouvoir, qu'il a acquit de manière illégitime. Il sait que je suis l'héritière légitime de mon père, et que je suis donc une menace pour lui. M'écarter est sa seule solution. Il aurait voulu que je meurs bien plus tôt. Je l'ai même entendu dire a soeur Jeanne que je n'aurais jamais due recevoir de bois l'hiver, que j'aurais du mourir de froid."

Mais il n'y avait rien a faire. La soeur ne semblait pas vouloir écouter, elle semblait dans le déni le plus total.

"La soeur supérieure est de connivance, Gabrielle." dit-elle, les larmes montant a ses yeux a nouveau.

Une fois que Gabrielle eue quitter la chambre, la jeune femme frappa rageusement contre un mur, ce qui lui fit bien mal à la dextre (la main). Elle soupira alors et regarda sa chambre, a la recherche d'une issue. Elle regarda la fenêtre et les barreaux. Impossible par là. Elle regarda ensuite la cheminée.

Elle y couru et se pencha pour observer l'intérieur, pour voir s'il n'y avait pas moyen d'y monter, une fois la nuit venue, pour s'échapper.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeJeu 23 Jan - 16:58
Marie resta prostrée jusqu'à la fin de la journée ruminant sa haine contre son frère et préparant son évasion. En observant la cheminée, elle avait remarqué que l'espace était tout juste assez grand pour qu'elle puisse passer. Elle remercia un instant les sœurs de ne pas l'avoir trop nourrie, sa minceur allait lui permettre de quitter cet enfer.

C'est à l'heure des complies, lorsque toutes les sœurs, ou presque, se réunissaient dans l'abbatiale pour chanter la dernière prière du jour, juste après le couché du soleil, que Marie avait décidé de fuir.
L'écho des chants résonnant dans la petite église du prieuré allait être le signal d'alarme du grand départ. Mais l'ascension vers la liberté allait être difficile. Marie était si fatiguée, si épuisée de cette vie. Mais revigorée par la rage et le désire de vivre, elle s'avança vers la cheminée, enjamba l'âtre plein de cendres et commença à monter. Les parois du conduit à fumée étaient noires de suie. L'odeur était infecte. On y voyait rien, même pas le bout du tunnel. La jeune fille agrippa une pierre, posa un pied sur une autre et escalada tant bien que mal. L'étroitesse lui permettait de faire reposer son dos sur l'autre parois et de s'aider de tout son corps pour monter. En mi-parcours Marie était prit de nausées, la claustrophobie commençait à la faire paniquer. Elle douta, se disant que c'était finalement une mauvaise idée, qu'elle allait juste se rompre le cou et que le vidame n'aurait même pas besoin de venir l'assassiner...
Puis ses joues commencèrent à sentir l'air frais du dehors, elle était proche du but.
Sans même s'en apercevoir, Marie arriva au bout du conduit. Elle sortie de la bouche de la cheminée, pour arriver enfin sur le toit de la tour, 4 étages au dessus du sol. Elle prit une grande bouffée d'oxygène, heureuse de pouvoir à nouveau respirer. L'ascension lui avait paru une éternité. Ses jambes tremblaient d'épuisement, ses mains écorchées étaient noires, tout comme sa robe. Elle n'osa imaginer à quoi pouvaient ressembler son visage et ses cheveux. Elle toussa, aussi silencieusement que possible, crachant de la suie.

D'ici, elle avait une vue sur toute la forêt de Pouillard et sur l'ensemble du prieuré de Rocadour. Depuis 3 ans, elle l'avait visité dans ses moindres recoins et Marie connaissait parfaitement le lieu. Une carte de l'endroit était dessinée dans sa tête.
A sa droite, l'abbatiale du prieuré où étaient réuni les sœurs pour les complies. Marie entendait encore leur chant, mais bientôt elles iraient se coucher. A sa gauche, les ateliers, le trésor, le réfectoire et la cuisine, avec le garde manger. La nuit, le tout était fermé par une grosse clef que gardait la sœur supérieure dans sa chambre. Le logement de celle-ci, qui ne dormait pas dans une cellule comme les autres moniales, était juste à côté de la tour de Marie.
De l'autre côté de la cour, Marie pouvait voir de la fumée s'échapper de la cheminée des chambres d'hôtes. Celles-ci accueillaient les visiteurs de passage dans le prieuré. La veille, des marchands à l'accent étrange, certainement des Valentins, avaient fait escale et sœur Jeanne les avait fait loger. Ils avaient avec eux une roulotte pleine de babioles à vendre sur les marchés des villages alentours. Leurs chevaux étaient gardés dans l'écurie du prieuré.
Marie avait deux portes de sortie grâce à des gouttières. L'une descendait vers le cloître, l'autre vers la cour. Mais la rosée du soir avait rendue les tuiles du toit glissantes...

Carte du prieuré de Rocadour:
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeJeu 23 Jan - 17:22
Attendre le couché du soleil fut la plus longue attente de sa vie. Elle savait qu'elle était assez mince pour entrer dans la cheminée, mais elle devait attendre, car il y avait des moniales dans le couloir jusqu'au coucher du soleil, quand elles partaient enfin toutes pour leurs prières. Alors quand l'heure arriva, la jeune femme hocha la tête, déterminée.

Enjambant l'âtre, elle pénétra dans la cheminée. Elle prit une lente inspiration, puis expira. Elle colla son dos a l'un des côtés de la cheminée, ses jambes contre l'autre, et commença a pousser vers le haut, s'aidant de ses mains pour attraper des prises. Elle ne voyait rien, sa puait, mais elle continuait, montant doucement vers la liberté. Mais c'était long, et le fait qu'elle ne voyait rien commençait a la faire paniquer. Et si la cheminée était trop haute? Et si la sortie était bouchée d'une façon ou d'une autre? Elle allait franchement commencer a penser a virer de bord quand elle sentit enfin - ENFIN! - de l'air frais.

Elle se hissa hors de la cheminée et tomba sur le dos, juste a côté, prenant de grandes respirations. Ses habits étaient couvert de crasses et de suie, tout comme elle, ce qui allait l'aider pour son évasion, dans l'obscurité. Elle toussa et cracha de la suie, puis se redressa doucement, les jambes encore tremblantes, les mains écorchées, mais sa détermination plus forte que jamais. Rester ici, c'était la mort. S'échapper, c'était la liberté, et la route vers la vengeance et la reprise de ses droits.

Elle entendait toujours les prières, alors elle avait encore du temps. Elle aurait voulu allez laisser un message méprisant a la sœur supérieure, mais elle n'avait pas le temps. Elle regarda les gouttières et soupira, puis s’essuya les mains de son mieux sur ses habits. Les tuiles étaient humides, alors elle devrait être prudente.

"Que le Tricéphal, qu'il soit Trois Fois Bénis, veille sur moi.." murmura-t-elle.

Elle se pencha du côté de la cour, pour y descendre. Elle savait qu'elle arriverait près du chenil, mais les chiens l'aimaient bien et la connaissaient. Après tout, elle passait un partie de la journée, chaque jour, a jouer avec eux! Sans un mot de plus, elle commença sa descente, priant silencieusement pour ne pas se casser la figure.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeVen 24 Jan - 19:12
Après l'ascension, Marie commença la descente.
Encore une fois, la jeune fille remercia les sœurs de ne pas l'avoir trop nourri. Elle aurait été plus lourde la gouttière n'aurait pas tenue sous son poids. Prudemment, elle descendit comme elle put.
Le sol était à peine discernable dans l'obscurité, ce qui évitait d'avoir le vertige. Alors qu'il lui restait 2 bons mètres descendre, Marie, épuisée déjà par son escapade dans la cheminée, ne put empêcher ses muscles, tétanisés par l'effort, de la lâcher. Elle tomba sur les fesses, mais l'herbe amortit un peu la chute. Mais la joie d'être enfin au sol fit disparaître la douleur au coccyx. Elle y était, dehors, sortie de sa chambre-prison.
Regardant autour d'elle, pas un chat en vu, elle se dirigea vers la cachette du mur sud, là où elle rangeait sa fronde à l'insu des sœurs. Comme prévu, l'arme de fortune était à son emplacement.

Tout juste à côté était le chenil, là où les sœurs enfermaient cinq gros chiens qui assuraient leur défense. Marie les connaissait bien pour jouer souvent avec eux. Mais quand ils la vient, ils se mirent à aboyer tous en choeur. Recouverte de suie, les chiens ne reconnurent ni l'odeur de Marie ni son apparence. Elle était pour eux qu'une silhouette informe puant le charbon.
Les aboiements commencèrent à exciter les chevaux dans l'écurie d'à côté, si bien que le concert de brouhaha finit par alerter les marchands Valentins qui logeaient de l'autre côté de la cour.

L'un d'eux finit par sortir, jurant dans des mots que Marie ne pouvait pas comprendre.
Il était grand, habillé d'un pourpoint bleu, la tête surmontée d'un chapeau en feutre. A sa ceinture il portait une dague qu'il s'empressa de tirer.

« Ladro ! Ladro ! » cria t-il, craignant qu'un voleur ne s'en prennent à ses chevaux et sa marchandise rangée dans sa roulotte.

Un autre sortit de derrière, une épée à la main. Lui portait une armure de cuir et un chaperon vert. Ce devait être un escorteur qui accompagnait les marchands.

« Quiyélà ?! Ripondé ! »

Marie n'avait nulle part où se cacher, elle se contenta de se recroqueviller dans un coin, espérant qu'être recouverte de suie puisse la rendre invisible dans l'obscurité. Les marchands n'avaient ni torche ni aucune autre source de lumière, l'un d'eux avança.
Il ne vit rien, se contentant de râler dans sa langue après les chiens. Puis ils s'en retournèrent dans leur chambre.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeVen 24 Jan - 19:35
Après sa longue ascension de cette cheminée étroite, la jeune femme croyait que la descente serait plus facile. Grâce a son poids, très léger, la gouttière tint bon. Ce qui ne tint pas bon, ce fut ses muscles, endoloris par l'ascension mentionnée précédemment. Alors qu'elle arrivait près du sol, elle ne put se retenir et tomba lourdement, sur le fondement, retenant à peine un bref cri de douleur. Mais heureusement, l'herbe épaisse l'empêcha de ce faire trop mal.

Après un bref instant, elle se releva et frotta son fondement douloureux, puis regarda autour d'elle. Rien a signalé pour le moment, personne en vue, rien. Alors elle se rendit à sa cachette, creusant la terre de ses mains, jusqu'à en sortir sa fronde et ses pierres. Ainsi armée, elle se sentait plus en sécurité. Après tout, une pierre lancée par une fronde pouvait tuer, alors elle pourrait se défendre, en cas de nécessité.

Puis les chiens se mirent a aboyer, ne la reconnaissant nullement.

"Hey, c'est moi!" leur dit-elle a voix basse, sans réussir a les calmer.

Quand elle vit des hommes sortir des logements des hôtes, elle se recroquevilla dans l'ombre de son mieux, priant pour ne pas être remarquée. Les hommes, des Valentins, semblaient alarmés, regardant autour. Durant ce qui lui sembla être une éternité, les Valentins restèrent là, sur leurs gardes. Mais, enfin, ils retournèrent dans les logements, l'un d'eux jurant dans sa langue natale, qu'elle comprenait, s'il ne parlait pas trop vite, grâce a son éducation.

Quand ils eurent disparu dans les logements, elle soupira et s'approcha du chenil, pour y mettre une main, parlant doucement aux chiens en espérant qu'ils allaient ce calmer. Puis, réussite ou non, elle se dirigea vers les logements, d'un pas craintif, alerte.

Elle songea rapidement a une solution, puis sourit. Elle en avait une. Risquée, bien sur, mais c'était un plan. C'était mieux que rien. Alors elle prit une grande inspiration et entra dans le bâtiment, prête a demander au premier homme qu'elle croiserait ou était leur chef. Elle voulait lui faire une proposition qui, dirait-elle, leur serait très profitable. Elle tâcherait de leur expliquer qui elle était, de leur dire que s'ils l'amenaient à la cour de Soulans, le Duc les récompenseraient grandement, avec générosité. Elle devait prier pour que les Valentins acceptent et ne la dénonce pas.

Sans trop savoir comment, elle réussit a convaincre un des Valentins de la conduire jusqu'à leur 'chef'. Elle se retrouva donc dans la chambre d'un homme d'âge mur, ensommeillé mais curieux de la proposition dont son escorteur lui avait parler., et avec un autre Valentin un peu plus jeune que le premier qui les rejoins ensuite (le second marchand). La jeune femme ajusta de son mieux ses vêtements, puis s'inclina poliment, avec toute la grâce dont elle pouvait, démontrant une certaine connaissance de l'étiquette Valentine, s'inclinant selon leur propre coutume.

"Salutation, messires." dit-elle dans leur langue, avec un accent prononcé, mais néanmoins assez clair pour être comprise. "Je me présente, je suis Marie Landebroc de Valais, l'héritière légitime du Valais, emprisonnée ici par mon demi-frère, qui a usurper mon titre."

Elle sourit timidement.

"J'ai besoin de votre aide, messires. Il va me faire assassiner si je reste ici. Mais si vous pouviez m'aider a m'échapper, et m'amener chez le Duc de Cahogne, a Soulans, vous seriez largement récompenser. M'avoir à sa cour serait un grand progrès pour la cause des Cahons, alors ils seront prêt a vous récompensez largement. Et vous savez que la Cahogne est riche et puissante. Aidez-moi, je vous en supplie. Je remet ma vie entre vos mains, messires, et j'espère que vous aurez le courage et la noblesse d'aider une jeune femme en détresse. Et je peux vous promettre, si vous m'aider, que je ferai même de vous des nobles, au Valais, une fois que j'aurai récupéré mon titre."

Une fois ces paroles dites, elle s'inclina a nouveau. C'était évidant qu'elle n'était pas une paysanne, car elle s'exprimait trop bien pour cela. Mais est-ce que cela serait suffisant? On allait voir..
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 12:03
Les chiens finirent par se calmer en reconnaissant Marie. Les chevaux aussi.
Mais s'ils avaient alertés les marchands, peut être qu'une sœur avait pu entendre le chahut.
Sans attendre, la jeune femme se précipita vers le logement des hôtes et frappa à la grosse porte en bois. Lorsque l'escorteur des marchands vint ouvrir, il trouva devant lui une fillette maigrelette au visage et à la robe recouverte de suie. De quoi interloquer en ce début de nuit.

Malgré les talents en langue de Marie, l'escorteur n'avait pas l'air de trop comprendre. Il resta pantois. Ne sachant trop quoi faire, il alla chercher son patron. Celui-ci était déjà couché, près à dormir. L'escorteur lui dit quelques mots que Marie ne put comprendre. Puis le chef marchand s'assit au bord du lit, retira son bonnet de nuit et écouta Marie en fronçant les sourcils, comme s'il ne comprenait rien lui aussi. Marie avait-elle un accent si terrible qu'il lui était impossible de se faire comprendre en Valentin ?
Le marchand écouta jusqu'au bout, puis leva les sourcils d'un air sidéré, resta silencieux un instant puis se décida enfin à parler :

«Ton pavèni est bon mais je suis originaire de Pontine... »

Ce n'est pas parce que les Valentins parlaient trop vite que Marie avait du mal à les comprendre, mais parce qu'ils ne parlaient pas le même dialecte que celui qu'elle avait apprit. Le pavèni était la langue du Sud de la Péninsule, le pontain celle du Nord. Les deux langues se ressemblaient, mais certains mots et terminaisons différaient.
Par chance, le chef marchand avait l'air de parler parfaitement le landique. On sentait un peu d'accent valentin, mais il était infime.

« Je n'ai pas tout comprit, mon pavèni est un peu rouillé, mais il est assez proche du pontain pour que j'ai pu saisir quelques brides. Tu te prétends être la sœur du comte et tu veux que l'on t'emmène à Soulans voir le duc ?
Et bien enchanté madame la comtesse, je me présente, Cornelio-Duarte, Empereur.
 »

Le marchand secoua la tête en souriant, révélant de grandes dents jaunes, puis lança une phrase en pontain à l'intention de ses collègues. Ils se mirent tous à rire.

« Plus sérieusement bambina, crois tu vraiment que je vais écouter une gueuse couverte de suie qui me propose un titre de noblesse en échange de mon aide ?
Qui es tu ? Ta famille t'a envoyé ici mais tu refuses de prononcer tes vœux ? C'est vrai que la vie des sœurs n'est pas facile, mais au moins tu es en sécurité ici. Le monde est un endroit dangereux bambina, accepte ton sort, devient nonne et ne réveil pas les gens armés dans la nuit.
Grazie bella mia e buona notte.
 »

Le marchand fit un signe de tête à l'escorteur pour qu'il sorte la ramoneuse de sa chambre. Sans attendre il obéit, près à saisir Marie pour les épaules pour la dégager d'ici.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 14:03
Et bien, elle s'était trompée de dialecte! Et elle ne connaissait pas le pontain. Elle jura mentalement, se reprochant son erreur. Tout son discours n'avait servi a rien, apparemment. Alors elle serra les dents quand l'homme, qui la prenait pour une gueuse, demandait a son serviteur, son escorteur, de la raccompagner dehors. Elle secoua la tête.

"Non." dit-elle, en landique.

Elle se dégagea de son mieux de la poigne de l'escorteur et mit une main dans sa chemise, pour en sortir son pendentif d'argent, marqué du blason des Landebroc de Valais. Elle retira doucement la chaîne d'autour de son cou, puis tendit le pendentif au marchand.

"Vous reconnaissez ce blason? C'est celui de ma Maison. Je ne vous mens pas. Mon frère m'a envoyé ici après avoir pris mon titre."

Elle lui lança un regard dur.

"Tu crois qu'une paysanne de Valais connaîtra une langue autre que la sienne? Vraiment? Et tu crois qu'une paysanne serait envoyée ici, loin de tout? Non. Je suis vraiment Marie Landebroc de Valais."

Elle se calma.

"Alors je vous le redemande. S'il-vous-plaît, aidez-moi à partir d'ici. Si vous ne croyez pas a mon histoire, alors faites-le au moins pour sauvez ma vie. Juste sortir d'ici, du couvent. Je trouverai un autre moyen de me rendre à Soulans pour voir le Duc. Je m'expliquerai avec lui. Mais je DOIS sortir d'ici ou je serais morte bientôt."

Elle hocha doucement la tête.

"ET si vous refusez, alors tuez-moi tout de suite, car je ne veux pas que ce bâtard qui a prit mon titre ait la satisfaction de m'avoir tuer par ses propres moyens."

Ses yeux étaient plein d'eau, mais elle retenait ses larmes.

"Je sais lire, écrire et compter. Si vous me sortez de là, je pourrais être utile le temps que vous me garderiez avec vous. Je vous en supplie, aidez-moi, ou tuez-moi."
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 14:22
Le marchand leva une main pour arrêter son garde du corps. L'escorteur relâcha sa prise sur Marie.
Le chef des Valentins réfléchit, observant attentivement le pendentif que lui tendait la jeune fille.

« Hum... c'est un bien bel objet que tu as là. C'est de l'argent fin ?
Ecoute, je me fous de qui tu es. Et si tu es vraiment celle que tu prétends être, je ne vais pas t'aider sur des promesses de richesses et de titres que je n'obtiendrais jamais. Parce que si tu es condamnée ici tu le seras aussi dehors. Le comte contrôle toutes les routes, et jamais tu n'atteindras Soulans.
Mais si tu me donnes ce pendentif, j'accepterai de t'aider.
 »

Le marchand esquissa un large sourire, montrant à nouveau ses longues dents jaunes. Comme tout bon Valentin, seul l'argent et le commerce l'intéressaient, les pleures d'une gamine ne lui provoquaient aucun émotion.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 14:30
Le fait qu'il demanda son pendentif, cela n'aida pas la jeune femme a rester calme. Elle serra le poing autour de celui-ci et ramena la main vers sa poitrine. Elle se mordit la langue pour ne pas l'injurier, pour ce maîtriser.

"Vous n'êtes pas sérieux. C'est tout ce qui me reste de mon père et de ma mère. Sans ce pendentif, je n'ai aucune preuve de mon identité.."

Elle réfléchit un instant.

"Je peux faire un marché avec vous, alors? SI vous m'amenez jusqu'à Soulans, en gardant le pendentif, je vous paierais. Si le Duc me reconnais, vous aurez une grande récompense. Si il ne me reconnaît pas, malgré mon pendentif, je vous le donnerai et serai votre servante, gratuitement. Qu'en pensez-vous?"
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 14:47
Le marchand se mit à rire.

« Je pense que ça fait beaucoup de "si" bambina, et des si dans un futur trop lointain pour moi.
Écoute, tu n'es pas en position de négocier, soit tu me donnes ce pendentif et je t'aide, soit j'ordonne à sire Ignazio de te raccompagner jusqu'aux sœurs.
 »

Ignazio mit sa grosse patte gantée sur l'épaule de Marie.

« Si on t'emmène comment crois tu pouvoir payer ta nourriture et tes habits ? Cela coûte cher bambina ! Et puis Soulans est à plus d'une décade d'ici et ce n'est même pas sur notre route. Je vais perdre de l'argent si je me détourne de mes points de vente et ton médaillon ne me rembourserait qu'à peine de mon manque à gagner. »

Le Valentin fronça les sourcils. C'était son expression quand il était face à un mauvais marché.

« Sans parler des risques que je pourrais prendre à te transporter si tu es vraiment Marie de Valais.
Non décidément, ce médaillon ne sera qu'une avance sur ce que tu me devras.
 »

Il tendit sa main ouverte vers la jeune fille, attendant qu'elle lui confit son bien.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 14:52
Elle grince des dents.

"Et qui me dit que vous n'allez pas prendre le pendentif et allez me reconduire aux sœurs après?"

Elle garda le pendentif contre elle un instant.

"Alors disons que je vous le prête en garanti. Une fois a Soulans, vous m'accompagnez chez le Duc, et vous lui montrez le pendentif en disant qui je suis. Il vous paiera et vous me redonnerez le pendentif ensuite. C'est d'accord? Et vous devez jurer sur votre honneur et sur le Tricéphal de ne pas m'arnaquer."
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 15:28
Le marchand commença à perdre patience.

« Ecoute petite. »

Cette fois, son ton était plus sec, il ne négociait plus.

« Tu ne vois pas ce que tu me demandes de faire ? Je marchande dans le Valais depuis plus de 10 ans. Et si tu es vraiment la sœur du comte et qu'il vient à apprendre que je t'ai aidé ? Que va t-il advenir de moi et de mon commerce ?
Ton médaillon, j'en tirerait peut être de 200 à 300 livres. Une belle somme mais pour des risques énormes.
Donc voilà le marché : tu me donnes ce médaillon, ça vente avancera les frais que tu me dois, en échange, tu as ma parole que je te sors d'ici en vie. C'est une offre à prendre ou à laisser.
 »
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 15:32
Elle serra les poings quand il l'appela petite.

"Écoute-moi aussi. Ce médaillon est la seule preuve de qui je suis. Et tu es assez intelligent pour savoir que le commerce n'est jamais sur. Surtout avec la guerre entre le Valais et la Cahogne. En m'aidant, tu risques peut-être de perdre avec le Valais.. Si le Valais gagne, et SI mon frère l'apprend. Mais si tu m'aides et que la Cahogne gagne, tu gagnes le soutient du Valais, que je vais récupéré, et de la Cahogne, car tu seras mon sauveur, celui qui a empêcher mon assassinat et qui aura donner au Duc de Cahogne un outil pour sa guerre."

Elle le regarde dans les yeux.

"Les affaires, c'est prendre des risques. Si tu ne prends pas de risque, tu ne t'enrichiras jamais. Je suis un risque, élevé peut-être, mais qui risque de rapporter gros à la fin. Alors je ne change pas mon offre. Tu me mènes a Soulans, au Duc. Et tu seras récompenser. Ou alors laisse-moi simplement partir et je trouverai un autre moyen de m'évader. Mais sache que je m'en souviendrai et que si j'accède au trône sans ton aide, tu perdras aussi tout commerce avec le Valais."

Ouais, il n'y avait que les nobles pour être comme elle, c'est sur.
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 16:22
Le marchand se leva d'un bon de son lit. Il ne souriait plus du tout et jeta un regard de fureur à Marie.

« Parce que tu me menaces maintenant ?
Tu oses venir ici en guenilles et crasseuse, tu me réveilles avec des promesses fumeuses et des mensonges, et maintenant tu veux m'apprendre mon métier et me faire risquer mon commerce ?
Mais pour qui te prends tu ?! Tu n'es rien !
 »

Il attrapa une dague posée sur la table de chevet et la pointa vers Marie.

« Tu as de la chance d'être sur une terre sacrée, on ne fait pas couler le sang dans une abbaye, c'est seulement pour ça que je ne vais pas t'égorger ici sur le champ pour avoir osé me parler ainsi. Sire Ignazio va te ramener aux sœurs ! »

De colère, le marchand jeta sa dague sur la table. Celle ci se figea dans le bois, droite comme un i.
Puis il lança quelques mots dans son dialecte à l'escorteur qui se saisi de Marie par les épaules et l'expulsa de la chambre.
Dehors, il l'attrapa fermement par la couette et la traîna jusqu'à la porte du prieuré où il frappa de plusieurs coups de sa main gantée. Voyant leur amie maltraitée, les chiens du chenil se mirent à aboyer de nouveau et à grogner.
Les complies étaient terminées, les voix des sœurs s'étaient tues dans l'abbatial. L'une d'elle vint ouvrir la porte. A la lumière de la torche que portait la moniale, Marie pu reconnaître sœur Gabrielle.
Elle écarquilla les yeux en voyant l'escorteur tirant la fillette par les cheveux.

« Marie ? Mais qu'est ce que tu fais ici ? Mais...
- No avone truvé elle dihor,
tenta de bredouiller l'escorteur dans un landique très approximatif.
- Mais lâchez là, vous lui faite mal ! »

L'escorteur lâcha les cheveux de Marie et sœur Gabriel l'a prit dans ses bras.

« Mais comment as tu fait pour sortir de ta chambre ? Ne me dit pas que tu es passée par la cheminée ? Tu es couverte de suie !
- Signora,
la salua l'escorteur en tentant d'user de son charme valentin.
- Oui oui, c'est ça, dégagez vous. »

Soeur Gabrielle fit signe de la main pour que le valentin s'en retourne dans sa chambre, puis elle referma la porte derrière elle et observa Marie des pieds à la tête.

« Mais regarde dans quel état tu es ? Tu n'as pas été blessé ? Mais qu'est ce que tu avais dans la tête, sortir de ta chambre et aller voir ces valentins ? »
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeSam 25 Jan - 16:35
Pour une jeune femme de bonne famille, bien éduquée et tout, Marie connaissait un impressionnant répertoire de jurons et insultes. Et elle réussit a lui dire qu'il allait être pendu s'il revenait au Valais une fois qu'elle serait comtesse. Tirée par les cheveux, elle donnait des coups de poings, de son mieux, a l'escorteur, l'injuriant lui, sa mère et ses ancêtres les plus lointains. Elle insultait aussi le peuple Valentin en général, et cetera.

Quand sœur Gabrielle ouvrit la porte, la jeune femme se calma et pris un air blessé. Quand l'escorteur la lâcha, et se retourna pour lui donner un coup de pied sur le tibia puis se retourna pour regarder Gabrielle.

"Et j'avais quel autre choix? Je sais ce que j'ai entendue. Je vais mourir si je reste. Et toi, tu refuse de m'aider! Tu crois que je dois attendre sagement de me faire tuer par un sbire du bâtard?"

Elle était furieuse, oui, mais les larmes coulaient a flot, laissant des traces propres sur ses joues.

"Blessée? C'est le moindre de mes soucis. Étant donné que ma seule amie ici refuse de m'aider" elle fixait Gabrielle maintenant "je dois prendre les choses en main. Surtout que Soeur Jeanne veut ma mort, elle est complice."

Elle se mit alors a trembler de tout son être, comme si elle perdait tout son énergie. Elle tomba a genou.

"Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas. Il faut que je parte, Gabby.. Je t'en supplie, aide-moi.."
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeDim 26 Jan - 15:33
Soeur Gabrielle sortit un mouchoir de sa manche et commença à nettoyer le visage de Marie. Rapidement le tissu blanc devint noir.

« Cesse de dire ça, sœur Jeanne peut être sévère, mais jamais elle ne laisserait quelqu'un se faire assassiner !
- Que ce passe t-il ?
 »

D'autres sœurs arrivèrent, rameutées par les aboiements des chiens et les injures criés par la jeune fille.

« Mais que fait-elle hors de sa chambre ?
- Elle s'est échappée, c'est le marchand qui me l'a rapporté.
 » Soeur Gabrielle avait beau être gentille, son grand défaut était la sincérité. Dévote, elle ne pouvait pécher, même pour protéger une jeune fille de la mort.

« Qu'on la remette dans sa chambre. »

Escortée par 3 sœurs, Marie fût remise dans sa chambre, tirée de force par le bras.
Elle qui était si prêt du but, après avoir réussi péniblement à grimper dans la cheminée, après avoir prit tout ses risques, la voilà retournée à son point de départ, à devoir attendre la mort dans cette pièce de 10m².
Devinant par son apparence par où elle était passée, les sœurs s'empressèrent de condamner l’âtre de la cheminée en y clouant des planches de bois. Si Marie voulait à nouveau fuir, elle allait devoir trouver un autre chemin.

« Reste donc tranquille ! » la sermonna une sœur après avoir cloué la dernière planche. Puis elle quitta la pièce et referma derrière elle à double tour.

Plusieurs jours passèrent. La tentative de fuite de Marie avait fait grand bruit dans tout le prieuré. A présent une sœur était chargée de veiller sur la porte d'entrée de sa chambre jour et nuit et les rondes le soir étaient redoublées. Marie n'était même plus autorisée à sortir la journée de peur qu'elle n'en profite pour trouver un moyen de leur fausser compagnie. Que dirait son frère aux sœurs si il apprenait qu'elle s'était enfui ? Il leur couperait les vivres et serait même capable d'ordonner qu'on rase le prieuré.
Ainsi, Marie resta enfermée, sans autre contact humain que la sœur qui venait lui apporter son repas une fois par jour et lui vider son pot de chambre. Elle passait ses journées à son "poste de garde", près de la fenêtre, à espionner, écoutant toutes les conversations des sœurs en espérant y trouver une solution, un indice. Le lendemain de son évasion avortée, elle vit les marchands valentins quitter le prieuré pour rejoindre leur prochaine destination. Elle aurait pu être avec eux si elle avait réussi à les convaincre. Au lieu de cela, elle était à nouveau enfermée...
Chaque jour, elle scrutait avec effroi l'arrivée du vidame venu en finir avec "ça". Peut être que naïvement elle s'attendait à voir débarquer un preux chevalier, comme dans les romans, venu délivrer la princesse enfermée dans son donjon. Mais rien n'arriva, les sœurs continuaient simplement leur quotidien à cultiver le verger et à recevoir quelques visiteurs dans la cour.

Peut être cinq jours s'étaient écoulés depuis sa tentative de fuite. Allongée sur son lit en attendant que quelques choses se passent enfin, Marie restait prostrée par le désespoir.
Puis elle entendit un cailloux venir frapper contre le carreau de sa fenêtre. Puis un autre. Elle se leva et observa par son "poste de garde". C'était un petit garçon à la peau mâte, portant une aumusse de cuir et des braies. Un fils de paysan assurément.
Marie le reconnu, c'était Gustave, dit "Gus", qu'on surnommé le Souriceau, un enfant muet du village voisin qui apportait aux sœurs des vivres en échange de la production du verger et des ateliers. Marie le connaissait, ils jouaient parfois ensemble, à s'entraîner à la fronde ou à s'amuser avec les chiens. Avec sœur Gabrielle il était le seul ami qu'elle avait ici.
Inquiet de ne pas voir Marie dehors depuis plusieurs jours, Gus avait profité de la tierce, la prière 3h après le levé du jour où les sœurs désertaient la cour, pour l'interpeller à l'aide de petits cailloux.
Quand il l'a vit à travers la fenêtre, il haussa les épaules d'un air interrogatif.
Marie de Valais
Marie de Valais
Fiche : Fiche
Messages : 52
Date d'inscription : 18/01/2020
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeDim 26 Jan - 16:02
Gabrielle se mit a lui nettoyer le visage avec son mouchoir, et la jeune femme resta sans réaction, comprenant qu'elle avait perdue. Son frère gagnait. Comme le disait le dicton; le Mal triomphait par l’inaction des gens de Bien.

"Le Mal triomphe par l'inaction des gens de Bien." répéta-t-elle en regardant Gabrielle dans les yeux. "Tu m'as tuée."

Abattue, elle se laissa traînée, sans résistance, par les autres sœurs, jusqu'à sa chambre. Chambre? Non, plutôt geôle. Elle regarda d'un air passif les sœurs qui barricadaient la cheminée, pour empêcher une nouvelle évasion de sa part. Et quand l'une des sœurs lui dit de rester tranquille, elle ne fit que la regarder.

"Vous avez vendu votre âme pour de l'argent de mon demi-frère. Vous m'avez tuée." dit-elle simplement.

Désormais enfermée dans sa chambre, elle passait ses journées dans un état de détresse complet, sans énergie, comme si son évasion ratée lui avait vidée toute son énergie. Elle passait ses journées assise près de la fenêtre, a son poste de guet, observant ses gens qui, disant être des gens de bien, obéissaient en fait a un être du mal.

Après cinq jours, elle était plus désespérée et triste que jamais, quand elle entendit une pierre frapper les carreaux de sa fenêtre. Elle se leva doucement de son lit, ne portant que sa chemise de nuit, et s'approcha de la fenêtre. Elle put voir Gus, dehors, qui semblait perplexe. Après tout, cela faisait des jours qu'elle n'était pas sortie.

Elle lui sourit d'un air triste et essuya une larme sur sa joue. Il était muet, oui, mais il savait lire sur les lèvres. Alors elle dit, a voix base:

"Je vais mourir si je ne pars pas d'ici. Mon demi-frère veut me faire assassiner. Peux-tu trouver des gens pour m'aider?"
Armarius
Armarius
Messages : 1019
Date d'inscription : 07/07/2017
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitimeDim 26 Jan - 16:31
Le Souriceau sourit et fit un signe de tête à Marie. Il était tout disposé à l'aider, et même enthousiaste. Il repartit en courant.
Mais il ne revint pas. Le soleil s’éclipsa derrière la forêt et la nuit tomba. Elle fut froide, balayée par le vent et la pluie. Marie se recroquevilla sous sa couverture, mais le vent s’engouffrait à travers le trou de la fenêtre pour venir la frigorifier. Le lendemain, la cour était boueuse.

Le Souriceau muet n'allait jamais revenir, lui aussi l'avait abandonné, tout comme sœur Gabrielle. Maris était seule, elle n'avait plus d'amis, plus de famille...
Mais à la même heure que la veille, à nouveau de petits graviers vinrent frapper à la fenêtre. Gus était revenu ! Mais il était seul.
Il haussa les épaules plusieurs fois, il n'avait trouvé personne ou bien personne n'avait voulu l'aider. Au moins qu'il n'est pas réussi à expliquer la situation... Quoi qu'il en soit, il revenait bredouille.
Malgré ça, il semblait toujours vouloir aider.
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Le monastère du diable Le monastère du diable Icon_minitime
Le monastère du diable
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Casus Belli :: RP :: Le Pays-Plat-